Comaroff (John L.), Comaroff (Jean), eds. Civil Society and the Political Imagination in Africa  ; n°1 ; vol.5, pg 70-70
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Critique internationale - Année 1999 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 70-70
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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

Le cours de la recherche
Notes
Lectures
FEIGENBAUM (HARVEY),
HENIG (JEFFREY),
HAMNETT (CHRIS)
Shrinking the State. The Political
Underpinnings of Privatization
Cambridge, Cambridge University Press,
1999, 182 pages.
Non, il ne s’agit pas d’un
n
ième titre sur
le retrait de l’État. L’intérêt du livre est
justement de montrer que les privatisa-
tions ne sont pas forcément synonymes
d’un tel « rétrécissement » : tout dépend
de leurs modalités, de leurs motivations,
de leurs contextes politique et écono-
mique, national et local ; et, plus encore,
de l’histoire.
C’est en effet à partir d’une analyse his-
torique de trois situations concrètes
(France, Grande-Bretagne et États-Unis)
que les auteurs montrent le rôle très
limité de la diffusion des idées dans
l’extension des privatisations : ce sont
plutôt les relations entre idées, intérêts,
jeux politiques et institutions qui dessi-
nent les contours très particuliers des
privatisations dans chaque pays. La
convergence de langage masque de
grandes différence de processus. Par
ailleurs, les auteurs montrent très concrè-
tement comment les privatisations tra-
duisent le plus souvent une continuité
plutôt qu’une rupture dans la nature de
l’action gouvernementale, le « public »
et le « privé » n’étant pas deux domaines
clairement distincts, mais formant une
sorte de continuum. Ainsi, et ceci consti-
tue sans doute le point le plus intéressant
du livre, il n’existe pas d’évolution
unique, de déterminisme historique qui
nous conduirait vers un « moins d’État »
universel. D’une part, les choix concrets
dans les stratégies mises en oeuvre sont
avant tout influencés par l’histoire éco-
nomique et politique de chaque pays et
de chaque région. D’autre part, il n’existe
même pas de tendance unique à l’échelle
nationale : en raison, notamment, de la
multiplicité des domaines d’intervention
de l’État (finances, approvisionnement,
responsabilité, prise de décision) et de la
réaction des différents acteurs, on
observe au contraire des mouvements
et des comportements divergents qui
ralentissent ou entravent le processus
de privatisation. On peut regretter
qu’une des idées marquantes du livre (il
n’y a pas forcément rétrécissement de
l’État mais plutôt transformation de ses
modes d’intervention) ne soit pas plus
développée ; et que les auteurs ne pren-
nent pas en compte des travaux récents
qui ont contribué à le démontrer jusques
et y compris dans le cas britannique.
Béatrice Hibou
68
Critique internationale
n°5 - automne 1999
KHARKHORDIN (OLEG)
The Collective and the Individual in
Russia. A Study of Practices
Berkeley, University of California Press,
1999, XII-406 pages.
Comment comprendre la soudaine
conversion des Russes, à peine sortis
d’un système totalitaire supposé collec-
tiviste, à l’individualisme entrepreneurial
et aux valeurs de la sphère privée ? Cet
ouvrage passionnant montre que le para-
doxe n’est pas aussi grand qu’il y paraît.
Rappelant que, pour la plupart des his-
toriens, le stalinisme a contribué à une
« curieuse individualisation dans le
peuple », il insiste, dans le sillage de l’in-
tuition d’Alexander Zinoviev, mais avec
une réelle rigueur scientifique, sur la
« surveillance mutuelle » des Soviétiques
que mettait en oeuvre le régime et que les
années khrouchtchéviennes systémati-
sèrent, sous le couvert de l’abrogation de
la terreur de masse. Dans le même
temps, les multiples
kollectivy
auxquels
se devaient d’appartenir les citoyens
étaient de véritables instances d’indivi-
duation, puis d’individualisation. L’auteur
dépasse bien la fausse contradiction entre
le processus de subjectivation et l’appar-
tenance à une organisation ou une com-
munauté holiste, qu’avaient déjà démon-
tée, par exemple, les travaux de M. Mines
sur les « individualités d’éminence »
dans la société tamoul ou de F. Adel-
khah sur les « hommes intègres » en
Iran. Mais, curieusement, il délaisse la
notion de « configuration » de Norbert
Elias, qui l’aurait aidé dans cette tâche.
De même, dans son utilisation de la pro-
blématique de Michel Foucault, il ne
tire pas tout le parti possible des concepts
de subjectivation, d’assujettissement et de
gouvernementalité, qui auraient pu lui
permettre d’affiner son interprétation
néo-zinoviévienne de la « surveillance
mutuelle » et du mouvement dialectique
entre l’individuel et le collectif.
Un autre intérêt du livre est d’historici-
ser, y compris en recourant à la philo-
logie, les procédures soviétiques d’indi-
vidualisation en dégageant leurs affinités
avec les pratiques pénitentielles, plutôt
que confessionnelles, de l’orthodoxie.
Pour autant, il n’omet pas de faire la
part des discontinuités et du change-
ment social. Grâce à des pages lumi-
neuses sur le sentiment d’amitié, les fêtes
d’anniversaire, le système pénitentiaire
ou le service militaire, la conclusion s’im-
pose, que pourront méditer le FMI et
les gouvernements occidentaux : l’indi-
vidualisme des Russes et leur valorisation
de la sphère privée sont tributaires d’une
histoire et sont irréductibles aux concep-
tions libérales qui prévalent en Occi-
dent. Tout le talent de Kharkhordin est
de nous en convaincre sans jamais se
complaire dans l’imagerie culturaliste
de l’« âme russe » éternelle.
Jean-François Bayart
Notes de lecture —
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TATLA (DARSHAN SINGH)
The Sikh Diaspora. The Search for Statehood
Londres, UCL Press,1999, XIV-325 pages.
Troisième volume de la série
Global
Diasporas
éditée par Robin Cohen avec
le concours du
Transnational Communities
Programme
de l’Université d’Oxford,
l’ouvrage de Darshan Singh Tatla est le
premier à aborder un cas d’étude spéci-
fique après deux titres plus généraux,
Global Diasporas : An Introduction
de
Robin Cohen et
New Diasporas
de
Nicholas Van Hear. Empruntant son
fonds théorique à ces travaux, Tatla iden-
tifie la diaspora sikhe par sa dispersion
(pour les trois quarts en Grande-
Bretagne, aux États-Unis et au Canada),
sa position précaire dans ses États
d’accueil, et enfin sa relation « active »
avec le foyer d’origine. Délaissant rapi-
dement les querelles théoriques autour
du sens nouveau que revêt le terme de
diaspora depuis l’avènement du multi-
culturalisme en Grande-Bretagne et en
Amérique du Nord, Tatla s’attache avant
tout à décrypter la position des Sikhs de
l’étranger sur un espace international en
recomposition, accordant une recon-
naissance croissante aux peuples et aux
individus. Les dynamiques d’échange
culturel, religieux et socio-économique
entre la diaspora sikhe et le Pendjab
indien, le soutien de la diaspora au mou-
vement séparatiste des années quatre-
vingt et quatre-vingt-dix et son impact
sur les relations diplomatiques entre les
États d’accueil et l’Inde constituent les
trois principaux axes de réflexion de l’au-
teur. L’ouvrage – au-delà de son impres-
sionnante documentation et de sa très
complète introduction historique – vaut
surtout pour le dernier point, à savoir
l’interaction entre une communauté
transnationale et la scène internationale
par le biais du
lobbying
sur les États-hôtes
ou de la publicisation du combat
khalistani
à la tribune d’organisations
internationales, une démarche qui peut
entamer la souveraineté de l’État d’ori-
gine.
Laurent Gayer
GLADNEY (DRU C.), ed.
Making Majorities. Constituting the
Nation in Japan, Korea, China, Malaysia,
Fiji, Turkey, and the United States
Stanford, Stanford University Press,
1998, XV-352 pages.
Le livre dirigé par Dru Gladney contient
les contributions à un colloque réuni
dans le cadre des «
cultural studies
»,
désormais discipline à part entière aux
États-Unis. Son originalité est de ques-
tionner le concept de majorité, au lieu
d’insister sur la constitution et le statut
des minorités. En effet, que l’on
emprunte la voie substantialiste (une
minorité ethnique se définit par des cri-
tères objectifs de langue, de culture etc.)
ou constructiviste (un groupe ethnique
est une construction) dans la lignée de
Benedict Anderson, le risque est tou-
jours, à un moment donné, d’objectiver
la « minorité » qui deviendra ensuite
70
Critique internationale
n°5 - automne 1999
l’objet d’un traitement politique parti-
culier, pour son malheur (répression) ou
pour son « bien » : défense des droits des
minorités, discrimination positive etc.
Le livre remet en cause les concepts qui
sous-tendent la plupart des politiques
de défense des minorités, non pas bien
sûr au profit des États unitaires et des
hégémonies en tout genre, mais au nom
de la fluidité des identités ethniques. La
minorité ne fait sens que par rapport à
une majorité qui se constitue justement
en construisant la minorité, mais tient à
rester « silencieuse ». Face à la minorité
particulariste, la « majorité » se présente
comme homogène, porteuse d’une
culture plus « générale » et universa-
liste que celle des minorités. Ce qui
explique pourquoi un État aussi unitaire
et centraliste que la Chine prend tant
de soin à construire ses minorités (cas
des Hui). À l’inverse, le discours identi-
taire des minorités reprend souvent le
cadre conceptuel de la « majorité »,
comme les Indiens de Fidji, sans doute
majoritaires démographiquement, mais
qui se posent eux-mêmes comme mino-
rité pour ne pas remettre en cause le
pacte politique précaire sur lequel l’État
est fondé.
Olivier Roy
COMAROFF (JOHN L.),
COMAROFF (JEAN), eds.
Civil Society and the Political Imagination
in Africa
Chicago et Londres, The University of
Chicago Press,1999, 310 pages (à paraître).
La notion de « société civile » est deve-
nue la tarte à la crème de la commu-
nauté des bailleurs de fonds et, par le
biais de leurs financements, de celle des
chercheurs. Pas de « bonne gouver-
nance » ni de « démocratisation » sans
une « société civile » vigoureuse ! La
logorrhée est telle que la tentation est
grande d’abandonner le concept, malgré
ses lettres de noblesse dans la philosophie
et la science politiques. Le mérite des
études d’anthropologie historique ras-
semblées par John et Jean Comaroff est
de nous dissuader de jeter le bébé avec
l’eau du bain et de nous démontrer que
la capacité de mobilisation politique et
idéologique d’une idée aussi élusive pro-
vient précisément de son incohérence, de
sa polysémie, de son opacité. Aux yeux
des contributeurs, la « société civile », en
tant qu’imaginaire éthique et civique,
restera une instance fondamentale de
l’invention du politique en Afrique. Au
risque d’être injuste avec les autres
auteurs, une mention particulière doit
être faite des chapitres de Mariane Ferme
(sur la dimension du secret dans la démo-
cratie en Sierra Leone) et d’Andrew
Apter (sur la criminalisation de l’écono-
mie rentière nigériane comme régime
général de falsification, y compris poli-
tique), car ils renouvellent le débat sur les
mutations contemporaines de l’État au
sud du Sahara.
Jean-François Bayart
Notes de lecture —
71
DUMETT (RAYMOND E.), ed.
Gentlemanly Capitalism and British
Imperialism. The New Debate on Empire
Londres et New York, Longman,
1999, XIII-234 pages.
En 1993, P.J. Cain et A.G. Hopkins
publiaient leur
British Imperialism
en
deux volumes. Ils resituaient l’aventure
impériale britannique dans l’histoire éco-
nomique et surtout financière de la
métropole. Relativisant l’influence des
intérêts industriels traditionnellement
mis en exergue, ils attribuaient le premier
rôle au «
gentlemanly capitalism
», celui
de l’alliance qu’avaient nouée la vieille
aristocratie agraire et la bourgeoisie com-
merciale et financière de la City. Dans
leur esprit, le fait majeur était moins la
Révolution industrielle que l’expansion
de l’économie de service, dont Londres
était l’épicentre, et le développement de
ses liens avec Whitehall. Dès lors, les
deux auteurs accordaient une attention
soutenue non seulement à la colonisation
proprement dite, mais également à
l’« empire informel » et aux dominions.
Un immense débat s’en est suivi, qui a
donné une nouvelle vigueur à la
recherche sur l’impérialisme, l’histoire
économique du Royaume-Uni et la struc-
ture du système international – discus-
sion hélas sans équivalent dans la com-
munauté scientifique française. D’une
haute tenue, les études réunies dans ce
volume poursuivent l’examen des thèses
de Cain et Hopkins, et permettent à
ceux-ci de répondre à leurs critiques. La
part belle est laissée aux relations entre
la Grande-Bretagne et ses dominions.
On notera également le chapitre de l’his-
torien japonais Shigeru Akita, qui insiste
en particulier sur les interactions entre
le capitalisme financier britannique et
le commerce intra-asiatique dès le début
du XX
e
siècle, et celui de Nicholas
J. White, qui souligne l’autonomisation
du gouvernement colonial en Malaisie
par rapport aux intérêts financiers métro-
politains. On regrettera seulement que
les réflexions en cours sur les effets de
« réverbération » et de rétroaction entre
les colonies et les sociétés colonisatrices
ne soient pas mises à contribution, négli-
gence qu’explique le primat accordé aux
facteurs financiers et fiscaux par Cain et
Hopkins.
Jean-François Bayart
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