Economie mondiale, l écheveau des crises - article ; n°4 ; vol.13, pg 23-50
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Revue française d'économie - Année 1998 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 23-50
On peut lister, au niveau mondial, une trentaine de « crises », superposées et combinées au cours des derniers dix-huit mois. Liées par des chaînes de causalité diverses et complexes, ces crises reflètent un même phénomène : la contraction de la liquidité dans un nombre croissant de pays et de marchés. A bien des égards, la crise japonaise a joué un rôle primordial dans le déclenchement de ce processus, tandis que la crise des pays émergents d'Asie puis la débâcle russe apparaissent comme des crises-relais, qui ont contribué à la raréfaction de la liquidité dans l'économie mondiale. Bien qu'endigué par les mesures d'assouplissement de la politique monétaire décidées aux Etats-Unis et dans la zone euro entre la fin de l'été et le début de l'hiver 1998 ce processus affecte encore la plupart des pays émergents, ce qui assombrit les perspectives de croissance mondiale au cours des prochains trimestres.
One can list almost 30 « crises » at the global level, that have unfolded and combined over the last 18 months. Closely linked through various channels, these crises reflect a single phenomeon, namely the contraction of liquidity across a growing number of countries and markets. The deepening of Japan's own crisis seems to have payed a proéminent role in the ignition of this process at the global level. Although it appears to have been contained through recent and significant monetary easing in the US and in Euro-land, the contraction of liquidity still affects a majority of emerging economies and is a major factor of restraint to global growth over the coming year.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patrick Allard
Economie mondiale, l'écheveau des crises
In: Revue française d'économie. Volume 13 N°4, 1998. pp. 23-50.
Résumé
On peut lister, au niveau mondial, une trentaine de « crises », superposées et combinées au cours des derniers dix-huit mois.
Liées par des chaînes de causalité diverses et complexes, ces crises reflètent un même phénomène : la contraction de la
liquidité dans un nombre croissant de pays et de marchés. A bien des égards, la crise japonaise a joué un rôle primordial dans le
déclenchement de ce processus, tandis que la crise des pays émergents d'Asie puis la débâcle russe apparaissent comme des
crises-relais, qui ont contribué à la raréfaction de la liquidité dans l'économie mondiale. Bien qu'endigué par les mesures
d'assouplissement de la politique monétaire décidées aux Etats-Unis et dans la zone euro entre la fin de l'été et le début de
l'hiver 1998 ce processus affecte encore la plupart des pays émergents, ce qui assombrit les perspectives de croissance
mondiale au cours des prochains trimestres.
Abstract
One can list almost 30 « crises » at the global level, that have unfolded and combined over the last 18 months. Closely linked
through various channels, these crises reflect a single phenomeon, namely the contraction of liquidity across a growing number
of countries and markets. The deepening of Japan's own crisis seems to have payed a proéminent role in the ignition of this
process at the global level. Although it appears to have been contained through recent and significant monetary easing in the US
and in Euro-land, the contraction of liquidity still affects a majority of emerging economies and is a major factor of restraint to
global growth over the coming year.
Citer ce document / Cite this document :
Allard Patrick. Economie mondiale, l'écheveau des crises. In: Revue française d'économie. Volume 13 N°4, 1998. pp. 23-50.
doi : 10.3406/rfeco.1998.1067
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1998_num_13_4_1067Patrick
ALLARD
Economie mondiale,
l'écheveau des crises
l'automne dernier, on pouv
ait lister, au niveau mondial, jusqu'à une trentaine de « crises »
superposées et combinées au cours des dix-huit mois qui ont suivi
la dévaluation du bath thaïlandais à l'été 1 997 (voir en annexe,
une chronologie sommaire des crises depuis le printemps 1997).
Liées par des chaînes de causalité diverses et complexes,
ces crises ont reflété un même phénomène : la contraction de la Patrick Allard 24
liquidité dans un nombre croissant de pays et de marchés, cela
dans un contexte de vulnérabilité croissante de certains inter
médiaires financiers fortement endettés et de montée de l'aver
sion au risque des bailleurs de fonds.
Bien qu'endigué par les mesures d'assouplissement de la
politique monétaire décidées aux Etats-Unis et dans la zone euro
entre la fin de l'été et le début de l'hiver 1998, ce processus
affecte encore la plupart des pays émergents, ce qui a considé
rablement assombri les perspectives de croissance mondiale au
cours des prochains trimestres.
A bien des égards, la crise japonaise a joué un rôle pri
mordial dans son déclenchement, tandis que la crise des pays émer
gents d'Asie puis la débâcle russe, même si l'une et l'autre sont
marquées de fortes spécificités, apparaissent comme des crises-
relais qui ont contribué à la raréfaction de la liquidité dans l'éc
onomie mondiale.
La crise japonaise comme crise-mère
• La crise japonaise, dans ses dimensions économiques et financ
ières, a commencé au début des années quatre-vingt-dix, avec
l'éclatement de la bulle financière - inflation du prix des actifs
mobiliers et immobiliers — et de la bulle réelle — constitution de
surcapacités productives - qui a marqué la seconde moitié des
années quatre-vingt.
Contenue dans un premier temps à coups de plans de
relance budgétaire, importants au stade de l'annonce, modestes
dans leur réalisation ou leurs effets, la crise japonaise s'est d'abord
traduite par la stagnation de l'activité domestique, sans consé
quence internationale notable, en dehors de frictions commerci
ales avec les Etats-Unis.
La crise japonaise s'est aggravée en 1994-1995, avec l'ap
parition de signes manifestes de déflation et de fragilité du sys- Patrick Allard 25
tème financier (début de révélation de l'ampleur des « bad
loans »). A partir de l'automne 1995, ses effets ont commencé
à déborder au plan international, car elle a provoqué au Japon
des réactions de politique économique d'ampleur exception
nelle : abaissement des taux d'intervention de la Banque du
Japon (BdJ) à des niveaux proches de zéro au début et mise en
œuvre de plans de relance budgétaire d'ampleur historique.
Associée à une intervention conjointe de la BdJ et de
la FED sur les marchés des changes au printemps 1995, la
vigueur de la stimulation monétaire initiée au Japon a enclen
ché une tendance à l'affaiblissement du yen par rapport au dol
lar et aux monnaies qui lui étaient rattachées (monnaies des
pays émergents d'Asie notamment) ainsi que par rapport aux
monnaies européennes. La baisse du yen vis-à-vis du dollar a
été amplifiée par les mouvements de portefeuille, les investis
seurs internationaux tirant parti de la faiblesse des taux monét
aires au Japon pour financer l'acquisition d'obligations du
Trésor américain, bénéficiant ainsi d'un fort écart de rému
nération (« carry trade »). Fortement stimulée par la politique
monétaire et la politique budgétaire, la situation conjonctur
elle japonaise a connu une embellie passagère, le pays enre
gistrant une forte croissance en 1996.
• Mise en œuvre prématurément, la tentative d'ajustement
budgétaire du gouvernement Hashimoto (printemps 1997) a
réactivé les tendances déflationnistes de l'économie japonaise.
Du coup, la fragilité du système bancaire s'est trouvée aggra
vée, jusqu'à provoquer, dès novembre 1997, la faillite d'une
des principales banques. La réaction de la BdJ, qui a abo
ndamment alimenté en liquidités le système bancaire pour en
soutenir les éléments les plus fragiles, n'a pas empêché le sy
stème bancaire japonais de réduire drastiquement son exposi
tion aux risques, tant japonais qu'étrangers (« credit crunch »),
dans un contexte de « bank run » larvé (montée de la demande
de billets par les ménages). De ce fait, elle a accéléré la dérive
du yen. 26 Patrick Allard
La première crise-relais :
la tourmente dans les pays émergents
d'Asie du sud-est et en Corée du sud
• L'aggravation de la crise japonaise et les réactions de politique
économique qu'elle a induites ont exposé les économies émerg
entes d'Asie orientale à des chocs externes successifs qui ont révélé
et aggravé les fragilités propres de ces économies et miné leur
régime de change.
— Le premier choc est un choc de compétitivité. Il est venu de
la baisse du yen à partir de la mi- 1995, qui a entraîné une appré
ciation des monnaies asiatiques, le plus souvent étroitement rat
tachées au dollar. Entre avril 1995 et avril 1997, les monnaies
malaise, thaï et indonésienne se sont appréciées de, respective
ment, 55, 49 et 46 % par rapport au yen. Les effets de l'appré
ciation vis-à-vis du Japon (24 % de la concurrence subie par les
« quatre dragons » et 1 8 % de celle subie par les « quatre tigres »
sur les marchés tiers1) sont venus s'ajouter à ceux de la dévalua
tion du yuan chinois par rapport au dollar, décidée au début de
1994 ; effets plus faibles cependant que ceux venant de la baisse
du yen, d'une part parce que la dépréciation du yuan par rap
port au dollar (et donc aux monnaies des autres pays émergents
d'Asie) est restée plus faible (30 % en nominal, acquise dès le début
de 1994) ; d'autre part, parce que la Chine est un concurrent de
plus petite envergureique le Japon (respectivement 7 et 8.5 % de
la concurrence des « dragons » et des « tigres »).
L'appréciation du

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