La métamorphose progressive de l agriculture tchèque - article ; n°1 ; vol.240, pg 21-31
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Description

Économie rurale - Année 1997 - Volume 240 - Numéro 1 - Pages 21-31
Basé sur l'analyse de données macro et micro-économiques, l'article dresse un bilan de l'agriculture tchèque. En 1995, la production agricole, après une phase d'adaptation récessive, semble connaître une relance (différenciée selon les productions). Celle-ci, stimulée par le resserrement du ciseau des prix et l'octroi d'aides directes, ne permet toujours pas d'assurer aux exploitations -quelle que soit leur forme juridique ou leur situation géographique- un revenu suffisant pour renouveler le capital existant. Ceci a conduit le gouvernement à mettre en place une politique d'accompagnement vigoureuse qui vise en fait à favoriser la modernisation d'une agriculture compétitive dans les zones à faibles contraintes agronomiques, tout en soutenant le développement de systèmes extensifs dans les zones défavorisées. Appliquées à une agriculture où les grandes structures restent dominantes, les exploitations peu spécialisées et la main d'oeuvre importante, ces orientations ont des conséquences sur les formes d'aides que l'Union européenne peut apporter.
The czech agriculture progressive metamorphosis
Based on macro and micro-economic data analysis, the article presents a review of czech agriculture. In 1995, after a recessive adaptation, the agricultural production seems to enter into a boost (variable within productions). Despite the tightening of price scissors and the granting of direct subsidies, it does not allow the farmers to insure the renewal of working capital yet -whatever their juridical form or their localisation is-. This leads the governement to set up a strong supportive policy. It actually aims at encouraging a competitive agriculture in low agronomic constraints areas as well as developing extensive systems in less favoured areas. Applied to an agriculture where big structures prevail, where farms are not very specialized and where labour remains important, this policy influences the choices of aid that European Union may grant.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Françoise Simon
M. Alain Blogowski
La métamorphose progressive de l'agriculture tchèque
In: Économie rurale. N°240, 1997. pp. 21-31.
Résumé
Basé sur l'analyse de données macro et micro-économiques, l'article dresse un bilan de l'agriculture tchèque. En 1995, la
production agricole, après une phase d'adaptation récessive, semble connaître une relance (différenciée selon les productions).
Celle-ci, stimulée par le resserrement du ciseau des prix et l'octroi d'aides directes, ne permet toujours pas d'assurer aux
exploitations -quelle que soit leur forme juridique ou leur situation géographique- un revenu suffisant pour renouveler le capital
existant. Ceci a conduit le gouvernement à mettre en place une politique d'accompagnement vigoureuse qui vise en fait à
favoriser la modernisation d'une agriculture compétitive dans les zones à faibles contraintes agronomiques, tout en soutenant le
développement de systèmes extensifs dans les zones défavorisées. Appliquées à une agriculture où les grandes structures
restent dominantes, les exploitations peu spécialisées et la main d'oeuvre importante, ces orientations ont des conséquences sur
les formes d'aides que l'Union européenne peut apporter.
Abstract
The czech agriculture progressive metamorphosis
Based on macro and micro-economic data analysis, the article presents a review of czech agriculture. In 1995, after a recessive
adaptation, the agricultural production seems to enter into a boost (variable within productions). Despite the tightening of price
scissors and the granting of direct subsidies, it does not allow the farmers to insure the renewal of working capital yet -whatever
their juridical form or their localisation is-. This leads the governement to set up a strong supportive policy. It actually aims at
encouraging a competitive agriculture in low agronomic constraints areas as well as developing extensive systems in less
favoured areas. Applied to an where big structures prevail, where farms are not very specialized and where labour
remains important, this policy influences the choices of aid that European Union may grant.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Françoise, Blogowski Alain. La métamorphose progressive de l'agriculture tchèque. In: Économie rurale. N°240, 1997.
pp. 21-31.
doi : 10.3406/ecoru.1997.4876
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1997_num_240_1_4876SIMON • Alain BLOGOWSKI Françoise
u
a métamorphose progressive
de l'agriculture tchèque
2. L'évolution de l'agriculture Le contexte général
durant les années de transition
1. Les conditions macro-économiques La place de l'agriculture
Pendant ces années de transition, la place occupée par La République tchèque est le pays qui semble le mieux l'agriculture a diminué au profit de l'industrie et, surtout, réussir sa transition. Cette appréciation flatteuse repose, des services. En 1989, l'agriculture produisait 6 % du notamment, sur le fait que dès 1992, soit un an après la PIB, employait 9,4 % de la main-d'oeuvre totale et drailibéralisation des prix, l'inflation était ramenée à 1 1 % et, nait 12,6 % des investissements. En 1995, ces valeurs qu'à l'exception de 1993 (année où fut introduite une sont respectivement de 3,1 %, 5,1 % et 4%. La Républitaxe sur la valeur ajoutée), l'augmentation des prix est que tchèque est désormais, parmi l'ensemble des pays restée contenue aux environs de 10 %. Un taux de d'Europe centrale, le pays où la part de l'agriculture change stabilisé depuis cinq ans aux alentours de 1 franc dans le PIB est la plus faible. pour 5 couronnes et une convertibilité totale de la cou
ronne tchèque dès 1995 constituent le second point posit La surface agricole totale s'étend sur plus de la moitié du
if. Enfin, on signalera que le processus de privatisation territoire, soit 4 280 000 ha. Seules 20 % des terres pos
s'est traduit par une forte progression du secteur privé sèdent de bonnes potentialités agronomiques et 20 % des
(qui réalise désormais 75 % du PIB, contre 1 1 % en potentialités agronomiques moyennes. La surface arable
1990), sans que cela n'entraîne une progression du chô est de 3 158 000 ha (soit 73,8 % de la surface agricole),
mage (dont le taux est situé entre 3 et 4 %) et que, depuis dont la moitié est occupée par les céréales. La SAU, qui
1993, le budget de l'État dégage un excédent compris atteint 3 548 000 ha est, conséquence des processus de
entre 0,5 et 1 % du PIB. Ce dernier, après avoir chuté de privatisation (1) et de l'état embryonnaire du marché
21 % en volume entre 1989 et 1992, période d'adapta foncier, exploitée à plus de 90 % en fermage.
tion récessive, s'est stabilisé en 1993 et augmente depuis
(2,6 % en 1994, 4 % en 1995). Le pays semble donc Entre 1989 et 1995, la main-d'oeuvre agricole a chuté de
entré dans une phase de relance économique. 55 % pour atteindre aujourd'hui 242 000 UTA. En fait,
cette forte diminution est plus à imputer à un reclass
Certains experts émettent toutefois des réserves sur ce ement statistique des travailleurs agricoles qu'à des
jugement du fait que, depuis 1994, la balance du comlicenciements économiques. En effet, suite aux proces
merce extérieur est devenue déficitaire. Il nous semble sus de privatisation et de restructuration, de nombreuses
néanmoins que ce déficit peut être interprété comme une exploitations agricoles ont abandonné leurs activités non
confirmation de la relance, dans la mesure où il est agricoles (Simon, 1995). Leur transformation en entre
imputable à la croissance des importations de biens prises indépendantes a conduit les travailleurs concernés
d'équipement (de 15 % à 170 % entre 1995 et 1994 selon à quitter le secteur agricole pour intégrer celui des servi
les équipements) et des produits intermédiaires pour ces ou de l'industrie.
l'industrie (+ 40 %). Cette relance s'accompagne, du côté
de l'offre, par une hausse de la production industrielle L'évolution des productions agricoles
(+2% en 1994, +7,5% en 1995) et, du côté de la En raison de l'augmentation des prix, suite à leur libérali
demande, par un accroissement de la consommation des sation en 1991, et de la perte de débouchés extérieurs
ménages (+ 6 % en 1995) et des investissements consécutifs à la dissolution du CAEM (2), la demande
(+ 16 %).
1 . Les terres ont été rendues à leurs anciens propriétaires qui, pour la Ces bons résultats sont également imputables au fait que plupart d'entre eux, sont extérieurs à l'agriculture et ne souhaitent pas le pays hérite d'une tradition industrielle et d'une main- devenir agriculteurs. En l'absence de marché foncier, ceux-ci n'ont donc d'oeuvre qualifiée et qu'au cours de ces dernières années, d'autre alternative que de les louer.
il a bénéficié d'une stabilité politique et d'un certain con 2. Conseil d'aide économique et mutuel, institution soviétique gérant les
échanges entre les pays communistes. sensus social.
Économie Rurale 240/Juillet-Août 1997 21 :
:
6> intérieure a chuté de 20 à 25 % (OCDE, 1995). Cette que pour les productions végétales (-22 %). En 1995,
baisse brutale a entraîné l'apparition d'excédents, puis pour la première fois, on observe une croissance de la
une adaptation récessive de l'offre aux nouvelles condi production agricole (+ 4,2 %), tant pour les productions
tions de marché. Entre 1989 et 1994, la production végétales (+ 4,8 %) que pour les productions animales
agricole totale a baissé en volume de 28 %. La chute a (+3,8%) (tableau 1).
été plus marquée pour les productions animales (- 32 %)
Tableau 1. La production agricole brute
Millions de kc, à prix constants de 1989
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1995/1989
.ë n
Production agricole brute 108 632 106143 96 683 85 008 83 059 78 090 81400 2 - 8,9 - 12,1 - 6,0 Variation annuelle en % -2,3 -2,3 4,2 -25 xn o
Illustration non autorisée à la diffusion Produits végétaux 44 694 44 416 43 071 35 751 37 387 34 679 36 300
- 0,6 - 17,0 - 7,2 - 19 Variation annuelle en % -3,0 4,6 4,8
I Produits animaux .63 939 61726 53 612 49 258 45 672 43 411 45100
- 13,1 - 8,1 - 7,3 o - 3,5 Variation annuelle en % -4,9 3,8 -29
Source Rapports annuels sur l'agriculture tchèque, ministère de l'Agriculture. 5
Ces tendances générales masquent toutefois des évolu à plus de 700 millions de litres de lait, soit le quart de la JS tions différenci

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