Le cycle de la conjoncture (1912). Commentaire de G. Schméder - article ; n°4 ; vol.3, pg 195-237
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Description

Revue française d'économie - Année 1988 - Volume 3 - Numéro 4 - Pages 195-237
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Joseph Schumpeter
Le cycle de la conjoncture (1912). Commentaire de G.
Schméder
In: Revue française d'économie. Volume 3 N°4, 1988. pp. 195-237.
Citer ce document / Cite this document :
Schumpeter Joseph. Le cycle de la conjoncture (1912). Commentaire de G. Schméder. In: Revue française d'économie.
Volume 3 N°4, 1988. pp. 195-237.
doi : 10.3406/rfeco.1988.1198
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1988_num_3_4_1198Joseph
SCHUMPETER
Le cycle de la
conjoncture (1912)
out d'abord une remarque pré
liminaire. Moins encore que les théories développées pr
écédemment sur la fonction d'entrepreneur, le crédit, le
capital, le marché monétaire, le profit et l'intérêt, la théor
ie suivante des crises ou plus exactement des oscillations
périodiques de la conjoncture (des « états alternés »
« Wechsellagen » selon l'expression de Spiethoff) ne sau
rait être un exposé satisfaisant de son objet. Pour cela,
aujourd'hui plus que jamais, il faudrait une vaste élabo
ration de cette matière qui s'est fortement accrue, il fau
drait avoir élaboré la foule de théories particulières déve
loppées à propos de chacun des indices de la conjoncture Joseph Schumpeter 196
et avoir étudié leurs rapports. Mon travail n'est qu'une
esquisse ; la promesse d'explications exhaustives n'est
toujours pas tenue, et, d'après mon plan de travail ne le
sera pas de longtemps. Cependant je présente ce chapitre
sans le remanier autrement que dans sa méthode d'ex
position, non seulement parce qu'il a maintenant sa place
dans l'étude des crises, mais parce que je le tiens toujours
pour juste. Il contient la contribution des idées contenues
dans ce livre à la discussion des cycles et je crois que cette
apport atteint l'essence du phénomène. Aussi suis-je prêt
à accepter les critiques qu'on formulera sur cette base.
L'étude des objections parvenues à ma connais
sance m'a ancré dans ma conviction. Je n'en veux citer
que deux. La première est l'objection selon laquelle ma
théorie serait uniquement « une psychologie des
crises ».(...) Comme théorie des crises, elle consisterait à
fonder leur explication sur des phénomènes concomitants
et consécutifs (panique, pessimisme, désorientation) ou,
ce qui n'est pas mieux, sur des « tendances spéculatives »,
des « fièvres boursières », etc. : une telle théorie serait
vide, une pareille explication n'expliquerait rien. Ce n'est
cependant pas le cas. Non seulement je parle surtout des
comportements extérieurs, de sorte qu'on ne trouve pas
plus de psychologie dans le développement de mes idées
que dans n'importe quel exposé, y compris le plus object
if, sur le développement économique ; mais en outre,
j'explique — à tort ou à raison — le changement de
conjoncture uniquement par une relation objective qui
s'établit automatiquement : l'action des nouvelles entre
prises sur les conditions de vie des entreprises existantes.
(...)
Il y a par ailleurs l'objection (...) que ma théorie
n'expliquerait pas la périodicité des crises. Je ne
comprends pas cette objection. Par périodicité on peut
entendre deux choses : ou bien le seul fait que chaque Joseph Schumpeter 197
essor soit suivi d'une « dépression » , et chaque « dépres
sion » d'un « essor » ; or ma théorie explique ce point ;
ou bien la durée concrète du cycle — mais cela, aucune
théorie ne peut l'établir arithmétiquement car cette durée
dépend évidemment toujours des donnés concrètes par
ticulières à chaque cas. Ma théorie fournit une réponse
générale : l'essor prend fin et la dépression apparaît à
l'expiration de la période qui doit s'écouler avant que les
produits des nouvelles entreprises apparaissent sur le
marché. De même, un nouvel essor succède à la dépres
sion quand le processus de résorption de la nouveauté a
pris fin.
(...) Cependant mon exposé ne serait pas satis
faisant parce qu'il ne tenterait pas du tout d'expliquer
pourquoi les entrepreneurs apparaissent périodiquement,
comme par « vagues », ni quelles sont les conditions de
leur apparition, ni s'ils apparaissent toujours, et pourquoi,
lorsque les conditions leurs sont favorables. On peut pré
tendre que j'ai expliqué de façon non convaincante l'ap
parition par vagues des entrepreneurs nouveaux, appari
tion qui constitue par ses conséquences la seule cause des
périodes d'essor, mais dire que je n'ai pas du tout tenté
de l'expliquer, alors que tout le développement de mes
idées y tend, ne me paraît guère soutenable. Les condi
tions d'apparition des entrepreneurs, abstraction faite des
conditions économiques et sociales générales de l'écono
mie en régime de libre concurrence (...), peuvent être
brièvement formulées comme suit :
— existence de « nouvelles possibilités » avantageuses du
point de vue de l'économie privée (condition qui doit
toujours être remplie) ;
— accès limité à ces mêmes possibilités compte tenu des
qualités et circonstances extérieures requises,
— enfin, situation de l'économie nationale qui permette
des calculs plus ou moins fiables. Joseph Schumpeter 198
Pourquoi les entrepreneurs apparaissent-ils dans
ces conditions ? Si on accepte les hypothèses relatives à
l'entrepreneur incluses dans notre concept, la chose n'est
pas plus problématique que le fait que toute personne
voyant sous ses yeux un gain immédiatement possible
cherche à l'obtenir.
Je voudrais, sans intention critique, juste pour
faire ressortir mes idées plus clairement, comparer ma
théorie avec celle de Spiethoff. (...) Toutes deux ont en
commun la conception dont on trouve l'origine chez
Juglar que l'essentiel est le mouvement cyclique dans son
ensemble et non la « crise » proprement dite. Il y a accord
entre nous sur la conception que les « états alternés »
(« Wechsellagen » pour Spiethoff) sont la forme normale
que revêt l'évolution économique du capitalisme et sur
l'opinion que le capitalisme développé ne remonte hi
storiquement qu'à l'époque où de pareils « états alternés »
ont pu être observés pour la première fois, (c'est-à-dire,
pour Spiethoff, en Angleterre à partir de 1821 et en All
emagne seulement depuis 1840-1845). Nous croyons l'un
et l'autre que la consommation du fer est le meilleur
indice de la conjoncture. (...) Nous pensons tous deux
que l'origine du cycle prend sa source dans les moyens
de production achetés avec du capital, et que l'essor se
réalise avant tout dans la production d'installations matér
ielles (fabriques, mines, navires, chemins de fer, etc.). Il
y accord enfin entre nous sur l'opinion que l'essor pro
vient de ce qu'une plus grande quantité de capital est
investie dans de nouvelles exploitations et que l'impulsion
économique s'étend de là aux marchés des matières pre
mières, du travail, des équipements etc.. Par « capital »
nous désignons le même concept, mais chez moi la créa
tion de pouvoir d'achat joue un rôle décisif qu'il n'a pas
chez Spiethoff. J'ajoute une chose par rapport à Spie
thoff : le fait essentiel (...) est l'apparition massive et irré- Schumpeter 199 Joseph
gulière dans le temps des investissements et des nouvelles
entreprises, alors qu'on pourrait supposer a priori que
leur apparition est régulière et répartie dans le temps.
J'accepte le schéma de Spiethoff pour ce qui est du « cir
cuit modèle ».
Les désaccords entre nous résident dans l'expli
cation des circonstances qui vont mettre fin à l'essor et
amener la dépression. Cette raison, pour Spiethoff, est la
surproduction des « biens de capital » par rapport, d'une
part, au capital existant, d'autre part, à la demande effec
tive. (...) Ma théorie cherche à expliquer ce point par
l'apparition massive de nouvelles entreprises qui influent
sur les conditions de vie des anciennes entreprises et la
situation de l'économie, étant entendu qu'en règ

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