Le Débat sur les Retraites : Capitalisation contre Répartition  - article ; n°1 ; vol.12, pg 57-116
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Revue française d'économie - Année 1997 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 57-116
Confrontée à un vieillissement marqué de sa population, la France doit continuer à ajuster son système de retraite. Compte-tenu de l'importance des enjeux, on ne peut qu'être surpris de l'absence de véritable débat public sur les orientations envisageables, ainsi que par une certaine méconnaissance des expériences étrangères. Cet article évalue les forces et faiblesses des solutions généralement proposées. Maintenir la répartition sur ces bases actuelles, ce serait condamner les générations futures à un système qui taxe fortement les jeunes actifs. Ceci rendrait notamment nécessaire un quasi doublement des cotisations, créant ainsi, au siècle prochain, le risque d'un conflit de générations qui verrait les jeunes refuser de financer les retraites des vieux. Face à ces risques, la capitalisation dans sa version pure est toutefois loin d'être une panacée. Peu efficace en matière de mutualisation des risques, elle laisse en particulier les épargnants exposés aux soubresauts des marchés financiers. La capitalisation pourrait-elle survivre à un krach boursier ou faudrait-il que la puissance publique intervienne pour compléter les revenus des retraités ? Pour pallier les défauts de ces deux systèmes, les auteurs insistent sur les avantages d'un système mixte, qui tente de combiner les avantages respectifs de la capitalisation et de la répartition. En premier lieu, les régimes de retraite par répartition devraient constituer des réserves de façon durable pour couvrir partiellement les engagements pris. Commencée suffisamment tôt, une telle politique permettrait à l'horizon de 2040 de réaliser des placements dans des actifs financiers à haut rendement pour des montants cumulés de l'ordre d'une fois le P.I.B. Les produits financiers de ces réserves contribueraient au financement des pensions au côté des cotisations versées par les actifs. Cela ne permettrait cependant pas d'éviter de nouvelles adaptations des régimes par répartition, notamment un allongement de la durée requise de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein. De telles réformes permettraient, sous l'égide de la puissance publique, de solvabiliser les régimes de retraite actuels tout en préservant un haut degré de mutualisation des risques, notamment financiers, entre générations.
Faced with an ageing population, France will need to reform once again its pension system. Given what is at stake, an observer cannot help but be surprised by the lack of public debate on desirable policies and by a certain misunderstanding of foreign experiences concerning pension reforms This article tries to gauge the strengths and weaknesses of the pension reforms which are currently under consideration. Keeping the current pay-as-you-go pension system unchanged would be tantamount to imposing predatory taxes on workers in the future. Indeed, to achieve financial balance, pension schemes would almost have to double social security contributions. Such a doubling would create the risk of a conflict between generations where « young » workers would simply refuse to finance « elderly » ones. Alternatively, fully-funded schemes do not constitute a panacea. In particular, they do not provide an adequate tool for diversifying risks, thereby leaving households exposed to fluctuations in the financial markets. Could fully-funded pension schemes survive a market crash or would the government need to intervene to compensate retirees ? To compensate for the drawbacks of the two systems, the authors stress the advantages offered by a blended system, which combines fully-funded and pay-as-you-go features. Firstly, pay-as-you-go pension schemes need to build reserves for a long while in order to offset their existing liabilities. If initiated early enough, such a policy would allow to accumulate reserves to the order of 100 percent of GDP by 2040, invested in high-return assets. The return on these assets would, in addition to contributions levied on workers, contribute to the financing of pensions. The build-up of these reserves would not, however, suffice to rehabilitate existing pay-as-you-go schemes. Additional measures would still be unavoidable, including an increase in the duration of the contributing period required for full entitlement. Overall, under the government's aegis, reforms of this sort would allow for the restoration of the pension schemes solvability while preserving a high level of financial risk-sharing between generations.
60 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Olivier Davanne
Thierry Pujol
Le Débat sur les Retraites : Capitalisation contre Répartition
In: Revue française d'économie. Volume 12 N°1, 1997. pp. 57-116.
Citer ce document / Cite this document :
Davanne Olivier, Pujol Thierry. Le Débat sur les Retraites : Capitalisation contre Répartition . In: Revue française d'économie.
Volume 12 N°1, 1997. pp. 57-116.
doi : 10.3406/rfeco.1997.1421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1997_num_12_1_1421Résumé
Confrontée à un vieillissement marqué de sa population, la France doit continuer à ajuster son système
de retraite. Compte-tenu de l'importance des enjeux, on ne peut qu'être surpris de l'absence de
véritable débat public sur les orientations envisageables, ainsi que par une certaine méconnaissance
des expériences étrangères. Cet article évalue les forces et faiblesses des solutions généralement
proposées. Maintenir la répartition sur ces bases actuelles, ce serait condamner les générations futures
à un système qui taxe fortement les jeunes actifs. Ceci rendrait notamment nécessaire un quasi
doublement des cotisations, créant ainsi, au siècle prochain, le risque d'un conflit de générations qui
verrait les jeunes refuser de financer les retraites des vieux. Face à ces risques, la capitalisation dans
sa version pure est toutefois loin d'être une panacée. Peu efficace en matière de mutualisation des
risques, elle laisse en particulier les épargnants exposés aux soubresauts des marchés financiers. La
capitalisation pourrait-elle survivre à un krach boursier ou faudrait-il que la puissance publique
intervienne pour compléter les revenus des retraités ? Pour pallier les défauts de ces deux systèmes,
les auteurs insistent sur les avantages d'un système mixte, qui tente de combiner les avantages
respectifs de la capitalisation et de la répartition. En premier lieu, les régimes de retraite par répartition
devraient constituer des réserves de façon durable pour couvrir partiellement les engagements pris.
Commencée suffisamment tôt, une telle politique permettrait à l'horizon de 2040 de réaliser des
placements dans des actifs financiers à haut rendement pour des montants cumulés de l'ordre d'une
fois le P.I.B. Les produits de ces réserves contribueraient au financement des pensions au
côté des cotisations versées par les actifs. Cela ne permettrait cependant pas d'éviter de nouvelles
adaptations des régimes par répartition, notamment un allongement de la durée requise de cotisation
pour bénéficier d'une retraite à taux plein. De telles réformes permettraient, sous l'égide de la puissance
publique, de solvabiliser les régimes de retraite actuels tout en préservant un haut degré de
mutualisation des risques, notamment financiers, entre générations.
Abstract
Faced with an ageing population, France will need to reform once again its pension system. Given what
is at stake, an observer cannot help but be surprised by the lack of public debate on desirable policies
and by a certain misunderstanding of foreign experiences concerning pension reforms This article tries
to gauge the strengths and weaknesses of the pension reforms which are currently under consideration.
Keeping the current pay-as-you-go pension system unchanged would be tantamount to imposing
predatory taxes on workers in the future. Indeed, to achieve financial balance, pension schemes would
almost have to double social security contributions. Such a doubling would create the risk of a conflict
between generations where « young » workers would simply refuse to finance « elderly » ones.
Alternatively, fully-funded schemes do not constitute a panacea. In particular, they do not provide an
adequate tool for diversifying risks, thereby leaving households exposed to fluctuations in the financial
markets. Could fully-funded pension schemes survive a market crash or would the government need to
intervene to compensate retirees ? To compensate for the drawbacks of the two systems, the authors
stress the advantages offered by a blended system, which combines fully-funded and pay-as-you-go
features. Firstly, pay-as-you-go pension schemes need to build reserves for a long while in order to
offset their existing liabilities. If initiated early enough, such a policy would allow to accumulate reserves
to the order of 100 percent of GDP by 2040, invested in high-return assets. The return on these assets
would, in addition to contributions levied on workers, contribute to the financing of pensions. The build-
up of these reserves would not, however, suffice to rehabilitate existing pay-as-you-go schemes.
Additional measures would still be unavoidable, including an increase in the duration of the contributing
period required for full entitlement. Overall, under the government's aegis, reforms of this sort would
allow for the restoration of the pension schemes solvability while preserving a high level of financial risk-
sharing between generations.Olivier DAVANNE
Thierry PUTOL
Le Débat sur
les Retraites :
Capitalisation
contre Répartition
de pays retraite. industrialisés, Cette réforme, vieillit et à a va mener France, donc devoir au comme cours ajuster des tous son toutes les système autres pro
chaines années, est essentielle : elle aura des conséquences
considérables sur la compétitivité de l'économie et le bien-
être des actifs ou des retraités des générations futures. 58 Olivier Davanne, Thierry Pujol
Compte tenu de ces enjeux, on ne peut qu'être surpris
du caractère encore très partiel, voire parfois superficiel, du débat
actuel. Certes, un effort a été entrepris pour préciser les pers
pectives des régimes par répartition (livre blanc de 1991, actual
isé par le commissariat au Plan en 1995) et sensibiliser l'opinion
à leur nécessaire adaptation. L'idée de la nécessité d'une tran
sformation du système a fait son chemin. De fait, la réforme de
1993, certes assez peu ambitieuse par ses modalités et surtout par
son champ, limité aux salariés du secteur privé, semble avoir été
bien acceptée par l'opinion publique. Un large accord semble éga
lement apparaître sur la nécessité d'un effort d'épargne accru au
cours des prochaines années pour accumuler le capital qui faci
litera le passage des 2010 et suivantes. L'opposition des
syndicats à la loi Thomas, favorisant l'introduction de fonds de
pension en France, n'a semble-t-il guère rencontré d'écho dans
l'opinion publique.
Si cette prise de conscience va dans le bon sens, les
réformes réalisées, discutables dans certaines de leurs modalités,
ne semblent toutefois pas à la hauteur des enjeux. Les experts
attendent à l'horizon 2010 une collecte assez limitée sur les fonds
d'épargne-retraite nouvellement créés. Cette épargne sera non seu
lement modeste, mais de plus elle ne réglera en rien le problème
de l'équilibre financier futur des régimes par répartition. Si l'on
sait que le système de retraite est menacé, peu réalisent en effet
l'importance des économies ou des hausses de cotisation qu'il reste
à décider à l'horizon d'une vingtaine d'années pour équilibrer les
comptes.
En matière de retraites, les réformes doivent être prépar
ées puis décidées très longtemps à l'avance. Il faut du temps pour
expliquer les enjeux, vaincre les peurs et établir un consensus
autour des réformes nécessaires. Une planification sur le long terme
permet aussi souvent d'étendre le champ des solutions possibles.
Enfin, les actifs doivent pouvoir avoir le recul suffisant pour
adapter leurs comportements d'épargne et de consommation
aux perspectives qui seront les leurs en matière de pensions.
Depuis de trop nombreuses années, la France semble
s'enliser dans une approche minimaliste qui rendra plus coû- Olivier Davanne, Thierry Pujol 59
teux les ajustements ultérieurs et il n'est que temps de réfléchir,
de débattre, puis de décider sur l'architecture du système de
retraite que nous désirons construire sur le très long terme. Ce
grand débat national exige d'abord une meilleure connaissance
des expériences étrangères et un examen technique approfondi
des options possibles. Il ne doit pas être limité à la sphère poli
tique, au risque de s'enliser dans un débat manichéen entre
répartition et capitalisation, mais concerner les universitaires,
les administrations, et les

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