Les effets de la réglementation sur la valorisation des banques et leur incitation à la prise de risque - article ; n°4 ; vol.11, pg 37-82
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Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 37-82
Après avoir rappelé le rôle d'assurance de liquidité imparti aux banques, on cherche à évaluer dans quelle mesure l'organisation et la réglementation bancaires affaiblissent la discipline de marché, et provoquent des distorsions qui valorisent les banques, mais en même temps sont à l'origine d'effets incitatifs positifs et les rendent prudentes, tandis que leur dévalorisation sous l'effet de la déréglementation est au contraire favorable à la prise de risque. L'étude empirique menée sur un panel de banques françaises cotées en bourse au travers, notamment, de leur ratio q de Tobin montre que leur valeur d'agrément s'est effritée en même temps que leur pouvoir de marché, ce qui peut expliquer leurs difficultés récentes et la dégradation de l'efficacité du dispositif français de solidarité de place.
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Mireille Jaeger
Les effets de la réglementation sur la valorisation des banques
et leur incitation à la prise de risque
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 37-82.
Résumé
Après avoir rappelé le rôle d'assurance de liquidité imparti aux banques, on cherche à évaluer dans quelle mesure l'organisation
et la réglementation bancaires affaiblissent la discipline de marché, et provoquent des distorsions qui valorisent les banques,
mais en même temps sont à l'origine d'effets incitatifs positifs et les rendent prudentes, tandis que leur dévalorisation sous l'effet
de la déréglementation est au contraire favorable à la prise de risque. L'étude empirique menée sur un panel de banques
françaises cotées en bourse au travers, notamment, de leur ratio q de Tobin montre que leur valeur d'agrément s'est effritée en
même temps que leur pouvoir de marché, ce qui peut expliquer leurs difficultés récentes et la dégradation de l'efficacité du
dispositif français de solidarité de place.
Citer ce document / Cite this document :
Jaeger Mireille. Les effets de la réglementation sur la valorisation des banques et leur incitation à la prise de risque. In: Revue
française d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 37-82.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1008
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_4_1008Mireille
AEGER
Les effets
de la réglementation
sur la valorisation
des banques
et leur incitation
à la prise de risque
nécessité est généralement d'une organisation reconnue, dans et d'une le ans but le de réglementation domaine favoriser bancaire, la sécurité fortes la 38 Mireille Jaeger
du secteur, et d'endiguer le déclenchement de crises systé-
miques ; mais le débat reste vif sur l'étendue, les modalités et
les conséquences d'une telle réglementation. Les auteurs libé
raux estiment que son optimalité doit s'évaluer en fonction de
sa neutralité et de sa capacité à laisser subsister une discipline
de marché, alors qu'elle se traduit généralement par une trop
forte protection du secteur bancaire, qui valorise indûment les
banques et leur évite trop systématiquement la faillite.
Elle aurait alors deux sortes de conséquences néfastes : la
première serait de donner aux banques un pouvoir de marché
excessif, qui se traduit par un transfert de valeur en leur faveur
et aux dépens d'autres secteurs de l'économie et des contri
buables ; certaines banques seraient renflouées et artificiellement
maintenues en vie, alors qu'elles sont inefficaces. La seconde
serait une incitation à la prise de risque par les banques, ce qui
traduirait un effet pervers de la réglementation, exactement
inverse de l'effet recherché, puisqu'elle contribuerait alors à
accroître le risque systémique.
Nous commencerons par rappeler le rôle imparti à la
réglementation bancaire eu égard aux fonctions des banques dans
l'économie, et nous rechercherons dans quelle mesure elle affai
blit la discipline de marché ; puis nous analyserons comment la et l'organisation bancaires sont facteurs de dis
torsions qui valorisent les banques, mais en même temps peuvent
être à l'origine d'effets incitatifs positifs et les rendre prudentes,
l'effritement de cette valeur sous l'effet de la déréglementation étant
au contraire favorable à la prise de risque. Nous tenterons à
chaque étape d'étudier empiriquement le cas des banques fran
çaises, pour voir dans quelle mesure il se conforme à Г analyse théo
rique ou comment il se situe dans les débats théoriques.
La réglementation incite-t-elle
à la prise de risque ?
Dans l'analyse micro-économique moderne, la réglementation Mireille Jaeger 39
bancaire se justifie dans le but de pallier diverses imperfections
de marché essentiellement liées aux asymétries d'information et
aux externalités qu'elles provoquent. La pièce maîtresse en est le
prêteur en dernier ressort. Cependant, la réglementation est à l'or
igine d'aléas de moralité qui incitent les banques à accroître indû
ment leurs risques. Le comportement protecteur du prêteur en
dernier ressort a les mêmes conséquences. Cette analyse s'ap-
plique-t-elle au cas des banques françaises ?
Fonction de transformation et nécessité d'un prêteur
en dernier ressort public
Le point de vue adopté dans cet article est que l'existence des
banques se justifie par les services qu'elles rendent dans les opé
rations de financement, avec une plus grande efficacité que les
marchés : le premier tient à leur rôle de transformation, le second
à leur capacité d'analyse financière et de traitement des asymét
ries d'information entre prêteurs primaires et emprunteurs pri
maires.
Diamond et Dybvig [1983] donnent ainsi un fondement
à la réglementation bancaire et à l'intervention de l'Etat dans la
régulation d'un système bancaire, dans un cadre libéral. Le rôle
des banques, à travers leur fonction de transformation, est de four
nir une assurance de liquidité qui est associée au contrat de
dépôts : elles réalisent cette assurance en diversifiant leur portef
euille d'actifs et minimisent les conséquences des asymétries
d'information entre prêteurs et emprunteurs. Mais les banques
sont aussi soumises à une asymétrie d'information face à leurs
déposants, qui peut provoquer une ruée vers les guichets. Le
risque qu'elles assument elles-mêmes en fournissant une assurance
de liquidité doit être à son tour transféré, de sorte que les banques
doivent être insérées dans une organisation fortement hiérar
chisée pour être viables.
La compensation des risques est organisée d'abord entre
banques, à travers un marché interbancaire qui leur fournit une
assurance de liquidité (on pourrait parler d'un mécanisme de coas- 40 Mireille Jaeger
surance). Mais le risque global de liquidité qui pourrait résulter
de retraits massifs par les déposants rend nécessaire, en outre, un
prêteur en dernier ressort, également organisme de contrôle, qui
minimise l'asymétrie d'information existant entre banques. Il
assume une fonction de réassureur.
Dans ces conditions, aucun contrat purement privé ne
peut être optimal. Seule une intervention de la puissance publique
permet de rendre le système viable. L'Etat est seul en mesure de
fournir une assurance globale de liquidité grâce à son pouvoir de
taxation, unique moyen de se procurer la « liquidité manquante »
éventuelle, lorsque la proportion aléatoire des déposants qui veu
lent retirer leurs fonds est supérieure à celle anticipée par l'e
nsemble des banques. Un agent privé, en effet, ne serait pas en
mesure de créer cette liquidité ni de se la procurer par des moyens
contractuels.
Le rôle du prêteur en dernier ressort doit rester cependant
essentiellement préventif : il rassure les déposants, et ne devrait
en réalité jamais avoir à intervenir dans des cas individuels. En
effet, seules des banques temporairement illiquides doivent pouv
oir être sauvées. Il faut, par contre, laisser des banques insolvables
faire faillite, et rembourser les déposants grâce à l'assurance de
dépôts. Les problèmes individuels d'illiquidité doivent pouvoir
être résolus à travers le marché interbancaire. S'il existe un pro
blème global de liquidité, le prêteur en dernier ressort n'intervient
pas directement auprès des banques en difficulté, mais en four
nissant des liquidités au marché interbancaire.
Dans ces conditions, la concurrence et le risque de faire
faillite obligent les banques à fonctionner efficacement, à mini
miser leurs coûts et à contrôler le risque de leurs crédits. La dis
cipline de marché continue à jouer son rôle régulateur.
L'optimalité du contrat de dépôts à vue avec assurance
publique des dépôts, et intervention marginale d'un prêteur en
dernier ressort, est remise en cause par la survenance de phéno
mènes d'aléas de moralité (correspondant à la prise en compte
de nouvelles asymétries d

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