Libéralisation des échanges agricoles et sécurité alimentaire dans les pays en développement  ; n°1 ; vol.272, pg 88-107
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Économie rurale - Année 2002 - Volume 272 - Numéro 1 - Pages 88-107
20 pages

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Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 24
Langue Français
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Extrait

MME Laurence Roudart
Libéralisation des échanges agricoles et sécurité alimentaire
dans les pays en développement
In: Économie rurale. N°272, 2002. pp. 88-107.
Citer ce document / Cite this document :
Roudart Laurence. Libéralisation des échanges agricoles et sécurité alimentaire dans les pays en développement. In: Économie
rurale. N°272, 2002. pp. 88-107.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_2002_num_272_1_5360Compte rendu de colloque
Libéralisation des échanges agricoles
et sécurité alimentaire
dans les pays en développement
Laurence ROUDART • Ina p-g, umr Économie publique
Présentation du colloque
La conférence ministérielle de I'omc (Organisation mondiale du commerce) à Doha en
novembre 2001 a décidé de la poursuite de la libéralisation des échanges agricoles
internationaux. La conférence des Nations Unies sur le financement du développement
à Monterrey en mars 2002 a repris le principe Trade not Aid, retenant l'hypothèse que
le commerce international entraîne la croissance économique, donc la diminution de la
pauvreté et de l'insécurité alimentaire. Tous ces raisonnements s'appuient sur des
modèles d'équilibre général calculables1 qui concluent que le développement du com
merce international permet d'accroître le bien-être général de la planète.
Ces résultats optimistes contrastent avec les faits observés. Après deux décennies de
libéralisation des échanges, notamment dans les pays en développement avec la mise
en œuvre des programmes d'ajustement structurel prescrits par le fmi (Fonds monétaire
international)et la Banque mondiale, le Sommet mondial de l'alimentation, à Rome en
juin 2002, s'ouvrira sur un constat accablant: aujourd'hui dans le monde, 800 millions
de personnes environ souffrent d'insécurité alimentaire, et 2 milliards environ, qui
vivent pour la plupart dans les pays en développement, pâtissent de graves carences
alimentaires.
Dans un tel contexte, à la veille de ce Sommet, la sfer et solagral (Solidarité agricole
et alimentaire) ont considéré utile d'organiser une journée d'informations et de débats
sur le thème La libéralisation des échanges est-elle un facteur de renforcement de la
sécurité alimentaire?, qui s'est tenu à I'ina p-g (Institut national agronomique Paris-
Grignon) le 4 juin 2002.
Pour éclairer cette question, plusieurs approches ont été confrontées: des approches
à caractère général (modèles de I'usda et de I'ocde, synthèse de travaux de chercheurs)
et des études de cas (Burkina Faso, Nicaragua). Ont été également illustrés et débattus
plusieurs argumentaires en discussion dans les négociations commerciales agricoles
1 . Sur les modèles d'équilibre général calculables, voir notamment les numéros 243, janvier-février 1 998,
et 257, mai-juin 2000, d'Économie rurale.
88 ÉCONOMIE RURALE272/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2002 en cours: celui de la Corée, celui de l'Union européenne et celui d'ONG. internationales
Marcel Mazoyer, professeur à I'ina p-g, a tiré les conclusions des interventions et des
débats de cette journée.
Laurence Roudart nous donne dans les pages qui suivent un compte rendu fidèle des
principaux moments de ce colloque. Les organisateurs du colloque lui expriment leurs
plus vifs remerciements pour l'important travail de synthèse et de mise en forme qu'elle
a réalisé pour les lecteurs d'Économie rurale.
Bénédicte HERMELIN, Jean-Christophe KROLL
Co-organisateurs du colloque
Compte rendu
1. Libéralisation, sécurité alimentaire et filets de sécurité internationaux
Shahla SHAPOURI • Service de recherche économique du ministère de l'Agriculture des États-Unis
Cette communication s'appuie sur un travail qui vise à évaluer les effets de la libéralisa
tion du commerce agricole international sur la sécurité alimentaire des pays en dévelop
pement, et qui a fait l'objet d'un rapport intitulé Food Security Assessment.
Le modèle et ses résultats
L'étude repose sur un modèle qui utilise gtap (Global Trade Analysis Project), prend en
compte le secteur agricole seulement, suppose que les flux de capitaux entre pays sont
constants, et considère les effets de la libéralisation sur 67 ped (Pays en développement
représentant quelque 40 % de la population mondiale, dont 48 pays classés dans la
catégorie des «Pays les moins avancés» (pma); presque tous les ped envisagés sont
importateurs nets de nourriture, et ont reçu de l'aide alimentaire. Le modèle évalue en
particulier les effets de la libéralisation sur le niveau et sur la stabilité des prix aliment
aires internationaux, ainsi que sur l'accès des ped aux marchés des pays développés. La
sécurité alimentaire des ped est appréhendée au travers de leur balance commerciale
alimentaire globale, exprimée en tonnes d'équivalent-céréales sur la base des contenus
caloriques de tous les produits alimentaires échangés.
Les principaux résultats du modèle sont que la libéralisation totale du commerce
agricole international entraînerait une augmentation de 12 % des prix alimentaires
internationaux et une plus grande volatilité de ces prix par rapport au scénario de base,
ainsi qu'une augmentation de 30 % de la valeur des exportations agricoles des ped. Mais
les effets d'une telle libéralisation sur le déficit alimentaire des ped seraient très faibles:
par exemple, le déficit de la balance commerciale des pays d'Afrique sub
saharienne se réduirait de 1,5 million de tonnes d'équivalent-céréales seulement, tandis
que le déficit de l'Afrique du Nord se creuserait un peu, de 0,5 million de tonnes
environ. Cette faiblesse des effets peut s'expliquer par plusieurs raisons: d'une part, les
exportations agricoles ne représentent qu'une faible proportion des exportations total
es de marchandises (quelque 30 % pour l'Amérique latine en 1995-1997, 26 % pour
l'Afrique sub-saharienne, 12 % pour l'Asie et 6 % pour l'Afrique du Nord); d'autre part,
la réponse de l'offre agricole à l'augmentation des prix est lente; enfin, les importations
ne constituent qu'une faible part de l'offre alimentaire. Cela étant, les effets varient en
Économie Rurale 272/Novembre-décembre 2002 fonction des ressources et des structures de marché de chaque pays, et ils pourraient
s'avérer plus positifs avec une hypothèse d'augmentation des flux de capitaux.
"ô Les résultats obtenus invitent donc à conclure que la libéralisation pourra au mieux
réduire à la marge les problèmes de sécurité alimentaire, et en aucun cas les résoudre.
a Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que de nombreux pays à faible revenu et déficit
g vivrier ont souhaité la mise en place de filets de sécurité internationaux pour se prému-
nir contre les effets d'une augmentation et d'une plus grande volatilité des prix agiol
es internationaux.
Les filets de sécurité internationaux
Le filet de sécurité traditionnel est l'aide alimentaire, mais elle a été beaucoup critiquée
car des livraisons trop tardives dépriment les prix agricoles dans les pays receveurs, elle
n'est pas ciblée sur les pays qui en ont le plus besoin et, à l'échelle régionale, elle n'a
pratiquement aucun impact sur les disponibilités par tête. D'un autre côté, le fmi
disposait jusqu'en 2001 d'une facilité de financement contingent et compensatoire pour
hausse des prix céréaliers internationaux, mais cette facilité ne fut utilisée que quatorze
fois au cours de la période 1 992-1 998. On peut penser que l'obligation de la rembourser,
ce qui contribuait à accroître la dette, a dissuadé beaucoup de pays d'y recourir.
Plusieurs propositions ont été faites à I'omc quant aux filets de sécurité internationaux:
accroître l'aide alimentaire (Corée, Nigeria), instaurer une discipline en la matière
(Union européenne), autoriser des soutiens internes à l'agriculture en vue de la sécurité
alimentaire (plusieurs pays), créer une réserve internationale de grains (Japon,
Maurice); mais ce sont surtout les trois propositions suivantes qui ont retenu l'attention :
• Des marchés dérivés

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