Mobilisation de la recherche et politiques urbaines - article ; n°1 ; vol.13, pg 55-68
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Description

Politiques et management public - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 55-68
Au cours même du processus d'élaboration d'une loi, celle d'orientation pour la ville, une démarche assez novatrice en France a mis en place les modalités d'un débat entre chercheurs et décideurs.
Cet article est consacré à l'analyse de ce processus de débat. Il s'interroge sur ses significations, en particulier sur la spécificité de cette démarche par rapport aux pratiques dans d'autres pays, où la distance entre recherche et action est traditionnellement moins grande.
Mais il est également l'occasion d'analyser comment est aujourd'hui construit en France le problème de la ségrégation, en fonction d'un diagnostic sur la répartition des populations dans les grandes villes, et comment se finalise corrélativement une politique publique.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Pierre Gaudin
Mobilisation de la recherche et politiques urbaines
In: Politiques et management public, vol. 13 n° 1, 1995. pp. 55-68.
Résumé
Au cours même du processus d'élaboration d'une loi, celle "d'orientation pour la ville", une démarche assez novatrice en France
a mis en place les modalités d'un débat entre chercheurs et décideurs.
Cet article est consacré à l'analyse de ce processus de débat. Il s'interroge sur ses significations, en particulier sur la spécificité
de cette démarche par rapport aux pratiques dans d'autres pays, où la distance entre recherche et action est traditionnellement
moins grande.
Mais il est également l'occasion d'analyser comment est aujourd'hui construit en France le "problème" de la ségrégation, en
fonction d'un diagnostic sur la répartition des populations dans les grandes villes, et comment se finalise corrélativement une
politique publique.
Citer ce document / Cite this document :
Gaudin Jean-Pierre. Mobilisation de la recherche et politiques urbaines. In: Politiques et management public, vol. 13 n° 1,
1995. pp. 55-68.
doi : 10.3406/pomap.1995.2038
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1995_num_13_1_2038DE LA RECHERCHE ET POLITIQUES URBAINES MOBILISATION
Jean-Pierre GAUDIN *
Résumé Au cours même du processus d'élaboration d'une loi, celle "d'orientation pour
la ville", une démarche assez novatrice en France a mis en place les
modalités d'un débat entre chercheurs et décideurs.
Cet article est consacré à l'analyse de ce processus de débat. Il s'interroge
sur ses significations, en particulier sur la spécificité de cette démarche par
rapport aux pratiques dans d'autres pays, où la distance entre recherche et
action est traditionnellement moins grande.
Mais il est également l'occasion d'analyser comment est aujourd'hui construit
en France le "problème" de la ségrégation, en fonction d'un diagnostic sur la
répartition des populations dans les grandes villes, et comment se finalise
corrélativement une politique publique.
* Directeur de recherche au CNRS. Centre comparatif d'étude des politiques publiques et des
espaces locaux (CEPEL), Université Montpellier I, CNRS.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 13, n° 1, mars 1995.
© Institut de Management Public - 1995. Jean-Pierre GAUDIN 56
Au début de 1991, une démarche sans précédent en France a mis en place les
modalités d'un séminaire entre des universitaires et chercheurs et des
décideurs, administratifs et politiques, au cours même du processus
d'élaboration d'une loi, celle "d'orientation pour la ville". Certes, ce n'était pas
la première fois que des interfaces organisées entre l'administration et le
monde de la recherche contribuaient dans ce pays à préparer l'action
publique, mais le lien n'avait jamais été si direct et la chronologie si intégrée
entre réflexion et décision.
On s'interrogera en particulier sur cette spécificité de la démarche en France,
par rapport à d'autres pays où la distance entre recherche et action est
traditionnellement moins grande, ou bien qui ont été marqués par des
courants intellectuels différents dans l'approche des différenciations de la
société urbaine.
Dans l'étude de ce qui va caractériser les diverses positions des chercheurs,
(c'est-à-dire soit l'expertise directement liée à l'action, soit l'élaboration de
références intellectuelles plus générales), on prendra ici particulièrement pour
autre point de référence les travaux préparatoires du plan régional de New-
York en 1925 et les échanges chercheurs-décideurs qu'ils ont alors
provoqués, à propos des mêmes préoccupations relatives à la "cohésion
sociale" et à la "ségrégation" que la récente loi d'orientation pour la ville en
France. Cependant, là s'arrêtent les similitudes : étant donné la différence
des contextes et des périodes, il s'agira moins d'une comparaison que d'une
mise en perspective. Concernant la mobilisation par les décideurs des
compétences des chercheurs et des universitaires, on sera amené à dégager
deux types différents d'interfaces, ayant en fait chacune leur logique propre :
"l'aide à la décision" et "l'aide à la réflexion".
Cette mobilisation des milieux de la recherche s'est faite, surtout dans la
situation contemporaine, en fonction d'une thématique de crise : celle de
l'accroissement pressenti des différenciations sociales dans l'habitat urbain
et de l'urgence de combattre les processus de "ségrégation". A travers
quelques points de repère historiques mais surtout dans le cas de la récente
loi d'orientation pour la ville en France, c'est donc la construction d'un
système de référence pour l'action publique qui peut être étudié (Jobert et
Muller, 1987), c'est-à-dire le rapport entre représentation du monde et
orientation de l'action, en fonction de la place particulière que prend ici
l'expertise universitaire.
Situons d'abord quelles ont été les conditions pratiques de l'interaction entre
chercheurs et décideurs, c'est-à-dire la construction d'une expertise
spécifique, avant d'analyser comment ces connaissances ont été mobilisées
aux fins de légitimation de l'action publique. Mobilisation de la recherche et politiques urbaines 57
L'expertise : Le séminaire chercheurs-décideurs de 1991 et l'élaboration en France
de la "loi d'orientation pour la ville" l'émergence
de modalités
spécifiques
La mise au point, puis l'adoption rapide de cette loi par le Parlement français d'appel à la
recherche dans sont à situer dans un double contexte.
la préparation
de D'une part, la dégradation progressive d'un certain nombre de grands
l'intervention ensembles de logements sociaux dans les banlieues des grandes villes
devient un sujet de débat public. La paupérisation, l'accroissement du publique
chômage, la concentration des populations immigrées en ont fait des poches
de "problèmes". En dépit d'actions de réhabilitation et de réinsertion sociale,
cette dégradation s'est manifestée par quelques émeutes urbaines à
répétition qui ont été de plus en plus largement médiatisées et commentées
par les responsables politiques au cours de la décennie passée. C'est par
rapport à ce qu'on nomme de manière euphémique ces "quartiers sensibles"
que diverses actions interministérielles, dont la principale est celle de
"développement social des quartiers", ont mis en place des politiques
contractuelles entre les communes et l'Etat.
D'autre part, en effet, le mouvement de décentralisation et de transfert des
compétences aux communes avait été amplifié et consacré solennellement
au début des années 80. Il en découle une autonomie marquée des villes en
ce qui concerne à la fois la planification urbaine, les règles de construction et
la réalisation des équipements urbains. Et bien que la politique du logement
soit, elle, restée de compétence de l'Etat, cela a induit ou permis de fortes
spécialisations sociales à l'échelle de quartiers ou de communes entières, et
des déséquilibres cumulatifs entre communes selon la richesse fiscale locale
et la capacité à investir (Gaudin, 1 993).
Le séminaire chercheurs-décideurs, mis en place à l'initiative d'un groupe de
chargés de mission de la direction de l'Architecture et de l'Urbanisme avec le
soutien du cabinet du ministre de l'Equipement, s'est déroulé à travers
plusieurs séances de débat, de mars à avril 1991, faisant discuter une
quinzaine de chercheurs avec un groupe restreint de spécialistes du
ministère de l'Equipement, des hauts fonctionnaires (dont les deux directeurs
du Logement et de l'Architecture et Urbanisme) et d'un membre du cabinet du
ministre, qui avait joué un rôle central dans la préparation du premier projet de
loi.
Chronologiquement, ce séminaire prend place, en effet, en même temps que
les de

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