Quels « dividendes de la paix » pour la France ? - article ; n°3 ; vol.12, pg 101-120
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Description

Revue française d'économie - Année 1997 - Volume 12 - Numéro 3 - Pages 101-120
La baisse des dépenses militaires mondiales en part deP.I.В . observée depuis la fin des années quatre-vingt est d'ampleur très inégale selon les pays : forte aux Etats-Unis et dans les pays de l'ex-U.R.S.S., sensiblement plus faible en Europe de l'Ouest. Cette baisse des dépenses militaires bénéficie avant tout aux pays qui, comme les Etats-Unis, ont pu réduire leur déficit budgétaire, ainsi qu'aux pays qui ne disposent pas d'industrie militaire. Ceux-ci profitent pleinement de la baisse du taux d'intérêt « mondial » liée à la résorption des déficits publics et d'une augmentation du commerce civil. Dans le cas de la France, ces gains macro-économiques risquent d'être occultés dans l'immédiat par l'effort de rationalisation qui s'impose à notre outil de défense. L'adaptation de l'industrie de défense s'organise autour de trois axes dont on montre l'intérêt et les limites : maintenir un effort de recherche tout en favorisant les retombées vers la sphère civile ; faciliter la conversion des entreprises d'armement ; encourager les coopérations à l'échelle européenne.
Military spending fell markedly as a share of G.D.P. in the United States and in the former Soviet Union since the late 80s. Western Europe by contrast had a more modest decline. Worldwide military spending cuts lead to substantial gains for countries, such as the United States, which small military sectors. These countries benefit from lowered interest rates associated with public deficit reductions and from shirts in demand for civilian products. In the case of France, these macroeconomic gains may be masked in the short run by the need to rationalise our defense industry. The scope for adapting our defense industry can be analysed along three lines : maintaining research and development programs while enhancing spinoffs to civilian production ; facilitating the conversion of military-oriented firms ; favoring cooperations at the European level.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 80
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Quinet
Quels « dividendes de la paix » pour la France ?
In: Revue française d'économie. Volume 12 N°3, 1997. pp. 101-120.
Résumé
La baisse des dépenses militaires mondiales en part deP.I.В . observée depuis la fin des années quatre-vingt est d'ampleur très
inégale selon les pays : forte aux Etats-Unis et dans les pays de l'ex-U.R.S.S., sensiblement plus faible en Europe de l'Ouest.
Cette baisse des dépenses militaires bénéficie avant tout aux pays qui, comme les Etats-Unis, ont pu réduire leur déficit
budgétaire, ainsi qu'aux pays qui ne disposent pas d'industrie militaire. Ceux-ci profitent pleinement de la baisse du taux d'intérêt
« mondial » liée à la résorption des déficits publics et d'une augmentation du commerce civil. Dans le cas de la France, ces gains
macro-économiques risquent d'être occultés dans l'immédiat par l'effort de rationalisation qui s'impose à notre outil de défense.
L'adaptation de l'industrie de défense s'organise autour de trois axes dont on montre l'intérêt et les limites : maintenir un effort de
recherche tout en favorisant les retombées vers la sphère civile ; faciliter la conversion des entreprises d'armement ; encourager
les coopérations à l'échelle européenne.
Abstract
Military spending fell markedly as a share of G.D.P. in the United States and in the former Soviet Union since the late 80s.
Western Europe by contrast had a more modest decline. Worldwide military spending cuts lead to substantial gains for countries,
such as the United States, which small military sectors. These countries benefit from lowered interest rates associated with public
deficit reductions and from shirts in demand for civilian products. In the case of France, these macroeconomic gains may be
masked in the short run by the need to rationalise our defense industry. The scope for adapting our defense industry can be
analysed along three lines : maintaining research and development programs while enhancing spinoffs to civilian production ;
facilitating the conversion of military-oriented firms ; favoring cooperations at the European level.
Citer ce document / Cite this document :
Quinet Alain. Quels « dividendes de la paix » pour la France ?. In: Revue française d'économie. Volume 12 N°3, 1997. pp. 101-
120.
doi : 10.3406/rfeco.1997.1028
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1997_num_12_3_1028Alain
•UINET
Quels « dividendes de la
paix » pour la France ?
depuis le début des années quatre-vingt-dix es pays industrialisés à des coupes procèdent sub
stantielles dans leurs budgets de défense. Les dépenses militaires
de ces pays, qui représentaient 3,2 % du RI. В . en 1990, n'en
représentent plus que 2,4 % en 1995. Ces coupes sont quali- Alain Quinet 102
fiées de « dividendes de la paix », dans la mesure où elles sont
mises à profit pour résorber les déficits publics, baisser les
impôts ou mettre en œuvre d'autres projets publics. La contrac
tion des budgets de défense implique cependant des ajustements
coûteux dans les pays producteurs d'armement. Les « div
idendes de la paix » sont donc d'ampleur très inégale selon les
pays. Les Etats-Unis, qui étaient en situation de surarmement
à la fin de la « guerre froide », disposaient de marges import
antes pour réduire leur budget de défense. Les pays non pro
ducteurs d'armement, pour leur part, bénéficient de deux
externalités positives : la baisse des taux d'intérêt permise par
la réduction des déficits publics et la réorientation du commerce
mondial vers les produits civils. L'expression de « dividendes
de la paix » semble en revanche moins appropriée pour les
grands pays européens producteurs d'armement, qui doivent
réformer en profondeur leur outil de défense sans pouvoir
tabler sur des économies budgétaires aussi substantielles qu'aux
Etats-Unis.
En Europe, la situation de la France se présente, a priori,
sous un jour relativement peu favorable. En premier lieu, le
potentiel de réduction de notre budget militaire est beaucoup plus
limité que celui des Etats-Unis qui s'étaient engagés dans une
course aux armements, ou de pays européens qui n'entretiennent
pas de force de dissuasion indépendante. Le budget d'équipement
de la France n'a que peu diminué (de 1.4 % du P.I.B. en 1986
à 1 % en 1995) et la nouvelle loi de programmation militaire
1997-2000 ne modifie pas cet ordre de grandeur. Celle-ci pré
voit une ressource annuelle de 86 milliards de francs constants
1995, soit 1.1 % du P.I.B. de 1995 au titre des crédits d'équi
pement. Les dépenses de fonctionnement, pour leur part, seraient
également stabilisées (à 99 milliards de francs constants 1995,
soit 1.3 % du P.I.B. de 1995) malgré une réduction du quart du
format général des armées.
En second lieu, la diminution des cibles de production
des grands programmes d'armement français et leur étalement
dans le temps, la baisse des budgets militaires dans le monde et
l'exacerbation de la concurrence affectent sévèrement notre indus- Alain Quinet 103
trie d'armement. Celle-ci, qui emploie aujourd'hui 200 000 per
sonnes, a perdu en moyenne 10 000 emplois chaque année
depuis 1 0 ans. Aussi, les dividendes de la paix devraient-ils suivre
au cours du temps une courbe en forme de J. Avant de pouvoir
tirer pleinement profit d'une baisse généralisée des dépenses
militaires dans le monde, la France doit gérer de front la restruc
turation de son outil militaire et de son industrie d'armement.
Les effets bénéfiques à moyen terme
d'une baisse généralisée
des dépenses militaires
La diminution des budgets militaires dans le monde
Les dépenses militaires mondiales ont d'ores et déjà baissé d'en
viron 1 point de P.I.B. entre 1985 et 1990, en raison principa
lement du repli en part de P.I.B. des budgets de défense des pays
d'Asie et du Moyen-Orient. Cette tendance à la baisse s'est pours
uivie au début des années quatre-vingt-dix : les dépenses mili
taires mondiales sont passées de 3,6 % du P.I.B. en 1990 à 2,4 %
en 1995 (source Gupta et alii [1996]). La baisse a été générale :
les dépenses militaires des pays industrialisés sont passées de
3.2 % du P.I.B. en 1990 à 2,4 % en 1995, celles des pays en déve
loppement (économies en transition incluses) de 4.9 % à 2.6 %.
La plus forte baisse a été enregistrée dans les pays en transition
(URSS y compris), de 7.9 % du P.I.B. à 3 %.
Au sein du monde industrialisé, cest aux Etats-Unis que
la baisse a été la plus prononcée : en 10 ans, le budget militaire
a été divisé par deux en part de la richesse nationale, passant de
6.3 % du P.I.B. en 1986 à 3.4 % en 1996 (cf tableau n° 1), soit
son niveau le plus bas depuis la deuxième guerre mondiale. 104 Alain Quinet
Tableau 1
Les dividendes de la paix aux Etats-Unis
(en %)
1986 1990 1996
Dépenses militaires/P.I.B. 5.1 3.4 6.3
23.1 16.2 militaires/dépenses fédérales 26.8
Illustration non autorisée à la diffusion Emploi lié à la défense (1)/Population active 5.5 5.0 3.5
Source : Department of Defense
(1) Effectifs civils et militaires du ministère de la Défense + emploi dans l'industrie
militaire.
Les budgets les plus touchés ont été les budgets de per
sonnel et le budget d'équipement (cf tableau n° 2). Le format
des forces actives a été réduit de 30 %, les effectifs militaires de
2.1 millions en 1990 à 1.45 million en 1997. Le programme de
défense quadriennal (Quadrennial Defence Review), rendu public
au printemps 1997, prévoit une nouvelle réduction du format
des armées, dont les effectifs passeraient à 1.36 millions à l'ho
rizon 2003. La baisse du budget d'équipement s'explique pour
moitié par la réduction des dépenses dans le domaine nucléaire.
Le nombre de vecteurs stratégiques a fortement diminué (1 1679
en 1996 contre 1930 en 1990), ainsi que le nombre de têtes (7701
contre 10 563). Les budgets de maintenance et de recherche-dév
eloppement, en revanche, ont été préservés. Les Etats-Unis consi
dèrent en effet comme prioritaire d'améliorer la disponibilité
des forces (« readiness ») et de maintenir un effort de recherche
important, le développement d'un prototype n'

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