Remise du prix de la Revue française d économie - article ; n°4 ; vol.16, pg 3-23
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Description

Revue française d'économie - Année 2002 - Volume 16 - Numéro 4 - Pages 3-23
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Aghion
Denis Kessler
Remise du prix de la Revue française d'économie
In: Revue française d'économie. Volume 16 N°4, 2002. pp. 3-23.
Citer ce document / Cite this document :
Aghion Philippe, Kessler Denis. Remise du prix de la Revue française d'économie. In: Revue française d'économie. Volume 16
N°4, 2002. pp. 3-23.
doi : 10.3406/rfeco.2002.1519
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2002_num_16_4_1519Philippe
AGHION
Denis
KESSLER
Remise du prix de la
Revue française d'économie
e 21 mai 2001, sous la prési
dence de Messieurs Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre
et député du Val-d'Oise et Denis Kessler, président de la FFSA
et vice-président du MEDEF, la Revue française d'économie
a décerné pour la première fois depuis sa création le prix de
la Revue française d'économie. Après délibération, le jury, pré
sidé par Jean-Jacques Laffont, a porté son choix sur l'œuvre de
Philippe Aghion, économiste et auteur, en particulier, d'un
Revue française d'économie, n° 4/vol XVI 4 Philippe Aghion
brillant ouvrage sur la croissance endogène Endgenous Growth
Theory, écrit en collaboration avec Peter Howitt (publié en
1998, MIT Press, et en 2001 chez Dunod).
Introduction de Denis Kessler
II m'est particulièrement agréable de présider avec Dominique
Strauss-Kahn cette manifestation, et cela pour deux raisons.
Tout d'abord, parce que c'est le prix de la Revue française
d'économie qui nous réunit. Un prix d'économie a ceci de pas
sionnant qu'il nous ramène à l'économie, à cette matière qui a
permis de tisser des liens de connivence entre bon nombre d'entre
nous et qui nous a permis de les tisser autour de ce qui fait la
raison d'être de cette science, sa cause finale dirait Aristote, c'est-
à-dire l'intérêt général. Pour chaque homme et chaque femme
qui a le souci de la cité, l'économie a ceci d'extraordinaire qu'elle
se penche sur la contribution de chacun d'entre nous à l'intérêt
général à travers l'acte le plus prosaïque de notre vie quotidienne,
celui auquel nous consacrons un temps si précieux, comme
aimait à le rappeler Karl Marx, je veux parler du travail. L'éco
nomie nous apprend que l'intérêt général ne se trouve pas seu
lement dans l'acte le plus solennel de la démocratie, le vote qui
est acte rare, mais aussi dans cet acte beaucoup plus humble
qu'est le travail et qui est notre vie même. Pour comble de bon
heur, vous en conviendrez, le prix d'économie dont il s'agit est
le prix de la Revue française d'économie, c'est-à-dire d'une revue
qui résulte d'une initiative strictement privée, celle de mon ami
Gilles Etrillard, qui, du cœur même de la finance capitaliste,
dirige depuis 1986 cette entreprise, dans un esprit d'indépendance
et d'exigence de qualité intellectuelle qui lui ont permis d'en faire
l'une des meilleures revues académiques françaises. Nous avons
là la claire illustration du fait qu'initiative privée et intérêt génér
al ne sont pas antinomiques mais totalement complémentaires.
Revue française d'économie, n° 4/vol XVI Philippe Aghion 5
Mais, il m'est tout particulièrement agréable de présider
à la remise de ce prix car le jury, qui est un jury d'une excep
tionnelle qualité, nous demande de récompenser un auteur, Phi
lippe Aghion, dont l'œuvre est remarquable à triple titre.
C'est, en effet, à la fois :
• une œuvre séduisante : en lisant « Endogeneous Growth
Theory », on se laisse aller à la séduction d'un ouvrage qui vous
emporte sur des terres réellement nouvelles, que l'on pensait
inexplorables, et c'est ainsi que l'on se retrouve parfois conduit,
grâce au tact et à délicatesse dont l'auteur a le secret, vers des
conclusions auxquelles on aurait peut-être préféré ne pas about
ir mais dont il faut bien confesser la justesse de vue ;
• une œuvre élégante : l'ouvrage de l'auteur sur la croissance endo
gène et ses travaux sur les relations entre croissance et inégalit
és, émerveillent par la vaste culture dont ils témoignent, sans
affectation ni prétention ; en les lisant, le lecteur apprend avec
cette agréable impression qui lui est ménagée de se découvrir cul
tivé plutôt que de le devenir ; l'élégance de la formalisation
mathématique développée est à cet égard tout à fait remar
quable et bien utile pour le lecteur ;
• une œuvre nouvelle : la méthode que l'auteur développe et
illustre ouvre réellement un champs nouveau à la connaissance
économique ; la théorie de la croissance, qui stylisait à l'excès les
faits de la croissance au point de les rendre méconnaissables,
apporte grâce à ce travail une lumière qui éclaire l'évolution de
nos sociétés, développées ou en voie de développement, d'un
jour nouveau, plus intelligible et plus convaincant.
Je dois reconnaître que c'est ce qui m'a le plus séduit
dans la lecture de vos travaux, cher Philippe Aghion. Je suis li
ttéralement enthousiasmé par le retour à Schumpeter, par la
formalisation que vous proposez de ses analyses. En tant qu'ac
teur de la vie économique quotidienne, j'ai le sentiment que
le modèle schumpétérien de la destruction créatrice par le mar
ché et la concurrence constitue la véritable matrice de nos
sociétés contemporaines et la clé de leur succès. C'est elle qui
fait sortir les sociétés du cercle de leur reproduction à l'iden-
Revue française d'économie, n° 4/vol XVI 6 Philippe Aghion
tique, qui les transforme de sociétés froides en sociétés chaudes,
qui fait passer de la mécanique à la thermodynamique puis à
l'informatique sociale. Et l'institution qui est au cœur de cette
entropie et du progrès qui en résulte, ce n'est pas d'abord l'Etat
ou l'individu, mais c'est l'entreprise, l'entreprise creuset de la
révolution des modes de production, de la révolution des modes
de consommation, de la révolution des modes de pensée. Le
moteur de cette alchimie secrète réside dans la volonté de
chaque entrepreneur de rendre obsolète l'offre de ses concurr
ents par l'innovation et de vivre ainsi paisiblement des rentes
que la maîtrise de cette nouvelle technologie lui procure. Las !
l'entrepreneur est tel Prométhee condamné à avoir son foie
immortel éternellement déchiqueté par un aigle, pour prix du
feu qu'il déroba au divin Héphaïstos. A peine notre entrepre
neur a-t-il réalisé son projet, qu'un nouvel entrepreneur sort de
l'ombre animé du même désir à son égard. Etrange alliance dia
lectique entre la raison et l'illusion qui fait toute la matière du
capitalisme.
Le modèle que vous proposez repose sur l'identification
de trois catégories d'externalités liées à l'innovation :
• une externalité intertemporelle, qui a un effet positif sur la croi
ssance : le progrès économique repose sur l'accumulation des
connaissances qui s'incorporent progressivement dans les diffé
rentes générations d'hommes et de femmes ainsi que d'équipe
ments ; l'innovation est donc un processus cumulatif ;
• une externalité sur le consommateur, qui a un effet positif sur
la croissance : elle tient au fait que l'entrepreneur ne peut pas s'a
pproprier l'intégralité du surplus que procure son innovation ;
l'entrepreneur ne peut s'imposer qu'en gagnant des parts de
marché aux dépens de ses concurrents, ce qu'il ne peut faire
qu'en transférant aux consommateurs une partie de la rente qu'il
a produite ; comme, dans les économies développées, le consom
mateur est en général le salarié de l'entreprise, on voit donc que
les salariés ont directement intérêt à cette destruction créatrice
sans laquelle il ne peuvent espérer augmenter leur pouvoir
d'achat ;
Revue française d'économie, n° 4/voI XVI Philippe Aghion 7
• une externalité sur l'entrepreneur concurrent qui a un effet négat
if sur la

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