Renaissance rurale aux Etats-Unis - article ; n°1 ; vol.183, pg 3-10

Bernard Kayser

Description

Économie rurale - Année 1988 - Volume 183 - Numéro 1 - Pages 3-10
L'analyse géographique de l'évolution de la population américaine se heurte à des obstacles statistiques, parmi lesquels le caractère irrégulier de la définition des types de localités ne sont pas les moindres. Néanmoins, on enregistre comme un phénomène significatif un renversement positif de tendances dans les zones non métropolitaines. A ce phénomène correspond incontestablement une volonté et un mouvement réel de renaissance du milieu rural, malgré la crise agricole. Mais on peut s'interroger sur les perspectives de ce mouvement.
Geographical analysis of the US population's evolution faces statistical difficulties, among which the inconsistencies in the definition of the various types of localities are not the least. However, one records, as a significant phenomenon, a turnaround of tendancies in non-metropolitan areas. This movement is significant of a striving after and of a real tendency towards « renaissance » in rural areas in spite of the agricultural crisis. But the prospects of this movement are rather dubious.
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ECONOMIE_RURALE
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 36
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mr Bernard Kayser
Renaissance rurale aux Etats-Unis
In: Économie rurale. N°183, 1988. pp. 3-10.
Résumé
L'analyse géographique de l'évolution de la population américaine se heurte à des obstacles statistiques, parmi lesquels le
caractère irrégulier de la définition des types de localités ne sont pas les moindres. Néanmoins, on enregistre comme un
phénomène significatif un renversement positif de tendances dans les zones non métropolitaines. A ce phénomène correspond
incontestablement une volonté et un mouvement réel de renaissance du milieu rural, malgré la crise agricole. Mais on peut
s'interroger sur les perspectives de ce mouvement.
Abstract
Geographical analysis of the US population's evolution faces statistical difficulties, among which the inconsistencies in the
definition of the various types of localities are not the least. However, one records, as a significant phenomenon, a turnaround of
tendancies in non-metropolitan areas. This movement is significant of a striving after and of a real tendency towards «
renaissance » in rural areas in spite of the agricultural crisis. But the prospects of this movement are rather dubious.
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Kayser Bernard. Renaissance rurale aux Etats-Unis. In: Économie rurale. N°183, 1988. pp. 3-10.
doi : 10.3406/ecoru.1988.3874
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1988_num_183_1_3874ÉCONOMIE n° 183, janv.-fév. RURALE 1988
RENAISSANCE RURALE AUX ETATS-UNIS ?
Bernard KAYSER *
Résumé :
L'analyse géographique de l'évolution de la population américaine se heurte à des obstacles statistiques, parmi
lesquels le caractère irrégulier de la définition des types de localités ne sont pas les moindres. Néanmoins, on enre
gistre comme un phénomène significatif un renversement positif de tendances dans les zones non métropolitaines.
A ce phénomène correspond incontestablement une volonté et un mouvement réel de renaissance du milieu rural,
malgré la crise agricole. Mais on peut s'interroger sur les perspectives de ce mouvement.
TOWARD A RURAL REVIVAL IN THE USA ?
Summary :
Geographical analysis of the US population's evolution faces statistical difficulties, among which the inconsis
tencies in the definition of the various types of localities are not the least. However, one records, as a significant
phenomenon, a turnaround of tendancies in non-metropolitan areas. This movement is significant of a striving after
and of a real tendency towards « renaissance » in rural areas in spite of the agricultural crisis. But the prospects
of this movement are rather dubious.
LE « NON-METROPOLITAN TURNAROUND » Questions de définitions
C'est dès 1973, aux États-Unis, que les statisticiens du Comme en France, l'interprétation qu'on peut donner
« Census Bureau » annoncent un renversement spectacul des mouvements démographiques aux États-Unis dépend
aire du mouvement séculaire d'exode rural et de concent étroitement des unités statistiques choisies dans l'analyse.
ration urbaine. Les observations annuelles qui permett Et comme les chercheurs américains, dans toutes les scien
ent de suivre l'évolution démographique au niveau des ces sociales, sont, bien plus que les Français, attachés aux
comtés pendant les périodes intercensales montrent en effet données statistiques, qu'ils sont d'autre part peu friands
d'enquêtes locales, les conclusions de leurs études sont surque les zones non métropolitaines croissent désormais plus
vite que les zones métropolitaines, et que le courant de déterminées par leurs choix ou leurs possibilités de calcul.
migration en direction des zones non métropolitaines est Or la division métropolitain/non-métropolitain du terdevenu plus fort que l'inverse. La première interprétation ritoire, essentielle dans la « découverte » du turnaround, des spécialistes a l'intérêt de ne pas bouleverser le tableau est peu convaincante. S'agissant des ruraux, en particultraditionnel : il ne s'agit, disent-ils, que d'une extension ier, il faut savoir que les deux cinquièmes vivent en zone de l'urbanisation sur l'espace non métropolitain. Mais métropolitaine. Il n'y a aucune coïncidence entre populat
cette interprétation s'avère fausse. ion rurale et population non métropolitaine. Mais peut-
être est-ce finalement cette dernière qui est la catégorie Une étude détaillée va montrer que la croissance démo socio-spatiale la plus significative... et dans ce cas, c'est graphique des zones non métropolitaines est, sinon génér la notion de « rural » qu'il faudrait réviser. alisée, du moins tout à fait dispersée. La croissance est
Les metropolitan statistical areas, aires métropolitaines, continue à proximité des centres métropolitains, mais elle
est nette aussi, et nouvelle, dans de nombreux comtés de sont délimitées autour des noyaux urbains de plus de
50 000 habitants en y englobant les localités urbaines et l'Amérique rurale profonde. Le recensement de 1980
rurales que ceux-ci dominent : une domination mesurée apportera la confirmation définitive de ce brusque renver
par l'importance des migrations quotidiennes de travail. sement de tendance. Le « non-metropolitan population
turnaround » devient un sujet d'étude prioritaire pour les On compte, en 1986, 281 aires métropolitaines, couvrant
les 16 % du territoire américain et rassemblant les trois chercheurs des sciences sociales, qui y trouvent l'évidence
quarts de la population totale. statistique d'un faisceau d'observations qui les a conduits,
depuis peu, à évoquer une « rural renaissance ». La population non-métropolitaine est donc celle qui
habite en dehors de ces zones. On y trouve les citadins des Il est frappant, dans cette affaire, de constater la con villes petites et moyennes (moins de 50 000 habitants) à comitance du mouvement aux États-Unis et en Europe, condition que celles-ci ne soient pas englobées dans l'aire en France en particulier. Le décalage habituel de vingt ans, métropolitaine et les ruraux à la même condition. Cette de dix ans, qui s'enregistre, s'agissant des phénomènes population représente grosso modo le quart de la populatsociaux et culturels, n'existe pas en l'occurence. Et la coïn ion totale et occupe plus des quatre cinquièmes du cidence des dates, des publications des chercheurs, et même territoire. de leurs interrogations, est étonnante. N'en est-on pas, de
part et d'autre de l'Atlantique, à se demander d'une même La population rurale est celle qui réside dans des local
voix au milieu des années quatre-vingt si ce mouvement ités rassemblant moins de 2 500 habitants, sauf celles qui
qui s'essoufle n'est pas condamné à s'arrêter ? sont incluses dans les « zones urbaines ». Elle peut,
* Professeur à l'Institut de Géographie, Université de Toulouse-Le Mirail.
-3- comme on l'a vu, se situer dans les zones métropolitaines métropolitaine passe, d'une décennie à l'autre, de 4,3 % au-dehors. Au total, la population rurale améri à 12,5 % ; celui de la population rurale passe du négatif
au positif, — 1,9 % contre 3,7 °7o {tableau 2). caine s'élève à 60 millions d'individus, juste le quart de
la population totale. Tableau 2. — Évolution des populations urbaine et rurale
La agricole (farm population) est définie (en millions d'habitants)
comme celle vivant sur des exploitations agricoles recon
Années Population urbaine Population rurale dont Pop. agricole nues (plus de 1 000 dollars de ventes durant l'année), en
dehors des zones urbaines : il s'agit donc d'une populat 1900 35 46 29
ion rurale-agricole. Elle comptait, en 1985, 5 355 000 indi 56 1950 95 25
vidus (2,2 % de la population totale et 8,9 % de la popul 1960 125 55 15
ation rurale). Au sein de cette population des exploita 1970 149 54 9
tions, les agriculteurs sont en minorité : 1 363 000 actifs 1980 170 56 6 agricoles. Il est intéressant de noter à ce sujet, d'une 1985 178 60 5
part la régression rapide au cours des années récentes
Source : Census Bureau ( — 1 1,5 % de 1980 à 1985) et d'autre part l'évolution dif
férentielle de la répartition spatiale qui aboutit aujourd'hui L'évolution de la population rurale est le résultat évi
à la concentration de 48,6 °7o de la population agricole dent de deux mouvements contradictoires. La population
dans les états du Middle- West (tableau 1). agricole s'effondre : depuis 1950, elle perd quelque 40 %
d'un recensement à l'autre. Mais la population rurale