Warnier (Jean-Pierre). Construire la culture matérielle. L’homme qui pensait avec ses doigts  ; n°1 ; vol.4, pg 76-76
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Critique internationale - Année 1999 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 76-76
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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Le cours de la recherche
Notes
THOMAS (ROBERT) Serbia under Milosevic. Politics in the 1990's Londres, Hurst, 1999, XX-443 pages. Dans l'abondante littératur e consacrée à l'ex-Yougoslavie depuis son éclatement en 1991, ce livre vient combler un vide: il analyse le «phénomène » Milosevic dans le contexte de la politique intérieure serbe. Les conflits en Croatie, en Bosnie ou au Kosovo ne sont traités que dans la mesure où ils jouent dans la recomposi-tion du paysage politique serbe. On a là une analyse chr onologique, très docu -mentée, de l'échec d'une transition post-communiste. Le régime Milosevic, seul vrai rescapé du communisme en Europe, a dû sa survie autant à sa capacité de dévoyer la tran-sition démocratique et d’utiliser les leviers étatiques hérités de l'ancien régime qu'à son habile adaptation aux circonstances de la décomposition de ce dernier. À côté du pluralisme de partis et de sa façade constitutionnelle, il a su s'appuyer sur deux « pouvoirs » essen-tiels : les médias et la sécurité. Tout en tolérant des journaux oppositionnels à
faible tirage, il a ainsi gardé le contrôle de l'audiovisuel. Plus que sur l'armée, il s'est appuyé sur les services de sécurité entretenant des liens privilégiés avec des milices paramilitaires. L’auteur a raison d'affirmer qu'il n'y a pas de fatalité culturelle dans l'échec de la transition et le triomphe de l'autorita -risme en Serbie, qu'il impute à la fai-blesse de la société civile et surtout au rôle de certaines personnalités politiques. S’il mentionne aussi l'usage de la « mobi-lisation nationaliste », il ne voit pas là une spécificité serbe. Le nationalisme a été, selon lui, l'élément mobilisateur et uni-ficateur dans la chute du communisme partout en Europe de l'Est. Cette géné-ralisation nous paraît abusive et empêche l'auteur de mieux appréhender son sujet. Nulle part en Europe centrale, le natio-nalisme ne fut la force motrice de la « révolution » de 1989. La souveraineté recouvrée de la nation y fut le prolon-gement de la démocratie. En Serbie, au contraire, c'est la question nationale qui a fait dérailler la transition démocratique. C'est cela qui est au cœur du « phéno-mène Milosevic ».Jacques Rupnik
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WANK (DAVID L.) Commodifying Communism. Business, Trust, and Politics in a Chinese City Cambridge, Cambridge University Press, 1999, XIV-298 pages. Une des grandes questions que se posent aujourd’hui les spécialistes de la Chine contemporaine touche aux rapports entre les dirigeants des entreprises privées et les cadres du parti et de l’État. Assiste-t-on à une lente conversion des élites poli-tiques au « capitalisme » ou bien à l’émer-gence d’une nouvelle élite économique ? Le livre remarquable de David Wank apporte une contribution déterminante au débat à travers l’analyse de matériaux collectés au cours de plusieurs années d’enquêtes à Xiamen (l’ancienne Amoy), dans la province du Fujian. Cette masse d’informations de pr emière main est confrontée en outre à une multitude de
WEISS (LINDA) The Myth of the Powerless State Ithaca, Cornell University Press, 1998, XVII-260 pages. L'ambitieux ouvrage de Linda W eiss – professeur associé de politique com-parée à l'université de Sydney – s'inscrit dans le prolongement des travaux (ceux de Peter Evans et de Theda Skocpol en particulier) qui se sont attachés à ré-évaluer le rôle de l'État. À l'heure où la mondialisation et la croissance des flux transnationaux sont censées remettre en cause la capacité régulatrice des États, Linda Weiss soutient au contraire que les
travaux portant sur le même thème mais sur d’autres pays que la Chine. Wank montre comment se nouent, entre les responsables d’entreprises privées et les cadres locaux, des relations clientélistes qui satisfont les deux partenaires. Les premiers s’assurent un système de pro-tection et d’accès privilégié aux biens et services rares, les seconds retirant de la transaction d’évidents avantages maté-riels à la fois sur le plan personnel et sur le plan politique – les ressources ainsi obtenues entrant pour une part dans les budgets parallèles gérés par les bureau-craties. La démonstration de l’auteur est si convaincante que l’on s’étonne de le voir rester attaché à l’idée d’une transi-tion –particulière, certes, mais transi -tion tout de même – vers l’économie de marché,entoutcastellequelleestdéfi-nie habituellement.Jean-Louis Rocca
forces économiques externes restent lar-gement déterminées par les str uctures internes. Ouvrage de synthèse par l'am-pleur de la littératur e et des exemples sollicités,The Myth of the PowerlessState analyse minutieusement la capacité variable des États à s'adapter à la mon-dialisation et, partant, à structurer les relations économiques internationales. Ce faisant, Linda Weiss montre claire-ment que l'État ne peut être appréhendé de manière monolithique et met en évi-dence l'importance des diverses trajec-toires historiques. Trois exemples sont privilégiés à cet égard –l'ensemble
Japon, Taiwan et Corée du Sud, la Suède et l'Allemagne – auxquels sont consa-crés les trois chapitres centraux du livre. L'ouvrage paraît toutefois trop partial ou incomplet, voire dogmatique, pour emporter l'adhésion. Outre la faiblesse des sources de première main, on peut s'étonner que les travaux de Susan Strange ne soient pas même mentionnés. Par ailleurs, l'auteur postule, au moins implicitement, une césure forte entre
UVIN (PETER) Aiding Violence. The Development Enterprise in Rwanda West Hartford, Kumarian Press, 1998, IX-275 pages. Traduction française :L’aide complice ? Coopération internationale et violence au Rwanda, Paris, L’Harmattan, 1999 (à paraître). Les origines du génocide au Rwanda ont déjà suscité une importante littérature, mais ce livre mérite une attention parti-culière car il met en cause la politique de développement poursuivie dans ce pays par la communauté internationale, l’assistance fournie par les ONG en par-ticulier. La critique est au premier abord paradoxale. Aucun État n’a reçu autant d’aide au développement par habitant que le Rwanda. Ce pays, affirme notre auteur, avait la plus grande concentration d’experts étrangers au kilomètre carré de toute l’Afrique. Certes, nul n’a jamais prétendu que l’assistance au développe-ment constituait une assurance contre
Notes de lecture —75
l'interne et l'externe. S'agissant en par-ticulier de Taiwan, où elle a fait cinq mois de recherches, on est surpris que la question des échanges croissants avec la Chine populaire, centrale pour l'avenir de l'île, mais aussi emblématique, de prime abord du moins, de la « déterri-torialisation » du politique face à la mon-tée des flux transnationaux, soit passée sous silence. Françoise Mengin
le risque de guerre civile. Uvin ne s’en prend pas au dévelop-pement, non plus qu’au FMI ou à la Banque mondiale, dont les plans d’ajus-tement structurel ne furent d’ailleurs pas réalisés. Sa thèse est plus subtile. Elle consiste à montrer que les agences d’aide furent partie prenante des structures d’oppression et, à ce titre, complices des auteurs du génocide. Pour atteindre leurs fins, ces agences s’appuyèr ent sur des élites, des associations r eligieuses, des « organisations de base» locales, qui étaient étroitement associées aux sphères dirigeantes du pays et qui partageaient leurs objectifs. Lorsque les signes annon-ciateurs du génocide devinrent évidents, elles s’abstinrent de réagir, restant d’ordi-naire insensibles aux nombreux témoi-gnages de violations des droits de l’homme en provenance de sources étran-gères et locales incontestables. La conditionnalité a mauvaise presse, parce que les institutions de Bretton Woods l’ont trop souvent utilisée à des
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fins essentiellement économiques, au demeurant critiquables. L’expérience du Rwanda montre la nécessité de repenser l’aide au développement en lui confé-
WARNIER (JEAN-PIERRE) Construire la culture matérielle. L’homme qui pensait avec ses doigts Paris, Presses universitaires de France, 1999, 176 pages. Dans ce petit essai, écrit dans une langue alerte malgré son souci didactique, Jean-Pierre Warnier renouvelle utilement la problématique des r echerches sur la culture matérielle, à un moment où ces dernières se multiplient, traitant tantôt de la colonisation, tantôt de la globali -sation. Renouant avec le questionnement de Marcel Mauss –qu'il préfère manifes-tement à Émile Durkheim! – il propose une «théorie de la cultur e matérielle qui prenne en compte ce qu'elle a de spécifique par rapport à tous les sys -tèmes de signes, c'est-à-dire sa matéria-lité ». L'accent est mis sur les «tech-niques du corps », inhérentes à l'usage des objets, plutôt que sur les représen-tations ou les symbolisations : « Ce qui fait culture matérielle, donc, c'est tous les objets matériels, quels qu'ils soient, manufacturés ou non, vivants ou non,
rant, lorsque cela s’avère nécessaire, des objectifs politiques, sociaux et culturels plus explicites. Pierre de Senarclens
dont la statique et la dynamique sont plus ou moins incorporées dans les conduites motrices ». Cette révolution copernicienne par rapport aux nombreux travaux qui se focalisent sur la sémio-tique de la culture matérielle permet de mieux comprendre –exemple d'une chefferie bamiléké à l'appui– comment cette dernière, articulée aux conduites motrices, est constitutive d'un mode de « gouvernement » ou d'une «gouver-nementalité » (Michel Foucault) que caractérisent non l'unité des r eprésen-tations mentales à l'échelle d'une société, mais bel et bien la dif férenciation et la singularisation des conduites motrices d'un groupe ou d'un individu à l'autre. Jean-Pierre Warnier établit en outre que, dans les sociétés industrielles ou post-industrielles, « l'argent et le mar-ché n'introduisent pas de distanciation spécifique entre le sujet et l'objet au regard de l'action motrice ». Il prend ainsi le contre-pied des analyses issues de l'École de Francfort, qui insistent sur l'aliénation dont serait porteuse la mar-chandisation.Jean-François Bayart
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