La notion de « Bon usage » en ancien français - article ; n°1 ; vol.14, pg 9-24
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1962 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 9-24
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Maurice Delbouille
La notion de « Bon usage » en ancien français
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1962, N°14. pp. 9-24.
Citer ce document / Cite this document :
Delbouille Maurice. La notion de « Bon usage » en ancien français. In: Cahiers de l'Association internationale des études
francaises, 1962, N°14. pp. 9-24.
doi : 10.3406/caief.1962.2214
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1962_num_14_1_2214LA NOTION DE « BON USAGE »
EN ANCIEN-FRANÇAIS
A PROPOS DE LA GENÈSE
DE LA LANGUE FRANÇAISE
Communication de M. DELBOUÏLLE
{Liège)
au XIIIe Congrès de V Association, le 24 juillet 196 1.
La langue des documents écrits dans le nord de la France
au cours du moyen âge, telle qu'elle apparaît dans les manusc
rits, qui remontent rarement plus haut que le XIIIe siècle (1),
ne reproduit jamais fidèlement le dialecte parlé de l'auteur
ou du scribe (2). Il s'agit, comme Га prouvé l'étude des textes
(1) II faut rappeler que les documents dont nous disposons pour at
teindre Г ancien-français, malgré leur nombre, restent fort insuffisants.
La plupart des textes littéraires, surtout avant le xnie siècle, sont écrits
en vers et portent ainsi la marque d'une lourde tradition ; ils con
servés, en outre, le plus souvent, dans des manuscrits du хше, du XIVe et
du XVe siècle, plus récents, par conséquent, que le texte original, d'un,
deux ou trois siècles ; enfin, ces copies tardives sont normalement sépa
rées de l'original par des intermédiaires nombreux qui ont pu modifier la
couleur dialectale de la langue et, surtout, rajeunir cette dernière. Les do
cuments d'archives ne remontent pas plus haut que le хшв siècle et si on
en a souvent conservé les originaux, bien datés et bien localisés, on n'y
trouve guère que des formules consacrées par l'usage des chancelleries et
très pauvres au point de vue lexical.
(2) Ce fait, reconnu depuis longtemps par les spécialistes de la langue
et de la littérature du moyen âge, n'a été mis en lumière pour les dialec-
tologues que par l'étude de Jules Feller, Français et dialectes chez les au
teurs belges du moyen âge (dans le Bulletin de la Commission Royale de
Toponymie et Dialectologie, t. V, 1931, pp. 33-92). M. Louis Remacle a
évoqué le débat suscité par ce travail dans l'ouvrage décisif qu'il a consa
cré à la question, sous le titre Le problème de l'ancien wallon (Liège, Biblio- I О MAURICE DELBOUILLE
littéraires et des chartes, d'une langue écrite, que M. Louis
Remacle a baptisée scripta, commune à tout le domaine d'oïl,
mais colorée, selon les régions, de traits dialectaux plus ou
moins nombreux. Sous ses variantes régionales, cette scripta
semble avoir comme base idéale un usage que l'on a ident
ifié avec le « francien » de Paris, mais dont la norme pourrait
s'être formée peu à peu avant le XIIe siècle, par la recherche
générale d'un idiome littéraire commun (3). Sans impliquer
thèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de V Université de Liège, fasci
cule CIX, 1948, 230 pages). La même question de la nature exacte de la
langue française au moyen âge a été reprise, pour le domaine picard, par
M. C. T. Gossen, dans sa thèse polycopiée Die Picardie als Sprachland-
schaft des Mittelalters (ouf Grund der Urkunden), parue à Biel en 1942,
puis, surtout, dans sa Petite grammaire de l'ancien picard, parue à Paris,
chez Klincksieck, en 195 r. Depuis lors, M. Gossen a précisé ses vues, en
appuyant la thèse de M. Remacle, dans une conférence faite à Mons, le
27 mai 1956, et publiée sous le titre Considérations sur le franco-picard,
langue littéraire du moyen âge, dans Les dialectes belgo-romans, XIII, 1956,
pp. 97-121, puis dans son article Die Einheit der franzôsischen Schrtft-
sprache im 15. und 16. Jahrhundert, dans la Zeitschriftfiir romanische Philol
ogie, LXXIII, 1957, pp. 427-459. Moi-même, j'ai apporté quelques pré
cisions sur mon interprétation des faits dans une communication présentée
au VIII0 Congresso Internazionale di Studi Romanzi, qui se tint à Flo
rence du 3 au 8 avril 1956 (cf. A tti, vol. II, Communicazioni, Parte Prima,
pp. 15 1-153, A propos de la genèse de la langue française).
(3) M. Remacle, en restant fidèle à l'idée d'admettre « la continuité de la
tradition» française» écrite, au moins depuis 1200», accepte qu'ayant cette
date une tradition de langue écrite avait dû se développer à partir du dia
lecte local de la province. M. Gossen dit que « le francien... domine la
scripta française établie depuis le commencement du xne siècle » {Petite
gramm., p. 99), ou encore qu' « il est permis de supposer qu'autour de
l'an 1100 l'influence du français parisien s'est fait sentir jusque dans les
contrées les plus éloignées du domaine d'oïl » {Considérations, p. 99). Sans
écarter exercée par le prestige de Paris, M. Walther von Wart
burg a insisté sur le fait que l'Ile-de-France étant le centre naturel du
pays, son dialecte devait « garder une sorte de juste milieu », n'avoir « rien
d'extravagant ou de rébarbatif pour les autres régions » et se « présenter
même comme le parler moyen dont l'originalité particulière était faite de
l'absence de particularités par lesquelles se distinguaient tous les autres
dialectes» {Évolution et structure, 5e éd., 1958, p. 89). En général, les au
teurs s'accordent cependant pour admettre la primauté du français de
Paris ou du « francien » et pour l'expliquer par le rôle joué par la capitale
àpartir du XIe siècle. L'idée qu'une tradition littéraire plus ancienne d'au
moins un siècle ait pu répandre l'usage d'une langue commune où les
traits dialectaux étaient rares, éveille souvent un tenace scepticisme en
raison du petit nombre des œuvres conservées. Il faut noter que les t
émoignages souvent cités de Conon de Béthune et d'autres prouvent qu'à
dater de la seconde moitié du xne siècle, le français de Paris jouissait d'un
prestige particulier, du moins aux yeux des Parisiens.
Évoquant la thèse ancienne de l'ancien-français fondé d'abord sur les
dialectes et s'en prenant surtout à M. Alwin Kuhn {Cultura Neolatina,
16, 42) et à M. Ch. Bruneau {Revue de linguistique romane, XIX, 1955,
174), M. C. T. Gossen {Die Einheit..., pp. 431-2) écrit : « Die allgemeine LA NOTION DE BON USAGE EN ANCIEN-FRANÇAIS II
la pratique courante du « francien » dans la conversation des
sociétés provinciales (3 bis), ce fait prouve, en tout cas, que
l'on comprenait partout, à l'audition, cette langue littéraire
commune. En revanche, la fréquence des dialectismes dans
les chartes et dans les œuvres littéraires oblige à penser que le
caractère hybride de la scripta était chose admise.
Auffassung ging also und geht zum Teil noch dahin, dass in jeder franzo-
sischen Sprachlandschaft zunâchst, als man in Vulgârsprache zu schrei-
ben begann, der lokále Dialekt zuř Schriftsprache erhoben worden sei.
In der Folge hábe dann der ebenfalls zur Schriftsprache erhobene Dia
lekt von Paris diese regionalen Dialektschriftsprachen konkurrenziert
und mit der Zeit, dank seinem grosseren Prestige als Sprache des kônigsho-
fes, aus dem Felde geschlagen. Wie erklârt sich aber die auffallende
Tatsache, dass die sog. regionalen von den ersten
Texten an — ich meine damit die Texte der kapetingischen Zeit und
nicht die sprachlich schwer zu definierenden, wenigen Denkmáler der
karolingischen Epoche — in einer Mischsprache geschrieben sind ? Wie-
der die normannischen noch die pikardische Schriftsprache, noch die an-
dern, basieren einzig und allein auf dem regionalen Dialekt. Sie besitzen
einen betont franzôsischen Grundkarakter und die dialekalen Merkmale
scheinen wie auf eine gemeinsame Grundfarbung aufgesetzt. »
Nous est-il permis d'observer que c'est là une étrange façon de traiter
le problème ? M. Gossen range d'abord de côté les « quelques textes caro
lingiens difficiles à définir linguistiquement », comme s'ils n'étaient pas
les seuls témoins dignes d'attention pour ce premier âge et comme s'il

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