La Situation de la langue française au Québec - article ; n°1 ; vol.44, pg 25-38
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1992 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 25-38
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Jean-Pierre Piriou
La Situation de la langue française au Québec
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1992, N°44. pp. 25-38.
Citer ce document / Cite this document :
Piriou Jean-Pierre. La Situation de la langue française au Québec. In: Cahiers de l'Association internationale des études
francaises, 1992, N°44. pp. 25-38.
doi : 10.3406/caief.1992.1776
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1992_num_44_1_1776LA SITUATION DE LA LANGUE
FRANÇAISE AU QUÉBEC
Communication de M. Jean-Pierre PIRIOU
(Athens, Georgia)
au XLIIIe Congrès de l'Association, le 22 juillet 1991
En préambule, permettez-moi une note personnelle. Je
n'avais pas en effet plus tôt accepté de parler de la situa
tion du français au Québec que je me rendais compte
d'avoir sans doute commis une imprudence. Je me sentais
soudain comme quelqu'un qui se mêlerait des affaires
intimes d'une famille, alors que l'on pourrait penser que
les intéressés eux-mêmes semblent être seuls habilités à
se prononcer sur la question. J'espère néanmoins que
mes amis québécois me pardonneront de m'immiscer dans
un sujet aussi plein d'émotions que celui-ci, et qu'ils m'ac
corderont qu'avoir vécu au Québec il y a vingt ans, avoir
une fille née à Québec, et avoir porté un intérêt constant
au Québec, à sa vie politique, à sa littérature et à sa
culture, m'autorisent à me prononcer sur la situation de
la langue française au Québec aujourd'hui.
Brièvement, je rappellerai d'abord certaines caractéris
tiques du Québec qui aident à la compréhension de sa
situation linguistique. Puis je tracerai un parallèle entre
les circonstances politiques et les différentes étapes du
développement de la politique linguistique du gouverne
ment québécois depuis la fin des années 60. Cet aperçu 26 JEAN-PIERRE PIRIOU
historique débouchera sur une analyse de la Charte de la
langue française, la pièce maîtresse de cette politique
linguistique. Ensuite, l'examen d'un «Avis» du Conseil
de la langue française de 1985 et d'une série d'indicateurs
publiés dans une brochure de ce même Conseil en 1991
nous permettra de mesurer les effets de la Charte huit
ans et quatorze ans après son adoption. Finalement, nous
poserons non pas la quetion à laquelle personne ne peut
répondre et qui consisterait à se demander si on parlera
encore français au Québec dans cinquante ans, cent ans,
ou cent cinquante ans, mais nous soulignerons ce qui
nous paraît absolument impératif que le Québec fasse
pour qu'on continue à y parler français dans les siècles à
venir.
*
* *
Cela a été maintes fois souligné, mais il est important
de rappeler la position géopolitique du Québec dans le
contexte nord-américain. Au recensement de 1987, il y
avait environ 6.533.000 habitants d'une grande diversité
linguistique, qui ne cesse d'augmenter. Cette population
se répartit en quatre groupes: une majorité de langue
française de 83%, une minorité de langue anglaise de
8 %, et des minorités autochtones, Amérindiens et Inuit,
ainsi que celles d'immigration récente, de langues extr
êmement diverses. Disons tout de suite que pour la sim
plification de cet exposé, nous regrouperons désormais
ces populations en trois groupes: les francophones, les
anglophones et les allophones.
Bien qu'on puisse penser que cette répartition a un
caractère rassurant en ce qui concerne l'avenir du français
au Québec, il faut immédiatement noter que si les fra
ncophones y sont majoritaires, ils sont minoritaires partout LE FRANÇAIS AU QUÉBEC 27
ailleurs en Amérique du Nord où ils ne représentent que
2 % de la population, et c'est d'ailleurs pourquoi les Qué
bécois ont du mal à se considérer comme une majorité.
N'oublions pas non plus les pressions très fortes qu'exerce
la langue anglaise partout dans le monde, et, à plus forte
raison, les tentations qu'elle représente dans un pays
comme le Québec où la fréquence des contacts et l'omni
présence des communications en langue anglaise contri
buent à la fragilité de la situation de la langue française.
C'est pour faire face à cette que le gouvernement
québécois a pris ses responsabilités et a développé une
politique linguistique dès la fin des années 60. Certains
n'ont vu dans cette action qu'un désir de régler la relation
entre le français et l'anglais au Québec ; en fait, les me
sures visaient beaucoup plus loin. Il s'agissait d'assurer
au français des conditions de survie et de développement
pour faire contrepoids à l'influence de la langue en usage
sur le reste du continent; il s'agissait de s'assurer aussi
que le français continuerait à être un facteur de cohésion
sociale et participerait activement au développement de
l'identité québécoise ; enfin, il s'agissait de rendre possible
l'utilisation de l'anglais quand les circonstances le de
mandent, et de respecter l'identité culturelle et linguistique
des minorités.
L'élaboration de cette politique linguistique s'est faite
dans un climat politique difficile. De 1969 à 1977, trois
lois linguistiques se sont succédées, et la dernière, la loi
101, la Charte de la langue française, adoptée par l'A
ssemblée Nationale du Québec le 26 août 1977, constitue
encore aujourd'hui le fondement de la politique linguisti
que du Québec.
La Charte de la langue française déclare dans son
préambule : « Langue distinctive d'un peuple majoritaire
ment francophone, la langue permet au peuple
québécois d'exprimer son identité.
L'Assemblée Nationale reconnaît la volonté des Que- 28 JEAN-PIERRE PIRIOU
bécois d'assurer la qualité et le rayonnement de la langue
française. Elle est donc résolue de faire du français la
langue de l'Etat et de la loi aussi bien que la langue
normale et habituelle du travail, de l'enseignement, des
communications, du commerce et des affaires » (1).
Pour atteindre cet objectif, elle décrète dans son article
1 que «le français est la! langue officielle du Québec».
Dans les articles 2 à 6, elle définit les « droits linguistiques
fondamentaux » des Québécois. Elle rend obligatoire l'
usage du français dans la plupart des secteurs d'activité, et
dans certains cas, comme pour l'affichage public, elle
impose l\inilinguisme français, avec malgré tout un certain
nombre d'exceptions possibles. Il est donc clair que l'u
ltime objectif de la Charte est de faire du français la
langue de l'Etat, mais sans pour autant toucher au droit
des individus d'utiliser la langue de leur choix dans leur
vie privée et en protégeant les droits linguistiques et cul
turels des minorités. La loi considère d'ailleurs l'apport
culturel des immigrants comme un enrichissement et elle
veille au maintien d'une variété de cultures et de langues
d'origine en autorisant l'usage de diverses langues dans
les domaines d'activités culturelles, dans les journaux et
dans les médias en général.
Bien qu'il faille utiliser le terme de bilinguisme avec
circonspection dans le contexte québécois, on a souvent
parlé de «bilinguisme fonctionnel» pour décrire la situa
tion que la Charte créait. En effet, bien que les commun
ications institutionnelles se fassent en français, l'usage
de l'anglais est possible lorsque c'est une nécessité, comme
c'est souvent le cas dans les domaines technologiques de
pointe, par exemple. Sur le marché du travail par contre,
si l'on requiert la connaissance de l'anglais pour un em-
(1) Charte de la langue française, L.R.Q., chapitre C-ll. A jour au 1er août
1989; dernière modification: 1er juillet 1989. Québec, Bibliothèque nationale
du Québec, 1989, p. 1. LE FRANÇAIS AU QUÉBEC 29
ploi, on doit prouver qu'elle est légitime et elle doit faire
partie de la description de cet emploi. Inversement, la
connaissance de l'anglais comme condition préalable à
l'emploi est strictement interdite.
Il va sans dire que l'adoption et l

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