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Informations
Publié par | REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DE_NARBONNAISE |
Publié le | 01 janvier 1992 |
Nombre de lectures | 23 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Extrait
Anne Roth-Congès
Jean Charmasson
Entre Nemausus et Alba : un oppidum Latinum ? Les
agglomérations antiques de Gaujac et Laudun et la question des
Samnagenses
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 25, 1992. pp. 49-67.
Citer ce document / Cite this document :
Roth-Congès Anne, Charmasson Jean. Entre Nemausus et Alba : un oppidum Latinum ? Les agglomérations antiques de
Gaujac et Laudun et la question des Samnagenses. In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 25, 1992. pp. 49-67.
doi : 10.3406/ran.1992.1398
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1992_num_25_1_1398Abstract
Through it became a diocese as early as the fifth century, Uzège is considered to have been part of the
city of Nemausus and its villages to have belonged to the category of the oppida given to the Arecomic
capital. Nevertheless, the Saint- Vincent de Gaujac oppidum which keeps and restaures at the Roman
times its protohistoric rampart, becomes an urban area with monuments as early as the time of the
Triumvir and is therefore more like the areas depicted by Pliny as oppida latina. An inscription tells
about the carreer of a magistrate of a Latin city which is not very likely to be the stereotyped cursus of a
citizen of Nîmes. Would not there be around Gaujac, then, an oppidum latinum independent from
Nîmes, may be Samnagenses, as coins and epigraphy tend to locate it in the low Rhône valley, more
particularly on the right bank ? Would the nearby oppidum of Laudun which shows many characters
alike belong to the same civitas, or would the two oppida be distinct urban areas ? Actually, what type of
relationships whether statutory or hierarchical existed between the urban areas of a Latin city ?
Résumé
Bien qu'érigée en diocèse dès le ve s., l'Uzège est réputée appartenir antérieurement à la cité de
Nemausus, et ses villages relever de la catégorie des oppida attribués à la capitale arécomique.
Pourtant, V oppidum de Saint- Vincent de Gaujac, qui conserve et restaure à l'époque romaine son
rempart protohistorique, s'urbanise et se monumentalise dès l'époque triumvirale, se rapproche plutôt
d'agglomérations que Pline désigne comme oppida Latina. Une inscription y relate la carrière d'un
magistrat relevant bien d'une cité latine, mais peu conforme au cursus stéréotypé des notables nîmois.
N'y aurait-il pas autour de Gaujac un oppidum Latinum indépendant de Nimes, peut-être celui des
Samnagenses que monnayage et épigraphie situent dans la basse vallée du Rhône, et plutôt sur la rive
droite ? Jusqu'où s'étendrait son territoire ? L' oppidum voisin de Laudun, qui présente des caractères
très proches, relèverait-il de la même civitas, ou s'agirait-il d'entités municipales distinctes ? En fait, quel
type de rapports statutaires ou hiérarchiques pouvaient avoir les agglomérations au sein d'une cité
latine ?ENTRE NEMAUSUS ET ALBA : UN OPPIDUM LATINUM1
Les agglomérations antiques de Gaujac et Laudun,
et la question des Samnagenses
Anne ROTH CONGÉS et Jean CHARMASSON*
A la mémoire de Paul-Albert Février
L'oppidum de Saint- Vincent à Gaujac
Entre 1964 et 1988, les fouilles de l'oppidum Saint- Vincent à Gaujac par J. Charmasson et son
équipe révélaient un site important, d'un caractère plutôt insolite pour la région (1). Sur la rive droite
du Rhône, à 14 km au sud de Bagnols-sur-Cèze, à une quinzaine de km au nord-est d'Uzès, cette
colline trapue qui culmine à 270 m forme l'extrémité orientale d'un petit massif profondément entaillé
par un vallon sec (fig. 1). L'oppidum surveille la vallée du Rhône, qui coule à 11 km à vol d'oiseau,
et la voie reliant Alba à Nemausus ; il contrôle par ailleurs la vallée de la Tave, qui ouvre un chemin
aisé vers le bassin d'Alès et les Cévennes, et celle de la Veyre, par laquelle on accédait rapidement
à la région d'Uzès. L'occupation a été discontinue mais longue, et quatre phases ont été reconnues :
• au Premier Age du Fer le site est fortifié, enserrant une douzaine d'hectares, peut-être en
relation, déjà, avec une tour de guet située hors les murs (2). Un vaste tumulus de cendre (3), comportant
plusieurs foyers avec chenets, témoigne d'une fréquentation domestique mais également cultuelle
car, pour quelques décennies seulement, elle a laissé des milliers de fragments de vases (parmi les
quels des kernoi, vases munis de coupelles pour l'offrande des prémices agricoles), et de petits
objets votifs en argile. A la fin du Ve s. et au début du IVe, Gaujac semble donc un sanctuaire fréquenté.
* A. Roth Congés, CNRS, UPR 290, avenue de Pérols, ;34970 Lattes ; J. Charmasson, 30330 Saint-Paul-les-Fonts.
Que J.-L. Fiches, J. Gascou, D. Goury, Chr. Pellecuer, M. Py, J.-Cl. Richard, Y. Roman et tous ceux qui ont bien voulu discuter
avec nous de cette étude et (ou) nous faire part du résultat de leurs travaux, trouvent ici l'expression de notre amicale gratitude.
(1) Charmasson 1981, 1983 B, 1985 A et B, 1986 A,B,C,1988,1989 A; Gallia, Informations, 22, 1964, p. 500; 24, 1966, p.
475-476; 27,1969, p. 404-405; 29, 1971, p. 392; 31, 1973, p. 502-503; 33, 1975, p. 514-515; 36, 1978, p. 447-448; 37, 1979, p.
538-539; 39, 1981, p. 517-518 (G. Barruol) ; 41, 1983, p. 510 (G. Barruol et A. Nickels); 43, 1985, p. 396 (A. Nickels).
(2) Charmasson 1981, p. 85-92.
(3)1986 A.
Revue Archéologique de Narbonnaise, 25, 1992, p. 49-67 A. ROTH CONGÉS et J. CHARMASSON 50
• Ni mes
Fig. 1. — Carte des environs de Gaujac.
• Au début du Ier s. avant notre ère, au cours de la période troublée qui suit la conquête par
Rome de la Transalpine, le site est réoccupé par une population indigène qui entretient des relations
suivies avec Marseille (elle utilise notamment l'alphabet grec(4)) et avec le commerce méditerranéen,
comme l'attestent les importations de Campanie prédominantes. En cela, Gaujac ne se distingue pas
de nombreux sites de la basse vallée du Rhône. Mais très tôt les relations avec Rome l'emportent :
dès les dernières années de la République et le règne d'Auguste, le site fait l'objet d'aménagements
urbanistiques considérables (fig. 2), qui le structurent en terrasses, selon un modèle hellénistique
reproduit jusque sous l'Empire dans maintes villes d'Italie et d'Espagne — sanctuaires en particulier.
De fait, le premier monument à notre connaissance installé sur l'une de ces terrasses (la quatrième
en partant du sommet), est un temple (fig. 2, 3) — dédié à Apollon, ou Déméter ? — , singulier par
l'alliance du plan carré des fana celtiques et du podium encadré de cymae reversae à la mode ita-
(4) Lejeune 1985, 259-269. UN OPPIDUM LATINUM 51
100
Fig. 2. — Plan provisoire de l'oppidum de Gaujac. 1 : porte fortifiée, 2 : thermes, 3 : temple, 4 : aire portiquée,
5 : église Saint- Vincent et village médiéval.
lique (5). A la même époque, la muraille celtoligure est restaurée et complétée, au moins aux abords
de la porte principale de la ville, à l'ouest (fig. 2, 1).
L'aménagement urbain se poursuit sur la deuxième terrasse avec la construction, sous Tibère
semble-t-il, d'une aire entourée de portiques (40 x 30 m environ) malheureusement très endommagée
par une carrière (fig. 2, 4). Elle est insuffisamment dégagée pour décider s'il s'agit d'un forum, du
péribole d'un temple (du culte impérial par exemple), ou d'un autre ensemble monumental, mais
c'est de toutes façons une réalisation importante, à l'extrémité de cette deuxième terrasse elle-même
probablement dotée d'édifices publics, dont les ruines du village médiéval postérieur remploient maint
élément architectonique de qualité.
(5) Charmasson 1986 B. Le temple mesure environ 8 m de côté. Sa cyma reversa offre un terminus ante quern vers 20 av. J.-C. ;
la céramique trouvée dans le podium, un terminus post quern vers le milieu du Ier s. av. J.-C. : une datation entre la fin des années 40
(quand la Transalpine reçoit le droit latin : Chastagnol 1987) et 20 paraît vraisemblable. Des socles à offrandes moulurés ont été retrouvés,
ainsi que des kernoi attestant la persistance, à l'époque romaine, du culte de la fécondité. A. ROTH CONGÉS et J. CHARMASSON 52
Encore dans la première moitié du Ier s., des thermes publics (fig. 2, 2) de petite taille mais
très complets sont bâtis au pied du temple; leur fréque