L église de Saint-Martin-des-Puits (Aude) et son décor peint - article ; n°4 ; vol.115, pg 659-682
25 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'église de Saint-Martin-des-Puits (Aude) et son décor peint - article ; n°4 ; vol.115, pg 659-682

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1971 - Volume 115 - Numéro 4 - Pages 659-682
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Marcel Durliat
L'église de Saint-Martin-des-Puits (Aude) et son décor peint
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 4, 1971. pp. 659-
682.
Citer ce document / Cite this document :
Durliat Marcel. L'église de Saint-Martin-des-Puits (Aude) et son décor peint. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 4, 1971. pp. 659-682.
doi : 10.3406/crai.1971.12692
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1971_num_115_4_12692l'église de saint-martin-des-puits 659
COMMUNICATION
l'église de saint-martin-des-puits (aude)
et son décor peint,
par m. marcel durliat.
Pratiquement inconnue du monde savant1, l'église de Saint-
Martin-des-Puits offre un intérêt dépassant largement celui que
procure l'agrément d'un site poétique (fig. 1).
Elle s'élève sur les bords de l'Orbieu — affluent de l'Aude —
au cœur des Corbières, à quelque 10 kilomètres au Sud de l'ancienne
abbaye de Lagrasse. Si la rivière déroule à proximité un méandre
de verdure, celui-ci est creusé dans de rudes plateaux calcaires. La
vie ne se maintient que difficilement dans le très petit village perché
au-dessus d'elle et dont elle a constitué, un temps, l'église paroissiale.
Ses origines paraissent être celles d'un monastère carolingien
de peu d'importance dont M& Griffe a retracé l'histoire2. On l'appel
ait Saint-Martin-de-Montredon ou Saint-Martin-des-Puits3. Vers 897,
le roi Eudes confirmait ses possessions, qui comprenaient notamment
une cella au diocèse de Gérone4.
Vers la fin du xie siècle, les biens de l'abbaye 5. Martini de Puteo
se trouvaient entre les mains de laïcs, en l'occurrence la famille
de Durfort. En 1093, Bertrand de Durfort doit en abandonner
— ou en restituer — l'essentiel à Lagrasse5. Désormais, et jusqu'à
la Révolution, Saint-Martin, dit alors del Poux, n'est plus qu'un
prieuré assez mal doté de la grande abbaye voisine. Au xvie siècle,
il comporte « une maison de peu de valeur, pour recueillir receptes,
faire prison, et pour la demeure du religieux qui a la charge du
prieuré »6. Lui appartiennent en outre « une quantité de terres fort
1. Aude, ar. de Carcassonne, c. de Lagrasse. L'église n'a fait l'objet que d'une note
de Pierre Lavedan, Une nouvelle église mozarabe en France, dans Mélanges Félix Grat, I,
1946, p. 280-281, et d'une notice également brève de Roger Hyvert dans le Dictionnaire
des Églises de France, II c, Cévennes, Languedoc, Roussillon, Paris, 1966, p. 152-153,
reprenant un dossier de recensement que l'auteur avait fourni au Service des Monu
ments historiques, et dont j'ai eu également connaissance.
2. Élie Griffe, Histoire religieuse des anciens pays de l'Aude, I, Paris, 1933, p. 205,
211 et 272.
3. Par une étude serrée, l'abbé A. Sabarthès, Dictionnaire topographique de l'Aude,
Paris, 1912 (articles « Saint-Martin-des-Puits » et « Saint-Martin-de-Montredon »)
a prouvé l'identité des deux monastères. Voir en outre un acte de 1079, Arch. de l'Aude,
H. 452.
4. D. Bouquet, Recueil des historiens des Gaules, IX, col. 455-456.
5. Gallia Christiana, VI. Instrumenta ecclesiae Carcassonensis, Preuve XXIV,
col. 432-433.
6. Cette maison est déjà citée dans un procès-verbal de visite de l'église Sancti Mart
ini de Puteo, non daté, mais qu'on peut situer autour de 1416 : « Item... dixerunt quod COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 660
infertiles, à cause de la pauvreté du pays, qui est fort maigre, et
peuvent valoir, chascun an III Hures ; une vigne de petite valeur,
que peut an quatre charges vin, valent I liure X sols ;
cinq charges bled, valent V liures ; deux charges de vin de tasques,
valant XV sols ; les herbages de la montagne dicte de la Camp de
Linas, que valent chascun an XX liures ; la queste annuelle, à cause
dels dexbs I liure ». L'ensemble était évalué 307 livres 10 sous1.
D'autres précisions sont apportées par un acte du 2 mars 16672.
Le prieur de Saint-Martin, religieux conventuel de Lagrasse, est
seigneur du lieu, « haut, moyen et bas ; le Roy n'y prend que les
tailles, la justice y estant exercée par le viguier et juge establi par
ladite abbaye, estant faict annuellement un consul sans liurée, qui
preste le serment ez-mains dudit sieur prieur ou de ses officiers,
ny ayant audit lieu aucuns biens nobles que ceux possédés par ledit
prieur... »,
Le prieur nommait le curé ou recteur ayant la responsabilité de
l'église de Saint-Martin et de son annexe de Saint-André de May-
ronnes. Ce dernier était chargé des « réparations desdites esglises,
mesmes des ornemens nécessaires en icelles pour le divin service ».
Il recevait du prieur, en 1608, une somme annuelle de 45 livres
tournois3.
Comme témoins de ce passé subsistent la maison du prieur, en
partie médiévale4, et surtout l'église toujours dédiée à saint Martin,
qui constitue l'objet même de cette étude.
Avec un plan relativement simple (fig. 2), et des dimensions
modestes, l'église de Saint-Martin-des-Puits témoigne cependant,
par bien des indices, d'une histoire difficile. Ses divers éléments
doivent être examinés isolément, si l'on veut acquérir une idée exacte
de leur signification.
Vient d'abord un chœur, assez exactement orienté, dessinant
un carré de près de 5 mètres de côté dans œuvre, avec des murs
insuffisamment épais pour avoir jamais reçu une véritable voûte.
Les enduits en dissimulent encore la majeure partie, mais on devine
que la maçonnerie est des plus médiocres, sauf aux angles, où
apparaît la pierre de taille (fig. 3). Un seul percement est ancien.
dictus prior habet bonam domum, dicte ecclesie contiguam et bene tenere reparata ». Mahul,
Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et arrondissement administratif
de Carcassonne, II, Paris, 1859, p. 614-615. Un acte du 26 octobre 1538 permet de la
localiser avec soin : Id., p. 616.
1. Mahul, op. cit., p. 613-614.
2. Id., p. 614.
3. Mahul, op. cit., p. 615
4. Il ne reste rien, par contre, des anciens lieux claustraux, dont les ruines se voyaient
encore au ras du sol en 1697 : Mahul, op. cit., p. 614, d'après Histoire générale de Lan
guedoc, éd. Privât, V, pr. 383. EGLISE DE SAINT-MARTIN-DES-PUITS 661 L
Fig. 1. — L'église de Saint-Martin-des-Puits dans son cadre.
(Cl. M. Masdupuy.) .
662 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
II s'agit de la fenêtre du mur oriental, étroite comme une meurtrière,
mais fortement ébrasée vers l'intérieur. Une autre fenêtre a été
ouverte — ou plus vraisemblablement élargie — tardivement au
^f Préroman
gHH xie siècle
H xie siècle remanié
^^ Indéterminé
ÊS3 Postérieur au xie siècle
Fi». 2. — Plan de l'église de Saint-Martin-des-Puits par D. Drocourt.
midi. En outre, on a percé dans le mur septentrional une porte qui
desservait une sacristie, elle-même construite récemment et déjà
démolie.
Le chœur avait été plafonné en forme de voûte en 18671, mais
1. Arch. dép. Aude. Vicinalités, Série O, 1867-1926, d'après Roger Hyvert. de saint-martin-des-puits 663 l'église
cette curieuse et fort laide couverture — on en a gardé des photo
graphies — a fait place ces derniers temps à une charpente apparente
construite par le Service des Monuments historiques.
Fig. 3. — L'église de Saint-Martin-des-Puits vue du Sud-Est.
(Cl. M. Masdupuy.)
Du côté de la nef, la chœur est fermé par un mur tracé de biais.
Une communication est assurée par un grand arc (fig. 4) assez
fortement outrepassé, puisque la .flèche dépasse le rayon d'environ
un tiers (2 m. 25 pour moins de 1 m. 70). Bâti apparemment en pierres
de taille, il repose sur des colonnes et des chapiteaux de marbre en
remploi, par l'intermédiaire de deux impostes au profil massif, com
portant un cavet très peu profond et un listel, sans retours latéraux.
Les chapiteaux diffèrent sensiblement l'un de l'autre, tant par
les dimensions que par le style. Celui de gauche, en marbre grisâtre,
est le plus petit (fig. 5) : sa hauteur étant de 29 cm. 5 et le diamètre
à la base de 22 centim&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents