Les fouilles de Kohna Masdjid - article ; n°2 ; vol.108, pg 212-221
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1964 - Volume 108 - Numéro 2 - Pages 212-221
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paul Bernard
Les fouilles de Kohna Masdjid
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108e année, N. 2, 1964. pp. 212-
221.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Paul. Les fouilles de Kohna Masdjid. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
108e année, N. 2, 1964. pp. 212-221.
doi : 10.3406/crai.1964.11724
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11724COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 212
LES FOUILLES DE KOHNA MASDJID,
PAR M. PAUL BERNARD.
Un second chantier de fouilles a été ouvert par la Délégation
archéologique française au voisinage immédiat de l'acropole kou
chane de Surkh Kotal, sur le tépé dit de Kohna Masdjid (« la vieille
mosquée »). Ce tépé est situé au Sud-Est en bordure du promont
oire qui porte les vestiges du grand sanctuaire et de la ville qui
s'était développée autour de lui. Allongée du Nord au Sud sur
une centaine de mètres, large de 50 mètres environ, haute de
quelque 15 mètres, cette butte de dimensions modestes recouvre
un soubassement rocheux, appendice de la masse principale du
promontoire de l'acropole kouchane dont elle n'est séparée que par
un ensellement très bas où se glisse la route moderne qui relie Pul-i
Khumri à Mazar-i chérif1. Bien que rien n'émergeât du sol avant la
fouille, des vallonnements de surface indiquaient la présence cer
taine de ruines. La situation de ces ruines aux bords immédiats de
l'acropole kouchane imposait que l'on s'assurât de leur nature
exacte. C'est à cette fin qu'au printemps de 1963 fut confié à
M. Ch. Kiefîer, secrétaire de la Délégation, le soin de pratiquer à cet
endroit un sondage. La découverte dans les couches profondes de
ce sondage de vestiges architecturaux de belle apparence et surtout
d'une monnaie d'argent au type de Bahram iv incitait à élargir
l'exploration de ce site dont l'histoire paraissait prendre le relais
de celle du sanctuaire kouchan abandonné probablement vers la
fin du ine siècle ap. J.-C.2. Une campagne de fouilles fut donc entre
prise en automne. Elle dura du 9 octobre au 28 novembre. M. Schlum-
berger a bien voulu m'en confier la direction. J'ai bénéficié de la
précieuse collaboration de MM. Ch. Kiefîer et J.-P. Barthel, archi
tecte. Ce sont les résultats de ces premières recherches que j'ai
l'honneur de vous présenter aujourd'hui.
La fouille a permis l'observation d'une stratigraphie, elle a révélé
une architecture, elle a livré des objets.
Stratigraphie.
Là où nous avons pu pousser la fouille jusqu'au sol vierge trois
niveaux sont apparus, tous trois préislamiques. Il n'y a de musul
man que quelques tombes éparses en surface qui trouent de place
en place le premier niveau d'occupation homogène rencontré. Ces
tombes étaient vides d'objets à l'exception d'une seule qui livra
1. Cf. le plan général du site dans Proceedings ofthe British Academy, XLVII (1961),
p. 79, flg. 2.
2. Cf. D. Schlumberger, J.A., 1954, p. 177-178. LES FOUILLES DE KOHNA MASDJID 213
un beau matériel : harnais complet avec mors et éperons en fer et
brides de cuir décorées d'appliques de bronze ouvragées.
Le niveau i, entre 1 mètre et 1 m. 50 de la surface, se marque par
des constructions médiocres (cellules d'habitations) avec fondations
légères en pierres brutes : par exemple une pièce en abside à la limite
nord de la fouille : cf. le plan fig. 2. A en juger par la vaisselle trouvée
Fig. 2. — Kohna Masdjid : plan général de la fouille (automne 1963).
en place, ces habitations durent être abandonnées précipitamment
par leurs occupants. L'absence dans cette céramique commune de
poteries glacées ou moulées, caractéristiques de l'époque musul
mane, nous engage à tenir ce niveau pour préislamique.
Le niveau n, qui descend jusqu'à 2 m. 50 environ, se différencie
du i à la fois par la qualité de ses constructions plus robustes
qui utilisent partiellement des murs préexistants appartenant à la
phase ni et par celle de certains types de céramiques, notamment
une poterie rouge lissée et une poterie estampée. L'état final de
ce niveau révèle par endroits des traces d'incendie. De nombreuses
jarres encore en place, souvent intactes et pleines des grains qu'on 214 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
y avait emmagasinés, témoignent d'une fuite soudaine des habi
tants. C'est le cas notamment des pièces numérotées 1, 2, 3 sur le
plan fig. 2.
Le niveau m n'a été atteint jusqu'à présent qu'en un seul point
de la fouille, entre 3 et 4 mètres de profondeur environ, à l'intérieur
de la pièce 4. Il reposait à cet endroit directement sur le soubasse
ment rocheux, mais il serait prématuré d'affirmer qu'il n'existe pas
ailleurs sur le site une phase encore plus ancienne. Ce niveau a
fourni des céramiques lissées et estampées analogues à celles du
niveau n. Nous y avons également recueilli un lot important
d'empreintes de cachets sur argile. Cette phase ni, à l'intérieur de
laquelle nous avons pu observer jusqu'à cinq états architecturaux
successifs, se termine par un violent incendie. Une drachme d'argent
au type de Bahram iv trouvée vers le haut de ce niveau atteste
qu'il est, en gros, contemporain de ce roi qui régna en Perse vers la
fin du ive siècle (388-399).
On voit donc que, hormis les rares vestiges musulmans de surface,
l'occupation du site se place chronologiquement à l'intérieur de la
période qui fut en Perse celle des rois sassanides.
Architecture.
C'est celle d'une petite forteresse englobant des locaux d'habitat
ion.
L'enceinte : Nous en avons dégagé l'angle sud-ouest, sur une
trentaine de mètres environ : cf. le plan fig. 2 et la fig. 3. Cet angle
est occupé par une tour ronde (A) d'un diamètre de 7 mètres. Au
rempart ouest, conservé par endroits sur plus de 5 mètres de haut
avec son décor d'archères à pointes fléchées et de triangles groupés
en éventail sont déjà apparues deux tours quadrangulaires (B et C)
formant par rapport aux courtines des saillants de 6 mètres d'avanc
ée. A l'intérieur de la tour quadrangulaire C nous avons rencontré
l'extrados d'une coupole qui couvrait un rez-de-chaussée dont
l'exploration a été remise à une prochaine campagne. Cette enceinte
construite en briques crues de grandes dimensions garde belle allure
malgré l'épaisseur relativement faible des murs (1 m. 30 - 1 m. 50).
Le trait le plus remarquable est évidemment la juxtaposition d'une
tour d'angle ronde et de tours carrées. On sait que la tour ronde
n'apparaît à l'Est de la Mésopotamie qu'avec les Sassanides, le
plus ancien exemple étant, semble-t-il, la citadelle de Sapor ier
à Bîchâpour, alors que la tour carrée (ou rectangulaire) est jusqu'à
cette date la tour normale de l'Orient gréco-romain1. Pour nous en
tenir à l'Afghanistan, rappelons que le rempart de Bégram qui
1. Cf. D. Schlumberger, Syria, 40 (1963), p. 193. LES FOUILLES DE KOF1NA AIASDJID 215
Fk.. ."5. Kohna Masdjid : le remparl ouest vu de l'acropole kouehâne
de Surkli Kolal.
Fki. 1. — Kohna Masdjid : pièce n" 4, niveau III, avec banquettes. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 216
remonterait à l'époque pré-kouchane1, les deux états les plus anciens
de la muraille de Bactres2, et à Surkh Kotal même les enceintes
du sanctuaire et de la ville construite par Kanishka à la fin du
Ier siècle ap. J.-C. ou au début du second3 sont encore à tours car
rées ; qu'au contraire le fortin de Saka au Sud de Kaboul4 et le
château deBégram ni daté des me-ive siècles ap. J.-C.5 sont pourvus
exclusivement de tours rondes. Il est probable qu'à Kohna Masdjid
la tour d'angle ronde n'est qu'une réfection du rempart primitif
qui garde d'ailleurs d'autres traces de remaniements (par exemple
une poterne basse, postérieurement bouchée au rempart ouest et
un vaste contrefort massif circulaire qui a renforcé la tour d'angle).
La coupole de la tour C pourrait elle aussi être due à une ré

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