Les premiers édifices chrétiens d Augusta Praetoria (Aoste, Italie) - article ; n°3 ; vol.130, pg 477-496
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Les premiers édifices chrétiens d'Augusta Praetoria (Aoste, Italie) - article ; n°3 ; vol.130, pg 477-496

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 3 - Pages 477-496
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Charles Bonnet
Monsieur Renato Perinetti
Les premiers édifices chrétiens d'Augusta Praetoria (Aoste,
Italie)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 3, 1986. pp. 477-
496.
Citer ce document / Cite this document :
Bonnet Charles, Perinetti Renato. Les premiers édifices chrétiens d'Augusta Praetoria (Aoste, Italie). In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 3, 1986. pp. 477-496.
doi : 10.3406/crai.1986.14409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_3_14409COMMUNICATION
LES PREMIERS ÉDIFICES CHRÉTIENS T>'AUGUSTA PRAETORIA
(aoste, Italie),
par m. charles bonnet
en collaboration avec m. renato perinetti
Dès 1972, la Surintendance pour les Biens culturels de la Vallée
d'Aoste1 définissait un programme de recherches archéologiques en
vue de préparer la restauration de plusieurs grands édifices chrétiens.
Récemment, M. Jean Hubert nous proposa de faire état des résultats
obtenus sur ces chantiers ; nous l'en remercions vivement, ainsi que
M. Jean Leclant, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres.
Il était communément admis que les premiers groupes épiscopaux
s'étaient développés « hors les murs », dans des aires cémétériales
(fig. 1). Pour la ville d'Aoste, par exemple, l'on pensait que la
cathédrale primitive se trouvait à l'origine dans le quartier suburbain
de Saint-Ours, le long de la voie menant aux métropoles de la
plaine du Pô. L'étude systématique du sous-sol de la cathédrale
Notre-Dame a permis de localiser un premier sanctuaire chrétien
à l'intérieur de l'agglomération, près du forum2. Il reste
à vérifier si l'église Saint-Jean-Baptiste, siège de la paroisse au
xie siècle, n'était pas, elle aussi, établie sur un lieu de culte chrétien
antérieur. Ce monument, arasé à la fin du Moyen Âge, était situé
devant la cathédrale actuelle ; aussi, l'hypothèse d'une cathédrale
double — constituée, sur le modèle milanais, de deux sanctuaires
placés dans le prolongement l'un de l'autre et séparés par un baptis
tère — ne saurait-elle être écartée3. Dans le cas d'Aoste la présence
de cryptoportiques et de temples païens complique la restitution
du complexe épiscopal. La poursuite des fouilles dans ce secteur nous
aidera à mieux comprendre les phases de la christianisation comme
l'évolution architecturale des édifices.
Faisant suite à l'analyse de la crypte4, le chantier de restauration
1. La Surintendance est dirigée par M. Domenico Prola que nous remercions
pour son esprit de collaboration et son appui.
2. Ch. Bonnet, Aoste à l'époque paléochrétienne. Quelques réflexions après les
fouilles de Saint-Laurent (1973-1975), dans Atti del congresso sul bimillenario
délia città di Aosta, 1975, Institut international d'études ligures, Bordighera,
1982, p. 389-404. Voir surtout p. 401 et suiv.
3. J. Hubert, Les « cathédrales doubles » et l'histoire de la liturgie, dans Atti del
primo congresso internationale di Studi Longobardi, Spolète, 1951, p. 171.
4. Ch. Bonnet, R. Perinetti, Remarques sur la crypte de la cathédrale d'Aoste,
Soprintendenza ai béni culturali délia Valle d'Aosta, Quademo 1, Aoste, 1977. 1. — Plan topographique de la ville d'Aoste. Fia. 2. — Aoste. Vue générale du site archéologique de la cathédrale Notre-Dame. Fig. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 480
de la cathédrale Notre-Dame s'est ouvert en février 1981. Depuis,
le sous-sol a été entièrement excavé et les vestiges mis au jour ont
livré des indications précieuses concernant l'histoire des premiers
temps chrétiens5 (fig. 2). Certes, notre présentation n'est encore que
préliminaire, les interprétations seront peu à peu affinées, modifiées
pour certaines, en fonction des études en cours.
Le forum du Haut-Empire se termine au nord par une vaste aire
sacrée, dont les cryptoportiques limitent vers l'est un espace sans
doute réservé à des bâtiments publics ou officiels. L'organisation des
voies et des égouts paraît tenir compte de ce terrain associé au secteur
religieux. Les quelques sondages effectués en profondeur sous la
cathédrale, soit à côté de l'aire sacrée, ont montré qu'une construc
tion d'une certaine ampleur occupait la parcelle dès le ier siècle
(fig. 3). Vraisemblablement durant la seconde moitié du nie siècle,
un édifice formé de trois corps de bâtiment est élevé sur le même
emplacement. La présence d'une salle chauffée de grandes dimensions
et de plusieurs pièces aux pavements de mortier rehaussés par des
assemblages de cubes de mosaïque indique le caractère résidentiel
de cette construction. Les murs préservés sont encore recouverts
d'enduits peints sur lesquels subsistent les traces d'un décor de
faux-marbre. Les propriétaires semblent avoir bénéficié d'une cer
taine aisance, en dépit des troubles attestés pour cette époque.
Plusieurs restaurations témoignent d'un entretien régulier de
l'édifice, sans doute occupé pendant une longue période. Une
importante modification est exécutée du côté oriental, là où plus
tard s'installera une annexe qui paraît fermer l'ensemble construit.
Cette transformation pourrait traduire une nouvelle affectation de
la domus, qui désormais déborde sur une partie de la rue tracée lors
de la fondation de la ville.
Ce grand bâtiment semble très tôt avoir constitué un point de
ralliement pour la communauté des chrétiens. Par étapes, et après le
comblement du chauffage par hypocauste de la salle de réception,
une église est élevée dans la partie centrale de l'édifice. Une évolution
presque identique a été constatée à Genève, où la cathédrale nord
est construite aux dépens de l'une des ailes d'un édifice du Bas-
Empire6. Cette situation semble aussi prévaloir à Lyon puisque la
cathédrale Sainte-Croix est bâtie sur les salles chauffées d'un vaste
5. Ch. Bonnet et R. Perinetti, Aoste aux premiers temps chrétiens, Aoste, 1986.
6. Ch. Bonnet, Les origines du groupe épiscopal de Genève, dans Comptes
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (CRAI),
juillet-octobre, Paris, 1981, p. 414-433 ; Développement urbain et topographie
chrétienne de Genève, dans CRAI, avril-juin, Paris, 1985, p. 320-338 ; Chronique
des découvertes archéologiques dans le canton de Genève en 1984 et 1985, p. 320-338 ;
dans Genava, n.s., XXXIV, 1986. Fig. 3. — Aoste. Plan schématique de la cathédrale Notre-Dame et des édifices découverts. 482 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ensemble du ive siècle7. Ces salles ont peut-être été réutilisées lors
de l'établissement d'une église épiscopale au nord du baptistère.
Dès lors, on peut se demander pourquoi, dans ces trois impor
tantes cités, les premiers sanctuaires chrétiens ont été établis dans
un édifice probablement réservé à un magistrat supérieur. S'agit-il du
praetorium ? Il faut noter que l'usage de cette dénomination s'est
étendu à toute résidence officielle. A Genève, le mot apparaît dans
un document de 1246 à propos de l'abergement d'un chenal situé
« sous l'emplacement de l'ancien prétoire dans la rue qui conduit de
l'église Saint-Pierre au lac », soit précisément à l'endroit où ont été
découverts les vestiges du bâtiment du Bas-Empire et de la cathé
drale nord8. Le mot est peut-être resté associé dans la mémoire
collective à l'édifice public où siégeaient, à l'intérieur des murs, les
décurions de la récente civitas9. Il pourrait aussi s'agir de l'invention
d'un érudit du Moyen Âge, cependant, ces grands bâtiments de la
fin du 111e ou du début du ive siècle dont nous avons retrouvé les
restes paraissent bien appartenir à l'un des sièges du pouvoir.
A Aoste, un

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