Quelques remarques archéologiques sur la topographie de Hattusa - article ; n°3 ; vol.127, pg 485-509
26 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1983 - Volume 127 - Numéro 3 - Pages 485-509
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Kurt Bittel
Quelques remarques archéologiques sur la topographie de
Hattusa
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 3, 1983. pp. 485-
509.
Citer ce document / Cite this document :
Bittel Kurt. Quelques remarques archéologiques sur la topographie de Hattusa. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 3, 1983. pp. 485-509.
doi : 10.3406/crai.1983.14076
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_3_14076TOPOGRAPHIE DE HATTUS'A 485
COMMUNICATION
QUELQUES REMARQUES ARCHÉOLOGIQUES
SUR LA TOPOGRAPHIE DE HATTUSA,
PAR M. KURT BITTEL, MEMBRE ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE
Évoquer au commencement la mémoire de Charles Texier est
presque un devoir parce qu'il a été le premier à découvrir, en
juillet 1834, il y a donc près de 150 ans, près de Bogazkôy, un petit
village turc, les ruines de la ville, sujet de ma communication. Et
plus encore, parce qu'un rapport de Charles Texier sur l'importante
découverte qu'il avait faite en Cappadoce, rapport rédigé à Péra,
était lu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres1 le 15 mai
1835. Grâce à lui, la ville qui fut le centre d'un empire du IIe millé
naire av. J.-C. était portée à la connaissance des érudits d'Europe.
Un siècle et demi s'est écoulé depuis les explorations de Texier ;
l'archéologie de l'Asie Mineure a fait de très grands progrès et à
Bogazkôy des fouilles ont été menées pendant de longues années2.
C'est un grand honneur pour moi que de vous entretenir de
quelques résultats et encore plus d'aborder quelques problèmes
connexes devant l'Académie où Texier a exposé ses premières obser
vations.
Au début de cette communication une brève rétrospective s'im
pose sur les particularités physiques du territoire de la ville à
l'époque de sa plus grande extension afin d'obtenir une meilleure
compréhension de son développement pendant presque cinq siècles.
Les restes du mur d'enceinte encore visibles au-dessus de la surface
du sol ou dégagés par les fouilles définissent exactement la péri
phérie de la ville. Sa superficie de 167,7 ha au xme siècle av. J.-C,
avec une enceinte d'environ 6 km de long, est très considérable ;
elle mesure plus du triple de celle d'Assour, la capitale de l'Empire
assyrien au xne siècle — pour ne citer qu'un seul exemple. Mais
cette comparaison pourrait amener à des conclusions erronées sur
la densité des habitats et édifices et par suite sur l'importance de la
population de Hattusa ; de telles estimations ont été effectivement
1. Journal des Savants, 1835, p. 368-376. Texier a publié en détail les résultats
de ses recherches quatre ans plus tard : Description de l'Asie Mineure, faite par
ordre du Gouvernement français de 1833 à 1837, et publiée par le ministre de
l'Instruction publique, Paris, 1839, vol. I, p. 209 sq.
2. Résumé de l'histoire des fouilles dans vol. XII de l'œuvre Bogazkôy-
'B-HattuSa, Berlin, 1982, p. ix-xv. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 486
suggérées tout récemment3. Contrairement à Assour et à beaucoup
d'autres grandes villes du Proche-Orient ancien, comme, par
exemple, Ugarit, Mari, Karkemish, bâties sur un terrain plat ou
presque plat, Hattusa s'est développée sur un site extrêmement
accidenté ; il y a des pentes raides, des collines, des rochers escarpés
et des ravins profonds qui entrecoupent l'intérieur de la ville.
A côté on y trouve également des parties moins compartimentées
convenant mieux à la construction de cellules d'habitat ou d'édi
fices officiels.
Si, à ces particularités, on ajoute le fait que la différence d'alt
itude entre le point le plus au nord et le point le plus au sud-est est
de 279 m, on comprend très bien la question si souvent posée de la
raison du choix de ce site, si peu adéquat à nos yeux, pour la fonda
tion d'une ville de cette importance. Il est vrai, l'eau sous forme de
sources y est abondante, tant dans la ville que dans les environs
immédiats, comparée à d'autres régions de l'Anatolie centrale. Il
n'en est pas moins vrai que la nature du site offre aussi des avan
tages dans la mesure où les dépressions, les ravins et les rochers
contribuent à la défense de la ville contre un assaillant. Ici et là ils
tiennent lieu ou remplacent les fortifications artificielles. Deux
ravins profonds et escarpés, Biiyùkkaya-deresi à l'est et Yazïr-
deresi à l'ouest, le démontrent clairement : ils protègent efficacement
la configuration presque triangulaire de la ville au xme siècle
av. J.-C. Mais, à notre avis, cela n'explique pas suffisamment
qu'aujourd'hui nous voyons ce site, en le visitant, plutôt comme
un paysage anatolien que comme le vestige d'une ville disparue,
même si nous laissons libre cours à notre imagination. Cela s'ex
plique par le fait que la vaste étendue de la ville du xme siècle a
été ajoutée à une collectivité initialement petite ; et, de plus, si
nous ne nous leurrons pas, les agrandissements au cours des siècles
ne visaient pas exclusivement la création de nouvelles zones d'habi
tat mais, au contraire, résultaient de la dynastie et en même temps
du culte officiel, c'est-à-dire de la cour des Grands Rois. Est-ce
seulement une hypothèse fondée sur les particularités du site ou bien
existe-t-il d'autres indices allant dans le même sens et confirmant
cette interprétation ?
Dans cet ordre d'idées on peut se demander si les très nombreux
textes hittites substantiels trouvés à Bogazkôy-Hattusa peuvent
être une aide éventuelle et contiennent des renseignements précis
sur l'histoire de la ville. Ce n'est malheureusement pas le cas : et ils
3. Clelia Mora, Saggio per uno studio sulla popolazione urbana nell'Anatolia
Antica, I. Hattusa, dans Studi Micenei ed Egeo-Anatolici fasc. XVIII, Roma,
1977, p. 227-237. Mora estime que la ville ancienne (comparez flg. 3) avait
environ 9 000 à 11 000 habitants. TOPOGRAPHIE DE HATTUâA 487
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Fio. 1. — Bogazkôy à la fin du l'âge du Bronze ancien IIL COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 488
ne donnent pas de témoignages sérieux sur la situation topogra
phique ni sur l'utilisation primitive des grands édifices. Déjà le sens
de mots se rapportant à de telles constructions est souvent contro
versé, comme le montrent les travaux des hittitologues Alp,
Gurney, Gùterbock, Haas-Wâfler, Hoffner et Otten, parmi les plus
récents4. En outre les documents de fondation, usage pratiqué en
Babylonie comme en Assyrie et de grande importance pour la data
tion et l'interprétation des édifices profanes et sacrés, ne sont pas
attestés jusqu'à ce jour chez les Hittites d'Anatolie. Les estampages
des briques, très répandus en Mésopotamie et de temps à autre en
Egypte, ne sont pas connus non plus, sauf quelques pièces anépi-
graphes. Dans le contexte qui nous concerne, seul est important ce
qui est connu de l'histoire préhittite et hittite et ce qui peut être
transposé, avec une certaine vraisemblance, à la métropole telle que
nous la connaissons d'après les fouilles. Ces données acquises avec
les moyens de l'archéologie seront notre point de départ. Je vais
maintenant rappeler brièvement les faits établis.
La plus ancienne colonie établie sur le site de la ville de Hattusa
date de la 3e période du Bronze ancien, vers l'an 2000 av. J.-C. (fig. 1).
Nous n'avons aucun détail sur son étendue et il est seulement certain
qu'à cette époque la hauteur du Biïyukkale était au moins partie
llement occupée, ainsi que quelques zones au pied du versant voisin
au nord-ouest. Par contre, nous ne savons pas s'il s'agissait d'habitats
isolés ou d'une cellule d'habitats comme le fait présumer le plan
projeté. En tout cas ces colonies ont formé le berceau de la future
ville qui s'est développée avec une certaine continuité, pour le moins
quant à la situation topographique. Selon les résultats des fouilles,
Hattus — ainsi se nommait alors la localit

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