Sur l architecture du Tafilalt et de Sijilmassa (Maroc Saharien) - article ; n°2 ; vol.106, pg 132-147
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Sur l'architecture du Tafilalt et de Sijilmassa (Maroc Saharien) - article ; n°2 ; vol.106, pg 132-147

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1962 - Volume 106 - Numéro 2 - Pages 132-147
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Meunié
Sur l'architecture du Tafilalt et de Sijilmassa (Maroc Saharien)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 106e année, N. 2, 1962. pp. 132-
147.
Citer ce document / Cite this document :
Meunié Jacques. Sur l'architecture du Tafilalt et de Sijilmassa (Maroc Saharien). In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 106e année, N. 2, 1962. pp. 132-147.
doi : 10.3406/crai.1962.11417
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1962_num_106_2_11417132 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
SÉANCE DU 25 MAI
PRESIDENCE DE M. GEORGES TESSIER
Le Président a le regret de faire part à l'Académie de la perte
qu'elle vient d'éprouver en la personne de M. Georges Marçais,
membre libre, décédé le 20 mai à Paris.
L'éloge funèbre du défunt sera prononcé à la prochaine séance.
M. Henri Terrasse adresse ses condoléances à l'Académie.
Lecture est donnée des décrets du 23 mai portant approbation de
l'élection par l'Académie de deux Académiciens ordinaires.
Le Secrétaire perpétuel introduit successivement les nouveaux
élus et les présente à l'Académie.
Le président souhaite la bienvenue, d'abord à M. Henri-Charles
Puech, puis à M. Jean Charbonneaux ; il les invite chacun à
prendre place parmi leurs confrères et à s'associer à leurs travaux.
L'Académie d'Architecture informe l'Académie qu'une grande
médaille d'argent a été décernée à M. Jean Delorme, ancien membre
de l'École français d'Athènes.
Mme Jacques Meunié présente une communication sur l'archi
tecture de pisé du Tafilalt et sur l'ancienne cité berbère de Sijilmassa.
COMMUNICATION
sur l'architecture du tafilalt et de sijilmassa
(maroc saharien), par m1116 jacques meunié.
Au Tafilalt, dans le Maroc oriental saharien, toute l'architecture
est de pisé et de brique crue, tant celle des places fortes que celle
des villages et certaines tours anciennes sont ornées d'un décor
particulier1. Cette architecture de pisé à décor de brique crue s'étend
vers l'Ouest à la vallée du Dra et à celle du Dadès, mais elle est là
d'introduction relativement récente, du moins dans le Dadès qui
passe pour n'avoir pas eu de peuplement" sédentaire avant le
xvne siècle. Elle s'y est développée avec une grande beauté, alliant
la force à l'élégance, mais nous n'envisageons ici que celle de la
province du Tafilalt, située dans la basse vallée de l'oued Ziz, peu
avant son confluent avec le Rhéris, à la lisière du Sahara (fig. l)2.
1. Cf. H. Terrasse, Kasbas berbères de l'Atlas et des Oasis, in-4°, 144 p., éd. Horizons
de France, Paris, 1938. — On sait que la brique crue est la brique simplement séchée au
soleil et non cuite au four.
2. La présente communication était accompagnée de projections en couleur, photo
graphies prises par l'auteur au cours de ses missions ; trois seulement de ces clichés sont
ici reproduits. SUR L ARCHITECTURE DU TAFILALT ET DE SIJILMASSA 133
Le Tafilalt portait autrefois le nom célèbre de Sijilmassa, de même
que son ancienne capitale, abandonnée depuis la fin du xive siècle.
Le territoire de Sijilmassa était jadis bien plus vaste, notamment
au xie siècle. A cette époque, il englobait au Sud-Ouest la vallée
du Dra et, vers le Nord, celle du Ziz ; il se serait même étendu
au-delà de l'Atlas, parfois jusqu'au voisinage de Fès.
TAN9CR/
Fio. lu — Croquis de situation du Tafilalt et de Sijilmassa,
son ancienne capitale.
L'époque de la première fondation de Sijilmassa est imprécise.
Léon l'Africain a rapporté plusieurs traditions : selon l'une, la cité
daterait d'Alexandre le Grand, qui y aurait installé les malades et
les éclopés de son armée. Selon l'autre, Sijilmassa aurait été fondée
par un général romain qui, parti de la Maurétanie, conquit toute la
Numidie et poussa vers l'Ouest jusqu'à atteindre Massa, localité
du Sous, sur l'Atlantique ; c'est alors qu'il aurait fondé la ville de
« Sigillum Messe », ainsi nommée parce qu'elle constituait le sceau COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 134
de sa victoire. Sans doute retrouve-t-on dans cette légende un sou
venir lointain des expéditions romaines de Suetonius Paulinus et
de Hosidius Geta au Sud de l'Atlas marocain, en l'an 41. Quoi qu'il
en soit, le nom de Sijilmassa ne se laisse rapprocher semble- t-il
d'aucune racine arabe non plus que berbère. Et, si une ville saha
rienne a existé sur ce site dans les premières années de l'ère chrétienne,
nous ignorons tout de son destin jusqu'au milieu du vme siècle,
lorsque des Berbères musulmans, les Miknaça, s'y établirent.
Fondée au vme siècle, en 757, avant Tiaret (761), avant Fès
(808), Sijilmassa paraît avoir été la plus ancienne fondation musul
mane au* Maghreb où seule l'aurait précédée celle de Qairouan,
fondée par Oqba ben Nafi conquérant du Maghreb en 670, comme
base et camp retranché. La ville et son territoire furent gouvernés
par des dynasties berbères jusqu'à la fin du xie siècle ; et c'est à
cette époque, entre le vme et le xie siècle, que Sijilmassa fut à son
apogée, tant politique qu'économique et religieux. Sijilmassa
aurait été alors un véritable foyer de civilisation empreint des
ressources de l'Orient ; elle se trouvait en effet au point d'aboutiss
ement de la route de caravanes suivie par les marchands de Koufa,
de Basra, de Bagdad, traversant la Berbérie pour aller trafiquer
au Soudan occidental.
Au milieu du xie siècle (1055-1056), les Berbères almoravides,
venus du Sahara, s'emparèrent de Sijilmassa, en même temps qu'ils
détruisaient au Sud du désert le célèbre empire soudanais de Rhana.
Ce fut la fin de l'indépendance de Sijilmassa et, depuis lors, la ville
et son territoire ne cessèrent de dépendre, au moins théoriquement,
de l'empire du Maroc, mais à cause de sa situation excentrique à la
limite du désert, ce fut toujours un foyer de séditions et de révoltes.
A la fin du xme siècle, le sultan mérinide assiégea la ville, employant
pour la première fois l'artillerie au Maroc, et la ville fut prise en
12741 ; les gouverneurs et la garnison furent massacrés et, de cet
événement date le déclin de la cité. Puis, à la fin du xive siècle, le
peuple se révolta et tua le seigneur de la ville qui fut entièrement
ruinée. Les habitants se retirèrent dans la campagne ou dans les
châteaux, les qsour, où ils vécurent, les uns indépendants, les autres
tributaires des Arabes.
1. C'est Ibn Khaldoun qui mentionne l'emploi de l'artillerie pour la prise de Sijilmassa
(Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septen
trionale, 1388, t. IV, p. 69-70). En fait, il s'agit là d'un anachronisme et une confusion
semble s'être produite, l'existence d'artillerie n'étant pas attestée avec certitude chez
les Musulmans avant la fin du xive siècle (Maurice Mercier, Le feu grégeois ; les feux de
guerre depuis l'antiquité ; la poudre à canon, Geuthner, Paris, 1952 ; David Ayalon,
Gunpowder and firearms in the Mamluk Kindom, A Challenge to a Mediaeval Society,
in-8°, 154 p., Vallentine, Mitchell, London, 1956). En Europe, l'artillerie n'est signalée
qu'en 1346, à la bataille de Crécy où les Anglais lui durent la victoire. sur l'architecture du tafilalt et de sijilmassa 135
Sijilmassa apparut pour la dernière fois dans l'histoire lorsque,
dans la première moitié du xvne siècle, à la faveur de la décadence
de la dynastie chérifienne des Sâadiens, ses chorfa se rendirent
indépendants et fondèrent la dynastie actuelle des Alaouites ou
Filala. C'est vers cette époque que le nom de Sijilmassa disparut,
et la province ne fut plus désignée que sous le nom de Tafilalt.
Quant à la cité déserte que nulle végétation n'a recouverte, elle
est désignée par euphémisme sous le nom d'El-medina el-âamra,
« la

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