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Publié par | LIVRAISONS_D-HISTOIRE_DE_L-ARCHITECTURE0 |
Publié le | 01 janvier 2003 |
Nombre de lectures | 63 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Tiphaine Zirmi
Comment les Pereire firent la fortune de l'architecte Alfred
Armand (1805-1888)
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°5, 1er semestre 2003. pp. 107-125.
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Zirmi Tiphaine. Comment les Pereire firent la fortune de l'architecte Alfred Armand (1805-1888). In: Livraisons d'histoire de
l'architecture. n°5, 1er semestre 2003. pp. 107-125.
doi : 10.3406/lha.2003.935
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2003_num_5_1_935Zusammenfassung
Die Karriere des Architekten Alfred Armand ist mit der Laufbahn der Bankiers Emile et Isaac Pereire
eng verbunden. Schon 1836 tritt er in die « école de Saint-Germain » ein als Architekt der
Eisenbahnlinie von Paris nach Saint-Germain, die auf der Initiative der Pereire zwischen Paris und Le
Pecq gebaut wird. Armand begleitet dann die Pereire in ihrem weiteren Bahnbauunternehmen : bei der
Strecke von Paris nach Versailles (rive droite) und der Nordlinie. Er baut unter anderem den Bahnhof
Saint-Lazare, die Bahnhofe von Le Pecq, Saint-Germain, Versailles (rive droite), Amiens, Lille und
Douai. Als die Pereire sich in dem Paris des Second Empire in die Bauspekulation wagen, macht er
sich deren neuen Tätigkeitsbereich zu eigen. Er verlässt also die Eisenbahngesellschaft und widmet
sich dem Bau von Mietshäusern fur die Société immobilière und hauptsachlich von zwei grossen
Reisehotels (Grand Hotel du Louvre und Grand Hôtel). Ein besonderes Vertrauen erweisen ihm die
Pereire, indem sie ihn mit Bau und Dekoration ihres Pariser Privathauses, sowie ihres
Familienschlosses von Armainvilliers beauftragen. Alfred Armand, der sein ganzes Berufsleben lang
treu im Dienste der Pereire arbeitet, erwirbt sich dadurch ein ansehnliches Vermögen. Im Ruhestand
genießt er sodann das Leben eines Gelehrten, der Kunstgeschichte und seinen Sammlungen
gewidmet. Armands enge Beziehungen zu den Pereire bleiben bis zum Tode des Architekten im Jahre
1888 unverändert.
Abstract
The career of the architect Alfred Armand (1805-1888) is deeply intertwined with the career of the
business bankers Emile and Isaac Pereire. They employ him in their first railroad project between Paris
and Saint-Germain and they keep him in their service in two of their following railroad companies
(Versailles and North). When the Pereire choose to invest in the civil construction in Paris, Alfred
Armand gives up the construction of stations and follows them in their new company called the
Compagnie immobilière. He builds for them expensive rental buildings and two huge hotels including
the first of this kind in France, the Hotel du Louvre and the biggest and the most luxurious one in the
world during the 19th century, le Grand hotel. The faithfulness between the Pereire and Armand is such
that they give him the task to build their private house in Paris and their mansion in the forest of
Armainvilliers. This deep and lasting bond between the architect and the financiers allows the former to
raise a large income and enjoy a retirement devoted to art collections.
Résumé
La carrière de l'architecte Alfred Armand (1805-1888) est étroitement liée au parcours des financiers
Emile et Isaac Pereire. Il entre dans l'«école de Saint-Germain » dès 1836 en tant qu'architecte de la
ligne de Paris à Saint-Germain, construite sur l'initiative des Pereire entre Paris et Le Pecq. Armand les
suit ensuite dans plusieurs de leurs entreprises ferroviaires, telles les lignes de Paris à Versailles (rive
droite) et du Nord et construit, entre autres, la gare Saint- Lazare, les gares du Pecq, de Saint-Germain,
de Versailles (rive droite), d'Amiens, de Lille, d'Arras, de Douai. Quand les Pereire se lancent dans la
spéculation immobilière à Paris sous l'Empire, Armand épouse leurs nouvelles activités et abandonne
les chemins de fer pour se consacrer à la construction pour la Société immobilière de maisons de
rapport et surtout de deux grands hôtels de voyageurs (le Grand hôtel du Louvre et le Grand hôtel).
Surtout, les Pereire lui témoignent leur confiance en le chargeant de la construction et de la décoration
de leur hôtel particulier parisien et de leur château familial d'Armainvilliers. La fidélité d'Alfred Armand
envers les Pereire tout au long de sa carrière lui permet de gagner une confortable fortune et de
prendre ainsi une retraite érudite consacrée à l'histoire de l'art et à ses collections. Les liens entre
Armand et la famille Pereire perdurent jusqu'à sa mort en 1888.Par Tiphaine ZlRMI
COMMENT LES PEREIRE FIRENT LA FORTUNE
DE L'ARCHITECTE ALFRED ARMAND (1805-1888)
Dans son testament, l'architecte et collectionneur Alfred Armand ! lègue à deux
des enfants d'Emile Pereire, Henry et Fanny2, une pièce à choisir par eux parmi
ses dessins et peintures « en souvenir de Messieurs Emile et Isaac Pereire, [s] es pro
tecteurs et les fondateurs de [s]a fortune3 ». Cette reconnaissance posthume reflète
l'importance des liens professionnels entre la riche famille de financiers4 et Alfred
Armand : l'influence des Pereire apparaît tant comme le fondement d'un succès
professionnel discret mais réel que comme le fil conducteur de sa carrière.
Alfred Armand ne travaille ni pour l'État, ni pour les particuliers : il s'illustre
dans la pratique d'une architecture à grande échelle caractéristique des compagnies
privées qui se multiplient au XIXe siècle. Emile Pereire (1800-1875) et Isaac Pereire
(1806-1880) font partie des quelques financiers dont les vastes mouvements de
capitaux permettent l'invention de nouveaux et fructueux domaines d'investiss
ement et modifient en profondeur les spéculations plus traditionnelles. Les deux
frères ont ainsi participé à la création et à l'administration de dizaines de compag
nies de nature et de taille très variées. C'est la polyvalence d'Emile Pereire qui
entraîne Armand à infléchir plusieurs fois sa carrière et qui fait sa fortune. C'est
ainsi qu'après avoir employé ses talents dans leurs premiers essais de chemin de fer
puis au sein de la Compagnie immobilière de Paris, les Pereire manifestent une
fois de plus leur « fidélité » à Alfred Armand en lui confiant la construction de
leurs demeures familiales de Paris et d'Armainvilliers.
Une rencontre déterminante
« Je suis un enfant naturel né d'une mère désignée dans mon acte de naissance
sous le faux nom de Rosalie Armand et de père inconnu5. » La vie d'Armand
débute à Paris le 8 octobre 18056 sous des auspices incertains mais, contrairement
1. Tiphaine Zirmi, Alfred Armand (1805-1888), un architecte collectionneur, thèse de l'École nationale
des chartes, 2003.
2. Fanny Pereire a par ailleurs épousé son oncle Isaac Pereire, frère d'Emile Pereire.
3. Arch, nat., min. central ET/XCII/1492, testament d'Alfred Armand, 7 décembre 1887.
4. L'ouvrage de référence sur les Pereire est celui de Jean Autin, Les Frères Pereire : le bonheur d'entre
prendre, Paris, Perrin, 1984, 428 p.
5. Arch, nat., minutier central ET/XCII/1492, testament d'Alfred Armand, 7 décembre 1887.
6. Arch. Paris, 5 Mi 133, acte de naissance d'Alfred Armand, 8 octobre 1805 reconstitué le
27 novembre 1874.
LivraLioru d'h'utoire de l'architecture n° 5 108 TIPHAINE ZIRMI
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Illustration non autorisée à la diffusion
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568. 111. 1 Cl. : Alexandre Bib. nat. Cabanel, de France. Alfred Armand, architecte et collectionneur, 1883. Musée d'Orsay, Inv. RF
Livrauoru à' hi) to ire de l'architecture n° 5 LA FORTUNE DE L 'ARCHITECTE ALFRED ARMAND 109
à la grande majorité des enfants dans cette situation, Armand reçoit l'aide d'un
protecteur fortuné, sans doute un parent. C'est ainsi qu'il bénéficie de la formation
d'un jeune homme de bonne famille et fréquente, de 1812 à 1822, le collège de
Juilly, pensionnat réputé de la région parisienne tenu par les oratoriens7. Alfred
Armand participe aux ateliers8 d'Achille Leclère (1785-1853) dès avant son entrée
à l'École des beaux-arts en 1827. Il n'y obtient que des résultats médiocres et n'est
finalement jamais admis en première classe aux Beaux- Arts9. Il semble cependant
avoir noué pendant ces années des contacts professionnels qui perdurent tout au
long de sa carrière, que ce soit parmi ses condisciples (avec Antoine Layrix par
exemple) ou parmi les architectes en place : c'est ainsi que Louis Visconti propose
en 1830 à l'administration de l'engager sur le chantier de la Bibliothèque du roi.
Cette proposition n'est pas suivie d'effets mais ce contact entre Armand et Visconti
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