A propos du service des antiquités de Syrie. - article ; n°1 ; vol.1, pg 81-98
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Description

Syria - Année 1920 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 81-98
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1920
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Chamonard
A propos du service des antiquités de Syrie.
In: Syria. Tome 1, 1920. pp. 81-98.
Citer ce document / Cite this document :
Chamonard J. A propos du service des antiquités de Syrie. In: Syria. Tome 1, 1920. pp. 81-98.
doi : 10.3406/syria.1920.2871
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1920_num_1_1_2871A PROPOS DU SERVICE DES ANTIQUITÉS DE SYRIE
PAR
M. J. CHAMONARD
Peut-être quelques lecteurs de Syria s'inquiètent-ils du souci qu'ont montré,
depuis l'occupation, les autorités militaires alliées pour les antiquités syriennes
et du sort réservé à celles-ci. Qu'ils se rassurent. Aucun de ceux qui ont
exercé, depuis près de deux ans, le commandement sur le pays ne s'est
désintéressé de cette question délicate, et moins que tout autre le command
ant en chef actuel de l'armée du Levant, M. le général Gouraud, Haut-Comm
issaire de la République française. On ne pouvait, du reste, moins attendre
d'un chef qui, au cours même des hostilités avec la Turquie, avait témoigné
de sa sollicitude' pour les travaux archéologiques, en ordonnant, dans la pres
qu'île de Gallipoli, à quelques centaines de mètres de la ligne de feu, les fouilles
de la nécropole grecque d'Éléonte.
Ceux qui souhaiteraient connaître ce qui, depuis la signature de l'armist
ice, a été fait en Syrie dans cet ordre d'idées, et ce que l'on se propose d'y
faire une fois la paix signée, trouveront ici quelques renseignements propres,
on peut l'espérer, à leur faire bien augurer de l'avenir.
Il n'est pas inutile, à ce propos, de revenir sur le passé.
On sait assez à quel régime furent soumises, sous la domination ottomane,
les provinces de l'empire, en ce qui concerne les antiquités. L'homme habile,
Intelligent et actif qui fut le véritable créateur d'un service de surveillance et
de protection, en même temps que le grand organisateur du Musée de Constant
inople, 0. Hamdy bey, semblait bien n'avoir compris le rôle du premier que
comme celui de pourvoyeur du second . L'entretien et la conservation des monu
ments le préoccupaient peut-être moins que le désir d'enrichir de toutes les
Stria. . 11 82 SYRIA
trouvailles importantes faites sur un vaste territoire les salles de ce musée
impérial qu'il parvint, en une trentaine d'années, à remplir de pièces de choix,
dont quelques-unes capitales pour l'histoire de l'art ancien. Attentif au moindre
bruit de découverte en un point quelconque de l'empire, il se faisait envoyer,
allait parfois chercher lui-môme, toutes les pièces nouvellement trouvées qu'il
jugeait intéressantes. Et s'il accordait avec bonne grâce des autorisations de
fouilles aux missions étrangères, sans doute, l'arrière-penséc du nouvel accrois
sèment qu'il en attendait pour ses collections l'inclinait-elle à cette libéralité
avisée. Jamais la pensée ne l'effleura de laisser sur place, à l'exemple de la
Grèce, les trouvailles faites au cours des recherches, ou tout au moins de les
réunir dans un musée régional où la curiosité du voyageur fût intéressée à les
venir admirer. Les fouilles achevées, les pièces les plus précieuses prenaient la
route de Constantinople, hors le cas, toutefois, où le Sultan, cédant aux sollici
tations d'un souverain ami, en abandonnait une part, toujours trop importante,
au gré du directeur de son musée, à quelque musée européen.
Aussi, dans aucune des grandes villes de Turquie, même aisément acces
sibles à l'étranger, hors peut-être Brousse, ne rencontrait-on de musée vra
iment digne de ce nom. Tout au plus pouvait-on y visiter des collections
formées par des amateurs éclairés, ou réunies par une association privée,
comme l'École éva«gélique de Smyrne ou le Collège américain de Beyrouth.
Partout ailleurs, à peine trouvait-on dans la cour, ou dans une salle abandonnée
du konak ou d'une école, quelques pièces de médiocre intérêt, jugées indignes
de figurer en compagnie des chefs-d'œuvre dont s'enorgueillissait le musée de
Stamboul.
D'autre part, malgré les prescriptions de la loi, les fonctionnaires turcs,
soit que les moyens d'information leur fissent défaut, soit, quelquefois, que
les intéressés se fussent assuré leur indulgente inertie, ne parvenaient pas, ou
ne cherchaient pas toujours, à réprimer les fouilles clandestines et l'exportat
ion. Et chaque année, les collections ou les musées étrangers s'enrichissaient
d'objets auxquels trop souvent, du reste, le silence gardé ou les indications
volontairement erronées, données sur leur provenance, enlevait une part de leur
valeur, tout au moins scientifique. PROPOS DU SERVICE DES ANTIQUITÉS DE SYRIE 83 A
A ce régime, parmi les provinces de l'empire ottoman, la Syrie se trouvait,
sans conteste, la plus lésée. Il n'en était pas de plus riche, et surtout d'une
richesse plus variée. 11 n'en fut pas de moins protégée, ni de plus frustrée du
bénéfice de sa richesse.
Nulle part, dans l'empire, les monuments antiques n'avaient subsisté plus
nombreux. Mais chaque voyageur repassant sur les traces de son prédécesseur,
constatait la lente disparition, pierre après pierre, de quelque édifice dont les
descriptions antérieures attestaient l'état de conservation encore satisfaisant.
Renan parle du théâtre de Gabala comme du « plus beau monument romain de
toute la côte de Phénicie ». Trente-cinq ans plus tard, M. van Berchem constat
ait qu'il « a subi de rudes assauts vers la fin du dix-neuvième siècle, ainsi
qu'en témoignent les -maisons arabes construites à ses dépens, sur ses ruines
mêmes ». Que reste-t-il aujourd'hui de la cathédrale de Tyr dont, en 1875-, le
docteur Lortet photographiait encore l'abside ? Une demi-douzaine de colonnes
renversées, toute trace de mur ayant même disparu. De la grande église do
Tourmanin, presque intacte encore en I860 lorsqu'elle fut relevée et décrit*»,
par le marquis de Vogué, M. van Berchem n'a plus retrouvé, en 1895, qu' «un
pan de mur et quelques sculptures », et M. Pillet, en 1919, que l'emplacement.
Quant aux musées, aucune des capitales de la Syrie n'en possédait. Ni à
Beyrouth, ni à Damas, on n'avait songé à rassembler, ici, un ensemble
d'oeuvres caractéristiques de l'art arabe, là, les antiques découvertes sur le ter
ritoire des anciennes Syrie et Phénicie. Tout au plus, à Baalbeck, avait-on
réuni dans un petit musée local des fragments de sculpture ou d'architecture
recueillis sur place ; encore, les pièces les plus importantes ont-elles pris, en
1909, le chemin de Berlin dans les caisses de la mission allemande. Les trou
vailles retentissantes n'avaient cependant pas fait défaut sur ce sol historique.
Quel attrait pour le voyageur, par exemple, si à Beyrouth, ou à Said a même, il
avait trouvé la série complète des admirables sarcophages découverts en 1887
à Saïda, mais transportés aussitôt à Constantinople.
Nulle part, enfin, peut-être, l'avidité des chercheurs clandestins ne s'était
plus cyniquement étalée. Aucun champ n'est pour eux d'une exploitation plus 84 SYRIA
fructueuse qu'une nécropole antique, et cette terre de Phénicie est, par excel
lence, le domaine des morts. De toute antiquité, on ne s'était fait aucun scru
pule de les dépouiller. Les anciens pilleurs de tombes des nécropoles de Sidon,
de Tyr, de Byblos, avaient d'innombrables émules modernes, non moins
âpres, et ne reculant pas plus que leurs prédécesseurs devant l'effraction et
le bris pour s'approprier quelques vases de verre irisé ou quelques bijoux de
défaite facile.
La Syrie, avec son indépendance, a recouvré la libre disposition de son sol
et des richesses archéologiques qu'il contient. Elle était en droit d'attendre des
Alliés, au cours de l'occupation militaire qui a suivi nécessairement la libé
ration de son territoire, des mesures de protection préludant à l'organisation
définitive d'un Service des Antiquités et des Beaux-Arts. Elles ne lui ont pas
fait défaut.
Dès le début même de l'occupation, le Commandement des armé

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