Aperçu chronologique sur les relations entre les intellectuels et le Parti en URSS avant et après la chute de Khrouchtchev - article ; n°4 ; vol.6, pg 560-585
27 pages
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 4 - Pages 560-585
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Isabelle Esmein
Aperçu chronologique sur les relations entre les intellectuels et
le Parti en URSS avant et après la chute de Khrouchtchev
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 6 N°4. pp. 560-585.
Citer ce document / Cite this document :
Esmein Isabelle. Aperçu chronologique sur les relations entre les intellectuels et le Parti en URSS avant et après la chute de
Khrouchtchev. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 6 N°4. pp. 560-585.
doi : 10.3406/cmr.1965.1644
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1965_num_6_4_1644CHRONIQUE
APERÇU CHRONOLOGIQUE
SUR LES RELATIONS
ENTRE LES INTELLECTUELS ET LE PARTI
EN U.R.S.S. AVANT ET APRÈS LA CHUTE
DE N. KHROUCHTCHEV
La disparition de N. Khrouchtchev de la scène politique en
U.R.S.S., le 15 octobre 1964, a introduit un style relativement nouveau
dans la gestion du pays. Quelles ont été ses répercussions sur la situation
des intellectuels ? C'est la question à laquelle la présente étude s'efforce
de répondre.
La création littéraire et artistique est soumise, en U.R.S.S., au
contrôle du Parti, comme les autres sphères d'activité intellectuelle,
mais ce contrôle se fait sentir selon les époques de façon plus ou moins
rigoureuse. Écrivains et artistes sont invités à respecter certains prin
cipes de base découlant de la doctrine marxiste et de la pensée léni-
nienne : ils doivent essentiellement faire preuve ď « esprit de parti »
et veiller au « contenu idéologique » de leurs œuvres, c'est-à-dire suivre
fidèlement, dans leur production, la politique du Parti. Désirant que
l'art et la littérature exercent une action efficace sur les masses, le
Parti se préoccupe aussi de la forme esthétique : il réclame des œuvres
faciles à comprendre, de « caractère populaire ». Il a défini, aux alentours
de 1930, la seule méthode qui aide, selon lui, à produire des œuvres
valables en art et en littérature : le « réalisme socialiste », méthode dont
й continue à se réclamer aujourd'hui. La surveillance du Parti sur les
intellectuels s'exerce soit directement, soit par l'intermédiaire d'orga
nisations professionnelles comme Г « Union des Écrivains », Г « Union
des Artistes », qui servent en quelque sorte de courroies de transmission,
mais peuvent, inversement, faire fonction d'écran et de frein.
Après la guerre et du vivant de Staline, le contrôle du Parti sur
les écrivains et les artistes s'est considérablement resserré, sous l'impul
sion de A. Ždanov, guide officiel de la vie intellectuelle du pays. La
fidélité des auteurs aux principes s'était quelque peu relâchée pendant LES INTELLECTUELS ET LE PARTI 56I
la guerre : des résolutions du Comité Central d'août-septembre 1946
les rappellent au respect de Г « esprit de parti » et les mettent en garde
contre la pénétration d'influences occidentales. Certains coupables,
comme la poétesse Anna Ahmatova, sont exclus de l'Union des Écri
vains. Après la mort de A. Ždanov, une nouvelle campagne se déchaîne,
à la fin de 1948, contre les auteurs accusés de « cosmopolitisme ».
Beaucoup sont d'origine juive. Un certain nombre sont arrêtés et même
exécutés. Mais dès la fin de la vie de Staline, devant les effets désastreux
du « ždanovisme », le Parti est amené à assouplir quelque peu son
attitude.
Après la mort de Staline, un grand élan de rénovation traverse,
en U.R.S.S., les domaines littéraires et artistiques comme les autres
sphères d'activité. Mais, là comme ailleurs, le mouvement est contrarié
par une certaine force d'inertie. Des tendances opposées, « libérales »
et « conservatrices », s'affrontent. Le Parti, lui-même divisé, encourage
parfois les « libéraux », cherche à d'autres moments à les contenir
par l'intermédiaire des « conservateurs », intervient au besoin dire
ctement pour les freiner lorsqu'ils s'aventurent trop loin. Les groupes
adverses ont leurs revues et leurs têtes de file : les « libéraux », la
revue Novyj Mir, les écrivains Tvardovskij, Paustovskij, Ehrenbourg
et les auteurs jeunes comme Kazakov, Aksënov, Evtušenko, Vozne-
senskij ; les « conservateurs » ont la revue Oktjabr' et des écrivains
comme Kočetov, Sobolev, Gribačov, etc.
De 1953 à 1963 les « libéraux » procèdent à trois poussées plus ou
moins vigoureuses, suivies de reprises en main plus ou moins specta
culaires du Parti et de périodes de relative stabilisation. Une première
offensive libérale a lieu à la fin de 1953 et au printemps de 1954. Elle est
marquée, en particulier, par la parution du Dégel d'Ehrenbourg. Une
deuxième poussée, plus violente, correspond à la vague de déstalini-
sation lancée par le XXe Congrès. Ses principaux acteurs sont les
écrivains de Moscou, qui font paraître des œuvres assez hardies dans
un recueil intitulé Moscou littéraire. Le Parti se heurte à une résistance
sérieuse lorsqu'il cherche à remettre au pas les coupables, et ce n'est
qu'après trois rencontres orageuses entre dirigeants et intellectuels (mai
à juillet 1957) que les récalcitrants se résignent à déposer les armes. Une
Union des Écrivains de R.S.F.S.R. est alors créée, à côté de l'Union
des Écrivains de l'U.R.S.S., pour essayer de contenir, par l'intermé
diaire des représentants de la province, les éléments dangereux de la
capitale. Enfin une troisième vague libérale déferle, à partir de l'été
1961, à la suite de prises de position plus favorables du Parti, en
particulier au IIIe Congrès des Écrivains (mai 1959). L'esprit critique
et l'hostilité au stalinisme se font jour avec une vigueur croissante
dans certaines œuvres : mémoires d'Ehrenbourg : Les gens, les années,
la vie ; nouvelle ď Aksënov : Billet pour les étoiles, qui traite de l'oppo
sition entre générations en U.R.S.S. ; poèmes d'Evtusenko contre
l'antisémitisme soviétique : Babi Y ar et contre les partisans attardés
de Staline : Les héritiers de Staline; notes de voyage de Nekrassov
qui cherche à juger objectivement les États-Unis : Des deux côtés de ISABELLE EISMEIN 562
l'océan, et récit d'un auteur nouveau, Solženicyn, sur la vie d'un
paysan détenu dans les camps staliniens : Une journée d'Ivan Denis-
sovitch. L'offensive libérale culmine en novembre 1962 et s'étend du
domaine littéraire au domaine artistique. Le Parti qui s'était contenté
d'assister en tiers aux ripostes des « conservateurs » contre les « lib
éraux » sent alors que le contrôle du mouvement risque de lui échapper
et se décide à intervenir. Comme en 1957, il organise en décembre
1962, puis en mars 1963, des rencontres entre dirigeants et intellec
tuels. Le principe ď « esprit de parti » est solennellement réaffirmé,
la pénétration d'influences étrangères rigoureusement dénoncée et les
excès de l'antistalinisme sont sévèrement critiqués. Cependant aucune
mesure d'exclusion n'est prise contre les coupables. Quelques auteurs
procèdent à leur autocritique, sans donner pour autant satisfaction au
Parti ; d'autres, tel Nekrassov, adoptent une attitude de défi. A partir
du début de mai, les libéraux redressent légèrement leurs positions. Les
seules mesures relativement dures prises contre eux, après un plenum
du Comité Central sur les questions idéologiques tenu en juin, sont la
création d'un Comité du répertoire pour les théâtres et celle d'un Comité
d'État unique pour les questions d'édition, destinée à empêcher l'im
pression en province d'œuvres refusées à Moscou. La proposition faite
par certains « conservateurs » de fondre en une seule organisation les
Unions d'écrivains, d'artistes et de compositeurs n'est pas retenue par
le Parti : celui-ci préfère apparemment avoir affaire à des forces disper
sées plutôt qu'à une organisation bien structurée. Une certaine produc
tion libérale recommence à voir le jour au cours de l'été et des manifes
tations littéraires et artist

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