Apothicaires de princes et de rois : deux dynasties (suite). Deuxième dynastie (1725-1789) - article ; n°18 ; vol.5, pg 319-337
20 pages
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Apothicaires de princes et de rois : deux dynasties (suite). Deuxième dynastie (1725-1789) - article ; n°18 ; vol.5, pg 319-337

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Description

Bulletin de la Société d'histoire de la pharmacie - Année 1917 - Volume 5 - Numéro 18 - Pages 319-337
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1917
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul d'Estrée
Apothicaires de princes et de rois : deux dynasties (suite).
Deuxième dynastie (1725-1789)
In: Bulletin de la Société d'histoire de la pharmacie, 5e année, N. 18, 1917. pp. 319-337.
Citer ce document / Cite this document :
d'Estrée Paul. Apothicaires de princes et de rois : deux dynasties (suite). Deuxième dynastie (1725-1789). In: Bulletin de la
Société d'histoire de la pharmacie, 5e année, N. 18, 1917. pp. 319-337.
doi : 10.3406/pharm.1917.1315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0995-838X_1917_num_5_18_1315d'histoire de la pharmacie 319
inépuisable; aussi le Gouvernement est-il dans l'intention d'en
encourager l'exploitation.
Je crois inutile de vous rapporter les expériences que j'ai fai
tes sur cet objet en ce qu'elles font partie des mémoires françois
que l'Académie royale de Turin doit rendre publics cette année;
j'ajouterai seulement que depuis la fin de 1783 j'ai retiré d'un seul
montagnard que j'ai dressé à cette exploitation simple sept quin
taux de sel 4e Sedlitz que j'ai consacré au travail de la magnésie,
et que cette terre est de la plus grande pureté.
J'ai l'honneur d'être très respectueusement, Messieurs, votre
très humble et très obéissant serviteur.-
Signé : TlNGRY.
La lecture de cette lettre suffirait à donner une haute idée
des mérites de Tingry.
Burkhard Me actif R.EBER, Genève.
Apothicaires de Princes et de Rois
DEUX DYNASTIES
(Suite)
DEUXIÈME DYNASTIE (1725-1789)
Il y a plusieurs années, en dépouillant les papiers de la Bast
ille, après leur classement dû aux soins éclairés de M. Frantz-
Funck Brentano, nous nous étions assez longuement arrêté sur
l'un de ces dossiers qui mettait en relief la personnalité d'un
Pierre Martin (1), « apothicaire de Monsieur le Duc » en 1725 et
du « Commun de la Reine » en 1736- Nous avions pareillement
constaté que les Mémoires du duc de Luynes lui avaient consacré
(1) Nous devons à l'obligeance de notre érudit confrère le ('octeur Dorveaux, la
note uiva te sur Pierre Martin et sur son curriculum vit, à titre professionnel :
« Pierre Martin, apothicaire de la Reine et apothicaire de Son Altesse Sérénis-
sime Monsieur le Duc de Bourbon, principal Ministre, a été reçu maître apothicaire
de Paris «par agrégation», le 19 septembre 1725; il a eu à faire, comme chef-
d'uvre, la tablette diarhodon du Codex: et il a versé 1600 livres à la corporation
des éptciers-apothicaires. » 320 bulletin de la société
de curieux articles; puis nous avions mis en réserve cet ensemble
de pièces, quand un heureux hasard nous révéla l'existence d'un
autre apothicaire de la maison de Condé qui portait^ lui aussi,
le nom de Martin, ce Bernardin que nous venons de présenter
au lecteur et que nous crûmes un instant le père de Pierre Mart
in, des Archives de la Bastille.
Mais nos recherches furent vaines. D'abord Bernardin n'avait
eu que trois filles, et l'un de ses gendres, Buissière, avait été son
unique successeur. Par une singulière coïncidence, un autre Mart
in (avait-il ou non des liens de parenté avec Bernardin? Nous
l'ignorons), était devenu, vingt-deux ans après la mort de celui-
ci, l'apothicaire du petit-fils du grand Condé. Cependant Pierre
devait être, à son tour, le fondateur d'une seconde dynastie de
Martins, qui ne nous semble pas avoir survécu à la Révolution.
Quoi qu'il en soit, le personnage de Pierre, tel qu'il nous appar
aît dans les Archives de la Bastille et tel que nous le retrouvons
dans les Mémoires de Luynes, tint une certaine place parmi les
familiers de la maison de Condé et n'est pas indigne, à ce titre,
de figurer à la suite de Bernardin.
Le 14 juin 1736, le lieutenant général de police Hérault rece
vait la lettre suivante, que lui adressait, de Chantilly, le petit-
fils du grand Condé, le duc de Bourbon, ancien premier ministre,
en disgrâce, de Louis XV (1) :
« Le sieur Martin, mon apothicaire, Monsieur, a eu chez lui un
garçon, qu'il a été obligé de renvoyer pour des raisons très griev
es. Cette affaire n'en est pas demeurée là, le garçon débitant,
dans le public, qu'il est innocent des choses qu'on lui impute et
que son maître l'a calomnié pour l'empêcher de s'établir à Vers
ailles.
» De pareils discours font beaucoup de peine à Martin, qui est
extrêmement jaloux de sa réputation; et comme on ne peut vérif
ier les faits que par un domestique qu'il a chassé de chez lui °n
même temps que le garçon, à cause de la connivence qu'il y avait
entre eux, comme vous le verrez par le mémoire ci-joint, je vous
prie, Monsieur, de donner des ordres pour faire chercher le do-
(1) Bibliothèque de l'Arsenal (Papiers'de la Bastille) mss 10330, 10332. Dossier Otto,
dit FniBOURG. d'hïstoïre de la pharmacie 821
mestique, qu'on prétend être à Paris, et, si on peut le trouver,
de prendre la peine d'éclaircir cette affaire, de façon que Martin
puisse faire connaître la vérité et que sa réputation ne souffre
aucune atteinte des discours de ce garçon. Comptez bien, Mons
ieur, sur la continuation de mes sentiments envers vous.
' « L.:H. de Bourbon. »
Martin, apothicaire du duc de Bourbon et « du Commun de
la Reine », était un homme très occupé. Outre qu'il était appelé,
par les exigences de son double service, soit au palais de Versail
les, soit au château de Chantilly, soit enfin à Paris, à l'hôtel des
Condé, voisin du Luxembourg, Martin tenait officine ouverte à
Versailles. Aussi avait-il pris, pour l'y remplacer, pendant ses
nombreuses absences, un « garçon » hier, nous disions un
élevé, aujourd'hui nous disons un préparateur, demain nous di
rons peut-être un assistant.
Cet auxiliaire avait pour nom Meynadé : il était secondé, à
l'occasion, par le Suisse Ottoz, dit Fribourg, qui était « le la
quais de Mme Martin ».
Mais si, de son propre aveu, notre apothicaire « n'était jamais
huit jours de suite chez lui », il avait, heureusement, un collabo
rateur autrement précieux que les deux mercenaires employés,
l'un à confectionner les drogues, l'autre à les porter chez la noble
clientèle du pharmacien.
Ce collaborateur, ou plutôt cette collaboratrice, était M"18 Mart
in, une maîtresse femme, qui a restait à la maison », comme la
matrone romaine, et qui, de ce fait, se trouvant à portée d'obser
ver les agissements des deux compères signalés par le duc de
Bourbon, avait surpris le manège et les indélicatesses dont se
plaignait leur patron.
II
Le Mémoire de Martin, écrit en caractères menus et serrés,
expose longuement les griefs de l'apothicaire contre ses deux
employés. Son début est celui d'un homme naïf et désabusé, qui
a vu s'évanouir brusquement toute sa confiance dans un « gar
çon » qu'il initiait, depuis trois ans, aux pratiques les plus sub
tiles de son art : « Je lui ai livré sans réserve, dit-il avec une
émotion mal dissimulée» tout ce qui concerne ma profession. »
Et comment en fut-il récompensé par celui qu'il honorait d'une 322 BULLETIN de la société
si bienveillante sollicitude? Par la plus noire des trahisons.
Grâce à la complicité du Suisse Ottoz, Meynadé interceptait les
lettres qu'échangeaient les deux époux, quand ils étaient sépar
és, prenait connaissance de leurs confidences réciproques et re
cachetait soigneusement leurs missives, que le laquais portait
à la poste ou en avait reçues.
Mais, depuis un an, la méfiance de Mme Martin était en éveil.
« Vous êtes-vous aperçu, dit-elle un jour à son mari, que mes
lettres vous arrivent après avoir été ouvertes? Moi, j'ai constaté
que les vôtres avaient été décachetées avant de m'être remises- »
L'honnête Martin, lui, n'avait rien constaté du tout. Seule
ment, il se souvint que Meynadé lui avait parlé à maintes re
prises d'un mariage qu'on lui proposait dans son pays et qui lui
serait fort avantageux; aussi voulait-il, en cette circonsta

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