Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle - article ; n°1 ; vol.89, pg 333-370
39 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle - article ; n°1 ; vol.89, pg 333-370

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1977 - Volume 89 - Numéro 1 - Pages 333-370
Aline Rousselle,~~ Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle~~, p. 333-370. Le christianisme institutionnel a progressé très lentement en Gaule. Les documents font apparaître de nombreux obstacles au recrutement des cadres des communautés. Les textes ecclésiastiques montrent que les restrictions se multiplient, et en particulier les interdits sexuels. Les documents ecclésiastiques et impériaux font état de la contradiction entre les nécessités de ce recrutement et la progressive fixation héréditaire à la profession et aux charges curiales des propriétaires fonciers. Les clercs inférieurs peuvent être recrutés parmi les affranchis, les anciens soldats, les fonctionnaires à la retraite; les clercs supérieurs chastes, parmi les clarissimes libres d'obligations professionnelles.
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Aline Rousselle
Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 89, N°1. 1977. pp. 333-370.
Résumé
Aline Rousselle, Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle, p. 333-370.
Le christianisme institutionnel a progressé très lentement en Gaule. Les documents font apparaître de nombreux obstacles au
recrutement des cadres des communautés. Les textes ecclésiastiques montrent que les restrictions se multiplient, et en
particulier les interdits sexuels. Les documents ecclésiastiques et impériaux font état de la contradiction entre les nécessités de
ce recrutement et la progressive fixation héréditaire à la profession et aux charges curiales des propriétaires fonciers. Les clercs
inférieurs peuvent être recrutés parmi les affranchis, les anciens soldats, les fonctionnaires à la retraite; les clercs supérieurs
chastes, parmi les clarissimes libres d'obligations professionnelles.
Citer ce document / Cite this document :
Rousselle Aline. Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au IVe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 89, N°1. 1977. pp. 333-370.
doi : 10.3406/mefr.1977.1104
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1977_num_89_1_1104ALINE ROUSSELLE
ASPECTS SOCIAUX
DU RECRUTEMENT ECCLÉSIASTIQUE
AU IVe SIÈCLE
Le christianisme est resté seule religion en Europe méditerranéenne, et
a fait réléguer sous le nom de paganisme un foisonnement religieux dont il
est cependant l'héritier. Le passage des hommes d'une foi à une autre à une
époque si éloignée, est loin d'être connu. Les documents montrent les rét
icences de quelques païens et la réponse apologétique de leurs amis chrét
iens. Tout ceci est en général pensé, dans le cadre de la mission pauli-
nienne, comme une vaste entreprise de conversion du monde, et de prédica
tion à thème spirituel. N'apparaissent aucunement les demandes d'informat
ions et d'intégration des païens intrigués par ce culte comme ils l'avaient été
par d'autres. La conversion de la Gaule au christianisme, à peine amorcée au
début du IVe siècle, s'est faite presqu'entièrement dans un temps de christi
anisme à la fois licite et profitable. On constate pourtant les difficultés de la
progression de cette religion. Il ne s'agit pas seulement d'une résistance de
croyances païennes bien solides qui n'ont finalement jamais empêché les
Gaulois de se sentir chrétiens, mais des conditions de plus en plus tatillon
nes mises par la loi chrétienne et par la loi impériale, au recrutement des
cadres qui pouvaient donner forme et continuité aux groupes religieux issus
des conversions.
L'objet de cette étude, limitée à la Gaule, est d'examiner à la fois les
conditions du recrutement sacerdotal chrétien et les conséquences sociales
des restrictions apportées par l'Eglise et par l'Etat romain à ce recrutement.
A - Les obstacles religieux au recrutement ecclésiastique
\ - V importance numérique des chrétiens.
Chaque Eglise recrute un personnel varié pour des fonctions précises de
gouvernement, de service, de gestion. Le nombre des clercs dépend en pre
mier lieu des nécessités locales, partant, du des chrétiens de la cité. ALINE ROUSSELLE 334
Néanmoins, quel que soit ce nombre, un groupe de clercs est indispensable
pour les fonctions proprement religieuses.
Au début du IVe siècle en Gaule, le christianisme institutionnel (Eglises
constituées, avec un évêque et un personnel) n'atteint pas le quart des cités1.
Le premier document sur la présence d'Eglises en Gaule est la lettre des
chrétiens de Lyon après les exécutions de 1772. On y relève la présence
d'Eglises organisées à Lyon et à Vienne. Encore n'est il pas certain que
Vienne soit alors Eglise episcopale. Deuxième attestation certaine : un évê
que d'Arles, Marcianus, connu vers le milieu du IIIe siècle par la correspon
dance de Saint Cyprien3. Un christianisme rhodanien somme toute, et proba
blement, comme cela a été soutenu dès les premières études, oriental et
commerçant.
Il faut ensuite attendre 314 et la réunion en Arles d'un concile des Egli
ses d'Occident par Constantin, récemment converti, pour connaître d'autres
Eglises gauloises4.
1 Sur l'extension du christianisme (et non des seules églises constituées : J. Gaude-
met, L'Eglise dans l'Empire romain (IVe-Ve siècle), Paris, 1958, p. 87-98 et ses notes
bibliographiques; H.I. Marrou, dans J. Daniélou et H.-I. Marrou, Nouvelle Histoire de
l'Eglise, t. II, Des Origines à Saint Grégoire le Grand, Paris, 1963, p. 333-341 et surtout
Carte de l'extension du christianisme au milieu du IIIe siècle, p. 248-249; F. Van der Meer
et Christine Mohrmann, Atlas of early Christian World; voir les suggestions de J. Gaude-
met, Société religieuse et monde laïc au Bas-Empire, dans Iura, X, 1959, particulièr
ement p. 88-91 sur l'extension géographique et sociale du christianisme. Sur l'extension
du christianisme constitué en Gaule, L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne
Gaule, t. 1 et 2, Paris, 1907-1910, t. 3, 1915, reste essentiel. J.R. Palanque, Les évêchés de
Narbonnaise I à l'époque romaine, dans les Annales de l'Université de Montpellier et du
Languedoc Méditerranéen-Roussillon, 1. 1, 1943, p. 177-186 et Les évêchés provençaux à
l'époque romaine dans Provence Historique, 1. 1, 1951, p. 105-114. Il est question pour
nous de christianisation institutionnelle : progression numérique et organisation. Nous
ne présentons pas l'étude qualitative des croyances, problème d'évangélisation.
2 Ap. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, V, 1, 47, éd. et trad. G. Bardy, Sources Chré
tiennes, 41, t. 2, Paris, 1955. Discussion sur la date de cette persécution qu'on pourrait
placer en 180, P. Keresztes, Marcus Aurelius, a persecutor? dans Harv. Th. Rev., LXI,
1968, p. 321-341; cf. T. Barnes, Legislation against the Christians, dans J.RS., LVIII, 1968,
p. 32-50.
3 Cyprien, ep. 68, 3, 1, éd. et trad. Bayard, t. II, 1925, p. 236, Coll. des Univ. de France.
4 Edition des textes conciliaires : Mansi, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima
collectio, Florence- Venise, 1758, sq.; avec les analyses et commentaires de K.J. Hefele,
Konziliengeschichte, Frankfurt, 1873-1890, dans l'édition française complétée par
H. Leclercq, Histoire des Conciles, Paris, 1907-1952. Les conciles gaulois du IVe siècle et
les Statuta Ecclesiae antiqua ont été édités par H. Munier, Concilia Galliae, a. 314-a. 506,
Corpus Christianorum 148, Turnhout, 1963, et a. 511-a. 695, ibid., 148 A, 1963. L'édition SOCIAUX DU RECRUTEMENT ECCLÉSIASTIQUE AU IV« SIÈCLE 335 ASPECTS
Tableau I
LES ÉGLISES GAULOISES AU CONCILE D'ARLES (314)
Viennoise
Marseille évêque lecteur
Arles 1 prêtre 4 diacres
Vienne évêque exorciste
Vaison
Orange 1 prêtre
Alpes Maritimes
1 diacre exorciste Nice (portus)
Narbonnaise II
Apt 1 prêtre exorciste
Gaules
Reims évêque diacre
Rouen
Autun évêque prêtre diacre
Lyon exorciste
Cologne évêque diacre
Trêves exorciste
Aquitaine
Bordeaux évêque diacre
Gabales
Au bas de résolutions (canons) de l'assemblée d'Arles, ont souscrit les
représentants des diverses Eglises. Certains sont évêques, accompagnés ou
non d'un ou de plusieurs membres de leur Eglise. Certaines Eglises n'ont pas
envoyé d'évêque et sont représentées par un ou plusieurs clercs. On en a
conclu que leur évêque, empêché, les avait délégués en son nom au concile.
Cette hypothèse prend appui sur la 5ème souscription du concile : deux prê
tres et deux diacres de la ville de Rome « envoyés par l'évêque Sylvestre » :
situation exceptionnelle, il s'agit du pape. Supposons que les cités représen-
des conciles tenus en Espagne : J. Vives, J. Marin, G. Martinez, Concilios visigoticos e
hispano-romanos, Barcelone-Madrid, 1963. 336 ALINE ROUSSELLE
tées par des clercs n'aient pas eu d'évêques, les souscriptions d'Arles permett
ent alors de se représenter ainsi la situation en Gaule5.
La chrétienté de la vallée du Rhône compte alors

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents