Brève histoire de la sociologie française des médias - article ; n°100 ; vol.18, pg 457-485
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Réseaux - Année 2000 - Volume 18 - Numéro 100 - Pages 457-485
Jusqu'à la fin des années soixante-dix, la sociologie des médias est restée le parent pauvre de la recherche française : les forts antagonismes entre les quelques paradigmes majoritaires sur lesquels celle-ci s'est longtemps appuyée ont contribué à restreindre, par le jeu de leur concurrence, l'étendue des terrains d'analyse sur lesquels ces divergences théoriques pouvaient s'exprimer (le travail industriel, les organisations, l'éducation, etc.). Ce retard est en voie d'être comblé, théoriquement et empiriquement, notamment dans des domaines tels que l'analyse du système de production des industries culturelles, l'évolution des pratiques journalistiques ou la problématique de la réception. Au-delà d'un bilan des avancées en ces matières, l'article pose en conclusion quelques hypothèses sur la présence de plus en plus évidente d'une problématique « communicationnelle » transversale dans la sociologie française.
Until the late seventies, sociology of the media was the poor relation of French research. Strong antagonism and competition between the few main paradigms on which it had been based for a long time helped to restrict the scope of the fields of analysis in which these theoretical divergences could be expressed (industrial labour, organizations, education, etc.). This gap is now being closed, both theoretically and empirically, particularly in areas such as the study of production systems of culture industries, the evolution of journalistic practices, and questions of reception. Apart from a review of developments in this field, the article puts forward several hypotheses on the increasingly obvious presence of a cross-disciplinary communicational problématique in French sociology.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 91
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Beaud
Brève histoire de la sociologie française des médias
In: Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 457-485.
Résumé
Jusqu'à la fin des années soixante-dix, la sociologie des médias est restée le parent pauvre de la recherche française : les forts
antagonismes entre les quelques paradigmes majoritaires sur lesquels celle-ci s'est longtemps appuyée ont contribué à
restreindre, par le jeu de leur concurrence, l'étendue des terrains d'analyse sur lesquels ces divergences théoriques pouvaient
s'exprimer (le travail industriel, les organisations, l'éducation, etc.). Ce retard est en voie d'être comblé, théoriquement et
empiriquement, notamment dans des domaines tels que l'analyse du système de production des industries culturelles, l'évolution
des pratiques journalistiques ou la problématique de la réception. Au-delà d'un bilan des avancées en ces matières, l'article pose
en conclusion quelques hypothèses sur la présence de plus en plus évidente d'une problématique « communicationnelle »
transversale dans la sociologie française.
Abstract
Until the late seventies, sociology of the media was the poor relation of French research. Strong antagonism and competition
between the few main paradigms on which it had been based for a long time helped to restrict the scope of the fields of analysis
in which these theoretical divergences could be expressed (industrial labour, organizations, education, etc.). This gap is now
being closed, both theoretically and empirically, particularly in areas such as the study of production systems of culture industries,
the evolution of journalistic practices, and questions of reception. Apart from a review of developments in this field, the article puts
forward several hypotheses on the increasingly obvious presence of a cross-disciplinary "communicational" problématique in
French sociology.
Citer ce document / Cite this document :
Beaud Paul. Brève histoire de la sociologie française des médias. In: Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 457-485.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_2000_num_18_100_2234BREVE HISTOIRE DE LA SOCIOLOGIE
FRANÇAISE DES MEDIAS
Paul BEAUD
Réseaux n° 100 - CNETVHermès Science Publications - 2000 est à la manière du démon de Maxwell qu'il faudrait procéder C^
pour décider d'emblée de ce qui relève ou ne relève pas d'une
démarche sociologique dans le capharnaum des livres et revues
portant sur la communication, parus depuis la sortie du premier numéro de
Réseaux. La difficulté première de l'exercice tient bien évidemment à l'état
actuel de la discipline elle-même : aujourd'hui plus encore qu'hier, on ne
saurait proposer une définition même minimale de la sociologie capable de
faire l'unanimité de tous ceux qui s'en réclament, au moins unanimement
d'accord sur ce point, comme le disait déjà Raymond Aron.
Passons outre et imaginons néanmoins un quelconque sociologue d'âge
avancé et de tradition - peu importe laquelle - confronté à tout ce
qu'incluent désormais ces sections nouvelles des bibliothèques
universitaires : « médias » ou « information et communication ». Vous
constaterez sans doute rapidement chez lui un état de perplexité comparable
à celui de ces naturalistes anglais de la fin du XVIIIe siècle dont parle
Umberto Eco, lorsqu'ils reçurent, en provenance d'Australie, le premier
spécimen empaillé d'une bizarre bestiole qu'ils prirent d'abord pour une
supercherie due à quelque habile taxidermiste chinois : un animal peut-il en
effet appartenir à la classe des mammifères, puisque mamelles il avait, tout
en étant, comme l'ornithorynque, monotrème, amphibie, pourvu d'un bec
corné et de pattes tout à la fois griffues et palmées et pour couronner le tout
ovipare1 !
« Tout cela ne me concerne pas », pensera sans doute notre sociologue,
confronté à ces hybrides de papier qui ont pour noms Réseaux, Quaderni,
Media, Culture & Society, Journal of Communication, Hermès ou Les
Cahiers de Médiologie. Beaucoup ne se revendiquent d'ailleurs pas de la
sociologie, loin s'en faut, voire entendent parfois soit l'englober, comme
par revanche sur l'annexionnisme prêté à la tradition durkheimienne, soit
1. Ce résumé de l'histoire de l'ornithorynque prend quelques libertés avec le texte d'Umberto
Eco qui l'inspire (voir ECO, 1999). Réseaux n° 100 460
s'en démarquer explicitement, se réclamant par exemple des « sciences de
l'information et de la communication », ou plus encore2. Mais restons-en
pour l'instant en terrain connu et à une première constatation qui ne vaut
que pour livres et articles affichant leur appartenance à la discipline fondée
par Auguste Comte : la sociologie de la communication ne saurait plus être
aujourd'hui confondue avec ce à quoi elle s'est pour l'essentiel limitée
pendant longtemps, l'analyse critique de la culture de masse et la
sociographie de ses audiences. Et si ces domaines font bien sûr encore
l'objet de multiples recherches, il serait bien étonnant que souscriraient
encore aujourd'hui à leur propre jugement sur l'état de la recherche sur la
communication ceux qui écrivaient en 1983 que les chercheurs se divisent
en a) empiristes, b) critiques3 : souvent venus d'autres horizons, une
nouvelle génération de sociologues sont depuis questionner la
production et les produits des industries culturelles et leur réception avec
d'autres perspectives théoriques et d'autres outils méthodologiques que
ceux de la recherche administrative ou du structuralo-marxisme.
UN OBJET SANS OBJET
II n'y a guère plus de vingt-cinq ou trente ans, tenter de présenter les
ouvrages les plus importants consacrés aux médias et à la communication
parus en langue française n'aurait effectivement posé qu'un seul problème :
en trouver cinq ou six qui méritaient qu'on en parle. On ne trouvait alors
dans l'édition française que quelques essais sur la culture de masse (Edgar
Morin, Jean Baudrillard) et commentaires des maigres données empiriques
sur le public des médias nationaux que ces derniers acceptaient,
2. C'est le cas notamment des Cahiers de médiologie. La médiologie, nous dit son fondateur,
Régis Debray, ne doit surtout pas être considérée comme « une sociologie des médias sous un
autre nom », mais comme un carrefour où l'on peut notamment croiser des représentants des
sciences de l'information et de la communication (DEBRAY, 1999). Rappelons que c'est en
1975 que les « sciences de l'information et de la communication » apparaissent dans la
nomenclature des sections de l'enseignement supérieur.
3. Ayant choisi de prendre pour exemple la classification de Missika et Wolton, voir ces
auteurs, 1983, on ne mentionnera qu'en note qu'à peu près à la même époque, un autre auteur
(celui de cet article) ne répertoriait quant à lui que trois catégories de chercheurs dans
l'histoire de la sociologie des communications de masse, selon le vocabulaire de l'époque : a)
behavioristes ; b) fonctionnalistes ; c) structuralo-marxistes (BEAUD, 1984). Pour rester dans
nos métaphores zoologiques et le pastiche, on aurait aujourd'hui envie de prolonger la liste à
la manière de la fameuse « encyclopédie chinoise » de Borges, à la rubrique « animaux » : d)
innombrables, e) qui s'agitent comme des fous, f) qui viennent de casser la cruche, etc. histoire de la sociologie française des médias 461 Brève
parcimonieusement, de mettre à la disposition des chercheurs qui n'avaient
guère les moyens d'en produire eux-mêmes. Le seul domaine dans lequel la
recherche française recueillait quelque écho était alors la sémiologie, avec
Roland Barthes, parfois cité dans la littérature anglo-saxonne, mais aussi
Christian Metz, dont les écrits sur le cinéma - moyen d'expression admis au
moins en partie dans la catégorie des arts - étaient parmi les rares à
rencontrer une audience internationale.
Il est révélateur de relire ce qu'écrivaient deux chercheurs nord-américains
dans le premier numéro daté de 1961 de la revue du Centre d'études des
communications de masse, Communications, alors seule publication
académique s 'affirmant consacrée à ce domaine, fondée et dirigée par une
des fig

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