Brucato et la civilisation matérielle du village en Sicile médiévale - article ; n°1 ; vol.86, pg 7-23

Jean-Marie Pesez

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1974 - Volume 86 - Numéro 1 - Pages 7-23
Jean-Marie Pesez, ~~Brucato et la civilisation matérielle du village en Sicile médiévale~~, p. 7-23. L'auteur présente les résultats des deux premières campagnes de fouilles (1972-1973) sur le site sicilien de Brucato, village médiéval détruit et abandonné vers 1340, et les confronte avec les enseignements d'autres chantiers, notamment de celui de Dracy (Bourgogne).
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1974
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
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Extrait

Jean-Marie Pesez
Brucato et la civilisation matérielle du village en Sicile médiévale
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 86, N°1. 1974. pp. 7-23.
Résumé
Jean-Marie Pesez, Brucato et la civilisation matérielle du village en Sicile médiévale, p. 7-23.
L'auteur présente les résultats des deux premières campagnes de fouilles (1972-1973) sur le site sicilien de Brucato, village
médiéval détruit et abandonné vers 1340, et les confronte avec les enseignements d'autres chantiers, notamment de celui de
Dracy (Bourgogne).
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Pesez Jean-Marie. Brucato et la civilisation matérielle du village en Sicile médiévale. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 86, N°1. 1974. pp. 7-23.
doi : 10.3406/mefr.1974.2301
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1974_num_86_1_2301ARCHEOLOGIE MEDIEVALE
BRUCATO ET LA CIVILISATION MATÉRIELLE
DU VILLAGE EN SICILE MÉDIÉVALE*
PAR
Jean-Marie Pesez
A Geneviève Chevrier
et Alain Oeslan
Depuis 1972, le site du village médiéval de Brucato a fait l'objet
de deux campagnes de fouille. Ces recherches s'inscrivent dans le cadre
des travaux consacrés au peuplement et à l'habitat de la Sicile médiévale
par les historiens siciliens et français *. Elles constituent aussi l'entreprise
la plus méridionale de la recherche européenne sur les villages désertés
dont l'Angleterre est sûrement le secteur le plus défriché mais qui se
développe actuellement dans l'aire méditerranéenne 2. Les fouilles de
Brucato ouvrent enfin un domaine nouveau à l'archéologie de la Sicile,
essentiellement vouée jusqu'ici aux établissements antiques, et donnent
un sens différent aux recherches d'archéologie médiévale, jusqu'à présent
annexées en Sicile comme ailleurs par l'histoire de l'art.
La fouille de Brucato a été confiée au départ à l'Ecole Française de
Rome et à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIe Section 3. Elle a très
vite reçu l'appui et le concours de l'Institut d'Histoire Médiévale de
* Le texte présenté ici est pour l'essentiel celui de la communication de
J.-M. Pesez au colloque franco -polonais sur la civilisation matérielle du village
médiéval qui s'est tenu à Paris les 16 et 17 octobre 1973.
1 Maurice Aymard et Henri Bresc notamment. Cf. leur étude Problemi
di storia dell'insediamento nella Sicilia medievale e moderna, Archeologia e geo
grafia del popolamento, (Quaderni Storici 24), Ancóne, 1973, p. 945 sq.
2 Cf. J.-M. Pesez, Ricerche e prospettive di lavoro intorno ai villaggi abband
onati. Ibid., p. 767 sq.
3 Elle a été placée en 1972 sous la responsabilité du professeur Y. Tusa,
surintendant des Antiquités de la Sicile occidentale. JEAN -MARTE PESEZ Ö
Palerme (Professeur Giunta). La recherche archéologique étant plus que
tout autre affaire d'équipe, il faut mentionner les noms de l'initiateur de
l'entreprise, le professeur C. Trasselli, et des inventeurs du site, Henri
Bresc et Franco d'Angelo, et de tous les participants qui ont avec moi
conduit les recherches sur le terrain: Françoise Piponnier et mes autres
collaborateurs de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes: Daniel Bastian,
Nicole Bourdillat, Eichard Bucaille, Geneviève Chevrier, Alain Geslan,
Jean-Michel Poisson, Michèle Quettier, et Jean-René Trochet, avec Henri
et Geneviève Bresc et les participants italiens: Bruna Maccari (Palerme)
et Gabriella Maetzke (Rome) x.
Les travaux à Brucato n'en sont qu'à leurs débuts et les résultats
des premières campagnes sont en cours d'élaboration. Le mobilier a
rchéologique n'est encore que partiellement restauré, analysé, étudié.
Il ne pouvait être question ici que d'une esquisse rapide, dégageant les
données les plus évidentes de la recherche, et insistant sur les traits les
plus originaux de l'établissement étudié. Pour ce faire, la meilleure dé
marche m'a paru être la démarche comparative. Pour présenter le site
de Brucato, j'ai donc choisi de le comparer à celui de Dracy, autre chant
ier de fouille médiéval confié à la même équipe, mais bien éloigné de
Brucato puisqu'il s'agit d'un village bourguignon 2. Une telle compar
aison est-elle légitime? On peut estimer que oui, dans la mesure où il
s'agit dans les deux cas de sites villageois et d'établissements contem
porains l'un de l'autre 3.
La concordance chronologique est à peu près parfaite. Dracy s'é
teint au cours du XIVe siècle et Brucato périt vers 1340. Il ne s'agit là,
sans doute que de la date de la désertion et Brucato, au moins, a des
origines très anciennes, plongeant jusque dans la protohistoire; mais sur
le site sicilien comme sur le site bourguignon, ce que la fouille a retrouvé
et mis au jour, c'est, pour l'essentiel, le village des XIIIe et XIVe siècles 4.
1 Ont aussi pris part aux fouilles: Jean-Claude Maire- Vigueur (Ecole
Française de Rome), Franco d'Angelo et Rosa Buccellato (Palerme).
2 Dracy: Côte d'Or, commune de Baubigny. Le site est fouillé par l'Ecole
Pratique des Hautes Etudes, VIe Section et l'Institut d'Histoire de la Culture
Matérielle de Pologne, depuis 1965. Sur ce site, cf. A. Abramowicz, J. Chapelot,
A. Nadolski, J.-M. Pesez, T. Poklewski, Le village bourguignon de Dracy, Ar
chéologie du village déserté, Paris, 1970, pp. 95-171.
3 L'étude documentaire de Brucato est due à Henri Bresc. Cf. H. Bresc
et F. d'Angelo, Structure et évolution de l'habitat dans la région de Termini Inte
resse XII*-XYe siècles, dans MEFBM, 1972, pp. 361-402.
4 A Brucato, présence de matériel et de monnaies antiques, de céramique
protohistorique. Mais Dracy, de même présente un niveau d'occupation datant
de « La Tène III ». ET LA CIVILISATION MATÉRIELLE DU VILLAGE EN SICILE 9 BRUCATO
Les deux établissements sont de nature un peu différente, il est vrai.
La différence ne réside pas tellement dans les dimensions. Brucato est
sans doute plus important, mais du double seulement. Sa quote-part
dans la taxation de 1283 permet d'évaluer sa population à cette date à
une trentaine de feux. En 1285, un autre document fiscal, bourguignon
celui-là, attribue à Dracy 15 feux. En outre, il semble à en juger par les
sources archéologiques qu'après cette date Dracy ait continué à croître
jusqu'aux temps de la Peste; Brucato, au contraire, aurait plutôt décliné.
La différence essentielle tient plutôt au statut de l'établissement.
Dracy est un village sans église, un hameau pour tout dire. Brucato
n'est rien d'autre non plus qu'un village, un casale. Les textes ne l'ap
pellent castrum ou terra qu'à l'époque probable de sa destruction (1338):
c'est une communauté dotée d'un embryon d'administration autonome,
et c'est un village fortifié et appuyé à un château.
Il y a pourtant, suffisamment de points communs entre les localités
pour que la comparaison ne soit pas déraisonnable. Comparer ces deux
sites revient à distinguer d'une part ce qui les réunit, et qui tient sans
doute à la date et au caractère rural des habitats, et d'autre part ce qui
les sépare et qui ne peut guère tenir qu'à la distance et à la géographie.
En fin de compte, c'est une voie d'approche pour une définition des aires
de civilisation matérielle. Il va sans dire que les données procurées par
d'autres sites pourraient utilement, et devront nécessairement, contribuer
à cette tentative de définition: on pense tout spécialement au site pro
vençal de Eougiers1.
1. Les vestiges laissés par l'habitat sicilien, tout d'abord sont assez
semblables à ceux du village bourguignon. Brucato, le Brucato des XIIIe
et XIVe siècles, du moins, est un habitat perché 2. Il occupe un petit
plateau, détaché du monte San Calogero, qui domine de 360 mètres le
rivage tout proche. Le site commande le débouché de la vallée du Fiume
Torto sur la grande baie qui s'étend entre Termini Imerese et Cefalù.
Le plateau doit son nom de Castellacelo aux ruines qui s'y dressent en
core: ruines de rempart et murs qui appartiennent probablement, en effet,
à un ancien ch