Chapitre huitième - Institutionnalisations - article ; n°1 ; vol.12, pg 205-224
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Description

Réseaux - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 205-224
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Moeglin
Chapitre huitième - Institutionnalisations
In: Réseaux, 1994, Hors Série 12 n°1. pp. 205-224.
Citer ce document / Cite this document :
Moeglin Pierre. Chapitre huitième - Institutionnalisations. In: Réseaux, 1994, Hors Série 12 n°1. pp. 205-224.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0984-5372_1994_hos_12_1_3638CHAPITRE HUITIEME
Institutionnalisations commandement : dans le doute protégez vos arrières. " "Premier
L.A. Morse, Vive les Viocs.
Les choses ont décidément bien changé depuis la situation du texte
introductif de la première section, quand les mécanismes présidant à la
formation du champ expérimental et à l'établissement corrélatif des
structures contractuelles pouvaient être présentés, selon une
caractérisation empruntée à P. Bourdieu (1992, p. 191), comme
relevant du "processus d'institutionnalisation de l'anomie au terme
duquel nul ne peut se poser en maître et possesseur absolu du nomos"
(c'est-à-dire de la loi). Après l'affirmation consensuelle de la cause
satellitaire et au fur et à mesure de ses traductions en projets plus ou
moins réalisables et plus ou moins réalisés, les intérêts particuliers de
chaque famille d'acteurs ont commencé à prendre le dessus, s'affirmant
les uns par rapport aux autres, les uns contre les autres.
Ainsi a-t-on suivi, de chapitre en chapitre, les étapes de la formation
du champ clos où ces intérêts se manifestent et se confrontent, en
fonction des interactions stratégiques et avec pour enjeu l'hégémonie
au sein des structures contractuelles. Parallèlement, ce champ clos est
devenu l'objet principal de l'expérimentation, en lieu et place des
utilisations satellitaires elles-mêmes qui en étaient pourtant l'objet de
départ Est-ce pour cela que l'orientation initiale en faveur de l'anomie
est définitivement abandonnée ? L'étude des propos émanant des
expérimentateurs montre que ce n'est pas encore tout à fait le cas. Plus
exactement, la référence au modèle horizontal d'organisation et les
connotations conviviales qui en sont le corollaire restent extrêmement
présentes dans une phraséologie officielle toujours portée sur les
principes du club et de la non-directivité. Cependant, la réalité, elle,
s'est modifiée, sous l'influence des contraintes de l'action collective et
par suite de l'obligation de structurer les initiatives. 208 Contextes
Puisqu'il est donc désormais inévitable que l'enthousiasme du pionnier
désintéressé cède la place aux revendications de chaque famille d'acteurs
(selon la typologie précédente entre éducateurs et représentants des
usagers, promoteurs de la technologie, décideurs politiques), il est
aussi inévitable que chacun de ces acteurs cherche à imposer comme
seul et unique nomos la hiérarchie des critères correspondant aux
intérêts de sa sphère d'appartenance. Et il est prévisible que l'un ou
l'autre finisse par y arriver, au bout du compte. A celui-là il ne reste
plus alors qu'à entreprendre d'officialiser son succès en essayant de le
transcrire en dispositions structurelles. C'est à cela que sert
l'institutionnalisation et c'est donc ici qu'elle intervient.
A la fois sanction des alliances et rivalités passées, constat provisoire
de l'état présent d'un rapport de force et tentative en vue de figer un
mode d'organisation pour l'avenir, l'institutionnalisation d'un
regroupement d'acteurs revêt donc une importance majeure, on le
devine d'ores et déjà, puisqu'elle sert à concrétiser et à fixer le nomos.
Avec les compromis et exclusions qui l'accompagnent, différents selon
les contextes, le processus d'institutionnalisation est d'ailleurs lui-
même loin d'être univoque. Il s'agit plutôt d'institutionnalisations au
pluriel, les nomoi dominants n'étant pas identiques d'une structure à
l'autre et les formes de leur institutionnalisation variant par conséquent
selon l'état des lieux (en interne) et selon les possibilités
réglementaires et politiques (en externe).
Telle sera la matière de ce chapitre : identifier et étudier les modalités
différentes de la concrétisation et de la stabilisation des rapports de
force entre acteurs, telles que manifestées par des structures dotées
d'une dimension ou d'une sanction institutionnelle. Non pour elles-
mêmes mais en tant que manifestations des clivages entre ces acteurs
et étapes sur la voie de l'opérationalisation des services satellitaires.
Institutions et institutionnalisations
En soi, l'hésitation entre "dimension" et "sanction" est révélatrice
d'une première difficulté à laquelle l'observateur se heurte d'entrée de
jeu et qui est d'ailleurs inscrite au centre des travaux des chercheurs
s'intéressant au champ de l'analyse institutionnelle, notamment J.
Ardoino et R. Hess. Les phénomènes du type de ceux qui sont étudiés
ici sont en effet affectés par cette ambivalence essentielle entre deux
composantes que l'on retrouve dans tous les "construits sociaux" et qui Institutionnalisations 209
tient à ce qu'ils se partagent entre, d'une part, le processus par lequel
une tendance institutionnalisante s'élabore et cherche à s'imposer ;
d'autre part, le produit de cette élaboration dont, imposée et intangible,
l'institution se donne comme le résultat et la sanction.
Le stade de la sanction institutionnelle ne traduit cependant pas
vraiment une différence de nature par rapport à celui qui le précède, le
stade de l'institutionnalisation. Avant d'être appliquée, l'intangibilité
est en effet déjà revendiquée comme telle par les acteurs qui veulent
l'imposer et qui, pour cela, font justement comme si elle était déjà
acquise ; inversement, lorsqu'elle est appliquée, l'intangibilité n'est
intangible que dans la mesure où les acteurs concernés le veulent et
elle ne le reste que tant qu'ils le veulent. Entre objectivité et
subjectivité, l'institutionnalisation doit donc être tenue pour le
phénomène d'objectivation accusant simplement des différences de
degré d'un stade à l'autre.
En résulte le fait que ce qui est habituellement appelé "reconnaissance"
institutionnelle (ou reconnaissance par l'institutionnalisation)
constitue une dénomination imprécise. Elle l'est d'autant plus, en
l'occurrence, que les chapitres précédents ont montré combien le
fonctionnement des programmes expérimentaux se caractérise lui-
même par l'imprécision des statuts et des niveaux, les initiatives s'y
situant volontairement et en permanence entre formel et informel,
entre officiel et officieux. Dès lors, les propositions institutionnelles
dont il va être question ici ne sont d'abord et surtout
que parce qu'une ou plusieurs familles d'acteurs s'entendent à les tenir
pour telles. En deçà de tout autre pouvoir, qu'il serait de toutes façons
prématuré de chercher à leur attribuer, ces propositions ont par
conséquent celui d'être, sinon appliquées, du moins proclamées en tant
que projets d'institutionnalisation ; ce pouvoir est évidemment celui
des acteurs qui sont à l'origine de ces projets, ce qui signifie aussi qu'il
est celui qu'à travers ces proclamations et leur formulation, ils
exercent sur ou contre d'autres acteurs, pour un laps de temps plus ou
moins long.
Deuxième difficulté, tenant à cette autre caractéristique des construits
sociaux qui fait que, même imposée par la contrainte, une
reconnaissance doit être acceptée ou au moins tolérée par ceux à qui
elle est imposée. Quelles en sont ici les incidences ? Certes, l'acteur
dominant exerce le leadership, ce qui le dispense de toute forme de ; il l'exerce, dira-t-on. N'est-ce pas suffisant ? Le
problème est cependant qu'en général et davantage encore en ces Contextes 210
circonstances dans lesquelles l'autorité trouve peu de matière où
s'exercer, sa première manifestation (parfois la seule avec cet autre
acte symbolique consistant à baptiser le groupe en lui donnant un
nom) réside précis

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