Cicero pontifex romanus : la tradition rhétorique du Collège romain et les principes inspirateurs du mécénat des Barberini - article ; n°2 ; vol.90, pg 797-835
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Cicero pontifex romanus : la tradition rhétorique du Collège romain et les principes inspirateurs du mécénat des Barberini - article ; n°2 ; vol.90, pg 797-835

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1978 - Volume 90 - Numéro 2 - Pages 797-835
Marc Fumaroli, ~~Cicero pontifex romanus : la tradition réthorique du Collège romain et les Barberini~~, p. 797-837. La « seconde Renaissance romaine » commencée sous le pontificat de Grégoire XV Ludovisi s'épanouira sous le mécénat des Barberini: c'est l'acta aurea. La Réforme catholique et la Renaissance humaniste se fécondent mutuellement dans une politique qui a pour expression le style et pour agents de cette expression les jésuites et les oratoriens. Une tradition rhétorique se fixe au Collège romain, fondé à la fin du XVIe siècle et s'épanouit au travers des harangues du P. Tarquinio Galluzzi et de ses disciples ~~mastri di rettorica~~, du P. Famiano Strada, dont les Prolusiones academicae donnent l'esprit de la «seconde Renaissance romaine». La supériorité de Rome s'affirme dans un enseignement et une langue qui constituent les éléments fondamentaux d'un magistère équilibré.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Marc Fumaroli
Cicero pontifex romanus : la tradition rhétorique du Collège
romain et les principes inspirateurs du mécénat des Barberini
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 90, N°2. 1978. pp. 797-835.
Résumé
Marc Fumaroli, Cicero pontifex romanus : la tradition réthorique du Collège romain et les Barberini, p. 797-837.
La « seconde Renaissance romaine » commencée sous le pontificat de Grégoire XV Ludovisi s'épanouira sous le mécénat des
Barberini: c'est l'acta aurea. La Réforme catholique et la Renaissance humaniste se fécondent mutuellement dans une politique
qui a pour expression le style et pour agents de cette expression les jésuites et les oratoriens.
Une tradition rhétorique se fixe au Collège romain, fondé à la fin du XVIe siècle et s'épanouit au travers des harangues du P.
Tarquinio Galluzzi et de ses disciples mastri di rettorica, du P. Famiano Strada, dont les Prolusiones academicae donnent l'esprit
de la «seconde Renaissance romaine». La supériorité de Rome s'affirme dans un enseignement et une langue qui constituent
les éléments fondamentaux d'un magistère équilibré.
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Fumaroli Marc. Cicero pontifex romanus : la tradition rhétorique du Collège romain et les principes inspirateurs du mécénat des
Barberini. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 90, N°2. 1978. pp. 797-835.
doi : 10.3406/mefr.1978.2466
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1978_num_90_2_2466MARC FUMAROLI
CICERO PONTIFEX ROMANUS :
LA TRADITION RHÉTORIQUE DU COLLÈGE ROMAIN
ET LES PRINCIPES INSPIRATEURS DU MÉCÉNAT DES BARBERINI
«Jam Romanae Urbis, quod Religionis ac sapientiae primitias una
cum Petro et Paulo Apostolis exceperat, Imperium adeo firmatum est,
ut sceptra saecularium Reguni sese demiserunt ad pedes successorum
unius Pescatoris, ferociores autem, ac quondam indomitae gentes, ex
Apostolica sede leges, ritus, libros, Antistites sumnio cum honore sunt
amplexae. Nee vero ullum Christianis Monarchis diadema integre tra-
ditum a caelo fuisse, judicatum est, nisi a Christi Vicario in terris fir-
mitatem quoque ac robur assequeretur».
Antoine Possevin, Bibliotheca Selecta, 1593
Dans le recueil de ses Lettres publiées par J.-L. Guez de Balzac en 16241
plusieurs d'entre elles sont datées de Rome, et furent écrites au cours d'un
séjour dans la Ville Éternelle en 1621-1622. Dans l'une d'entre elles, datée du
15 Décembre 1622, il écrit au jeune baron d'Ambleville, qui s'apprête à faire
le voyage de Rome:
«II est certain que nous sommes ici au païs des belles choses, et que
pour y estre heureux il faut seulement n'estre pas aveugle. Le Soleil a
encore la force de nous meurir des raisins, et de nous faire naistre des
fleurs; Et tout l'hyver tombe sur les montagnes voisines, afin que nous
ne manquions point de neige pour le mois d'Aoust. Mais si vous voulez
que je vienne aux choses plus essentielles, et que je ne vous cele rien,
vous devez sçavoir qu'il n'y a lieu au monde où la vertu soit si proche
du vice, ny où le bien soit plus meslé avec le mal. On void des miracles
d'un costé, et de l'autre des Monstres, et au mesme temps que les uns
1 Sur les Lettres de Balzac (éd. critique H. Bibas et K.-T. Butler, Paris, Droz, 1933),
et sur leur importance décisive dans l'évolution de la prose française vers son état
«classique», voir Z. Youssef, Polémique et littérature chez Guez de Balzac, Paris, Nizet,
1972, et J. Jehasse, Guez de Balzac et le Génie romain, Saint-Etienne, 1977. Voir aussi
Apologie pour Monsieur de Balzac, éd. J. Jehasse, Saint- Etienne, 1977. MARC FUMAROLI 798
se donnent la discipline, les autres se baisent ou font quelque chose
de plus sale. Outre cela il y a une aussi grande paix qu'en ceste partie
de l'air qui est eslevée au dessus des vens et de l'orage; L'oysiveté est
le mestier des honnestes gens et pour en sauver la moitié du monde,
un homme ne se leveroit pas de table à la haste de peur de troubler la
digestion. Que si parfois vous en voyez quelqu'un, qui soit blessé au
visage, ne pensez pas pour cela que ce soient les marques de l'avan
tage de son ennemy, car ce sont seulement les faveurs de sa mais-
tresse : Mais en récompense on vous en monstrera dont la sainteté
esclaire toute l'Église . . . En un mot, il y a de si grands exemples de
vertu, et de si belles occasions de pécher, que je ne m'estonneray
point, si vous y faites l'homme de bien, et je vous pardonneray aussi
volontiers, si vous ne le faictes pas ... Je vous diray le reste sur le
bord du Tybre, et dans ces ruines précieuses où je vais resver une fois
le jour, et marcher sur les pas de ceux qui ont mené les Roys en triom
phe. S'il y avoit moyen d'y trouver un peu de la bonne fortune de Sylla
et de la grandeur de Pompée, au lieu des médailles qu'on y cherche,
j'aurois meilleure raison de vous convier d'y venir ... »2.
Pour ce «contemporain capital» de l'époque Louis XIII, «à qui nous
devons, écrira le P. Bouhours, le bel arrangement de nos mots, et la belle
cadence de nos périodes », la Rome moderne n'est pas, comme pour Du Bel
lay, l'antithèse décevante de la Rome antique : elle demeure dans la géogra
phie spirituelle de l'Europe un lieu central et médiateur, où s'entrelacent,
dans une sorte d'« oisiveté» supérieure et contemplative, la mémoire de
l'Antiquité héroïque et les rêves de fortune de la jeunesse moderne, la sain
teté d'une Église rappelant à elle la foi de l'Antiquité chrétienne, et la corrup
tion de l'humanité abandonnée à ses passions immédiates, la plus haute
idéalité et les plus ordinaires entraînements charnels : le plein été et le plein
hiver y voisinent sans se gêner. Carrefour, elle est alors plus que jamais
l'Urbs par excellence, le bivium Herculis qui somme l'âme de se connaître et
de faire son choix. A tout le moins, initie-t-elle à ces « contrariétés » avec le
squelles Γ «honnête homme» se doit de faire ses comptes, et entre lesquelles
il lui faut trouver la voie d'une juste mesure civilisée. C'est cette «urbanité»,
dont Balzac eut la révélation à Rome, où s'acheva son éducation. Il en analy
sera quelques années plus tard les composantes dans ses Dissertations De la
conversation des Romains et Mécénas, adressées à une grande dame d'origine
romaine, la marquise de Rambouillet. Ce n'est pas par hasard si Balzac a
choisi, pour destinataire de ces pièces d'éloquence écrite, la descendante de
2 Lettres, éd. Bibas et Butler cit., p. 193-194. CICERO PONTIFEX ROMANUS 799
l'illustre gens Savelli3, au lieu de les faire lire devant l'Académie française.
Mieux que l'institution créée par la volonté de Richelieu, c'est la Chambre
bleue de la Marquise qui lui semble le lieu d'initiation à l'art de vivre civilisé
dans une grande capitale, à Yurbanitas romaine que Mme de Rambouillet a
traduite en français et introduite à Paris sous le nom d'« honnêteté». On peut
retourner à Balzac l'hommage éclatant qu'il rendit ainsi à «l'incomparable
Arthénice » : s'il a joué lui-même un rôle décisif pour faire de Paris la capitale
de la littérature européenne, c'est par la médiation que son œuvre a exercée
entre la culture littéraire latine, qui connaît son dernier « grand siècle » dans
la Rome pontificale des annés 1620-1640, et les Lettres françaises, qui après
la longue éclipse postérieure à la chute des Valois, rêvent à nouveau de faire
renaître en France un «siècle d'Auguste et de Mécène».
On ne saurait exagérer la fascination de l'exemple qu'a exercée, sur le
sentiment national français blessé par les guerres civiles, le spectaculaire
redressement opéré par l'État pontifical depuis le Sac de Rome en 15274. Du
fond de l'abîme où elle avait paru un instant sombrer, sous les coups conju
gués de ses propres féodaux, de l'hérésie, et de l'Empire de Charles V, la
monarchie pontificale avait réussi non seulement à accroître l'étendue de ses
États, à dompter sa féodalité, à faire reculer l'hérésie en Italie et en E

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