Concevoir une communauté de jeunes élèves. Leçons théoriques et pratiques - article ; n°1 ; vol.111, pg 11-33

Ann L.Brown, Joseph Josephc.Campione

Description

Revue française de pédagogie - Année 1995 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 11-33
Dans cet article nous décrivons l'évolution d'un environnement d'apprentissage désigné par le terme de Communauté d'apprenants, à partir d'une recherche en laboratoire, en passant par un programme de compréhension de l'écrit, pour aboutir à une nouvelle manière de concevoir la classe. Nous estimons que la planification et l'évaluation du travail de la classe doivent s'élaborer sur la base d'une théorie rénovée de l'apprentissage et que nos efforts doivent se centrer sur l'approfondissement de cette théorie. Le projet d'une communauté d'apprenants discuté ici a pour but d'initier de jeunes élèves à des activités de recherche, à la sélection de leurs sujets d'enquêtes, à la gestion de leur propre apprentissage à long terme et au partage de leur compétence avec les autres membres de la communauté. Les principaux aspects de la Communauté d'apprenants décrits sont 1) les activités fondamentales qui soutiennent les étudiants dans leurs efforts de recherche ; 2) les propriétés fonctionnelles et structurelles d'une communauté « idéale » dans le cadre de la classe ; 3) la nature d'un programme susceptible de favoriser les activités de recherche des enfants ; 4) les types de résultats obtenus ; 5) les moyens d'étendre le programme au delà du cadre de la classe.
Nous concluons par une analyse des points forts et des points faibles d'une communauté d'apprenants et par un débat sur la nécessité d'une théorie de l'apprentissage et du développement qui guide les approches futures. Enfin, nous répertorions les principes d'apprentissage que nous considérons comme essentiels pour l'établissement d'environnements d'apprentissage efficaces.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 70
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Ann L. Brown
Joseph C. Campione
Concevoir une communauté de jeunes élèves. Leçons
théoriques et pratiques
In: Revue française de pédagogie. Volume 111, 1995. pp. 11-33.
Résumé
Dans cet article nous décrivons l'évolution d'un environnement d'apprentissage désigné par le terme de Communauté
d'apprenants, à partir d'une recherche en laboratoire, en passant par un programme de compréhension de l'écrit, pour aboutir à
une nouvelle manière de concevoir la classe. Nous estimons que la planification et l'évaluation du travail de la classe doivent
s'élaborer sur la base d'une théorie rénovée de l'apprentissage et que nos efforts doivent se centrer sur l'approfondissement de
cette théorie. Le projet d'une communauté d'apprenants discuté ici a pour but d'initier de jeunes élèves à des activités de
recherche, à la sélection de leurs sujets d'enquêtes, à la gestion de leur propre apprentissage à long terme et au partage de leur
compétence avec les autres membres de la communauté. Les principaux aspects de la Communauté d'apprenants décrits sont
1) les activités fondamentales qui soutiennent les étudiants dans leurs efforts de recherche ; 2) les propriétés fonctionnelles et
structurelles d'une communauté « idéale » dans le cadre de la classe ; 3) la nature d'un programme susceptible de favoriser les
activités de recherche des enfants ; 4) les types de résultats obtenus ; 5) les moyens d'étendre le programme au delà du cadre
de la classe.
Nous concluons par une analyse des points forts et des points faibles d'une communauté d'apprenants et par un débat sur la
nécessité d'une théorie de l'apprentissage et du développement qui guide les approches futures. Enfin, nous répertorions les
principes d'apprentissage que nous considérons comme essentiels pour l'établissement d'environnements d'apprentissage
efficaces.
Citer ce document / Cite this document :
Brown Ann L., Campione Joseph C. Concevoir une communauté de jeunes élèves. Leçons théoriques et pratiques. In: Revue
française de pédagogie. Volume 111, 1995. pp. 11-33.
doi : 10.3406/rfp.1995.1230
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1995_num_111_1_1230Concevoir une communauté
de jeunes élèves
Leçons théoriques
et pratiques *
Ann L Brown
Joseph C. Campione
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ie. Le projet d'une communauté d'apprenants discuté ici a pour but d'initier de jeunes élèves à des acti
vités de recherche, à la sélection de leurs sujets d'enquêtes, à la gestion de leur propre apprentissage
à long terme et au partage de leur compétence avec les autres membres de la communauté.
Les principaux aspects de la Communauté d'apprenants décrits sont 1) les activités fondamentales qui
soutiennent les étudiants dans leurs efforts de recherche ; 2) les propriétés fonctionnelles et structurelles
d'une communauté « idéale » dans le cadre de la classe ; 3) la nature d'un programme susceptible de
favoriser les activités de recherche des enfants ; 4) les types de résultats obtenus ; 5) les moyens
d'étendre le programme au delà du cadre de la classe.
Nous concluons par une analyse des points forts et des points faibles d'une communauté d'apprenants
et par un débat sur la nécessité d'une théorie de l'apprentissage et du développement qui guide les
approches futures. Enfin, nous répertorions les principes d'apprentissage que nous considérons comme
essentiels pour l'établissement d'environnements efficaces.
Nous parlerons ici du développement d'une confus des salles de classe dans les écoles des
théorie de l'apprentissage pouvant saisir la quartiers urbains défavorisés. Ni la recherche psy-
richesse et la diversité de l'apprentissage telles chologique ni la réforme des programmes n'inter-
qu'elles existent dans le désordre bruyant et viennent hors contexte. Les psychologues sont
* L'étude présentée dans ce document a été subventionnée par la James S. McDonnell Foundation, l'Andrew W. Mellon Foundation et
l'Evelyn Lois Corey Research Fund. Certains paragraphes de ce document sont extraits de Brown (1992, 1994) et Brown & Campione
(sous presse).
Revue Française de Pédagogie, n° 111, avril-mai-jum 1995, 11-33 11 des créatures de leur temps et les méthodes qu'ils sur les théories béhavioristes antérieures de l'a
utilisent pour traiter des problèmes durables pprentissage ont conduit à sous-estimer gravement
comme l'apprentissage doivent être considérées les capacités des jeunes enfants. Il était commu
au vu de l'époque dans laquelle leurs recherches nément admis qu'ils avaient une durée d'attention
interviennent. La théorie de l'apprentissage a subi limitée. Ils étaient jugés incapables de mettre en
d'importants changements au cours de ce siècle œuvre un raisonnement déductif, de procéder à
bien qu'elle soit souvent représentée comme sta certaines formes de classification, ou de parvenir
tique et bien établie. Les méthodes d'étude de à un apprentissage et un transfert intelligents.
l'apprentissage chez les enfants ont, elles aussi, Ceci est faux, mais du fait de ces problèmes pr
subi des changements radicaux. ésumés d'immaturité, on estimait que les enfants
devaient travailler, dans les écoles, à la maîtrise Sous les auspices de la révolution dite cognit de compétences décontextualisées pendant de ive, une multitude de changements sont interve courtes durées dans des conditions de renforcenus dans les théories pédagogiques avec une ment positif et négatif. révolution correspondante concernant la concept
ion, l'observation et la stimulation de l'apprentis Nous savons maintenant que les jeunes enfants
sage. Un changement considérable s'est produit comprennent et peuvent bien davantage qu'on
dans ce que les élèves ont à apprendre, même ne le croyait naguère. À l'âge de cinq ans, ils
dans le cadre des travaux effectués en laboratles principes de base de la causalité
biologique et physique. Ils apprennent rapidement oire, et il y a eu une prise de conscience du fait
que l'apprentissage dans la vie réelle est intrins la numération, la narration et la compréhension
èquement lié aux situations, la salle de classe des intentions personnelles. Ils ont des théories
représentant un ensemble de telles situations. de l'esprit. Et nous en savons à présent beaucoup
sur l'acquisition par des élèves plus âgés d'eCette transformation de la théorie psychologique nsembles disciplinés de connaissances caractérisde l'apprentissage a connu plusieurs aspects tiques des domaines scolaires (mathématiques,
importants. sciences, programmation informatique, études
— Premièrement, les élèves en sont venus à sociales et histoire par exemple). La pensée de
être considérés comme des acteurs dans la niveau supérieur (« higher order ») est à nouveau
construction de la connaissance, plutôt que des un sujet de recherche (Brown, 1994).
récipients passifs d'une connaissance statique
Au cours de la dernière partie du siècle, les psy(Brown, 1975, 1978).
chologues ont aussi commencé à étudier l'apport — Deuxièmement, les élèves ont été investis de d'autres aspects de la science cognitive — anthro
pouvoirs d'introspection, naguère interdits : l'un pologie, sociologie, linguistique — et ils ont envides aspects les plus intéressants de l'apprenti sagé des cadres d'apprentissage en dehors du
ssage humain réside dans le fait que l'élève a une laboratoire, voire des salles de classe. Il est manicertaine connaissance, éprouve des sentiments à feste qu'une théorie psychologique de l'apprentice sujet et en a parfois même le