Considérations nouvelles sur la révolutlon d Ali ben Gadehem - article ; n°1 ; vol.7, pg 171-185
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1970 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 171-185
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abdeljelil Temimi
Considérations nouvelles sur la révolutlon d'Ali ben Gadehem
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°7, 1970. pp. 171-185.
Citer ce document / Cite this document :
Temimi Abdeljelil. Considérations nouvelles sur la révolutlon d'Ali ben Gadehem. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°7, 1970. pp. 171-185.
doi : 10.3406/remmm.1970.1062
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1970_num_7_1_1062CONSIDERATIONS NOUVELLES
SUR LA RÉVOLUTION D'ALI BEN GADEHEM
La prise d'Alger en 1830 et l'échec de la Sublime Porte qui avait
tenté de reprendre l'Algérie aux Français, reflètent la fragilité des liens qui
l'unissaient aux pays maghrébins.
Après l'amère expérience de l'affaire algérienne, la Porte déploya plus
d'activité et d'énergie dans l'affaire de Tripoli et de Tunis ; elle destitua
Youssef Pacha Karamanli et s'attache la Tripolitaine en 1835, usant ainsi
d'une tactique nouvelle sans précédent dans son histoire.
Pour l'annexion de Tunis à l'Empire Ottoman, la Porte échoua à deux
reprises, car la France inaugura une nouvelle période d'expansion coloniale
en intervenant fermement et en maintenant le statu -quo de la Régence de
Tunis.
La France essaya également d'obtenir le privilège de l'influence poli
tique et économique sur le pays et ne cessa de conseiller aux Beys du Bardo
l'indépendance vis à vis de la Porte.
L'Angleterre, de son côté, après avoir assisté à l'occupation d'Alger
et à l'abandon, par les dirigeants français, d'une concertation européenne
sur le sort d'Alger, décida de maintenir le statu -quo de Tunis et de faire
prévaloir les droits de la Porte.
Dans ce contexte historique, la Régence de Tunis, champ important de
la concurrence des influences étrangères, subit de graves conséquences : sa
•Abréviations :
B.A. : Baskelet Arsivi (Archives de la Présidence du Conseil à Istanbul).
H. A. : Hariciye Vekâleti Arsivi (Archives du Ministère des Affaires Etrangères Ottoman
à Istanbul)
A.O.M. : Archives Nationales d'Outre-Mer à Abc -en-Provence (Anciennes Archives du Gouver
nement général d'Algérie).
A. M. G. : Archives du Ministère de la guerre de Vincennes à Paris.
A.E. : des Affaires Etrangères à Paris. A. TEMIMI 172
politique, face à la Porte, était inspirée par la crainte, mais son attitude
était favorable à la France, et les derniers Beys de Tunis considérèrent les
consuls français comme leurs conseillers.
Ceux-ci dictèrent aux Beys du Bardo leurs impératifs politiques. C'est
ainsi que la réforme non étudiée, arbitraire et ruineuse d'Ahmed Bey et de
Mohamed Bey, "le caractère absolu du pouvoir des Beys, les dépenses
inconsidérées du Palais, le vol de la trésorerie de l'Etat tunisien par
Khaznadar, Ben Ayyed et Nesim, le faible rendement du pays et les mo
yens illégaux de perception des impôts, soulevèrent le mécontentement
de la masse face à la politique adoptée par les Beys"1 et favorisèrent dans
le sud du pays la circulation "des bruits de tentative du Sultan pour sou
mettre Tunis à son administration"2.
Le gouvernement de Mohamed Es-Sadok dut faire face, en 1863, à une
crise financière, ce qui l'amena à doubler les impôts.
Cette décision souleva l'indignation de toutes les catégories sociales du
peuple et particulièrement chez les Bédouins qui refusèrent de se soumettre.
Une vague de protestation se répandit dans le pays contre les gouverneurs
et se transforma en un vaste mouvement populaire dans lequel on retrouvait
de partout les mêmes mots d'ordre lancés par la masse, ce qui amena le
gouverneur à penser : 'la révolte a éclaté presque subitement et dans toute
l'étendue du pays arabe de façon à prouver que ce mouvement devait être
préparé de longue main"3.
A vrai dire l'histoire de notre peuple à l'époque moderne, n'a jamais
enregistré un mouvement d'une telle ampleur et un tel éveil populaire contre
les gouverneurs qui le chargeaient de taxes et l'opprimaient. C'est ainsi
que la masse nomma Ali Ben Gadehem Bey du peuple, proclama la suppres
sion des impôts nouveaux, réclama la nomination de gouverneurs indigènes
et non de mameluks, l'abrogation de la loi de Réforme et l'annulation des
nouveaux tribunaux qui ne se prononçaient pas assez rapidement sur les dif
férents, ce qui amenait les plaideurs à délaisser leurs activités commerc
iales ou agricoles4.
Qui était Ali Ben Gadehem et pourquoi tous les efforts des insurgés
se sont-ils cristallisés autour de sa personne à tel point qu'il a paru i
ncarner tous les espoirs de cette révolution ? Pourquoi les Arabes lui ont-
ils donné, de préférence, le titre de Bey du Peuple ?
L'historien Ben Diaf dans son ouvrage monumental, nous fait un por
trait chargé d'Ali Ben Gadehem : "Un homme (sic) de la population de Guled
Msahel, de ceux qui prétendent être hommes de science ; en vérité, il ne
1. BEN DIAF, Ithaf. t. 5, pp. 126-128, Tunis, 1964.
2. A.O.M. , 35 H 1-2-3 ; lettre du gouverneur de Constantino adressée au gouverneur
général de l'Algérie en date du 3 juillet 1863.
3. Idem, cod. loc ; lettre adressée le 29 avril 1864.
4. BA. , do soja Ko. 78 ; Harlcî mesaili siyastyye ; Fraisa. 1-2 Tunus Ve cezaylrin
ls£all (dossier no 75 questions de politique extérieure, France 1-2, l'occupation de l'Algérie
et de la Tunisie) ; 2e rapport de Hayder, adressé au Sultan le 15 zilhidje 1280, 22 mai 1864 . LA REVOLUTION D'AU BEN GADEHEM 173
l'était pas ; inconnu durant sa vie, il n'avait jamais eu l'occasion d'avoir
un quelconque pouvoir politique"5. Cependant Si Mohammed EL Aid8, inter
rogé par les autorités françaises sur Ali Ben Gadehem déclara : "Je con
nais parfaitement le Bey Ali Ben Mohamed Ben c'est un des meil
leurs (sic) habbab (amis) : il a été cadi et destitué. Il est fort instruit, il
ne s'était jamais occupé de politique, je ne sais comment il est arrivé à
s'en mêler"7.
Arrêté par les autorités françaises dans sa fuite vers l'Algérie, Ali
Ben Gadehem fut placé en résidence surveillée chez les Ouled Abd-El-Nour f
aux environs de Constantine. Là, Ali se déclara médecin et marabout véné
ré de la confrérie Tijaniyye, ce qui explique sa rapidité à se faire une ré
putation et la foule de Ouled Abd-El-Nour, de Telegma, de Ouled Bou Aoun
et de nomades venue le visiter. Il en venait en si grande quantité qu'au dire
des habitants, sa demeure paraissait être un marché8.
Ce nouvel aspect dans la personnalité d'Ali Ben Gadehem nous aide à
mieux saisir le mystère de sa réussite à Tunis lorsqu'il était Bey du Peu
ple. Sans aucun doute, Ali Ben Gadehem était un homme instruit et intelli
gent, il fut membre actif de la confrérie Tijaniyye et grâce à ses relations
avec le chef de cette confrérie, il acquit par sa conduite pieuse le respect
des tribus Majers.
Lorsque le gouvernement du Bardo décida de l'augmentation des impôts,
tout le monde refusa de payer, cela dut-il les conduire à leur exterminat
ion. Ce refus unanime à travers toute la Régence, amena les tribus de Ma
jers à demander à l'homme pieux et vénéré qu'était Ali Ben Gadehem9 de
servir d'intermédiaire auprès du Bey pour supplier ce dernier de renoncer
à sa décision10.
Nul ne prévoyait l'aggravation rapide de la situation.
Ali Ben Gadehem commença par regrouper les revendications des Ara
bes (Bédouins) lors d'une réunion : "demander au Bey l'annulation des im
pôts que personne n'avait la possibilité de payer, et s'ils étaient contraints
par la force, tous seraient unanimes à défendre leurs biens et leurs fem
mes ; - ne doit se laisser entraîner au pillage et tous s'élèveront
contre une telle attitude malhonnête. Parole d'honneur est donnée sur ce
point au gouvernement ; nos frères musulmans nous excuseront pour ces
5. BEN DIAF, op. ctt, t. 5, p. 121.
6. RINN (Louis) Marabouts et Khouan, p. 430, Alger, 1884, Si Mohamed El AM est le
chef spirituel de la confrérie Tijaniyye.
7. A.O.M. ; 35 H 1-2-3, lettre du gouver

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