De la communication aux médias : un repositionnement de l appareil éducatif ? - article ; n°1 ; vol.70, pg 112-127
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Description

Langue française - Année 1986 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 112-127
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Rabaté
De la communication aux médias : un repositionnement de
l'appareil éducatif ?
In: Langue française. N°70, 1986. pp. 112-127.
Citer ce document / Cite this document :
Rabaté François. De la communication aux médias : un repositionnement de l'appareil éducatif ?. In: Langue française. N°70,
1986. pp. 112-127.
doi : 10.3406/lfr.1986.6375
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1986_num_70_1_6375François Rabaté
Institut de l'Audiovisuel et des Télécommunications en Europe
IDATE
DE LA COMMUNICATION AUX MÉDIAS
UN REPOSITIONNEMENT
DE L'APPAREIL ÉDUCATIF1?
Avertissement
On sera peut-être étonné de trouver l'article qui suit dans une revue
de Linguistique. C'est qu'au fond, et bien que son auteur ait tout de même
quelque chose à voir avec la linguistique et la sémiologie, la marque de ces
disciplines n'est ici qu'incidente. On a bien plutôt cherché à inscrire les
questions relatives à différents champs dans un contexte global et à croiser
ces dans le cadre général des projets médiatiques actuellement en
développement, qui excèdent l'appareil scolaire mais par lesquels celui-ci
est concerné, comme l'est également d'ailleurs toute la diversité de l'espace
social.
I. De la communication aux médias
C'est indéniable, le mot « communication » fait fortune, son succès
rapide s'assurant de la pluralité des discours qui l'utilisent. Il y a des
« spécialistes de la communication », des « responsables de communicat
ion » et des « hommes de »; et notamment les publicistes
qui, réussissant bien par là à faire de leur pratique un « bon-objet »,
proclament hautement leur nouvelle raison sociale : la « communication
publicitaire ». Il n'y avait donc vraiment aucune raison pour que le terme,
dans son usage le plus large qui profite amplement de sa polysémie,
n'envahisse massivement le domaine de l'éducation, et ceci de plusieurs
manières : l'inflation tout d'abord d'une « communication pédagogique »
dont peut-être la forme la plus poussée serait celle de la « pédagogie
interactive» (Racle, 1983); l'utilisation ensuite dans les classes et dans
les universités, de manière quelque peu simplifiée, de « schémas de la
communication » largement hérités de « modèles de l'ingénieur » 2, il est
1. Certains passages de cet article sont des reprises, réécrites et complétées, de développements
contenus dans deux textes déjà parus (Rabaté, 1984; et Rabaté éd., 1985).
2. Pour une analyse critique, voir par exemple Lauraire-Rabaté, 1985.
112 vrai reformulés dans une perspective qui ne fait abstraction ni du sens
ni de la référence, notamment par Roman Jakobson, (Jakobson, 1963);
également des tendances très fortes dans l'appareil scolaire à ériger en
valeurs sûres les dispositions de certains élèves à « communiquer » où se
marque la volonté de soumettre les conduites anomiques à une « injonc
tion à communiquer » par laquelle au fond, l'enseignant ne ferait rien
d'autre que légitimer sa propre présence, sa propre existence 3; enfin, ce
qui a tout au moins le mérite de repositionner la question sur celle des
outils, l'actuelle interrogation concernant l'usage des « nouveaux médias »
comme systèmes d'information et de communication : au sein de l'ap
pareil scolaire se développent nombre d'initiatives, soit sous forme d'of
fensive générale comme le plan « Informatique Pour Tous », soit plus
conjoncturelles et décentralisées, dans la mouvance des plans Télémat
iques et Câble initialises il y a peu par la Direction Générale des Télé
communications.
Loin peut-être de cette inflation, de cette « idéologie communica-
tionnelle » dont le versant essentialiste serait « l'homo communicans » et
où les faits de communication se verraient récupérés dans la conception
du communiquer comme « activité sociale autonome » (de La Haye, 1984),
il m'apparaît plus pertinent de poser ici le problème de l'ouverture de
l'appareil scolaire et éducatif, en tant qu'espace d'usage, aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC). Il y a une
certaine urgence à recadrer la question de cette manière, me semble-t-il.
En effet, si l'on désire (et la chose n'est pas douteuse, elle est même
stratégiquement indépassable) promouvoir les NTC, il est alors besoin
d'une nouvelle philosophie de l'action des pouvoirs publics, une politique
de l'usage, pour laquelle certains domaines manifestent un caractère
prioritaire : la décentralisation, les collectivités locales, la vie associative,
l'éducation et la formation.
II. Quelle place pour l'appareil scolaire?
Ainsi, conçu comme un espace privilégié d'utilisation, l'ensemble
des lieux scolaires et universitaires se trouve placé face à la question
médiatique. Certes la difficulté est grande : ayant à peine réalisé quelques
investissements en moyens et en hommes vis-à-vis de l'audiovisuel, au
fond sous une forme très traditionnelle (diaporamas, cinéma, vidéo très
rarement encore), l'appareil éducatif se trouve ébranlé par des lames de
fond qui, effets de politiques volontaristes tout au moins au départ, visent
à l'empêcher de passer complètement à côté des grands phénomènes
médiatiques dans lesquels l'ensemble du pays est engagé, nécessairement
pourrait-on dire, que le développement des techniques de communication
représente l'une des seules chances de sortie de crise ou que de toute
façon la concurrence internationale fasse loi.
Tel est sans doute le cadre contextuel à partir duquel la question
3. A ce propos, cf. Baudrillard, 1984, et également Rabate, éd., 1985, pp. 130-131.
113 médiatique ne peut qu'être posée à l'appareil éducatif. Mais elle se pose
souvent en des termes à vrai dire quelque peu falsifiés. Aussi certains
penseront-ils que l'informatique, la télématique et la vidéomatique peuvent
donner un nouveau souffle à l'appareil éducatif. C'est ainsi que la pro
jection dans le futur emprunte trop souvent les figures mythiques du
« salut » ou du « rachat » ; où l'on conçoit avant tout les NTIC comme
susceptibles de transformer en profondeur un système éducatif dont beau
coup prétendent, peut-être abusivement, qu'il serait inadapté et dépassé.
Or la fuite en avant, l'adaptation et l'intégration forcées, ne sont jamais,
bien évidemment, des formes optimales d'appropriation des outils. On a
pu constater, par exemple dans des espaces aussi différents que les entre
prises ou le secteur associatif, à quel point parfois l'initialisation de
projets médiatiques (informatique, télématique, audiovisuel) pouvait rele
ver de stratégies largement inconscientes certes, visant à masquer les
véritables problèmes de fond, ou à les considérer abusivement comme
résolus, bref à les refouler. Il est donc à craindre généralement que le
« tout-informatique » ou le « tout-vidéocommunication » dans lesquels
l'appareil éducatif pourrait être amené à s'engager ne produisent fin
alement que des outils sans usages, des configurations sophistiquées sans
véritable appropriation. A l'évidence, il s'agit de se garder des problé
matiques trop générales pour être pertinentes : les questions et les hypo
thèses doivent être modulées en termes de domaines, de types spécifiques
d'objectif, mais également en termes de typologie des systèmes techniques
disponibles. Et du reste une telle modulation doit s'appliquer différen-
tiellement à des espaces d'extension variable, éventuellement emboîtés
les uns dans les autres mais aux frontières peut-être destinées à devenir
encore plus labiles sous l'effet des NTIC : l'appareil scolaire, l'enseign
ement et la formation, espaces non coextensifs nonobstant les stratégies
de telle ou telle administration de tutelle.
III. Des contenus aux supports
Pour ce qui a trait au premier de ces espaces

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