Deux déesses syro-phéniciennes sur un bronze du Louvre - article ; n°1 ; vol.35, pg 27-44
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Description

Syria - Année 1958 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 27-44
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Thérèse Barrelet
Deux déesses syro-phéniciennes sur un bronze du Louvre
In: Syria. Tome 35 fascicule 1-2, 1958. pp. 27-44.
Citer ce document / Cite this document :
Barrelet Marie-Thérèse. Deux déesses syro-phéniciennes sur un bronze du Louvre. In: Syria. Tome 35 fascicule 1-2, 1958. pp.
27-44.
doi : 10.3406/syria.1958.5330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1958_num_35_1_5330DEUX DÉESSES SYRO-PHÉNICIENNES
SUR UN BRONZE DU LOUVRE
PAR
MARIE-THÉRÈSE BARRELET
PL III
Le Département des Antiquités Orientales possède un bronze dont un
récent nettoyage a fait apparaître plus nettement le très intéressant décor
composé, entre autres, de deux figures féminines dont l'une est ailée.
M. André Parrot, connaissant l'intérêt que nous portons actuellement à
l'iconographie des déesses ptérophores, a bien voulu nous permettre d'étudier
ce monument (1). Nous lui en exprimons ici notre gratitude.
Rapporté de Syrie par le P. S. Ronzevalle, l'objet fut offert au Musée
du Louvre par le Ministère de l'Instruction publique et présenté au Comité
des Conservateurs du 14 octobre 1909 par Edmond Pottier. Le compte
rendu du Comité mentionne cette présentation, sans plus. Cependant,
sur l'inventaire des Antiquités Orientales, une provenance est indiquée :
« Aïnjarr (sic), Coelé-Syrie ». Voilà tout ce que nous savons du passé de ce
bronze, qui se présente, somme toute, comme un ensemble comportant deux
parties de formes bien différentes (pi. I a et b). D'abord, un cylindre dont
la base est perforée et dont la partie supérieure se termine par une tête
humaine; puis, lui faisant suite, une plaque plus longue que large, semi-
circulaire à son extrémité, et ornée sur ses deux faces d'un décor ajouré.
Avant de passer à l'étude des différents motifs qui entrent dans ce
(x) Inventorié AO, 4654. Longueur totale : plaque à la hauteur de la deuxième volute
142 mm. Diamètre du cylindre : 24 mm.; hau- (pied du sphinx) : 60 mm. Epaisseur de la
teur du cylindre : 59 mm. Longueur de la plaque à la hauteur de la tête de la déesse nue :
plaque : 114 mm.; largeur de la plaque à 20 mm.; épaisseur de la plaque dans sa partie
la base du cylindre : 49 mm.; largeur de la inférieure ovalisée : 8 mm. '
SYRIA 28
décor, il faut d'abord poser une question : à quelle fin cette plaque de bronze
a-t-elle été coulée, quelle fut, dans l'antiquité, son utilisation? La des
cription donnée dans l'inventaire des Antiquités Orientales (elle est de la
main d'E. Pottier), contient d'ailleurs un point
d'interrogation. Elle est ainsi rédigée : « Fragment
' de meuble? Sorte de poignée sculptée sur ses deux
faces. » La seule possibilité de fixation de ce bronze
qui semble entier, à l'exception d'une petite cassure
sur l'un des côtés, c'est sa partie cylindrique, dont
la base est creuse. Nous avons l'impression qu'il
ne s'agit pas d'un fragment de meuble, encore
moins d'une « poignée », tant ce bronze est peu
préhensible.
La partie cylindrique du bronze, perforée à la
base, fait penser à la douille d'une hache; la
plaque ajourée représenterait, dans ce cas, une
lame à tranchant convexe dont le décor pourrait
avoir été inspiré par le principe de la hache fenes-
trée, fréquente en Syrie. Si hache il y a, il ne peut
s'agir évidemment que d'une hache d'apparat,
car l'arme ne paraît pas terrible et son tranchant,
guère dangereux. Il faut aussi souligner que, si la
partie cylindrique, la « douille », est creuse, elle FlG. 1.
l'est très peu (fig. I). On ne conçoit guère comment
ce très petit orifice aurait pu servir de logement à un manche, ou
même à quelqu'autre support.
Nous proposons donc de voir, dans le bronze du Louvre, une hache
d'apparat, mais cette interprétation n'est qu'une supposition s'ajoutant à
celles déjà émises par E. Pottier (1). A l'exemple de l'éminent savant, nous
(x) Parmi les beaux ivoires trouvés récem deux objets, mais on peut se demander si
des ivoires comparables à celui de Nimrud ment à Nimrud par M. E. L. Mallowan, se
n'existaient pas déjà au IIe millénaire, et si trouve une plaque dont le principe technique
rappelle notre bronze. Il s'agit d'une plaque le décor du bronze du Louvre, n'a pas
été inspiré par un ivoire semblable? Cette ajourée, ayant un double décor, différent sur
chaque face, (cf. IL N., 30 nov. 1957, pp. 936- technique, en effet, correspond beaucoup plus
au travail de l'ivoire qu'à celui du métal. 937, fig. 6 et 9) Plusieurs siècles séparent les DEUX DÉESSES SYRO-PHÉNICIENNES 29
conservons ici le « point d'interrogation », afin de poser la question aux
archéologues que le problème intéressera.
Puisque nous abandonnons tout simplement cette première difficulté,
examinons maintenant le décor de l'objet.
La douille est terminée par une tête humaine (pi. I, a, b) coiffée d'une
forme cylindrique, ressemblant à un fez; cette coiffure est plus haute que la
douille, et s'en détache. Les deux oreilles sont bien indiquées, et les yeux
actuellement creux étaient probablement incrustés dans l'antiquité (pi. I, c).
Le menton imberbe, projeté en avant, donne à cette physionomie une
réelle majesté. Ce principe de la douille fermée d'un côté par une tête en
relief rappelle la très belle hache d'apparat trouvée à Ugarit, par M. Schaef-
fer et terminée par une tête de lion (1).
Dans l'esprit de l'artisan qui composa le bronze, cette tête était ce
rtainement celle d'un sphinx dont le corps animal (probablement léonin)
était représenté par la partie supérieure de la plaque, vue horizontalement.
Le sphinx était donc dressé sur ses pattes de devant, schématisées par le
bord découpé de la plaque, les extrémités inférieures étaient indiquées
par une volute.
La présence de ce sphinx donne une première indication qui confirme,
par l'iconographie, la provenance syrienne indiquée par le P. Ronzevalle,
et permet une datation puisque les « sphinx » se retrouvent souvent sur la
glyptique syrienne, dite du « 1er Groupe » par H. Frankfort, dans les petites
scènes secondaires placées dans le champ des cylindres (2). Ces êtres fan
tastiques à tête d'homme et corps de lion n'indiquent pas forcément un
emprunt direct à l'iconographie égyptienne car, dès la haute époque,
la Mésopotamie a connu ces figures qui apparaissent ensuite, bien datées
de l'époque de Hammurabi, sur la peinture de la cour 106 du palais de
Mari (3). On peut donc comparer le sphinx de notre bronze, avec le lion ailé,
(x) Au Louvre, AO, 19093 (R. S. 8247); Altsyrien, n° 798.
C.-F.-A. Schaeffer, Syria, XVIII (1937), (2) H. Frankfort, Cylinder Seals, pi. XLII,
p. 132, pi. XIX, 1 ; Stratigraphie Comparée, n.
fig. 44, 2; R. Dussaud, Art phénicien IIe mil- (3) M.-T. Barrelet, Studia Mariana, p. 13
lénaire, p. 70, et fig. 40. H. Th. Bossert, et pi. I. 30 SYRIA
à tête humaine, qui se trouve à droite de la scène centrale de cette pein
ture, au registre supérieur. Il y a parenté encore plus frappante qui saute
aux yeux lorsqu'on regarde une photo du bronze AO, 4654, prise de face
(pi. I, c), et un fragment d'ivoire trouvé à Mishrifé (fig. 2) (1) et repré
sentant également un sphinx. L'analogie est certaine entre les deux motifs :
c'est la même curieuse manière de donner grande importance à la tête
Fig. 2. — Plaque d'ivoire (Mishrifé).
humaine, le poitrail animal étant, de face, réduit jusqu'à n'être plus qu'une
étroite bande plate. Cette façon de traiter en le déformant cet être compos
ite, afin de servir une nécessité ornementale, a pu être suggérée par
d'autres emplois du sphinx dans les arts appliqués. On sait que, dans le
Proche-Orient du IIe millénaire avant Jésus-Christ, à l'instar d'une
mode égyptienne, les sphinx servaient souvent de support aux accoudoirs
des sièges, ou mieux, des trônes royaux, comme le montrent un ivoire de
Megiddo (2) et la scène sculpté

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