Deux mîd âs tunisoises (XVe et XVIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.15, pg 275-290
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Deux mîd'âs tunisoises (XVe et XVIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.15, pg 275-290

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1973 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 275-290
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Revault
Deux mîd'âs tunisoises (XVe et XVIIe siècles)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°15-16, 1973. pp. 275-290.
Citer ce document / Cite this document :
Revault Jacques. Deux mîd'âs tunisoises (XVe et XVIIe siècles). In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée,
N°15-16, 1973. pp. 275-290.
doi : 10.3406/remmm.1973.1248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1973_num_15_1_1248DEUX MID'AS TUNISOISES
par Jacques REVAULT
On sait que la Grande Mosquée de Tunis, œuvre des Emirs Aghlabites du
IXe siècle, demeura l'objet de restaurations et d'embellissements au cours des
siècles suivants (1). Succédant aux Princes Fatimides, Zirides et Khorassanides
(X-XIIe siècle), les Sultans Hafçides s'attachèrent particulièrement à maintenir le
prestige du principal lieu de prières de la capitale de l'Ifriqiya. Plus tard, les
maîtres turcs de la Régence de Tunis ne témoignèrent pas moins d'intérêt à ce
monument religieux en le dotant notamment d'un nouveau minaret et de galeries
importantes.
En même temps s'accroissait, aux abords de la Mosquée, selon la coutume
des cités de l'Orient et du Maghreb, l'installation des corporations les plus nobles
dans leurs souqs et fondouks respectifs — artisans et commerçants — Souq des
el-' attarine), Souq des Libraires (sûq el- kûttabîya), Fabricants de parfums (sûq
Souq des Tissus (sûq el- qemach), Souq des Tailleurs turcs (sûq el- trûk) . . . (2).
Aussi n'est-il pas surprenant qu'un même geste de piété ait été renouvelé en
leur faveur avec la création à la fois proche des souqs, de la Grande Mosquée et
de la première Mosquée turque, de deux lieux d'ablutions voisins (mîd'â).
Fondées, l'une (malékite) au XVe siècle, l'autre (hanéfite) au XVIIe siècle, la
"Mîd'ât es- Soltâne" et la "Mîd'at Souq et-Trouk" répondaient à des besoins
identiques et attirèrent certainement sur leurs auteurs la reconnaissance des pieux
citadins. En effet, la purification nécessaire avant toute prière se trouvait ainsi
facilitée, les cinq prières rituelles rythmant, chaque jour, les activités des souqs
aussi bien que les occupations de toute la population musulmane à l'intérieur de
la cité. Ainsi artisans et commerçants, proches de leurs mosquées et habitués à ne
rentrer chez eux que leur journée de travail terminée, pouvaient-ils aisément
s'acquitter sur place de leurs obligations religieuses.
(1) G. Marçais, l'Architecture Musulmane d'Occident, Paris, 1954 ; Tunis et Kairouan,
Paris, 1937. Manuel d'Art Musulman, II, Paris, 1927, p. 530.
L. Poinssot, Quelques édifices du Moyen Age et des Temps Modernes, A tlas de Tunisie,
Paris, 1936, pp. 48 et ss.
L. Golvin, La Mosquée, Alger, 1960.
A. Lezine, Architecture de l'Ifriqiya, recherches sur les monuments aghlabides, Paris 1966.
Deux villes d'Ifriqiya, Sousse et Tunis, Paris, 1971, p. 141 et ss.
(2) G. Marçais, op. cit., R. Brunschvig, La Berbérie orientale sous les Hafsides, des
origines à la fin du XVe siècle, 2 vol., Paris, 1940. J. REVAULT 276
MID'AT ES-SOLTANE
On la connaît aussi sous le nom de "Mîd'ât el-'Attârine" en raison de son
emplacement au fond d'une impasse surélevée, débouchant sur le Souq des
Parfumeurs (3). Elle partage l'accès de cette étroite ruelle avec une medersa et une
oukala (4) sans doute contemporaines du lieu d'ablutions, tandis que son extrémité
rejoint la rue Sidi ben Arous avec ses zaouïas du XVe siècle (5).
R. Brunschvig et G. Marçais nous rapportent que cette mîd'â fut édifiée en
1450 sous le règne du souverain hafçide Othman (6). Celui-ci l'affecta à un
quartier devenu l'un des plus vénérés de la médina avec la présence des zaouïa et
mosquée de Sidi Ben Arous (6 bis).
Actuellement désaffectée, la Mîd'ât el-'Attârine (ou Mîd'at es- Soltâne) a été
récemment l'objet d'une restauration réalisée par le Service des Monuments
Historiques (7).
(3) Cette ruelle est encore désignée sous l'appellation d'Ibn Abd es-Salem, qui y aurait
habité et aurait été le maître d'Ibn Khaldoun et d'Ibn Arafat, (communication orale de Si
Hassen Abdulwahab).
(4) Medersa et oukala Khaldounia. La medersa — actuellement modernisée — est située en
face de la mîd'a que précède Y oukala. Celle-ci a conservé sa porte primitive i arc bombé ainsi
que sa cour intérieure allongée et pourvue d'un puits à haute margelle de pierre. Une double
rangée de cellules l'entoure, celle de l'étage étant desservie autrefois par une galerie circulaire.
Cet ancien caravansérail qui communiquait, dit-on, avec la mîd'a, est occupé aujourd'hui par des
artisans — cordonniers et savetiers — . Une seconde oukala ouvrait, dit-on, vis-à-vis de la
précédente jusqu'au jour où elle fit place à une medersa connue sous le nom d'un célèbre
grammairien originaire de Seville, Ali Ibn Asfour el-Ichbili (enterré à l'entrée du Souq el
Qemach). Plus tard la Medersa Asfouria devait se confondre avec la nouvelle Medersa
Khaldouniya fondée en 1929-30 (communication orale d 'Othman Kaak).
Autrefois le Derb Abd es-Slam formait driba d'accès à la mîd'a ; une première porte en
séparait alors l'entrée de celles des deux oukalas voisines. On se souvient que celles-ci furent
longtemps occupées par des étrangers à la capitale, l'une par des Ouarglia (venus de Ouargla),
l'autre par des Soma'iya (originaires de Somâ'a, au Cap Bon), ces derniers spécialisés dans la
fabrication d'objets en palmier nain (za'af) : balai (mosbah), éventail (mraha), tapis de prière
(sayada).
(5) Zaouïas de Sidi El-Kelal et de Sidi Ben Arous. L. Poinssot, op. cit.
(6) L. Poinssot, op. cit., p. 50. "La midhâ monumentale" du Soûq el'Attarine est de
1450". R. Brunschvig, op. cit., I, p. 3S3, p. 450 (4). Des esclaves chrétiens auraient peut-être
participé à la construction de la mîd'â. G. Marçais, Manuel d'Art Musulman, II, Paris, 1927, p.
530.
— Auparavant, la Grande Mosquée de Tunis avait été pourvue d'une salle d'ablutions
(mîd'â) par le Hafçide El-Mostancir en 1250. p. 576 et passim. A l'extrémité du Maghreb les
grandes cités marocaines fournirent de beaux exemples de maison d'ablutions avec latrines (dâr
el-odhoû), principalement aux époques almohade et mérinide.
(6 bis) R. Brunschvig, op. cit., II, p. 341 et ss. Originaire du Cap Bon, Ahmed ben Arous
se retira à Tunis où il fut réputé pour ses miracles qui lui valurent la vénération du peuple
tandis que ses excentricités étaient sévèrement jugées par les ulémas. Jusqu'à sa mort, en 1463,
il bénéficia de la protection des Sultans Hafçides Abou Faris et Othman. Sa sépulture et la
Zaouïa des Aroussiya furent établies sur les lieux mêmes de l'ancienne oukala où vécut le saint.
Dès lors on accorda la même "baraka" exceptionnelle au voisinage de sa tombe qu'à celui des
principaux santons de la capitale : Sidi Mahrez, Sidi Abd el-Aziz, Sidi Bel-Hassen.
(7) Restauration effectuée en 1960 par Si Hassen Abdulwahab, Directeur de l'Institut
d'Archéologie et d'Arts (Ministère des Affaires Culturelles et de l'Information). MID'AS TUNISOISES • 277 DEUX
Le soin apporté à l'élévation de cet édifice témoigne assez de l'intérêt que
l'on y accorda. Aussi bien, devant la rareté des vestiges de construction de cet
ordre dans l'architecture ifriqiyenne, la "Mîd'ât es- Soltâne" représente-t-elle un
précieux enseignement sur le style architectural en honneur à Tunis au Moyen
Age. Ainsi permet-elle de mieux évoquer l'aspect des palais fastueux que la
dynastie Almohado-Hafside se plût à édifier à l'intérieur de la qasbah fortifiée
dominant la médina. De cette cité royale aujourd'hui disparue (8), l'unique
survivance de la mosquée d'Abou Zakariya, qui lui était rattachée depuis le
XIIIe siècle, ajoute encore à nos yeux une information de la plus haute
importance (9).
Nous ve

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents