Deux nouvelles maquettes architecturales en Terre cuite du Moyen-Euphrate Syrien - article ; n°3 ; vol.72, pg 357-380

Béatrice Muller

Description

Syria - Année 1995 - Volume 72 - Numéro 3 - Pages 357-380
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Béatrice Muller
Deux nouvelles maquettes architecturales en Terre cuite du
Moyen-Euphrate Syrien
In: Syria. Tome 72 fascicule 3-4, 1995. pp. 357-380.
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Muller Béatrice. Deux nouvelles maquettes architecturales en Terre cuite du Moyen-Euphrate Syrien. In: Syria. Tome 72
fascicule 3-4, 1995. pp. 357-380.
doi : 10.3406/syria.1995.7449
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1995_num_72_3_7449NOUVELLES " MAQUETTES ARCHITECTURALES " DEUX
EN TERRE CUITE DU MOYEN-EUPHRATE SYRIEN
PAR
Béatrice MULLER
C.N.R.S., U.R.A. 1557, C.R.E.S.P.O., Strasbourg
À partir de 1963, le projet d'un barrage sur l'Euphrate, à Tabqa, avait suscité une
prospection des sites menacés de submersion. La Syrie fit ensuite appel à l'aide interna
tionale en vue d'une campagne de sauvetage, patronnée par l'U.N.E.S.C.O. C'est ainsi
que, sur 80 km le long du fleuve, furent repérés trente-quatre sites s'échelonnant chrono
logiquement du Natoufien à la période islamique l. L'âge du Bronze y est particulièr
ement bien représenté, surtout le Bronze moyen et le Bronze récent. À côté du matériel
issu des fouilles régulières apparurent aussi, sur le marché des antiquités, des objets
provenant de trouvailles fortuites.
Autant le dire tout de suite, les deux " maquettes " qui vont être étudiées ici (fig. 1)
présentent un si grand nombre d'analogies avec du matériel similaire retrouvé dans un
contexte plus ou moins assuré du Bronze moyen et du Bronze récent sur les sites qui
bordaient l'Euphrate à l'emplacement de l'actuel lac el-Assad que leur origine ne peut
faire de doute. D'après les informations du collectionneur qui a eu l'amabilité de me
confier leur étude, elles auraient été recueillies par des autochtones et proviendraient
d'un seul gisement, car elles lui sont parvenues sous forme d'un lot unique de frag
ments, que leurs inventeurs n'avaient manifestement jamais cherché à recoller, puisqu'ils
croyaient être en possession de trois exemplaires — au lieu de deux.
L'habile et soigneuse restauration qui en a été faite ne cache pas, à l'observateur
attentif, des lacunes non négligeables, mais qui ne remettent en cause ni l'organisation
des ouvertures et du décor ni le volume et les dimensions d'ensemble.
1. Cf. Bahnassi in Margueron éd., 1980, p. 1. 358 SYRIA [LXXII
Fig. 1. — Les deux " maquettes ", respectivement n°II à gauche et n°I à droite.
En bas : Coupes schématiques en axonométrie. DEUX NOUVELLES "MAQUETTES ARCHITECTURALES" 359 1995]
Le type en est celui, bien attesté à Émar (fig. 8 et 9) et à Rumeilah (fig. 10), de la
"maison à chambre haute et à terrasse avancée"2, c'est-à-dire de l'évocation, en terre
cuite modelée, d'un édifice de plan rectangulaire, dépourvue de fond, dont une moitié
ne comporte qu'un niveau alors que l'autre est surélevée d'une hauteur équivalente à
celle du rez-de-chaussée ; une ouverture, percée le plus souvent au milieu du petit côté
réduit à un seul niveau, peut s'interpréter comme porte ; une autre issue, donnant du
même côté mais en retrait par rapport à la première car placée au second niveau, ouvre
ainsi sur la terrasse et confirme l'emplacement de la façade. D'autres ouvertures, plus
petites, parfois ovales ou triangulaires, ajourent les autres faces de l'objet aux deux
niveaux. Le décor y est, comme ici, géométrique, fait de lignes incisées et de cordons
rapportés, mais peut également être plus élaboré.
Pour la commodité de l'analyse et des comparaisons qui suivront, je nommerai
respectivement ces deux petits monuments, " maquette I " et " maquette II ". Ce sera
également pour faciliter les descriptions que les faces seront numérotées de 1 à 4 dans le
sens des aiguilles d'une montre en commençant par la façade.
" MAQUETTE I " (fig. 2 à 4)
L'on conviendra que la plus grande des deux sera la " maquette I " (L. 43 cm;
1. 26 cm; h. 46 cm)3. Ses terrasses sont en grande partie restaurées (fig. 1) : au niveau 2
il n'en reste en effet que la moitié de la largeur dans la partie centrale, et partiellement
le bord de la face 4; au niveau 1, il n'en subsiste que le bord de la face 3 et l'angle avec
p. 719), il faut noter quelques exemplaires repérés sur le 2. L'expression est de J. Margueron à propos des
marché des antiquités (cf. Sotheby's Catalogue of maquettes de ce type trouvées à Émar, cf. MARGUERON
1976, p. 221, 223; cf. également MARGUERON 1982 a. Antiquities, Monday 8 th December 1980, n°191) ou
acquis par des musées (musée du Louvre A.O. 27617, Les maquettes de tell Ali al-Haji, près de Rumeilah ne
sont connues que par un article succinct (MASUDA cf. MARGUERON 1985; Rijksmuseum de Leyde, cf.
1983); j'ai pu étudier celle qui est conservée au musée AKKERMANS 1991) dont le plus célèbre et le plus
anciennement connu est celui dit de Sélémiyé, conservé de Raqqa, lequel m'a été largement ouvert par son
directeur, M. Mohammed Maqtash, auquel je sais sous le n° 1 665 à Alep (cf. essentiellement du MESNIL
infiniment gré. À côté de fragments inédits provenant de du Buisson 1938, p. 93 et Khayata 1974/75).
tell Kannâs (le professeur A. Finet m'a très aimablement 3. Épaisseur de la paroi 2 cm ; L. de la partie
communiqué ses documents), de Hadidi et de Habuba antérieure : 19,5 à 21cm; L. de la partie arrière :
Kabira Sud (je dois à l'amabilité de M. Hamido 22 cm ; dimensions de la porte inférieure : 1 1 cm x
6,2cm; de la porte supérieure : 10,7cm x Hammadé, conservateur au Musée d'Alep, d'avoir pu
examiner ces exemplaires; je remercie M. G. Van Driel, 7 cm; dimensions moyennes des fenêtres : 10 x 2 cm;
1. de l'encadrement de la porte supérieure : 2 cm ; 1. de professeur à l'université de Leyde, d'avoir complété mes
la bande horizontale réticulée entre les deux niveaux : informations, et M.R.H. Dornemann, directeur de
l'American School of Oriental Research, de m'autoriser à de 4,2 à 5,9cm; 1. des groupes de cordons : 3 à 4cm;
en faire état) ou très sommairement publiés (Sweyhat, 1. et ép. de chaque cordon : 1 cm env.
cf. Holland / Zettler in Weiss éd. 1991, fig. 24 360 SYRIA [LXXII
la face 44. Peut-être peut-on expliquer ces lacunes par le fait que ces parties, dépourvues
d'ouvertures et à décor sommaire, n'ont tout simplement pas été identifiées comme
appartenant à la " maquette " au moment où les fragments ont été recueillis. Tout
comme les zones de jonction (entre les niveaux 1 et 2, partie arrière), les abords des
fenêtres sont des zones fragiles, d'où les manques, particulièrement à la face 4 (fig. 2,4).
Pâte et engobe sont blanchâtres, mais la texture n'a pas pu en être observée, puis
que l'étude a été menée après la restauration. De ce fait aussi la présence d'empreintes
de baguettes transversales ayant servi d'armature de soutien au moment de la fabrica
tion de la cloison horizontale interne doit-elle être considérée avec quelque circonspect
ion, car je n'ai pas pu établir dans quelle mesure celle-ci a été restaurée; une cloison
verticale interne contribue encore davantage à la cohésion de l'ensemble (fig. I) 5. Traces
de raclage et de lissage sont courantes sur ces objets en terre cuite, et l'on peut faire
remarquer que la face 3 (face arrière, fig. 2,3) est moins bien lissée que les autres. La
mollesse des cordons incite à penser qu'ils ont été exécutés à la barbotine, puis striés
d'impressions transversales. Par ailleurs le décor linéaire est incisé.
Ouvertures et décor rythment chacune des faces, tout en les différenciant (les faces
2 et 4 sont pour leur part symétriques) et en respectant le volume et la structure interne
de l'objet. Par la présence d'une porte à chaque niveau, c'est à la face 1 que les
caractères architecturaux sont le plus manifestes ; simple percée rectangulaire au rez-de-
chaussée, la porte est dotée, à l'étage, non seulement d'un encadrement fait d'un motif
réticulé de lignes incisées sur trois de ses côtés, mais surtout d'un dispositif appliqué, en
partie arraché, o