Diana Nemorensis, déesse latine, déesse hellénisée - article ; n°2 ; vol.81, pg 425-471
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1969 - Volume 81 - Numéro 2 - Pages 425-471
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Françoise-Hélène Massa-
Pairault
Diana Nemorensis, déesse latine, déesse hellénisée
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 81, 1969. pp. 425-471.
Citer ce document / Cite this document :
Massa-Pairault Françoise-Hélène. Diana Nemorensis, déesse latine, déesse hellénisée. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire
T. 81, 1969. pp. 425-471.
doi : 10.3406/mefr.1969.7581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1969_num_81_2_7581DIANA NEMORENSIS
DÉESSE LATINE, DÉESSE HELLÉNISÉE
PAR
Françoise-Hélène Pairault
Membre de l'Ecole
Des articles récents 1 ont apporté de nouvelles lumières sur l'his
toire politique et religieuse du sanctuaire de Némi à la fin de la période
archaïque. Ils contribuent à éclairer le visage énigmatique de la déesse
Diane. Cependant, des problèmes insolubles demeurent: nous ne savons
presque rien du Bex Nemorensis, du « démon » Virbius ou de la « nymphe »
Egèrie, habitants à demi légendaires du bois sacré. Diane elle-même
offre plus d'un aspect déconcertant. Divinité complexe, latine ou hellé
nisée, Diana Nemorensis semble défier l'historien des religions. Cet ar
ticle ne prétend pas ajouter des éléments nouveaux à un dossier déjà
maintes fois instruit 2. Il s'efforce de présenter l'état actuel de la recher
che, d'en souligner les difficultés, et de critiquer les théories en cours.
1 A. Alföldi, Diana Nemorensis, dans AJA, 64, I960, p. 137-144; Id.,
Early Borne and the Latins, Ann Arbor, 1964, p. 47-100; E. Paribeni, A note
on Diana Nemorensis, dans AJA, 65, 1961, p. 55; P. J. Riis, The cuit image of
Diana dans Acta Archaeologica (Copenhague), 37, 1966, p. 69 sq.
Lors du VIIIe « Convegno di Studi sulla Magna Grecia », dont le thème portait
sur les rapports entre Rome et la Grande Grèce à l'époque archaïque, M. J.
Heurgon a examiné, dans sa conférence inaugurale, les monuments les plus
suggestifs provenant du sanctuaire de Némi. Cf. le texte de la conférence dans
Magna Graecia, janv.-fév. 1969, p. 12 sq. mars-av. 1969, p. 1 sq.
2 Les principales théories sur Diana Nemorensis ou la Diane latine sont
exprimées par: J. G. Frazer, Balder the beautiful, II, Londres, 1913, p. 95 sq.,
302 sq.; L. Morpurgo, Ν emus Aricinum, dans MonAntLincei, 13, 1903, e. 300
sq.; Α. Merlin, L' Αν entin dans l'antiquité, Paris, BÉFAR, 97, 1906, passim;
G. Wissowa, BuK2, Munich, 1912, p. 198 sq.; F. Altheim, Griech. Götter im alten
Bom, Giessen, 1930, p. 93-172; Α. Ε. Gordon, On the origin of Diana, dans
Mélanges d'Arch. et d'Hist. 1969, 2. 28 426 FRANÇOISE-HÉLÈNE PAIEAULT
* * Φ
Le sanctuaire de Némi n'occupe pas, dans la tradition romaine,
la place eminente qui revient aux sanctuaires du Mont Albain et de La-
vinium 1. Il se trouve, pour ainsi dire, « oublié ». Nul magistrat romain
ne s'y rend pour un sacrifice solennel 2. Il n'est pas compris dans l'hom
mage que E orne adresse à ses ancêtres latins, aux Lares albains ou aux
Pénates de Lavinium. On chercherait en vain dans les premiers livres
de l'histoire de Tite-Live la moindre allusion à Diana Nemorensis. Certes,
la ville d'Aricie, dont dépendait le temple de Diane aux époques répu
blicaine et impériale3, est citée, et cette mention figure dans le récit d'un
épisode marquant de l'histoire du Latium: la défaite d'Arruns, fils de
Porsenna sous les murs de la cité latine 4. Cependant le texte de Tite-
Live ne permet pas un instant de soupçonner l'existence du sanctuaire
ou son importance politique et religieuse dans le conflit 5.
Les raisons de ce silence, ou de cet oubli, semblent faciles à trouver:
un autre sanctuaire de Diane, celui de l'Aventin, qui est paré de tous les
prestiges, y compris celui de l'ancienneté, paraît avoir relégué dans l'om
bre le sanctuaire de Némi. Il aurait été fondé par Servius Tullius sur le
TAPhA, 63, 1932, p. 177 sq.; Id., Local cults in Arida, Univ. of Calif. Pubi.,
Class. Archaeol. 2, 1934, 1 sq.; J. Heurgon, Recherches sur. . . Capone préro-
maine, BÉFAit, 154, Paris, 1942, p. 307 sq.; J. Gagé, Apollon romain, BÉFAK,
182, Paris, 1955, passim; J. Bayet, Histoire politique et psychologique de la re
ligion romaine, Paris, 1957, p. 20 sq., 39 sq.; A. Alföldi, op. cit.; K. Latte, Rö
mische Religionsgeschichte, Munich, 1960, p. 169-173; R. Schilling, Une victime
des vicissitudes politiques, la Diane latine, dans Hommages à J. Bayet, Coll.
Latomus, 45, Bruxelles, 1960, p. 650 sq.; A. Momigliano, Sul dies natalis del
santuario federale di Diana sulV Aventino, dans RAL, 17, 1962, p. 387 sq.;
Gr. Dumézil, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, p. 398 sq.
1 Sur ces deux sanctuaires, cf. A. Alföldi, Early Rome and the Latins,
p. 10 sq., 236 sq.
2 Les consuls romains présidaient chaque année les sacrifices accomplis
sur le Mont Albain et à Lavinium. Tite-Live, V, 52, 8: Maiores . . . sacra quaedam
in monte Albano Laviniique nobis facienda tradiderunt (discours de Camille).
Lucain, Phars., VII, 391 sq.: . . . Tune omne Latinum j fabula nomen erit; Ga-
bios Veiosque Coramque / pulvere vix tectae poterunt monstrare ruinae / Albanos-
que Lares Laurentinosque Penates, / rus vacuum, quod non habitet nisi node
coacta I invitus questusque Numam iussisse senator.
3 Cf. notice du CIL, XIV, s.v. Arida.
4 Tite-Live, II, 14, 5-9; Denys d'Halicarnasse, V, 36, 1-4.
5 A. Alföldi, Early Rome and the Latins, p. 47-48 et, antérieurement,
J. Heurgon, Recherches sur... Capone préromaine, p. 327-328. DIANA NEMORENSIS 427
modèle de V Artemision d'Ephèse et l'institution d'un culte fédéral auquel
participait l'ensemble du nomen Latinum affirmait la puissance de Rome
et sa domination sur le Latium. Telle est la version traditionnelle que
Tite-Live, en soulignant la précocité de l'hégémonie de Rome sur ses
voisins, et Denys d'Halicarnasse, en insistant sur les emprunts faits aux
institutions grecques, reprennent à leur compte 1.
Les historiens modernes restent divisés sur l'interprétation et la portée
qu'il convient de donner à ces textes2. Permettent-ils de conclure que le
sanctuaire de ISTémi est une filiale de celui de l'Aventin? La question paraît
capitale. Si l'on admet la tradition, et l'existence d'une Diane romaine,
il n'y a aucune raison de considérer iiémi comme un lieu privilégié où se
révéleraient les caractères primitifs d'une divinité foncièrement latine.
Les arguments de ceux qui soutiennent l'antériorité du culte de
Némi ne manquent pas de force 3. Diane n'est pas une divinité de Rome.
Absente, comme le souligna Mommsen 4, « du plus ancien calendrier
romain », elle est accueillie à Rome comme une étrangère, et placée, lors
du lectisterne de 399, à côté d'Héraclès, d'origine étrangère comme
elle 5. Le natalis du temple de l'Aventin correspond à une fête de Diane
dans tout le Latium; à cette occasion, les femme»s se rendaient en pro
cession à ISTémi, symbolique « retour aux origines » 6. Enfin, le culte
d'Egèrie à Rome ne s'explique que par la venue de cette divinité secon
daire, introduite dans la Ville en même temps que Diane.
1 Tite-Live, Γ, 45, 2-3; Denys d' Halicarnasse, ÌV, 26, 3-5; Vir. ill., 7,
9-13; Dion Cassius, Γ, p. 24 Bois*.; Zonaras VTI, 9, 11.
2 Voir la bibliographie chez A. Alfòldi, ttarly Rome and l.he Latins, p. 87,
ri. 2, 3, 4. Voir en outre F. AJtheirn, Der Ursprung der Etrusker, Baden-Baden,
1950, p. 65 sq.; M. di Vietri, [Irta dodeeapoli etrusca, dans titudi classici e orient
ali, 2, 1953, p. 70-82; (χ. Colonna, HulV origine del culto di Diana Ave/nlinensis,
dans PP, 1.7, 1962, p. 57-60; A. Brelich, Riflessioni su « La religion romaine
archaïque » di G. Dumézil, dans H'MKR, 34, 1.968, fase. 1, p. 152 sq.
3 Cf. en particulier: E. Pais, Storia di Roma, I, 1, Turin, 1898, p. 332;
A. Merlin, op. laud., p. 208 sq.; G-. Wissowa, RuK2, Munich, 1912, p. 39, 247 sq.;
Κ. Latte, Römische Religionsgeschichte, Munich, I960, p. 169 sq.; A. Alfoldi,
SMSE, 32, 1961, p. 21 sq.
4 Th. Mommsen, OIL, I2, p. 298 sq.
5 Tite-Live, V, 13, 6; Denys d'Halicarnasse, XII, 9 sq.; saint Augustin,
Giv. Dei III, 17; sur le lien entre Diane et Héraclès, proches par leurs fêtes
dans le calendrier et certaines de leurs attributions, cf. J. Bayet, Les origines
de VHercule romain, BÉFAE, 132, Paris

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