Différences et ajustements - article ; n°1 ; vol.53, pg 7-21
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Description

Langue française - Année 1982 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 7-21
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Blanche-Noëlle Grunig
Différences et ajustements
In: Langue française. N°53, 1982. pp. 7-21.
Citer ce document / Cite this document :
Grunig Blanche-Noëlle. Différences et ajustements. In: Langue française. N°53, 1982. pp. 7-21.
doi : 10.3406/lfr.1982.5112
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1982_num_53_1_5112Blanche-Noëlle Grunig, Université de Paris VITI
DIFFÉRENCES ET AJUSTEMENTS
L'existence de textes de vulgarisation attire tout particulièrement
l'attention sur des différences au sein de ce qu'il est convenu d'appeler une
communauté linguistique : Certains « savent » alors que d'autres « ne savent
pas », certains peuvent tenir des discours que d'autres ne peuvent que rece
voir médiatisés par une activité transformante. C'est ce problème de la
différence (ou variété, ou non homogénéité) qui nous occupera ici. Disons
toutefois immédiatement qu'un regard porté sur certains discours de vulga
risation (à distinguer d'autres sous-types de discours de vulgarisation) nous
a donné à penser que la problématisation de la différence devait être menée
avec d'infinies précautions. La différence n'est peut-être pas toujours là où
spontanément on l'attendrait, en se fiant notamment aux apparences d'un
schéma pragmatico-énoneiatif.
Peu de linguistique pour la différence
Le problème de la différence affleure évidemment déjà lorsque l'on consi
dère des objets langagiers d'une complexité moindre que les discours évoqués
ci-dessus et la linguistique actuelle est bien mal armée pour y répondre.
Il est bien clair en effet qu'elle ne peut guère traiter que de différences
préservant Uisomorphie : a est vu différent de 6 dans la « case », la place,
que le système leur ménage, « à forme structurale constante ». C'est le prin
cipe même des variantes et ceci vaut aussi bien pour la morphologie que pour
la phonologie. On peut évidemment encore considérer qu'il y a isomorphie
lorsqu'à 2 (ou plus) « cases » ne correspond ailleurs qu'une seule autre, qui
réunit l'espace des 2 premières.
La syntaxe — syntaxe distributionnelle classique, américaine ou d'ori
gine américaine, syntaxe profonde generative, syntaxe même de dépendance
— n'offre pas non plus autre chose comme perspective, à quelques transfor
mations près, que des différences à cadre structural constant. On aurait
pour Dupont 10 éléments dans une classe A, là où Durand n'en a que 5. Ou
encore, au niveau des constructions ; Là où Léon aA = B + C + D, Antoine a
lui A = В + С + F et Paul A = В + C. Les symboles F et D sont alors vus
comme « facultatifs » dans le système global qui peut rassembler le tout en
une seule règle :
A-+B + С + ({£}) évidemment par le biais d'expansions facultatives que la grammaire C'est
de dépendance (à laquelle se rattache de fait le fonction al i sine français)
chercherait- elle à noter et appréhender les différences syntaxiques. On
remarquera que le « facultatif» coïncide bien avec une certaine idée de la
différence comme réduction par rapport à une syntaxe complète.
Les «profondes », pour les théories syntaxiques qui les distinguent des
« surfaces ». sont évidemment le lieu où Ton tend à voir l'unité et l'universel
plutôt que la différence et il en est par exemple de même pour le génotype de
Saumjan opposé à des phénotypes. Notons en passant que lorsque — pour le
génotype — Saumjan propose de définir une catégorie x comme alb, c'est-à-
dire la catégorie qui associée à la catégorie a donne la catégorie b,
il est puissamment structuraliste et propose là un jeu d'échec aussi difficile
que les autres à ébranler pour rendre compte de différences.
Considérons encore, globalement pour aller vite, les tentatives théoriques
où il est question d'Opérations ou d'Opérateurs (ou de Connexions, comme
nous l'avons par exemple nous-même tenté). Il y a là bien entendu en prin
cipe une façon non quelconque pour ces objets d'opérer les uns sur les
autres (ou plutôt sur les résultats les uns des autres). Pour le problème
qui nous intéresse ici, on peut dire que s'il y a un ordre unique d'opérations
on se trouve pratiquement ramené au problème précédent (isomorphie et
réduction). On peut toutefois au contraire chercher à mettre en place des
hiérarchies variables d'opérations. Pour Dupont l'opération T d'évalua
tion de fréquence s'appliquerait avant l'opération R de prise de position
(cf. Malheureusement, souvent Pierre ne vient pas) alors que pour Durand
l'ordre des opérations serait inversé (Souvent, Pierre ne vient malheureuse
ment pas). Nous n'évoquons pas au hasard ces « modalités » car nous avons
cru y observer des fluctuations — des différences — redoutables à appré
hender formellement. La variabilité des hiérarchies n'y suffirait même pas.
Il faudrait prévoir des « vrac », des suspensions ďopposition, etc. Qu'on en
juge sur les trois énoncés suivants, que nous avons entendus : // a sans
doute peut-être été là. Sûrement qu'il a sans doute oublié. C'est une équipe
qui va certainement gagner.
Nous souhaiterions maintenant dire deux mots, avant d'y revenir de
façon non plus critique mais constructive dans le troisième paragraphe de cet
article, sur ce qui nous apparaît insuffisant dans la façon dont est le plus
souvent abordée la différence dans le champ lexical. En la caricaturant peut-
être un peu on peut présenter la perspective structuraliste comme un repré
sentant exemplaire d'une conception, à nos yeux criticable, donnant un rôle
prépondérant à un « noyau commun », une « intersection ». Plus précisé
ment : Tout se passe comme si l'on considérait tout d'abord l'ensemble des
signifiants disponibles quand on réunit toute la communauté linguistique
considérée. Soit S l'ensemble de ces signifiants. Ensuite on détermine, pour
chaque signifiant de S, l'ensemble de traits distinctifs du plan sémantique
qu'il conviendrait de lui associer, selon une méthode imitée de la méthode
phonologique, pour que cet ensemble soit le plus petit ensemble de traits
qui assure la non confusion. C'est ainsi — faut-il le rappeler — que le signi
fiant vache est associé à l'ensemble des 2 traits {+ bovin, — mâle}. Venons-
en maintenant à la prise en compte de la différence : Tout se passe comme si à
chaque individu (ou sous-groupe de la communauté que l'on cherche à
cerner) l'on attribuait un sous-ensemble £ de S, qui est l'ensemble des signi
fiants de S dont l'individu en question dispose, ceci en laissant associé à
chaque signifiant (p. ex. ici à vache) l'ensemble de traits qui lui avait été
8 préalablement associé. L'unité de la communauté linguistique est alors repré
sentée doublement : D'une part par l'ensemble, disons Int, des signifiants
communs à tous ces sous-ensembles £, £', etc. individuels, autrement dit par
l'intersection Int des inventaires de signifiants. D'autre part par la conser
vation au sein des particuliers de la caractérisation sémant
ique calculée sur l'inventaire réunion, S. La diversité de la communauté
linguistique n'est alors vue qu'au plan des signifiants, en faisant la diff
érence entre l'ensemble intersection, Int, et chacun des £. L'une des caracté
ristiques de cette conception est donc la stabilité sémantique des termes.
Le « calcul sémantique » est fait une fois pour toutes sur la totalité du voca
bulaire. Remarquons que cette stabilité est en fait en contradiction avec les
principes mêmes du structuralisme qui disent bien que la distinctivité peut
varier avec l'inventaire (d'où un phonème tirerait-il sa surdité s'il n'avait
en face de lui une sonore?). Ici la possibilité de pareille variation disparaît.
La pertinence sémantique se définit ailleurs qu'à l'endroit où est reconnue
la différence.
Une autre expression de la doctrine de la stabilité et de l'interse

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