Domaines et limites de l architecture d empire dans une capitale provinciale - article ; n°1 ; vol.62, pg 169-194
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Description

Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1991 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 169-194
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean-Claude David
Domaines et limites de l'architecture d'empire dans une capitale
provinciale
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°62, 1991. pp. 169-194.
Citer ce document / Cite this document :
David Jean-Claude. Domaines et limites de l'architecture d'empire dans une capitale provinciale. In: Revue du monde
musulman et de la Méditerranée, N°62, 1991. pp. 169-194.
doi : 10.3406/remmm.1991.1531
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1991_num_62_1_1531Jean-Claude DAVID
DOMAINES ET LIMITES
DE L'ARCHITECTURE D'EMPIRE
Dans une capitale provinciale
Une photo classique d'Alep montre l'enfilade des minarets graciles, caractéristiques du
paysage ottoman, qui soulignent l'axe des souks : aucune autre ville arabe n'est aussi marquée
par cette architecture tellement reconnaissable, venue d'Istanboul. On a expliqué cette forte
présence par l'administration directe d'une ville proche du pouvoir et très importante
stratégiquement, à la porte des provinces asiatiques et africaines. Ùlkii Ù. Bates illustre cette
idée par une comparaison des interventions architecturales successives du même gouverneur
ottoman d'abord au Caire, légère et d'inspiration locale, puis très ottomane à Alep.
"In 1535 Husrew Pasha, then governor of Egypt, had built a Sabil-kuttab in Cairo that was
modeled after the Mamluk type. But later, as governor of Aleppo province, he commissioned
Sinan or one of his immediate underlings to build his mosque, madrasa, and other dependencies,
and they are unmistakably Ottoman. The variance in style between two foundations by the same
patron can be attributed in large degree to the different administrative policies in effect in the
provinces in wich they were built." (Ulkii Û. Bates, 1985 : 122)
Mais l'exemple choisi est-il vraiment convaincant ? En effet il s'agit là de deux types de
bâtiments très différents : le sabïl-kuttàb, malgré ses fonctions de service et d'enseignement, et
donc son caractère de bienfaisance, proche de la religion, reste un équipement local et laïc. Il
faudra attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu'apparaisse un type nouveau de sabïl rompant
d'une façon décisive avec le modèle mamelouk (A. Raymond, in R. Mantran, 1989 : 693-694).
A Alep aussi les fontaines (qastat) demeurent longtemps marquées par les traditions locales de
l'architecture. La mosquée, au contraire, à cause du lien étroit de la religion et du pouvoir est un
monument chargé d'une toute autre signification symbolique et pratique : il est normal que la
présence du politique s'y exprime. On pourrait par contre se demander pourquoi la première
RE.M.M.M. 62, 1991/4 170 / Jean-Claude David
grande mosquée typiquement ottomane qui reste pourtant fortement marquée de caractères
locaux, n'a été construite au Caire, ou plutôt dans son port de Boulaq, qu'en 1571, alors que dès
1545-6 à Alep et 1555-9 à Damas on réalisait des mosquées incontestablement ottomanes,
œuvres d'architectes venus sans-doute d'Istanboul.
Comme Hosrow Pacha, d'autres gouverneurs ottomans exercent leurs fonctions à Alep ou à Damas
avant d'être nommés au Caire. Muhammad Pacha, par exemple, marque son passage à Alep par la
construction d'une grande mosquée très ottomane accompagnée d'un waqf considérable mais ne
réalise rien de comparable au Caire, même dans un style local. Ne peut-on pas aussi expliquer ces
différences de traitement de l'architecture et de l'urbanisme par des raisons politiques encore, mais
d'ordre économique plutôt que liées à des formes de domination et à un traitement administratif
particulier ? On doit constater en effet que le Caire ne semble pas avoir bénéficié au cours des
premières décennies ottomanes des grandes fondations commerciales de gouverneurs qui caractérisent
Alep et accompagnent les bâtiments religieux. Le très important khan al-Hamzawi a été fondé par un
officier de la suite du sultan Sélim Ier et non par un gouverneur. Le Caire, passant du statut de capitale
impériale à celui de chef-lieu d'une province lointaine ne semble pas avoir eu besoin immédiatement
des équipements importants qui seront créés en plus grand nombre aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme
l'ensemble fondé par l'émir Ridwan Bey vers 1650. Son architecture, dans tous les cas, se
"provincialise" (M. Meinecke, 1976), du fait de la dégradation de son statut et même les quelques
réalisations dans la tradition mamelouke, dont certaines ont été fondées par des gouverneurs, sont
caractérisées par une simplification et un appauvrissement de l'architecture et du décor.
Pour comprendre l'impact particulier de l'architecture ottomane, il peut être plus profitable
d'analyser les différences de traitement architectural aussi profondes qu'entre Le Caire et Alep
qui existent à l'intérieur même des grandes réalisations ottomanes d'Alep, entre bâtiments
religieux et civils d'un ensemble waqf. Il faut d'autre part étudier les processus
d'implantation de l'architecture ottomane dans cette ville, ses rapports avec l'architecture locale
antérieure et finalement repérer sa descendance, ce qui en sera adopté et intégré :
• l'évolution profonde de l'architecture alépine à l'époque ottomane a commencé plusieurs
décennies auparavant, sous les mamelouks ;
• la période d'influence directe et de transmission de modèles "purs" a été très courte, de
1545-6, construction de la mosquée Hosrowiyya, à 1556-7, construction de la mosquée 'Adiliyya.
La mosquée Bahramiyya (1583) et toutes les autres mosquées ottomanes construites ultérieurement
à Alep, présentent des caractères qui en font, sauf exception, des œuvres plus alépines ;
• l'adoption d'éléments architecturaux ottomans s'est poursuivie pendant bien plus longtemps
que cette courte période d'une douzaine d'années, d'abord par l'intermédiaire des modèles
présents sur place puis par l'importation d'éléments de décor, de formes d'espace, de concepts :
Alep est marquée par exemple à la fin du XVIIIe siècle par l'esprit rococo ottoman mais
uniquement dans des détails, alors que les volumes restent par ailleurs proprement alépins1.
Parmi les domaines architecturaux, il faut bien en distinguer trois :
• l'architecture religieuse et notamment les grandes fondations impériales ;
• les constructions utilitaires qui les accompagnent ;
•domestique, qui semble fonctionner tout à fait à part.
Planche 1
Architecture alépine d'époque ottomane :
habitat, khans. -
et limites de l'architecture d'empire / 171 Domaines
1. Façade intérieure 2. Intérieur d'une qa'a
de la première moitié du XVIIe siècle du khan al-Wazir (1678-1682).
(le dallage et le bassin ont été refait).
3. Façade de la qâ'a du palais
Radjah Pacha 4. Décor central d'un plafond en bois peint
(sans doute construit au XVIIe siècle). (première moitié du VIIIe siècle).
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Planche n° 2
Habitat
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1. Façade du XVI' siècle.
2. Façade iwan et coupe qffa, début du XVII' siècle. Domaines et limites de l'architecture d'empire / 173
3. Façade iwan du XVIIIe siècle (linteaux des fenêtres, monolithiques).
4. Façade avec loggia (dïwânhâna), fin du XVIIF siècle (linteaux en arcs surbaissés appareillés).
Illustration non autorisée à la diffusion Jean-Claude David 174/
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion
1. Mosquée - madrasa Hpsrowiyya (1536-37)
(Photo : M. Poche ; début du XX' siècle)
2. Mosquée cAdliyya (1556-7).
(Photo : M. Poche ; début du XXe siècle)
Planche 3 :
Mosquées ottomanes
3. Mosquée cAdliyya ;
la qibla.
4. Les trois minarets ottomans
au centre d'Alep. Domaines et limites de l'architecture d'empire / 175
L'architecture domestique
La maison alépine, du palais à la plus humble demeure, semble être aussi diff

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