Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental - article ; n°1 ; vol.111, pg 51-60
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Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental - article ; n°1 ; vol.111, pg 51-60

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 51-60
Mireille Mousnier, Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental, p. 51-60. Le vocabulaire de la dépendance est-il celui, juridiquement opposé, de la liberté et de la servitude? Servus reste absent. La nature de la dépendance est davantage sollicitée. Elle est fondée sur la propriété : Homo s'accompagne de meus, ou d'épithètes proches (proprius); ligius et naturalis insistent sur l'origine (par appartenance au patrimoine, ou par la naissance). Elle est aussi physique : l'expression de corpore bien connue par ailleurs ne devient juridiquement stéréotypée qu'après le milieu du XIIIe siècle. Mais elle a une dimension anthropologique liée sans doute à l'hommage. La dépendance se transmet à la descendance, de manière très biologique : elle est congénitale. Le lien avec le maître est donc fortement personnel. Même la jouissance d'une tenencia le rappelle. Le caractère juridique de la tenure servile n'est apparent qu'avec l'emploi de caselage, fréquent après 1240. La différenciation juridique est nette à la fin du XIIIe siècle entre servage réel et personnel.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Mireille Mousnier
Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du
XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 51-60.
Résumé
Mireille Mousnier, Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental,
p. 51-60.
Le vocabulaire de la dépendance est-il celui, juridiquement opposé, de la liberté et de la servitude? Servus reste absent. La
nature de la dépendance est davantage sollicitée. Elle est fondée sur la propriété : Homo s'accompagne de meus, ou d'épithètes
proches (proprius); ligius et naturalis insistent sur l'origine (par appartenance au patrimoine, ou par la naissance). Elle est aussi
physique : l'expression de corpore bien connue par ailleurs ne devient juridiquement stéréotypée qu'après le milieu du XIIIe
siècle. Mais elle a une dimension anthropologique liée sans doute à l'hommage. La dépendance se transmet à la descendance,
de manière très biologique : elle est congénitale. Le lien avec le maître est donc fortement personnel. Même la jouissance d'une
tenencia le rappelle. Le caractère juridique de la tenure servile n'est apparent qu'avec l'emploi de caselage, fréquent après 1240.
La différenciation juridique est nette à la fin du XIIIe siècle entre servage réel et personnel.
Citer ce document / Cite this document :
Mousnier Mireille. Dono unum hominem meum. Désignations de la dépendance du XIe au XIIIe siècle en Languedoc occidental.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 51-60.
doi : 10.3406/mefr.1999.3679
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_1_3679MIREILLE MOUSNIER
DONO UNUM HOMINEM MEUM :
DÉSIGNATIONS DE LA DÉPENDANCE DU XIe AU XIIIe SIÈCLE
EN LANGUEDOC OCCIDENTAL*
Le repérage de la condition des personnes au Moyen Âge central
semble souvent pour l'historien une énigme. Une dénomination précise,
univoque serait la meilleure, mais elle est si rare. Si les milites font consi
gner leur qualité dans les chartes, la mention ne paraît pas utile quand il
s'agit d'un rustre. Comment savoir alors si ce paysan est de surcroît serf, ou
* Sources manuscrites : Archives départementales de Tarn-et-Garonne : ab
bayes cisterciennes de Grandselve, Belleperche, Eaunes, Boulbonne; chapitre de la
cathédrale Saint-Étienne de Toulouse; Saume de l'Isle (cartulaire privé); Archives
départementales de la Haute-Garonne, fonds de Malte : commanderies de Bordères,
Caignac, Douzens, Fonsorbes, Fronton, Garidech, Golfech, Homps, La Ville-Dieu,
Larmont, Le Burgaud, Montsaunès, Poucharramet, Puysubran, Raissac, Renneville,
Toulouse, Verlaguet. - Sources imprimées : C. Brunei, Les plus anciennes chartes en
langue provençale. Recueil des pièces originales antérieures au XIIIe siècle, 2 vol., Par
is, 1926-1952 (réimpr. Genève, 1973); C. Lacave-La Plagne Barris, Cartulaires du
chapitre de l'église métropolitaine Sainte-Marie d'Auch, Paris-Auch, 1899; G. Balencie,
Livre Vert de Bénac (cartulaire des vicomtes de Lavedan), Tarbes, 1910; J.-J. Cazauran,
Cartulaire de l'abbaye de Berdoues, La Haye, 1905; C. Samaran et C. Higounet, Re
cueil des actes de l'abbaye cistercienne de Bonnefont-en-Comminges, Paris, 1970; P.-
A. Verlaguet, Cartulaire de l'abbaye de Bonneval en Rouergue, Rodez, 1938; P. Gérard
et É. Magnou, Cartulaires des templiers de Douzens, Paris, 1965; A. Clergeac, Cartul
aire de l'abbaye de Gimont, Paris-Auch, 1905; C. A. Meillon, Histoire de la vallée de
Cauterets (Hautes-Pyrénées). I. Les origines. Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Savin de
Lavedan (v. 975-v. 1180), Cauterets, 1920; P. Ourliac et A.-M. Magnou, Cartulaire de
l'abbaye de Lézat, 2 vol., Paris, 1984-1987; C. Higounet, Cartulaire des templiers de
Montsaunès, dans Bulletin philologique et historique (jusqu'en 1715) du Comité des
travaux historiques et scientifiques, 1955-1956 [1957], p. 211-294; J. de Jaurgain et
J. Maumus, Cartulaire du prieuré de Saint-Mont (ordre de Cluny), Paris-Auch, 1904;
P. Ourliac et A.-M. Magnou, Le cartulaire de la Selve. La terre, les hommes et le pouv
oir en Rouergue au XIIe siècle, Paris, 1985; P. -A. Verlaguet, Cartulaire de l'abbaye de
Silvanès, Rodez, 1910; P. Raymond, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean de Sorde, Pa
ris-Pau, 1878; C. Douais, Le cartulaire de l'abbaye Saint-Sernin de Toulouse (844-
1200), Paris-Toulouse, 1887; É.-G. Léonard, Catalogue des actes des comtes de Tou-
MEFRM - 111 - 1999 - 1, p. 51-60. MIREILLE MOUSNIER 52
au moins fortement dépendant? Le contexte peut éclairer, par la typologie
des actes (donations ou ventes de personnes, affranchissements) ou l'asso
ciation à des incapacités juridiques et à des obligations considérées comme
caractéristiques (chevage, formariage, mainmorte, taille à merci). Mais les
cas explicites sont l'exception. Le vocabulaire de la dépendance n'est pas
celui, juridiquement opposé, de la servitude et de la liberté. Quels sont
donc les mots employés, les expressions qui l'entendent ou la sous-en-
tendent? Peut-on considérer que certains sont des marqueurs de la condi
tion de serf? N'y a-t-il pas danger à ajouter ces différents indicateurs et à
considérer qu'il n'y a servage que si plusieurs indicateurs se cumulent? Y a-
t-il une évolution sensible entre le XIe et le XIIIe siècle? Le vocabulaire per
met-il de mieux cerner la nature des liens de dépendance, plutôt que de
dire la discrimination entre libres et non-libres?
Pour approcher cette réalité, l'utilisation des cartulaires, comme actes
de la pratique, a été privilégiée. Je n'ai pas recouru aux nombreuses chartes
de coutumes, en raison de leur caractère normatif, qui peut induire un dé
calage par rapport au réel. Le Languedoc occidental a des sources assez
nombreuses entre le XIe (vers 1060) et le XIIIe siècle (1300) grâce aux patr
imoines ecclésiastiques et parfois laïques. D'une manière très large, il en
globe le Carcasses, le Lauragais, le Toulousain, la Gascogne toulousaine, le
nord du Comminges. Des comparaisons ont pu parfois être menées, d'une
part à l'ouest, vers l'Armagnac, l'Astarac et les Pyrénées, d'autre part vers le
sud du Massif Central (Rouergue et bas Quercy), enfin vers le Roussillon et
la Catalogne.
Remarquons tout de suite que le terme de servus n'est plus utilisé. Ce
n'est d'ailleurs pas caractéristique du Midi. Pour autant, le mot n'est pas to
talement absent, mais employé dans des contextes qui ne sont pas associés
à un caractère servile. Voici des frères du Temple : tel se donne per fratrem
et per servum, tel autre est f rater et servus militie1. La notion de service de
Dieu ou de l'Église domine et la titulature papale elle-même en donne
l'exemple. Plus largement, le monde divers des donats et oblats qui, à des
degrés de responsabilité différents, rendent de grands services à leur éta-
louse, Raymond V (1149-1194), Paris, 1932; H. Fournial, Cartulaire de l'abbaye de Va-
bres au diocèse de Rodez, Rodez-Saint-Étienne, 1989; C. Portai et É. Cabie, Cartulaire
des Templiers de Vaour (Tarn), Albi, 1894. - Les références aux cartulaires édités sont
données avec le nom de l'établissement et la page; celles des originaux provenant du
fonds de Malte des Archives départementales de la Haute-Garonne indiquent la
commanderie, la liasse et le numéro de l'acte.
1 Douzens 37 n° 4, en 1159; Douzens, p. 143, en 1167; p. 150, en 1180. DÉSIGNATIONS DE LA DÉPENDANCE EN LANGUEDOC OCCIDENTAL 53
blissement d'accueil, connaît plusieurs niveaux de différenciation2. C'est en
ce sens qu'il faut sans doute comprendre ces servi Dei de Saint-Sernin ou ce
servus et famulus de l'Hôpital3. Ainsi sont qualifiés certains serviteurs qu'il
ne faudrait pas assimiler à une médiocre domesticité, comme cet Olivarius,
servus du comte de Toulouse, témoin d'un acte d'engagement4.
Dans de rares cas, servus semble associé vraiment au servage. Un per
sonnage se reconnaît homo et servus du Temple (avec sa progéniture, sa
terre, et son servicium); l'autre s'abandonne in servum glebe pour épouser
une femme du Temple et entrer dans son caselage5. La moisson est très
faible, située au milieu du XIIIe siècle. Les quelques mentions à l'ouest,
hors du Languedoc gardent une connotation très littéraire, comme cette <

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