Efficacité et inefficacité de l organisation du bâtiment : une interprétation en termes de trajectoire organisationnelle - article ; n°1 ; vol.74, pg 9-30
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Efficacité et inefficacité de l'organisation du bâtiment : une interprétation en termes de trajectoire organisationnelle - article ; n°1 ; vol.74, pg 9-30

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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1995 - Volume 74 - Numéro 1 - Pages 9-30
Coordination in the French construction industry relies on principles that generate numerous failures. Authorities as well as some large companies push for changes by encouraging the use of coordination techniques inspired by those in use in manufacturing industries. We try to analyze the relevance of such a policy. We point out that to explain the durability and the nature of the present organization despite its numerous failures, neither the use of contingency theory, nor the use of an explanation in terms of historical contingency between the supply side and the demand, are sufficient. This leads us to use concepts that have been developed to analyze technological path-dependent phenomena. The organization of the industry is explained by the combination of historical events, lock-in effects, and self-reinforced mechanisms that generate «organizational paths» and lock-ins. We underline, however, that these organizational self-reinforced mechanisms rely on very different causes than those related to technology. Lock-ins are mainly due to the rules instituted by the organizational principles inherited from the past as well as from the limitation of the knowledge of the members of the industry.
La coordination dans le secteur du bâtiment en France repose sur des principes qui génèrent de nombreux dysfonctionnements que les pouvoirs publics et certains acteurs cherchent à éliminer en favorisant l'introduction de modes de coordination plus proches de ceux de l'industrie. L'article s'interroge sur la pertinence et les limites de cette démarche en analysant les causes de la pérennité d'un modèle organisationnel qui ne se réforme qu'à la marge malgré des dysfonctionnements importants. Il souligne que ni une explication en termes de cohérence et de contingence (technique), ni une analyse en termes de spécificité historique (des rapports offre/demande) ne sont pleinement convaincantes. Cela nous amène à recourir à des catégories proches de celles utilisées par les analystes des trajectoires technologiques. L'organisation du secteur s'explique par la conjonction d'«incidents historiques» et de processus autorenforcés initiant des «trajectoires organisationnelles» et des phénomènes de verrouillage. Toutefois, nous soulignons la spécificité des mécanismes en cause. L'autorenforcement organisationnel repose principalement sur les contraintes que l'organisation passée fait peser sur le comportement des acteurs (règles) et leurs compétences (spécialisation).
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Eric Brousseau
Alain Rallet
Efficacité et inefficacité de l'organisation du bâtiment : une
interprétation en termes de trajectoire organisationnelle
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 74. 4e trimestre 1995. pp. 9-30.
Citer ce document / Cite this document :
Brousseau Eric, Rallet Alain. Efficacité et inefficacité de l'organisation du bâtiment : une interprétation en termes de trajectoire
organisationnelle. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 74. 4e trimestre 1995. pp. 9-30.
doi : 10.3406/rei.1995.1594
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1995_num_74_1_1594Abstract
Coordination in the French construction industry relies on principles that generate numerous failures.
Authorities as well as some large companies push for changes by encouraging the use of coordination
techniques inspired by those in use in manufacturing industries. We try to analyze the relevance of such
a policy. We point out that to explain the durability and the nature of the present organization despite its
numerous failures, neither the use of contingency theory, nor the use of an explanation in terms of
historical contingency between the supply side and the demand, are sufficient. This leads us to use
concepts that have been developed to analyze technological path-dependent phenomena. The
organization of the industry is explained by the combination of historical events, lock-in effects, and self-
reinforced mechanisms that generate «organizational paths» and lock-ins. We underline, however, that
these organizational self-reinforced mechanisms rely on very different causes than those related to
technology. Lock-ins are mainly due to the rules instituted by the organizational principles inherited from
the past as well as from the limitation of the knowledge of the members of the industry.
Résumé
La coordination dans le secteur du bâtiment en France repose sur des principes qui génèrent de
nombreux dysfonctionnements que les pouvoirs publics et certains acteurs cherchent à éliminer en
favorisant l'introduction de modes de coordination plus proches de ceux de l'industrie. L'article
s'interroge sur la pertinence et les limites de cette démarche en analysant les causes de la pérennité
d'un modèle organisationnel qui ne se réforme qu'à la marge malgré des dysfonctionnements
importants. Il souligne que ni une explication en termes de cohérence et de contingence (technique), ni
une analyse en termes de spécificité historique (des rapports offre/demande) ne sont pleinement
convaincantes. Cela nous amène à recourir à des catégories proches de celles utilisées par les
analystes des trajectoires technologiques. L'organisation du secteur s'explique par la conjonction
d'«incidents historiques» et de processus autorenforcés initiant des «trajectoires organisationnelles» et
des phénomènes de verrouillage. Toutefois, nous soulignons la spécificité des mécanismes en cause.
L'autorenforcement organisationnel repose principalement sur les contraintes que l'organisation passée
fait peser sur le comportement des acteurs (règles) et leurs compétences (spécialisation).Eric BROUSSEAU
Université de Nancy II
ATOM (université de Paris I)
Alain RALLET
Université Paris-Dauphine
IRIS-TS
EFFICACITE ET INEFFICACITE
DE L'ORGANISATION DU BATIMENT :
UNE INTERPRÉTATION EN TERMES
DE TRAJECTOIRE ORGANISATIONNELLE (*)
Mots clés : Dépendance du sentier, changement organisationnel et verouillage organisa-
tionnel, cadre institutionnel, relations interfirmes, compétences organisationnelles.
Key-words : Path-dependency, organizational change and organizational lock-in, institu
tional framework, interfirm relationship, organizational competencies.
INTRODUCTION
L'organisation du secteur du bâtiment est l'objet d'une volonté récurrente de
« rationalisation » (1). Dans les années 60 et 70, on tenta ainsi « d'industriali
ser » le processus de production. Les limites de cette tentative (Du Tertre
[1988]) explique que la référence au modèle industriel se redéploie aujour
d'hui dans une autre direction, la coordination des activités. Il demeure en effet
dans ce domaine d'importants dysfonctionnements qui se traduisent par des
délais de production anormalement longs, des coûts souvent non maîtrisés, des
défauts de qualité fréquents... L'amélioration de la compétitivité du secteur
semble donc passer par une intégration plus poussée des activités, en particul
ier par la formalisation des règles de coordination (au besoin en recourant aux
technologies de l'information).
(*) Cet article s'appuie sur des enquêtes réalisées dans le cadre de deux contrats de recherche
pour le Plan Construction et Architecture (Ministère de l'Équipement) et le PIRTTEM,
d'une part, le Centre National d'Étude des Télécommunications (CNET), d'autre part.
Nous tenons à remercier ces organismes pour leur soutien. Naturellement nous restons ple
inement responsables des analyses, et de leurs éventuelles lacunes, présentées dans ce texte.
Par ailleurs, bien que leur responsabilité ne soit pas engagée, nous remercions les partici
pants au séminaire ATOM et les rapporteurs anonymes de la revue pour les commentaires
qu'ils nous ont fait sur les versions précédentes de ce texte.
(1) Nous nous limitons dans cet article au cas français. Bien que certaines caractéristiques
organisationnelles du secteur soient communes à tous les pays, les modèles nationaux sont
assez fortement différenciés. Cela résulte, comme nous le soutenons dans cet article, de
l'importance de l'histoire dans l'explication des modèles organisationnels.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 74, 4e trimestre 1995 9 L'inefficacité supposée de la coordination dans le bâtiment pose un problè
me théorique et empirique : comment expliquer la pérennité d'un modèle de
coordination caractérisé par de nombreux dysfonctionnements ? Les
approches traditionnelles, fondées sur la sélection darwinienne des principes
organisationnels, nous enseignent en effet que le processus de sélection
concurrentiel devrait, à la longue, éliminer les formes de coordination les
moins efficaces. Cet article se propose d'explorer différentes réponses pos
sibles à ce problème.
Il vient d'abord à l'esprit une explication en terme de contingence technique
(Laurence & Lorsch [1967]) et de cohérence pour expliquer que se perpétuent
des principes organisationnels engendrant des dysfonctionnements. Aussi,
après avoir rappelé les contraintes propres à l'activité du Bâtiment, les solu
tions organisationnelles adoptées et les dysfonctionnements qu'elles entraî
nent, nous montrerons que les principes de coordination en vigueur dans le
Bâtiment ont le mérite d'être adaptés à certaines contraintes techniques
propres à l'activité ainsi que cohérents entre eux. L'organisation du secteur se
perpétue parce que l'efficacité générée par cette cohérence l'emporte sur les
dysfonctionnements (§ I). Cette explication contingente ne suffit pas, toute
fois, à rendre compte de l'organisation de ce secteur et de sa forte distinction
par rapport à d'autres modèles nationaux. En effet, on peut se demander pour
quoi les acteurs n'ont pas aménagé les contraintes techniques et adopté
d'autres mécanismes de coordination - plus proches de ceux de l'indust
rie - pour éliminer les dysfonctionnements qui subsistent.
Pour traiter ce problème, l'article propose ensuite une perspective historique
qui interprète les problèmes de coordination dans le Bâtiment en termes de tra
jectoire organisationnelle (§ II et § III). Il montre que les contraintes pesant sur
l'organisation du secteur ne sont pas des éléments exogènes qu'une volonté
rationalisatrice pourrait facilement modifier. Ces contraintes ont été en grande
partie construites par des choix organisationnels antérieurs qui ont entraîné le
secteur dans une trajectoire organisationnelle dont il s'avère difficile de sortir.
L'article s'interroge sur les facteurs explicatifs de la trajectoire suivie.
Il avance tout d'abord qu'il existe des éléments relevant de manière « exogè
ne » de la structure et du comportement de la demande qui expliquent - selon
un schéma que l'on peut qualifier de « contingence historique » - le maintien
d'une organisation du secteur réactive par rapport à une demande sur laquell

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