Éléments pour une analyse contrastive du discours politique - article ; n°23 ; vol.6, pg 25-56
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Éléments pour une analyse contrastive du discours politique - article ; n°23 ; vol.6, pg 25-56

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Description

Langages - Année 1971 - Volume 6 - Numéro 23 - Pages 25-56
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Baptiste Marcellesi
2. Éléments pour une analyse contrastive du discours politique
In: Langages, 6e année, n°23, 1971. pp. 25-56.
Citer ce document / Cite this document :
Marcellesi Jean-Baptiste. 2. Éléments pour une analyse contrastive du discours politique. In: Langages, 6e année, n°23, 1971.
pp. 25-56.
doi : 10.3406/lgge.1971.2049
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1971_num_6_23_2049J.-B. MARCELLESI
Rouen
ÉLÉMENTS POUR UNE ANALYSE GONTRASTIVE
DU DISCOURS POLITIQUE
Notre ambition n'est pas ici de présenter un ensemble discursif sur
le Congrès de Tours. Il s'agit seulement de soumettre à l'examen quelques
développements relativement autonomes, qui méritent discussion. C'est
dire que, pour tout ce qui paraîtra ici moins explicite ou fragmentaire,
nous renvoyons à l'ensemble dont nous ne donnons pour ainsi dire que
des éléments 4
1.1. L'analyse du discours politique rencontre nécessairement dès le
départ les problèmes que posent la « culture » des locuteurs et la « culture »
du chercheur. On entendra par là l'ensemble des notions que les locuteurs
ont en commun et que dans leur discours ils peuvent supposer connues :
cet ensemble s'organise en un vaste énoncé sous-jacent dont l'ignorance
peut rendre impossible la compréhension des discours produits; il est
formé par la connaissance d'événements, de doctrines, de traditions, de
principes et il est lié à un certain nombre de phénomènes affectifs. Cette
« culture » englobe, mais déborde largement les notions relevant unique
ment des arts et des lettres que l'on appelle généralement ainsi : la peur
de l'an 1000, la conviction que Jaurès était un agent du Kaiser, la haine
de la Commune de Paris ont fait ainsi partie de la « culture » de certains
groupes à certaines époques. Le chercheur se forge donc une « culture »
propre sur la « culture » des locuteurs.
Les difficultés en linguistique d'une approche objective historique
résident dans le fait que cette approche fonde ou essaie de fonder l'ana
lyse du message sur ce que les gens ont été et non sur ce qu'ils ont pensé :
ceux dont on étudie les énoncés n'ont pas eu une connaissance objective
des événements. De plus, une pareille procédure accorde une importance
trop grande aux faits extra-linguistiques (même s'ils sont étudiés à tra
vers des documents linguistiques, comme c'est le cas neuf fois sur dix
en histoire).
1. Voir le Congrès de Tours : étude sociolinguistique, à paraître Éd. du Pavillon,
Roger Maria éditeur, ou à défaut d'autres éléments dans Cahiers de Lexicologie,
n° 15; Langue française, n° 4; la Pensée, octobre 1970, n° 135, Wissenchaftliche Zeit-
schrift Martin Luther Universitàt Halle-Wittemberg, 3-4, XIX, 1970. 26
Pour la « culture » du chercheur, un événement politique récent (un
fait important d'il y a moins de cinquante ans est récent à l'échelle de
l'histoire) fait intervenir une série d'idées transmises par les individus
avant la recherche et avant l'idée même de la recherche; une fois le
travail entrepris, les lectures historiques ou littéraires sont un facteur
important, mais les énoncés étudiés aussi, au fur et à mesure de l'analyse.
C'est dire que la « culture » se faisant au fur et à de l'analyse,
à l'insu même du chercheur, ne peut fonder une connaissance rigoureuse.
C'est dire aussi qu'il est nécessaire d'énumérer les notions qu'on a ainsi
acquises ne serait-ce, au besoin, que pour savoir qu'on les a conçues et
qu'on doit s'en débarrasser avant la présentation des résultats de l'ana
lyse linguistique. C'est donc notre visée historique du Congrès de Tours
conçue préalablement, simultanément ou grâce à nos recherches, qui est
à expliciter.
1.2. La conséquence méthodologique est qu'une grille socio-historique
ne saurait fonder un travail dont la fin est linguistique. On ne peut
définir véritablement les contours de groupes linguistiques à partir de
critères socio-historiques. Si l'on veut éviter d'aboutir à des artefacts, la
description socio-historique doit être la plus plate possible, c'est-à-dire
accumuler le plus grand nombre possible de variables sans en privilégier
aucune. De son côté, l'analyse linguistique doit chercher les oppositions
linguistiques indépendamment de la description socio-historique; ce n'est
qu'après qu'on pourra confronter les deux ordres de faits et constater
leur isomorphisme ou leur non-isomorphisme. Déjà à ce stade, la recherche
est comparative.
2. Définition socio-historique de l'événement.
2.1. A titre d'exemple, nous donnons ici la description de la situation.
Elle doit être complétée par la présentation des orateurs auxquels on
s'attachera plus précisément et des journaux 2.
Pour illustrer ces principes, nous avons choisi un parti « ouvrier »
(ce qualificatif impliquant une référence à la doctrine, mais non néces
sairement à la composition sociale) : en France, en effet, même avant
l'époque actuelle, les mouvements de ce type sont plus fortement orga
nisés; par la masse relativement importante de leurs militants, par leur
vie intérieure beaucoup plus régulière, ils sont plus facilement conduits à
constituer des sous-codes linguistiques particuliers. Nous avons orienté
nos recherches vers le XVIIIe Congrès du parti socialiste pour des rai
sons à la fois historiques et linguistiques. Le Congrès de Tours est marqué,
en effet, par la scission du socialisme français et la séparation des cou
rants réformiste et révolutionnaire qui cohabitaient dans la même orga
nisation depuis 1905. Ainsi le XVIIIe Congrès du parti socialiste nous a
2. A ce propos voir dans la Pensée d'octobre 1970, n° 135, les tableaux sociolin-
guistiques :
M. S. se réfère à Marcel Sembat; M.G. à Marcel Cachin; L. B. à Léon Blum; P. F.
à Paul Faure; J. L. à Jean Longuet; L. O. F. à Ludovic-Oscar Frossard; P. V.-C. à
Paul Vaillant-Couturier. 27
paru réunir les conditions optimales pour l'étude du mouvement lexical :
après que le parti socialiste (S.F.I. 0.) eut par 3 252 voix contre 1 082
et 397 abstentions décidé d'adhérer à la IIIe Internationale (Interna
tionale Communiste), deux interprétations à la fois politiques et linguis
tiques de la tradition socialiste française allaient être données : celle de
la minorité, la droite de Tours, qui reconstitue un parti sur la base « de
la Charte d'unité d'action de 1905 », celle de la majorité, la gauche de
Tours, qui continuant organiquement l'ancien parti socialiste lui don
nera la dénomination (« communiste ») d'un parti adhérant à la IIIe Inter
nationale (V Humanité ne se donnera le qualificatif de « communiste » que
le 8 avril 1921, le parti qu'en octobre de la même année). C'est de 1920
que date la spécialisation de socialiste dans certains emplois. Ainsi, à la
fin de 1920, devraient se trouver réunies le parti socialiste les condi
tions capables de provoquer la constitution de champs lexicaux parti
culiers et le renouvellement des microsystèmes propres au socialisme.
La nature même de notre sujet nous a amené constamment à frôler
l'histoire puisque nous nous intéressons à l'aspect linguistique d'un évé
nement historique et à sa présentation dans la presse. Mais nous n'avons
pas en ce qui concerne les faits l'ambition de l'historien. Le linguiste
s'intéresse à ce que les gens ont dit, non à ce qu'ils ont fait (cela ne
signifie pas qu'on ne puisse pas tirer des conclusions de la linguistique
une meilleure connaissance du passé). Nous définissons donc notre mise
au point socio-historique comme la connaissance qu'un non-historien
s'intéressant particulièrement à ce point d'histoire peut avoir du Congrès
de Tours.
La « culture » du chercheur se constitue par la lecture de la presse
de l'époque, des Actes de Congrès et d'ouvrages sur le Congrès.
2.2. Le parti socialiste, en 1920, est un parti à très large recrutement
et beaucoup de ses membres ont adhéré r

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