Emploi, statuts, organisation du travail dans la modernisation des musées en France - article ; n°1 ; vol.6, pg 33-52

Florence Audier

Description

Publics et Musées - Année 1994 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 33-52
Dans le processus de rénovation et d'extension des missions des musées auquel on assiste, en France, depuis le début des années quatre-vingt, les personnels sont appelés à jouer un rôle stratégique. Cet article présente les principales transformations statutaires et organisationnelles, ainsi que certaines initiatives prises sur le terrain ou encore dans le domaine de la formation, destinées à conforter leur professionnalisation. Il met aussi en évidence les problèmes et contradictions qui émergent à cette occasion.
In the process of renovation and extension of the role of museums that have taken place in France since the beginning of the eighties, staffs have to play a strategie part. This paper presents the main transformations of status and organisations as well as some initiatives taken either in the museums or in the field of training. These initiatives aim at reinforcing the staffs' professionalisation. Problems and contradictions that emerged in this context are pointed out.
En el proceso de renovación y de extension de las misiones de los museos que ocurre en Francia desde el inicio de los anos 80, el personal que trabaja en estas instituciones es llamado a ejercer un papel estrategico. Este artigo presenta las principales transformaciones de estatuto y de organización, al lado de ciertas iniciativas tomadas en el campo o aun en el sector de la formación, destinadas a contribuir a su profesionalización. El pone ademàs en relieve los problemas y contradicciones emergentes en este contexto.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: PUBLICS_ET_MUSEES
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 42
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Florence Audier
Emploi, statuts, organisation du travail dans la modernisation
des musées en France
In: Publics et Musées. N°6, 1994. pp. 33-52.
Résumé
Dans le processus de rénovation et d'extension des missions des musées auquel on assiste, en France, depuis le début des
années quatre-vingt, les personnels sont appelés à jouer un rôle stratégique. Cet article présente les principales transformations
statutaires et organisationnelles, ainsi que certaines initiatives prises sur le terrain ou encore dans le domaine de la formation,
destinées à conforter leur professionnalisation. Il met aussi en évidence les problèmes et contradictions qui émergent à cette
occasion.
Abstract
In the process of renovation and extension of the role of museums that have taken place in France since the beginning of the
eighties, staffs have to play a strategie part. This paper presents the main transformations of status and organisations as well as
some initiatives taken either in the museums or in the field of training. These initiatives aim at reinforcing the staffs'
professionalisation. Problems and contradictions that emerged in this context are pointed out.
Resumen
En el proceso de renovación y de extension de las misiones de los museos que ocurre en Francia desde el inicio de los anos 80,
el personal que trabaja en estas instituciones es llamado a ejercer un papel estrategico. Este artigo presenta las principales
transformaciones de estatuto y de organización, al lado de ciertas iniciativas tomadas en el campo o aun en el sector de la
formación, destinadas a contribuir a su profesionalización. El pone ademàs en relieve los problemas y contradicciones
emergentes en este contexto.
Citer ce document / Cite this document :
Audier Florence. Emploi, statuts, organisation du travail dans la modernisation des musées en France. In: Publics et Musées.
N°6, 1994. pp. 33-52.
doi : 10.3406/pumus.1994.1045
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1994_num_6_1_1045Florence Audier
EMPLOI, STATUTS
ORGANISATION DU TRAVAIL
DANS LA MODERNISATION
DES MUSÉES EN FRANCE
A, .nalyser les évolutions
et les transformations de
l'emploi, des professions et
des qualifications dans les
musées durant la dernière
décennie conduit, d'une
certaine façon, à relire
l'ensemble des mutations
qui ont affecté les musées
durant cette période.
En effet, qu'il s'agisse, pour les musées, de la mise en œuvre de leurs
missions «traditionnelles» de service public ou des nouvelles activités
dont ils se dotent, ou bien encore d'élaborer des règles d'administration
et de gestion, ou même d'examiner l'opportunité de changer les statuts
juridiques des établissements, les questions de personnel font immédiate
ment irruption. Et cette soudaine attention est d'autant plus remarquable
qu'elle intervient après de longues décennies de quasi total désintérêt.
UNE SITUATION
MARQUÉE PAR UNE
BIPOLARISATION ET
ABSENCE DE MOBILITÉ
A, ai début des années quatre-vingt les musées se
trouvent, pour la plupart, dans une situation tout à fait particulière, avec
d'une part des cadres de haut niveau, les conservateurs, même si les
grilles sur lesquelles ils sont classés ne sont pas très valorisées, d'autre
part des personnels du «bas de l'échelle», les gardiens, les uns et les
autres n'entretenant d'ailleurs que des rapports assez distendus. A ces
deux grands groupes s'ajoutent, le cas échéant, des ouvriers profession
nels «polyvalents» et des conférenciers, ainsi que des vacataires ou
contractuels devant suppléer à la pénurie chronique de postes. Cette
dichotomie correspond à une longue phase où les musées se contentent
de répondre à la demande des amateurs, d'une élite de visiteurs cultivés
et motivés. Dans ce contexte, l'activité des conservateurs consiste surtout
à inventorier, étudier, acquérir, exposer, publier... et gérer le quotidien.
Néanmoins selon qu'ils sont en poste dans un musée du ministère de la
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Emploi, statuts, organisation
publics & musées n ' Culture ou d'un autre ministère, ou bien encore dans un musée classé ou
contrôlé, ou associatif, ou privé... leurs statuts, formations, carrières,
rémunérations... sont différents, et possibilités de mobilité sont très
faibles, voire inexistantes.
La situation des gardiens est singulière: bien qu'étant quasi seuls à
être au contact des visiteurs et en charge, au quotidien, de la sécurité des
œuvres et des personnes, leur position est reléguée au plus bas de
l'échelle. Pour eux aussi les statuts sont multiples et dispersés. De plus ils
ne bénéficient d'aucune reconnaissance professionnelle, étant recrutés
directement sans concours ni formation, et partagent au niveau commun
al souvent le même statut que tous les autres gardiens (parcs, jardins,
cimetières...).
L'organisation du travail est rudimentaire, avec, dans la plupart des
cas, un conservateur qui «gère la maison au mieux» et des gardiens qui
font différentes tâches, celles-ci étant partagées selon les bonnes volontés
et les besoins du moment.
Au total il s'agit donc d'un milieu à la fois
- morcelé, si on se réfère à la multiplicité des statuts différents et des
règles qui le régissent, sans possibilité de passage d'un musée à un autre
dès lors qu'ils ne dépendent de collectivités différentes, sans mobilité
possible entre l'État et la province (sauf pour les conservateurs des
musées classés), d'un ministère à l'autre, de la Réunion des Musées natio
naux à la Direction des musées de France ;
- éclaté, si on se réfère à la distance réelle et symbolique des personn
els qui y travaillent ;
- et dont les tâches et responsabilités sont mal reconnues si on se
réfère aux niveaux de classification et à la sous estimation de nombre
d'activités.
LA MODERNISATION
DES MUSÉES
c, 'ette situation, pour autant qu'elle ait pu être
compatible avec le rôle et la fonction traditionnelle des musées, n'est plus
en phase avec les exigences d'aujourd'hui. En effet, les musées se créent,
se «rénovent», se «modernisent». Ce mouvement, qui n'est pas propre à la
France, revêt de multiples aspects. Sans doute peut-on l'imputer pour une
bonne part à la poussée du public relayée par les élus, depuis les maires
jusqu'aux Présidents de la République. Cet élan donné aux musées entre
aussi bien sûr en phase avec la valorisation exceptionnelle de tout ce qui
touche à l'art. Mais les modalités et le contenu de cette modernisation
sont fortement marqués par la période dans laquelle elle s'insère. Celle-ci
peut nous semble-t-il se caractériser par trois éléments :
- l'émergence d'une sorte de norme nationale et même internatio
nale à laquelle les musées modernes devraient se conformer. Ainsi, il
s'agit d'offrir aux visiteurs, chercheurs, étudiants, enfants... les conditions
d'accès et de visite «conformes à ce qu'ils sont en droit d'attendre». Cette
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Emploi, statuts, organisation
publics & musées n°6 formule floue, qui revient très souvent, indique bien l'émergence d'une
sorte de standard implicite quant à ce que doit être et doit proposer un
musée aujourd'hui. Cette homogénéisation des «normes» est facilitée par
le développement de l'informatisation et la diffusion des logiciels spéci
fiques qui lui sont associée, par la multiplication des échanges (col
loques, congrès), la circulation des oeuvres et des expositions, et aussi par
toute une série d'initiatives mises en place par la profession.
En fait, on assiste à la fois à une véritable mutation dans la façon
dont les musées doivent mettre en œuvre leur mission de service public,
mais aussi à une extension de cette mission vis-à-vis de publics plus
diversifiés et plus ciblés, et ces deux éléments se conjuguent pour réinter
roger la nature même des musées et les activités de ceux qui y travaillent.
A cela s'ajoutent d'autres éléments induits par le changement d'échelle
dans la fréq