Entre l ancien et le moderne. Images romanesques de l Algérienne - article ; n°1 ; vol.57, pg 39-48
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Entre l'ancien et le moderne. Images romanesques de l'Algérienne - article ; n°1 ; vol.57, pg 39-48

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Description

Mots - Année 1998 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 39-48
ENTRE L'ANCIEN ET LE MODERNE. IMAGES ROMANESQUES DE L'ALGÉRIENNE Il s'agira ici de la libération de la femme algérienne, thème récurrent des romans du Maghreb comme ceux du Machrek. La femme algérienne s'affranchit de l'injustice sociale au prix de son travail et soutenue par sa foi. De nouvelles représentations littéraires témoignent de sa liberté de vivre, acquise par la protestation, le refus et assumée par l'écriture militante.
BETWEEN ANCIENT AND MODERN. NOVELS AND THE IMAGE OF THE ALGERIAN WOMAN The subject here will be the liberation of the Algerian woman, which is a recurrent theme in novels from the Maghreb, such as those of Machrek. Through her work and sustained by her faith, the Algerian woman is emancipating herself from social injustice. New literary representations are evidence of a freedom to live, which has been obtained through protest and resistance, and is being taken up by militant literature.
ENTRE LO ANTIGUO Y LO MODERNO. IMAGENES NOVELESCAS DE LA MUJER ARGELINA Se tratará aquí de la liberación de la mujer argelina, tema recurrente en la novela del Magreb соmо en la del Masrek. La mujer argelina se libera de la injusticia social a través de su trabajo y sostenida por su fe. Nuevas representaciones literarias testimonian de su libertad, de sus deseos de contestación y de rechazo, todo ello asumido gracias a una escritura militante.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Marie Francis-Saad
Entre l'ancien et le moderne. Images romanesques de
l'Algérienne
In: Mots, décembre 1998, N°57. pp. 39-48.
Resumen
ENTRE LO ANTIGUO Y LO MODERNO. IMAGENES NOVELESCAS DE LA MUJER ARGELINA Se tratará aquí de la liberación
de la mujer argelina, tema recurrente en la novela del Magreb соmо en la del Masrek. La mujer argelina se libera de la injusticia
social a través de su trabajo y sostenida por su fe. Nuevas representaciones literarias testimonian de su libertad, de sus deseos
de contestación y de rechazo, todo ello asumido gracias a una escritura militante.
Abstract
BETWEEN ANCIENT AND MODERN. NOVELS AND THE IMAGE OF THE ALGERIAN WOMAN The subject here will be the
liberation of the Algerian woman, which is a recurrent theme in novels from the Maghreb, such as those of Machrek. Through her
work and sustained by her faith, the Algerian woman is emancipating herself from social injustice. New literary representations
are evidence of a freedom to live, which has been obtained through protest and resistance, and is being taken up by militant
literature.
Résumé
ENTRE L'ANCIEN ET LE MODERNE. IMAGES ROMANESQUES DE L'ALGÉRIENNE Il s'agira ici de la libération de la femme
algérienne, thème récurrent des romans du Maghreb comme ceux du Machrek. La femme algérienne s'affranchit de l'injustice
sociale au prix de son travail et soutenue par sa foi. De nouvelles représentations littéraires témoignent de sa liberté de vivre,
acquise par la protestation, le refus et assumée par l'écriture militante.
Citer ce document / Cite this document :
Francis-Saad Marie. Entre l'ancien et le moderne. Images romanesques de l'Algérienne. In: Mots, décembre 1998, N°57. pp.
39-48.
doi : 10.3406/mots.1998.2382
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1998_num_57_1_2382FRANCIS-SAAD° Marie
Entre l'ancien et le moderne.
Images romanesques de l'Algérienne
Dans le contexte actuel, il est plus que jamais nécessaire d'éviter
les schémas banals qui gravitent autour de la femme algérienne,
présentée comme une victime faible, écrasée, soumise à l'homme,
qui n'ose pas parler d'amour. L'Algérienne n'est pas cette créature
humble et résignée. Il s'agira ici de ce regard nouveau qui observe
et projette sur notre écran des femmes de plain-pied avec la vie,
capables de faire face à l'injustice sociale, grâce à des possibilités
et des réserves insoupçonnées. Ces figures, ces nouvelles représent
ations littéraires, dues à Mohammed Dib et à bien d'autres écrivains
et écrivaines du Maghreb comme du Machrek, nous aideront à
rapprocher nos représentations de la réalité complexe d'aujourdhui.
Au-delà de son rôle de victime, c'est d'une libération de la femme,
toute de volonté, que leurs romans témoignent, liberté intérieure
acquise par le travail et la prière, et liberté de vivre assumée, au
terme de refus et de départs, par la protestation politique et l'écriture.
0 UMR « Lexicométrie politique », ENS Fontenay/Saint-Cloud, Le parc, Grille
d'honneur, 92211 Saint-Cloud.
Mots, 57, décembre 98, p. 39 à 48 39 La femme qui travaille et prie
On ne peut que s'arrêter devant La grande maison1, le premier
roman de la trilogie de Mohammed Dib. Dans cette demeure
modeste de Tlemcen s'entassent des familles indigentes, misérables.
On pense à l'atmosphère sinistre d'une maison du Caire, La maison
de la mort certaine d'Albert Cossery et à ses Hommes oubliés de
Dieu2'3'4. À Tlemcen, Aïni, veuve, se débat contre la pauvreté et
doit, au prix d'un travail acharné, subvenir aux besoins de ses trois
enfants, dont Г aine Omar a 10 ans. Travail épuisant sur une
machine à coudre, qui a été d'ailleurs difficile à trouver dans la
période de chômage qui sévit juste avant la deuxième guerrde sa
vacuité, révolte intérieure non dite. L'une de ses nouvelles montre,
par exemple, l'image d'une cloison étanche soudée autour de son
personnage et qui le sépare de la vraie vie : « Les murs silencieux
/../ cernent sa vie, sa solitude, délimitent le vide de son existence »5.
Tout se passe « entre les murs » aussi pour Haneyra, l'héroïne
violée en famille : « De ses poings liés, elle frappait contre le mur,
qui ne cédait pas /.../ Les hommes laissèrent tomber à terre ce qui
restait d'elle»6.
Pour les deux Aïni, les perspectives resteront évacuées de toute
virtualité. Elles vivront une réalité sans issue. La différence est
flagrante, note Denise Brahimi7, entre ces personnages désespérés
et, par exemple, la Maheude de Germinal. Le personnage de Zola
est porté par la force du changement à venir pour la classe ouvrière
française de la Troisième République. Pour la femme maghrébine,
ici, il faudra attendre des décennies avant que l'idée d'indépendance
ne lui donne un élan d'espoir ou une perspective historique et
politique. Même pour ses enfants, elle n'a pas le droit d'espérer
un avenir meilleur. Dans La grande maison, la vieille tante
apostrophe cruellement, devant Aïni, le petit Omar qui, lui, a
l'audace d'apprendre, de s'instruire et, dans la charge verbale, les
images dégagent un gout fétide, suggèrent la décomposition d'une
1. Paris, Le Seuil, 1952.
2. Le Caire, Boraïe et Geday éditeurs, 1940 ; Paris, Joëlle Losfeld, 1942.
3. Pans, Maspero, 1968.
4. Le Caire, 1959.
5. « Sur le rivage » dans La danse des passions (traduit de l'arabe par Marie
Francis-Saad), Paris, Actes Sud, 1996, p. 7.
6. Ibid., p. 36.
7. Maghrébines, Paris, L'Harmattan-Awal, 1995, p. 59.
40 confrontée avec le néant, enfoncée dans sa pourriture : humanité
« L'instruction, ce n'est pas pour toi, ver de terre. Qu'est-ce que
tu te crois pour prétendre à l'instruction ? Un pou qui veut s'élever
au-dessus de sa condition /.../ Tu n'es que poussière, qu'ordure qui
colle aux semelles des gens de bien ».
Et Aïni de renchérir, déférente envers la tante Hasna1. C'est
contre ce discours de démission que la réaction féminine chantera
dans les romans l'étude, le livre, l'école, l'apprentissage par les
femmes de l'arabe du Coran mais aussi des langues «étrangères»2.
Cette volonté de connaissance, d'ouverture, si elle reste freinée par
la « pression sociale », s'amplifiera à la génération suivante, et finira
par triompher, malgré les réactions de régression qui nourriront les
révoltes de la Nadjia d'Assia Djebar3 ou de la Leïla de Fettouma
Touati4. Symptomatique, cette réflexion du frère de Leïla à propos
de lycéennes qui s'émancipent : « Si nous les laissons faire, il n'y
aura plus d'hommes ! Chez moi, ma femme et ma sœur tremblent
devant moi. Heureusement, sinon pour qui je garde ces moust
aches ? ». La « famille » serait-elle ébranlée par le savoir au
féminin ? L'une des « tantes » évoquées par Latifa Ben Mansour,
Amti Mania, est pour Mériem un exemple tutélaire de cette volonté
inentamée :
«Mania connaissait le Coran par cœur, le lisait dans le texte et le
commentait en se fondant sur des hadiths. Elle composait des poèmes,
qu'elle lisait à Mériem et à ses sœurs pendant les interminables veillées
de Ramadan /.../ Toute sa science, Mania la devait à son père. En bon
musulman et homme sage, il considérait que les filles comme les garçons
devaient au moins savoir lire et écrire. Il l'aurait sûrement encouragée
à approfondir ses études, mais la pression sociale était telle que sans
freiner la soif d'apprendre de sa fille, il lui expliqua qu'il était inutile
d'aller au-delà d'un certain savoir /.../ Elle avait raconté sa propre
expérience à Mériem et à ses sœurs pour les encourager à ne pas faillir
devant l'âpreté des études. Lorsque l'une d'elles réussissait à un examen,
1. La Grande Maison, p. 115.
2. Dans Le chant du lys et du basilic (Paris, La Différence, 1998, p. 169), le
vieil Al Ghaoutsi (« Celui qui vient en aide ») encourage sa petite fille, Mériem, à
apprendre le français, en ces termes : « Chaque langue correspond à u

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