Etude formelle de la parenté chez les Touaregs de l Ahaggar (Sahara algérien). L exemple des Isseqqamarènes. - article ; n°1 ; vol.24, pg 125-139
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Etude formelle de la parenté chez les Touaregs de l'Ahaggar (Sahara algérien). L'exemple des Isseqqamarènes. - article ; n°1 ; vol.24, pg 125-139

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Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1977 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 125-139
Chez les Kel Ahaggar, la plupart des rapports sociaux relèvent de la parenté. L'analyse formelle fait apparaître deux axes fondamentaux d'identification sociale, définis par la dimension conceptuelle de la bifurcation. Cependant les associations spontanées et les divers contextes d'utilisation des termes montrent que, même au niveau du vécu, la «parenté» est irréductible à la consanguinité, et amènent à rechercher la cohérence idéologique et fonctionnelle du système ailleurs que dans les schémas généalogiques.
Among the Kel Ahaggar, most of the social relations are based on kinship. The formal analysis lays emphasis upon two fundamental axes of social identification, defined by the conceptual dimension of merging and bifurcation. However the spontaneous associations and the variety of contexts in the use of kinship terms demonstrate that, even at the level of actual life and social consciousness, «kinship» cannot be reduced to consanguinity. Therefore we should search for the ideological and functional consistency of the system beyond the usual genealogical schemes.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hélène Claudot
Etude formelle de la parenté chez les Touaregs de l'Ahaggar
(Sahara algérien). L'exemple des Isseqqamarènes.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 125-139.
Résumé
Chez les Kel Ahaggar, la plupart des rapports sociaux relèvent de la parenté. L'analyse formelle fait apparaître deux axes
fondamentaux d'identification sociale, définis par la dimension conceptuelle de la bifurcation. Cependant les associations
spontanées et les divers contextes d'utilisation des termes montrent que, même au niveau du vécu, la «parenté» est irréductible
à la consanguinité, et amènent à rechercher la cohérence idéologique et fonctionnelle du système ailleurs que dans les schémas
généalogiques.
Abstract
Among the Kel Ahaggar, most of the social relations are based on kinship. The formal analysis lays emphasis upon two
fundamental axes of social identification, defined by the conceptual dimension of merging and bifurcation. However the
spontaneous associations and the variety of contexts in the use of kinship terms demonstrate that, even at the level of actual life
and social consciousness, «kinship» cannot be reduced to consanguinity. Therefore we should search for the ideological and
functional consistency of the system beyond the usual genealogical schemes.
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Claudot Hélène. Etude formelle de la parenté chez les Touaregs de l'Ahaggar (Sahara algérien). L'exemple des
Isseqqamarènes. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 125-139.
doi : 10.3406/remmm.1977.1423
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1423ÉTUDE FORMELLE DE LA PARENTÉ
CHEZ LES TOUAREGS DE L'AHAGGAR (Sahara algérien)
L'exemple des Isseqqamarènes
PAR
HÉLÈNE CLAUDOT
Les Kel Ahaggar forment aujourd'hui une unité plus géographique que sociale ou
politique. Ils comprennent les populations nomades et sédentaires localisées dans le
massif de l'Atakor et, â la périphérie, dans la zone délimitée au Nord par le Tidikelt,
à l'Ouest par l'Ahnet, au Sud par l'Adrar des Iforas et l'Aïr, et â l'Est par le Tassi-
li-n-Ajjer.
Cet ensemble constituait autrefois un tobol, confédération politique groupant
plusieurs taus/'t sous l'autorité d'un chef, Vamenukal W. Il subsiste encore de cette
organisation, le sentiment, bien ancré, d'une hiérarchie sociale assez stricte.
Bien que l'économie traditionnelle de la société ait périclité et les moyens de subsis
tance changé de nature, les Touaregs font constamment référence â un découpage
social qui valorise par exemple l'agressivité guerrière par rapport â la ténacité labo
rieuse, ou le pastoral isme par rapport â l'agriculture.
Même si elle est juridiquement nulle, la différence est d'abord soigneusement faite
entre hommes libres, illelan, et esclaves, iklan.
Parmi les hommes libres, on distingue les hommes voilés Touaregs proprement dits,
lmuhay,dies groupes sociaux satellites d'origine noire ou arabe, qui se sont insérés dans
le monde targui, comme les religieux ineslimen, les artisans ineden, les cultivateurs
noirs izzegaren ou harratin, et blancs m'rabtin.
Un amâhay (pi. imûhay) oriente enfin son comportement â l'égard des autres en
fonction de quatre critères :
1 — sa position dans la hiérarchie sociale, c'est -è-dire son appartenance soit â la classe
des ihaggaren, guerriers et pasteurs nomades, propriétaires de chameaux, soit à celle
des Kel Ulli «gens des chèvres», pasteurs nomades éleveurs de chèvres, exploitant aussi
quelques jardins, et tributaires (imyad) des premiers ®\
(1) Cf. BENHAZERA M., Six mois chez les Touaregs du Ahaggar, Jourdan, Alger 1908, pp. 108et sq.
G AST, M. «Évolution de la vie économique et structures sociales en Ahaggar de 1660 à 1965», Tra
vaux de l'Institut de Recherches sahariennes, t. XXI V, 1 965.
(2) Les imyad venant un impôt annuel â l'amenukal, la tiuse. D'autre part, ils sont liés à différents HÉLÈNE CLAUDOT 2 126
2 — sa position dans un tobol déterminé, c'est-ê-dire son rattachement â une tausit par
ticulière.
3 — sa position au sein de la tausit.
4 — sa position dans le groupe résidentiel, amezzay (campement) ou ehen (tente,
famille nucléaire).
Hormis le premier axe de classification des individus, nettement ressenti par les
Touaregs comme axe politique et économique, les catégories restantes sont basées sur
la parenté.
On constate rapidement du reste que la parenté sert d'argument universel pour jus
tifier nombre de faits et gestes, qu'il s'agisse de comportements, du choix d'un con
joint, d'échanges de biens et de services, des modes d'héritage ou de la succession â la
chefferie, en somme d'un ensemble de relations d'ordre à la fois psychologique, matri
monial, économique et politique.
Nous étudierons l'aspect formel de cette idéologie de la parenté en examinant les
différents termes qui désignent, ou impliquent nécessairement des rapports de consan
guinité ou d'alliance.
Notre démarche s'appuiera sur l'exemple des Isseqqamarènes, tausit de Kel Ulli
appartenant au tobol des Kel Rela (3) et chez lesquels nous avons enquêté au mois de
juillet 1976 (3bis).
Le terme tausit a plusieurs acceptions; il signifie «paume de la main» ou «plante du
pied», « natte d'afezzou» et aussi «tribu, peuple, race», par extension «espèce, caté
gorie» (cf. Foucauld (Père Ch. de), Dictionnaire touareg-français, t. Ill, p. 1533).
Les membres d'une tausit s'identifient comme les descendants d'un ancêtre épo-
nyme féminin, c'est-à-dire un groupe d'utérins dont la généalogie précise a été bien
souvent oubliée. Ils constituent autrement dit, un matriclan (sans fonction exoga-
mique).
lignages à'Ihaggaren (n'appartenant pas forcément au tobol), par des contrats de protection,
temazlait («part spéciale» accordée au suzerain). Cf. G AST, M. «Temazlait (Contrats de protection
chez les Kel Ahaggar) », Encyclopédie berbère. Cahier 7, pp. 1-2.
(3) Les Isseqqamarènes refusent d'être assimilés aux imyad, bien qu'autrefois, ils aient également
payé à l'amenukal un impôt annuel qu'ils considèrent du reste non pas comme un tiuse —, mais
comme un «cadeau» (cf. note 3').
(3') Mission du 6 au 30 juillet 1976. Voir «Travaux du L.A.P.M.0. 1976». PARENTÉ CHEZ LES TOUAREGS 1 27 3
La tausit se subdivise, selon son importance, en plusieurs segments qui, de la même
façon, ramènent leur origine â une ascendante féminine. On les appelle taqabilt (mot
d'origine arabe) ou vyref,, quelquefois également tausit, en les opposant dans ce cas à
tausit wa maqqaret, la « grande tausit » .
La tausit des Isseqqamarènes compte onze taqabilt, dont deux (les Kel Ohet et les
Kel Terurit), ont été cédés aux Tegehe-Mellet, et deux autres (les Kel in Tounine et les
Ikotessènes) aux Taïtoq, lors du partage du tobol Kel Ahaggar, dans la deuxième
moitié du XVIIIe siècle, par Yamenukal Sidi ag Mohammed el Khir (4L
Ce partage politique a respecté â peu près la division «parentale» des Isseqqama
rènes qui, selon la tradition, se répartissent en trois branches, issues de trois sœurs :
d'une part les Kel Ohet, d'autre part les Kel Terurit, Ikotessènes et Kel in Tounine,
enfin les sept taqabilt restant dans le tobol Kel Ahaggar.
Ce dernier groupe, objet de notre étude, se ramifie encore en deux lignées descen
dant des sœurs : Souka et Adenek.
On raconte que Souka a engendré les Kel Tefedest, Kel Inghar et Kel Amguid; les
Kel Inghar nous ont cité le nom d'un chef qui aurait été commun aux trois groupes :
Hadj Khabda ag Henna. D'autres informations vont dans ce sens : d'abord le pai
ement collectif d'une partie de la tiuse ® , ensuite le fait que leur ensemble constituait
la temaziait d'un lignage û'ihaggaren, les Ikeremoyen ^, enfin l'absence du sentiment
de tamanhëq (sorte de jalousie, pudeur, honte) entre eux, alors qu'il est de rigueur
envers les autres taqabilt d'Isseqqamarènes.
La deuxième femme Adenek (ou Ult Adenek?) est dite «mère» des Kel Tazolet,
Iheyawen Hada, Kel Immidir et Isselâmâte

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