Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe-XIXe siècles - article ; n°1 ; vol.34, pg 211-226
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Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe-XIXe siècles - article ; n°1 ; vol.34, pg 211-226

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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 211-226
Мatei Cazacu, Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe - XIXе siècles.
On peut distinguer trois phases dans le processus d'émigration en Russie d'individus ou de familles de la noblesse roumaine de Moldavie et de Valachie : 1. Du XVe à la première moitié du XVIIe siècle, il s'agit d'une période de contacts individuels, où les alliances matrimoniales seules justifient le départ de nobles roumains à Moscou ; 2. La période de Pierre le Grand - deuxième moitié du XVIIIe siècle - est l'époque de départs massifs (comme ce fut le cas des Moldaves en 1711 après la bataille du Prut), mais qui n'excluent pas les initiatives individuelles ; 3. Depuis la fin du XVIIIe siècle, la Russie occupe des provinces polonaises et roumaines (Bessarabie, en 1812), dont toute la noblesse, lorsqu'elle choisit de rester sur place, entre au service de la Russie.
Matei Cazacu, Families of the Rumanian nobility in the service of Russia, fifteenth-nineteenth centuries.
Three phases can be observed in the process of emigration to Russia of individuals or families belonging to the Rumanian nobility of Moldavia and Wallachia: 1. From the fifteenth to the first half of the seventeenth century, it is a period of individual contacts in which it is only marriage alliances that justify departures of Rumanian nobles to Moscow. 2. The time of Peter the Great (second half of the eighteenth century) is marked by mass departures (in the case of Moldavians in 1711, after the battle of the Prut), not excluding, however, individual initiatives. 3. Since the end of the eighteenth century, Russia occupies Polish and Rumanian provinces (Bessarabia, in 1812) where the nobility takes up service with Russia if it decides to remain in those provinces.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Matei Cazacu
Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe-
XIXe siècles
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 34 N°1-2. Janvier-Juin 1993. pp. 211-226.
Résumé
Мatei Cazacu, Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe - XIXе siècles.
On peut distinguer trois phases dans le processus d'émigration en Russie d'individus ou de familles de la noblesse roumaine de
Moldavie et de Valachie : 1. Du XVe à la première moitié du XVIIe siècle, il s'agit d'une période de contacts individuels, où les
alliances matrimoniales seules justifient le départ de nobles roumains à Moscou ; 2. La de Pierre le Grand - deuxième
moitié du XVIIIe siècle - est l'époque de départs massifs (comme ce fut le cas des Moldaves en 1711 après la bataille du Prut),
mais qui n'excluent pas les initiatives individuelles ; 3. Depuis la fin du XVIIIe siècle, la Russie occupe des provinces polonaises
et roumaines (Bessarabie, en 1812), dont toute la noblesse, lorsqu'elle choisit de rester sur place, entre au service de la Russie.
Abstract
Matei Cazacu, Families of the Rumanian nobility in the service of Russia, fifteenth-nineteenth centuries.
Three phases can be observed in the process of emigration to Russia of individuals or families belonging to the Rumanian
nobility of Moldavia and Wallachia: 1. From the fifteenth to the first half of the seventeenth century, it is a period of individual
contacts in which it is only marriage alliances that justify departures of Rumanian nobles to Moscow. 2. The time of Peter the
Great (second half of the eighteenth century) is marked by mass departures (in the case of Moldavians in 1711, after the battle of
the Prut), not excluding, however, individual initiatives. 3. Since the end of the eighteenth century, Russia occupies Polish and
Rumanian provinces (Bessarabia, in 1812) where the nobility takes up service with Russia if it decides to remain in those
provinces.
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Cazacu Matei. Familles de la noblesse roumaine au service de la Russie, XVe-XIXe siècles. In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 34 N°1-2. Janvier-Juin 1993. pp. 211-226.
doi : 10.3406/cmr.1993.2347
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1993_num_34_1_2347MATEI CAZACU
FAMILLES DE LA NOBLESSE ROUMAINE
AU SERVICE DE LA RUSSIE
XVe-XIXe SIÈCLES
On peut distinguer trois phases principales dans le processus d'émigration de la
noblesse roumaine de Valachie et de Moldavie en Russie1, de son entrée au service
des tsars et de sa complète assimilation au sein de la noblesse msse :
1) Une première phase, antérieure à l'époque de Pierre le Grand, est celle des
départs individuels pour des raisons diverses : persécutions politiques, recherche
d'une meilleure situation, goût de l'aventure dans un pays lointain mais néanmoins
orthodoxe, la seule puissance chrétienne orthodoxe (avec les deux principautés rou
maines de Valachie et de Moldavie) après la chute de Byzance et des États chrétiens
des Balkans aux xive-xve siècles.
2) Une deuxième phase est liée à la politique de Pierre le Grand, aux guerres contre
la Suède et les Turcs ottomans, à la mainmise moscovite sur l'Ukraine. C'est une
époque de départs massifs pour la Russie, d'entrée au service de celle-ci de groupes
entiers comme ce fut le cas pour les Cosaques roumains, ou bien pour le prince mol
dave Dimitrie Cantemir qui se réfugia en 1711 auprès de Pierre le Grand avec toute sa
Cour, une partie de l'armée et des fidèles, en tout environ 4 000 personnes.
3) Une troisième phase, que nous aborderons en dernier, est celle de l'occupation
par la Russie de territoires anciennement turcs ou polonais, annexion qui fait de
l'Empire le voisin direct de la Moldavie sur le Dniestr : occupation de la région sise
entre le Bug et le Dniestr par la paix de lassy de 1 792 ; de la Podolie à la
suite du deuxième partage de la Pologne en 1793 ; et, enfin, occupation de la moitié
orientale de cette même Moldavie lors de la paix de Bucarest de 18 12. À cette occa
sion, à la suite d'une guerre contre les Ottomans (1806-1812), suzerains de la Mol
davie, la Russie s'empare d'un territoire roumain, avec une noblesse et une paysann
erie, roumaines à plus de 90 %. Ce n'est plus là une entrée volontaire au service de
la Russie d'un individu ou d'un groupe d'individus, mais l'annexion d'une province
de 45 000 km2 avec cinq forteresses, 17 villes, 685 villages et une population d'un
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXIV (1-2), janvier-juin 1993, pp. 211-226. 212 МЛТЕ1 CAZACU
demi-million d'habitants. Pour les besoins de la cause, la province a été baptisée Bes
sarabie (Basarabia, en roumain) comme il ressort d'une lettre de Rumjancev de
1807 : « cette étroite lisière de pays qui, ne formant pas province, porte le nom de
Bessarabie. »2
I
Les premiers liens entre la noblesse roumaine et la Russie nous sont connus seu
lement à partir de la seconde moitié du xvc siècle. À cette époque, plus précisément
en 1463, le prince de Moldavie Etienne le Grand (Stefan cel Mare, 1457-1504)
épouse Evdokija (Eudoxie), la sœur de Semen Olelkovič de Kiev, dont la mère,
Anastasija, était fille de Basile Ier de Moscou, et le père le prince Alexandre (Olelko)
Vladimirovič de Kiev3. De ce mariage russo-roumain naquirent plusieurs enfants
dont une fille, Hélène, née entre 1464 et 1467, date de la mort de sa mère (le 4 sep
tembre 1467), vraisemblablement morte en couches4. Dès que la princesse Hélène
fut nubile - en 1479-1480 - sa tante, Fedka, l'épouse du prince Semen Juťevič de
Kiev, écrivit à Ivan ÍII pour le convaincre de marier son fils Ivan le Jeune à Hélène
« la Roumaine » (Vološanka). Le mariage eut lieu en 1482-1483, lorsque Hélène se
rendit à Moscou avec une suite de nobles moldaves5.
Ce mariage était le prélude - ou l'aboutissement - d'une alliance politique négo
ciée en 1483- 1484 par un personnage hors du commun, le secrétaire Fedor Kuricyn,
envoyé d'Ivan III à Bude, en Moldavie et en Crimée6. Après un an et demi de séjour
en Moldavie, Kuricyn se rendit à Aqkerman (Cetatea Albâ), forteresse moldave
occupée par les troupes du sultan Bayazid II en août 1484. Fait prisonnier par les
Turcs, l'ambassadeur moscovite put repartir au bout d'un certain temps et, après un
séjour en Crimée, il arriva à Moscou en septembre 1485. Kuricyn amenait, outre des
traités avec le roi de Hongrie et le prince moldave, des masteři et un récit, Skazanie
о Drakule voevode (Le dit de Dracula), inspiré de la vie et des actions de Vlad III
l'Empaleur, prince de Valachie (t 1476)7.
Kuricyn devint aussi le protecteur et le chef de file des judaïsants de Moscou, ce
courant d'idées qui cherchait dans la littérature judéo-arabe des sources d'inspiration
pour une mystique chrétienne8. La princesse Hélène et certains membres de son
entourage furent séduits par les idées de Kuricyn et de ses amis4. Le couronnement
de Dimitrij, le fils d'Hélène et d'Ivan le Jeune, en 1498 comme successeur désigné
du grand-prince de Moscou, sembla être l'apogée de l'influence d'Hélène la Rou
maine et, par voie de conséquence, de la nouvelle secte ; malheureusement, il fut
suivi, en 1 502, de sa disgrâce et de celle de sa mère : tous les deux sont morts en pri
son, quelques années plus tard, vraisemblablement empoisonnés par Sofia-Zoé
Paléologue10.
Parmi les courtisans moldaves qui entouraient Hélène, l'un d'entre eux, son
demi-frère Ivan Večin (qui signifie « voisin », en roumain), un fils naturel d'Etienne
le Grand, prit femme à Moscou et fut considéré comme l'ancêtre de la famille
Rahmaninov11.
Notons encore que le Livre de velours (Barhatnaja kniga) attribue une origine
roumaine à la famille Ofrosimov qui descendait « de l'honorable sire Andrej », venu
du pays des Roumains au service du prince Basile, vraisemblablement Basile II12.
D'autres nobles moldaves et valaques - surtout des princes ou leurs Fils - ont
trouvé asile à Moscou sous le long règne d'Ivan IV. Deux d'entre eux, Bogdan et FANflLI.ES DE LA NOBLESSE ROUMAINE EN RUSSIE 213
Sjcfnn Lapusneanu, fils du prince Alexandre de Moldavie (1552-1561, 1564-1568),
sont mentionnés à Moscou en 1 566. Le premier, Bogdan, reçut du tsar Yudel de Luh,
confisqué au prince Ivan Dimitrievič Belskij ; puis, après un bref retour en Moldavie
où il règne de 1568 à 1570, Bogdan revint à Moscou et reçut Yudel

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