fausse explosion, vraie mobilisation
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6 déc. 2011 – LALETTRE. DUHÉRISSON. Risques industriels fausse explosion, vraie mobilisation. URBANISME. La réforme rejetée. PAGE 2. NUCLÉAIRE ...

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Reconnue d’utilité publique depuis 1976 > LH N°243 > Automne 2011
URBANISME La réforme rejetée PAGE 2
NUCLÉAIRE L’insécurité chronique PAGE 4
Risques industriels fausse explosion, vraie mobilisation
ACTUS
édito
BRUNO GENTY PRÉSIDENT DE FNE
Le temps file. 2012 marquera les 20 ans du Sommet de Rio, un moment clé de la prise de conscience des limites de notre planète par les Etats des NationsUnies. Le 21 septembre, à New York, plusieurs Etats ont signé le protocole relatif à l’accès aux ressources et au partage des avantages, issu du protocole de Nagoya. Ce texte est désormais paraphé par 54 pays. Cette étape permet aux premiers signataires, dont la France, d’adopter ce proto cole. C’est aussi une avancée indéniable : il permet de freiner le pillage des ressources naturelles et génétiques des pays concernés. Il prévoit une rémunération juste des pays et à terme des communautés autochtones. Mais ce protocole a ses limites. Il ne concerne pas les eaux internationales. Les NationsUnies doivent aller plus loin : la grande majorité de nos océans est ainsi encore soumise à la liberté, de piller sans vergogne. Nous soutenons donc l’adoption d’une feuille de route claire et précise pour la biodiversité marine de la haute mer lors de la Conférence Rio+20 en 2012. À l’ONU comme ailleurs, il est souvent difficile de faire bouger les lignes, même lorsqu’il s’agit de défendre le patrimoine mondial de l’humanité. C’est en partant de ce principe qu’a germé l’idée de la création d’une Organi sation Mondiale de l’Environnement. Il est en effet indis pensable de renforcer le pilier environnemental de l’ONU, en associant pleinement les organisations de la société civile à ses travaux. France Nature Environnement travaille actuellement sur cette question. A l’occasion de cette signature française du protocole de Nagoya à New York, j’ai pu représenter France Nature Environnement au sein de la délégation française. C’est une chance : proté ger la nature et l’environnement au plus près de nos terri toires se joue aujourd’hui de plus en plus à l’échelon européen et international. Dans l’esprit de notre signa ture, partout où la nature a besoin de nous, des instances internationales aux réunions locales, du macro au micro. 
EN CHIFFRES 8 consommateurs 10 français sur se servent aujourd’hui de sacs réutilisables pour faire leurs courses. On n’en comptait que 43%en(Crédoc) 2005
URBANISME La réforme rejetée
Grâce à leur mobilisation, les organisations environnementales ont empêché des modifications du code de l’urbanisme qui s’annonçaient désastreuses.
© B. de Badereau
>Marseille. Avec la réforme, les espaces naturels autour de la ville auraient pu être grignotés par l’urbanisation.
TRANSPORTS DURABLES Sur la voie de la mobilité intelligente
Choisir des déplacements doux pour la santé et moins énergivores, alterner selon ses besoins entre train, vélo et transports collectifs : c’est cela, l’écomobilité. Le 22 septembre, les 800 voyageurs du train iDTGV ParisMarseille 29152916 ont pu en discuter avec une équipe de France Nature Environnement. Cette grande opération de sensibilisation a été menée en partenariat avec l’ADEME et en collaboration avec iDTGVSNCF, à l’occasion de la Semaine de la mobilité durable, du 16 au 22 septembre), créée par l’Union européenne et orchestrée en France par le Ministère de l’Écologie (MEDDTL).
PLUS D’INFOS : FNE.ASSO.FR
© D. Diedhiou
>La voiturebar du train iDTGV 29152916 le 22 septembre, aux couleurs de FNE.
La Lettre du Hérisson est éditée par France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, fondée en 1968, reconnue d’utilité publique en 1976.Directeur de la Publication :Bruno GentyRédaction en chef :Bénédicte de BadereauFNE, 81 83 boulevard de PortRoyal, 75013 Paris /www.fne.asso.fr/ information@fne.asso.frConception graphique et réalisation :agence Cito /www.cito.frImpression :Imprimerie Nouvelle / 93, avenue Denis Papin / 45 800 SaintJeandeBraye Routage :DautryDépôt légal :octobre 2011 / ISSN 1632 4315 La reproduction des articles de la Lettre du Hérisson sous réserve d’en citer la source datée et les auteurs. La Lettre du Hérisson est imprimée sur du Cyclus Print, un papier recyclé, par un imprimeur labellisé Imprim’ Vert. Cela signifie qu’il respecte trois objectifs : la bonne gestion des déchets dangereux, la sécurisation des stockages de produits dangereux et l’exclusion des produits toxiques des ateliers.
2 >La lettre du hérisson> N°243
JUSTICE Les associations ont intérêt à agir
ACTUS
RÉDUCTION DES DÉCHETS
Plus d’actions pour moins d’ordures
Réduisons nos déchets en quantité et en toxicité : c’est le thème de la semaine européenne de réduction des déchets, qui se déroulera du 19 au 27 novembre 2011. Cette année encore, France Nature Environnement y participe activement. Les associations vont organiser de nombreuses conférencesdébats et une mul titude d’actions pour sensibiliser au suremballage, au réemploi, au compostage domestique, à la toxicité de certains produits… En 2010, les associations de FNE ont organisé plus de 90 actions dans toute la France, soit autant d’occasions d’échanges et débats, à retrouver en ligne dans notre bilan 2010, avec de nom breux outils à télécharger ou à commander.
INSCRIPTIONS OUVERTES JUSQU’AU 4 NOVEMBRE SUR WWW.PREVENTIONDECHETS.FNE.ASSO.FR
BRÈVES L’outremer à l’honneur A Mayotte et la Réunion, en Guyane, aux Antilles, en NouvelleCalédonie et Polynésie ou encore à SaintPierre et Miquelon, nos associations se mobilisent chaque jour. A l’occasion de l’Année des outremer français, elles témoignent et ouvrent le débat sur les enjeux d'un développement respectueux de la biodiver sité outremer, qui représente 85 % de la biodiversité française, lors d’un colloque organisé par FNE les 5 et 6 décembre à Paris, labellisé par le Commissariat général à l'année des outre mer.
BIODIVERSITÉ ET DÉVELOPPEMENT, UN ENJEU CRUCIAL POUR NOS OUTREMER, LES 5 ET 6 DÉCEMBRE 2011, PALAIS D’IÉNA, PLUS D’INFOS ET INSCRIPTION GRATUITE ET OBLIGATOIRE SUR FNE.ASSO.FR
Suite à la procédure entamée par FNE et Sources et Rivières du Limousin, le 8 juin, la Cour de Cassation a confirmé la condamnation d’Alvéa, filiale de Total, à réparer le préjudice des associa tions, lié au non respect des mesures de prévention applicables au site de stockage d’hydrocarbures (1) de SaintYrieix la Perche (HauteVienne) . Les juges ont estimé qu’en ne respectant pas ces mesures, la société a créé un risque de pollution majeure. Même si l’industriel a cessé l’exploitation des installations litigieuses, les associations ont intérêt à agir pour obtenir la réparation intégrale du préjudice subi. Cette décision doit rappeler aux exploitants toute l’importance de respecter les légis lations préventives. Il est inadmissible que des grands groupes industriels français et leurs filiales persistent à violer ces règles et ne prennent pas toutes les mesures permettant d’assurer une protec tion efficace de l’environnement. (1) Cass. 3ème civ., 8 juin 2011, n° 698 FSP+B © atanas.dk  Fotolia AGRICULTURE Les 20 ans de la conservation des ressources génétiques des forêts Agriculture et biodiversité, En cette année internationale de la forêt, la Commission des Ressources Génétiques Forestières fête ses 20 ans. Elle rassemble des représentants des il faut en parler. pouvoirs publics, de la recherche, de la gestion des forêts publiques et privées et des associations environnementales. Soucieuse du respect de la diversité Qu’estce que la biodiversité ? En quoi estelle indispensable à l’agriculture ? Pour répondre à ces génétique des forêts, FNE s’y est impliquée depuis sa création. Pour marquer questions, France Nature Environnement a développé un kit de sensibilisation intitulé « Agriculture l’événement, un colloque est organisé le 16 novembre à Paris par la Commission. et Biodiversité ». Autour d’un diaporama et d’un fascicule, il s’adresse aux associations et aux orga nismes qui veulent former un public varié (adhérents, agriculteurs, PLUS D’INFOS SUR FNE.ASSO.FR citoyens, élus…). Conçu par des agronomes et des naturalistes de la fédération, il prouve que préservation de la biodiversité et production Nous aider autrement agricole sont complémentaires. Des tshirts, des tasses, des verres, des affiches, des jeux de cartes : la boutique FNE a rempli ses rayons ! PLUS D'INFOS AUPRÈS DU RÉSEAU AGRICULTURE 01 44 08 02 50. Rendezvous surfne.asso.fr, rubrique Boutique en ligne, ou directement surplanetikfne.com. En achetant sur ce site, vous soutenez les actions de France Nature Environnement.
FNE DANS LES MÉDIAS
Assises du ferroviaire Michel Dubromel, responsable du réseau Transports et mobilités durables à FNE, estime que« le gouvernement se méprend et démontre l’absence de vision globale et à moyen terme du problème du ferroviaire français. Avant de vouloir privatiser, assuronsnous d’avoir quelque chose de vendable. », 20 minutes,le 14 septembre 2011.
Pages réalisées par Bénédicte de Badereau avec les chargés de mission
Coup de rabot sur les niches fiscales du grenelle « Ce sont des micromesures qui donnent un coup de pied supplémentaire dans la fiscalité verte déjà mal en point, déplore Gaël Virlouvet, responsable de la mission économie à France nature environnement . Il faudrait plutôt favoriser l’investissement écologique par une loi fiscale verte.» 20 minutes, le 30 août 2011.
Retrouvez toute l’actualité de France Nature Environnement sur fne.asso.fr
N°243 >La lettre du hérisson> 3
POINT DE VUE
Nucléaire, L’insécurité chronique
25 ans après la catastrophe de Tchernobyl et six mois après celle de Fukushima, le nucléaire reste toujours intouchable en France. Le nonlieu prononcé par la Cour d'appel de Paris dans l'enquête sur l'impact du nuage de Tchernobyl en France en est une nouvelle preuve.
e 7 septembre, la Cour d’appel de Paris a mis fin à veuLr de Pierre Pellerin, chef du Service central de l’enquête sur l’impact sanitaire du nuage de Tcher-nobyl en France. Un non-lieu a été prononcé en fa-protection contre les rayons ionisants au moment de la catastrophe nucléaire, en avril 1986. Pour la cour, aucun lien de causalité entre l’augmentation des affections thy-roïdiennes et le passage du nuage radioactif n’est prouvé. Une décision scandaleuse pour les victimes et incompré-hensible au regard des différents rapports médicaux. En Corse notamment, leurs conclusions semblent avoir été passées sous silence. Le docteur Fauconnier a pourtant sonné l'alarme dès mai 1986. Les professeurs Bras et Mouthon ont ensuite mis en évidence « une augmentation
4 >La lettre du hérisson> N°243
du pourcentage de troubles thyroïdiens dans cette popula tion après 1986 ». Des taux de perturbations du fonctionne ment thyroïdien très importants ont été révélés chez une partie de la population de l’île et ces perturbations sont à l’origine de nombreux cancers dans la région
LE SILENCE TUE Sur ordre de l’État, le professeur Pellerin a organisé le silence autour de l’impact du nuage sur la santé. Dans les années 80, la France était alors lancée dans une course folle pour l’expansion du nucléaire alors construisant six réac
teurs par an. Il ne fallait surtout pas briser cet élan. Vingt cinq ans après le drame, le rapport entre l'aggravation des pathologies thyroïdiennes et ce nuage est toujours nié. Le nucléaire reste audessus des lois et la transparence ne fait pas partie des habitudes de l’industrie nucléaire, comme l’a prouvé encore une fois la catastrophe de Fukushima en mars 2011 au Japon. TEPCO, l’exploitant de la centrale, et l’État japonais ont tardé à informer et à éva cuer la population. Les mesures de contamination des pro
Le nucléaire reste au-dessus des lois
duits alimentaires sont très partielles et peu disponibles. Le gouvernement japonais s’entête à refuser l’élargissement de la zone de sécurité. Mais des citoyens japonais se mobi lisent. Des parents décapent les cours d’écoles afin de protéger leurs enfants. Des scientifiques tentent d’élaborer la vraie carte des contaminations.
DES MILLIARDS ENGLOUTIS Survenu le 12 septembre, l’accident mortel sur le site de Marcoule prouve qu’en France aussi, un accident reste tou jours possible. Chaque année, l’industrie nucléaire fran çaise engloutit des milliards d’euros d’argent public. Dans le cadre de ses propositions pour les élections de 2012, France Nature Environnement proposera de réorienter ces sommes vers l’efficacité énergétique et le développement harmonieux des énergies renouvelables. FNE demandera également aux candidats de s’engager pour une sortie progressive du nucléaire d’ici 20302040.
ALEXIS PROKOPIEV, chargé de mission économie MARC SÉNANT, chargé de mission risques industriels
REPÈRES >En France, on compte58 réacteurs nucléaires répartis dans 19 centrales, d'une moyenne d'âge de 20 ans. >En 2010, plus de1000 incidents et anomalies ont été répertoriés par l'Autorité de sûreté nucléaire dans les centrales françaises. C'est deux fois plus qu’il y a 10 ans. >Près de100 milliards d’eurosde recherche et développement ont été dépensés depuis 30 ans pour le nucléaire civil (rapport Charpin PellatDessus)
GRANDS PRÉDATEURS
Loups Arrêter l'hécatombe
Sept loups sont morts en France cet été. En cause, la politique fluctuante de l'État, des tirs officiels facilités et la multiplication des actes de braconnage. Les temps sont durs pour cette espèce protégée.
A l’approche de la saison d’estive, l’État a choisi d’assouplir les conditions de tirs de défense ou de prélèvement (1). Comme nous le redoutions (voir Lettre du Hérisson 242), plus de soixante dix autorisations de tirs ont donc été accordées cet été par arrêté préfectoral. Trois loups ont été abattus dans le cadre du dispositif officiel : deux par tirs de prélèvement et un troisième dans le cadre d’un tir de défense.
TROIS LOUVES DISPARAISSENT DANS LE SUD Autre motif de crispation, la disparition de deux femelles dans le Parc national du Mercantour. Sans trace depuis une dizaine de jours de la louve suivie dans le cadre de l’étude scientifique « ProiePrédateur », les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage sont partis à sa recherche. Le 18 sep tembre 2011, son collier émetteur sectionné a été repêché dans une rivière, laissant peu de doutes sur le sort qui lui a été réservé. Le 20 septembre, le cadavre d’une louve a été retrouvé à trente cinq kilomètres du lieu de découverte du collier. Il ne s’agirait pas de la louve recherchée, mais d’une autre femelle. Le 23 septembre, on a appris la découverte par des promeneurs du cadavre d’une troisième louve visiblement abattue d’une balle, dans les AlpesdeHaute Provence. Un acte de braconnage est à craindre. Enfin, le cadavre d'une louve tuée illégalement par balle a été trouvé le 25 septembre dans le Dévoluy. Le Procureur de Nice a rapidement ouvert une enquête visant à déterminer les circonstances
© Charles Metz
des disparitions dans le Mercantour. Une réactivité bienvenue pour FNE. Nous espérons que, cette fois, les enquêtes de gendarmerie seront efficaces et permettront de déboucher sur des poursuites. Comme pour tous les actes de braconnage, la fédération va porter plainte et demande que les loups détruits illégalement soient décomptés du quota de tir annuel auto risé fixé à six loups. En conséquence, France Nature Environnement demande également la cessation immédiate des autorisations de tir en cours pour l’année 2011.
ET L’ÉTAT ? Face à la répétition de ces destructions illégales, mais aussi face au mutisme perpétuel de l’État concernant ces délits, une certaine lassitude s’installe. Pourquoi l’État ne rappelletil pas de manière ferme et explicite que le loup est une espèce protégée ? Parce que le fond de sa politique n’est pas réellement d’or ganiser la cohabitation entre les activités humaines et le loup, comme il l’affiche dans sa communication, mais de mettre en place un programme de « gestion » de la population ? Alors que les temps sont durs pour la biodiversité, l’État a abandonné l’ours ce prin temps et continue à lâcher du lest visàvis du loup. Notre fédération ne peut qu'exprimer son désaccord avec cette politique et assure poursuivre la lutte pour la reconnaissance des grands prédateurs.
STÉPHANIE MORELLE, chargée de mission Biodiversité
(1) Les tirs de défense sont destinés à effaroucher un loup qui menace un troupeau. Les tirs de prélèvement ont pour but d’abattre l’animal, quand les attaques persistent malgré les mesures de protection et d’effarouchement.
© Christian Joulot
COMMENT LES LOUPS SONTILS COMPTÉS? Chargé du suivi démographique de la population de loups, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage organise chaque hiver des opérations de comp tage en relevant les voies tracées dans la neige, les restes de proies sauvages ou encore les crottes et les poils. Ce recensement permet de détecter les zones de présence du loup et d’évaluer une fourchette minimale de loups présents sur le territoire. 27 zones de présence permanente du loup ont été recensées cet hiver. Elles correspondent à des secteurs géographiques où le loup a pu être repéré pendant deux hivers consécutifs. 19 d’entre elles abritent une meute (une meute étant constituée à partir d’au moins deux loups), 6 ne comptent qu’un individu et dans 2 zones, aucun indice de présence de loup n’a pu être relevé. L’effectif minimal de loups présents est estimé entre 68 et 88 loups, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’hiver 2009/2010, après deux années de régression. À partir de cette fourchette, avec l’appui d’un modèle mathématique basé sur la dynamique démographique du loup, on obtient une estimation globale de la population, comprise actuellement entre 150 et 180 loups.
N°243 >La lettre du hérisson> 5
DOSSIER
RISQUESINDUSTRIELS L’état d’urgence
Il y a dix ans, l'explosion de l’usine AZF mettait à jour les carences françaises en matière de prévention des risques technologiques. Depuis, France Nature Environnement se mobilise pour que les 6 millions de Français concernés par les risques industriels soient protégés. e 21 septembre 2001, à 10 h 17, en pleinmodestes, ne pourront pas s’offrir », précisetil. l'usLine AZF causait la mort de 31 personnes et cœur de Toulouse, l'explosion d'un Du côté des industriels, certes, des efforts ont stock de nitrates d'ammonium, dans été réalisés.les études menées ont« Depuis 2001, permis de dessiner plus précisément les scénarios faisait plus de 2 500 blessés. Le 21 septembre d’accidents dans chaque usine, pour réduire ensuite 2011, dix ans après, France Nature Environne-leur probabilité ou gravité,continue Marc Sénant. ment a alerté l’opinion publique, les poli-Mais le milliard et demi d’euros investi en dix ans tiques, et le monde industriel en dévoilant un dans les usines ne suffit pas. Cela représente moins cratère plus vrai que nature en plein cœur de de 200 000 euros dépensés par an et par site. Une Paris. broutille dans une installation aussi grande et
Dix ans après la catastrophe, l’émotion et la mobilisation politique sont retombées
Répondant à l’invitation de France Nature Environnement, Julian Beever, artiste reconnu pour ses œuvres en trompel’œil à même le sol, a reproduit un cratère sur le parvis de la gare Montparnasse, comme après une explosion industrielle. Une démarche militante et artis tique destinée à sensibiliser le public à la ques tion de la protection des riverains des 647 sites SEVESO en France, les sites industriels les plus dangereux. Tirer le signal d’alarme était nécessaire, tant dix ans après AZF, rien, ou presque, n’a changé. Au lendemain de la catastrophe, les déclarations des politiques se sont multipliées. La France devait en finir au plus vite avec cette proximité entre industries à risques et riverains. En 2003, la loi Bachelot est votée. Elle prévoit la mise en place d’outils pour réduire le risque dans les usines et écarter les populations de ces bombes à retardement. A l’image des plans de préven tion des risques naturels, des plans de préven tion des risques technologiques déterminent des zones d’expropriation et des zones de tra vaux obligatoires, en fonction de l’exposition au danger. Dix ans plus tard, l’émotion et la mobilisation politique sont retombées. La mise en œuvre de la loi a pris un retard considérable. 420 Plans de Prévention des Risques Technologiques devaient être approuvés en juillet 2008. Tout juste 101 de ces plans sont approuvés aujourd'hui et l’on attend toujours leur applica tion concrète dans les territoires. Les maisons n’ont été ni renforcées, ni rasées.« Pire encore, selon la loi de finances 2011, les riverains de sites dangereux doivent financer 70 % des travaux pour protéger leur habitation des risques d’incendie, d’ex plosion, de nuage toxique, ce qui représente en moyenne plus de 10 000 euros par foyer »dénonce Marc Sénant, chargé de mission risques indus triels à FNE.« Un luxe que ces familles, souvent
6 >La lettre du hérisson>N°243
complexe qu’un site SEVESO. »Les industriels concernés, des consortiums internationaux pour la plupart, doivent aller beaucoup plus loin : ils en ont les moyens et cela relève de leur responsabilité.
>les arcsenciel peints surA la Rochelle, les cuves ne font pas oublier le danger.
DIX ANS D’ACTIONS Après AZF, José Cambou, toulousaine et res ponsable du réseau santéenvironnement de FNE, s’est investie pleinement sur ce dossier de la protection des riverains de sites dangereux. « Nous œuvrons à tous les échelons du territoire, depuis les zones industrielles jusqu’aux couloirs du Parlement. Dès novembre 2001, nous avons proposé près de 90 mesures pour améliorer la sécurité des ins tallations et la protection des riverains, dont cer taines ont été reprises dans la loi de 2003. Dans toutes les régions, des associations de FNE ont par ticipé au débat national sur les risques industriels. » Nous soutenons nos associations qui font face à ces risques en apportant notre aide technique, juridique et médiatique. Il est important pour elles qu’elles se sentent épaulées dans ce milieu particulièrement difficile. France Nature Environnement mène un travail de fond sur ces questions. Le réseau prévention des risques industriels, piloté par Maryse Arditi (lire son portrait) œuvre notamment avec 214 correspondants associatifs, riverains ou non de ces sites, dans toute la France. Nous avons été à l'origine de la table ronde de 2009 après avoir fait remarquer que les risques étaient les « grands oubliés » du Grenelle. Régulièrement, des informations nous parviennent, soulignant l’absurdité de certaines situations.
3 10 000 M D’ESSENCE AU FOND DU JARDIN A ce titre, le dossier des cuves de la Rochelle est emblématique. Dans les années 80, un site de stockage de gazole a été construit à 30 mètres à peine des maisons du quartier populaire de Laleu – La Pallice. Les habitants se sont retrou vés avec 48 cuves, contenant chacune plus de 3 10 000 m d’essence, au bout de leurs jardins. Ici, peutêtre encore plus qu’ailleurs, la logique va contrecourant de ce qui a été voulu après AZF : des autorisations viennent d’être délivrées par la mairie et la préfecture pour la construction de quatre nouvelles cuves. Alors que la seule solu tion raisonnable devrait être l’éloignement des cuves, comme nous le réclamons aux côtés de la très active association locale Respire, membre de la fédération.
Pour France Nature Environnement, l’industrie doit redoubler d’efforts pour réduire le risque à la source, dans les usines. Les industries pétro lières et chimiques peuvent et doivent aller bien audelà de ce qu’elles ont fait depuis 2001.« Les possibilités d’amélioration existent d’un point de vue technique et elles ont largement la capacité financière de les assumer. Enfin, il est inconcevable et dange reux de demander aux riverains de payer les travaux de renforcement nécessaires,insiste Maryse Arditi. Vu leur coût, ils ne seront jamais réalisés. » Aujourd’hui, on est loin de l’application du principe pollueurpayeur. Il faut que l’État et les industriels financent 80 % de ces travaux, la col lectivité locale prenant en charge les 20 % res tants.
FAIRE DU RISQUE ZÉRO L'OBJECTIF PRIORITAIRE DES INDUSTRIELS Poursuivre la réduction du risque et financer les travaux de renforcement sont les seuls moyens de s’assurer que l’on ne vivra pas un nouvel AZF.« On nous dit trop souvent que le risque zéro n’existe pas,précise Maryse Arditi.Pourtant il nous semble essentiel que ce soit en réalité l'objectif prioritaire de chaque exploitant. Si ce constat ne doit pas être un frein à l’activité industrielle, son dévelop pement doit s’accompagner d’une prise en charge par l’Etat et par les industriels de la protection des popu lations exposées au risque qu’elle génère. »A la veille de l’élection présidentielle, France Nature Environnement interpelle les candidats et sera attentive aux positions qu’ils ou elles adopte ront sur ce dossier sensible et important pour les tous Français.
BÉNÉDICTE DE BADEREAU
EN SAVOIR PLUS : WWW.FNE.ASSO.FR ASSOCIATIONRESPIRELAROCHELLE.ORG
>Le 21 septembre, dix ans jour pour jour après l'explosion d'AZF, la mise en scène d'une fausse explosion à Montparnasse a attiré l'attention des médias sur les lacunes en matière de protection face aux risques indus triels
EN CHIFFRES >1210 sites SEVESO en France, dont 686 "seuil Haut ", les plus dangereux >900 communes concernées >1 contrôle par an en moyenne mené par l’inspection des installations classées sur chaque site SEVESO >30 % du montant des travaux : c’est l’aide financière actuelle accordée aux riverains. Insuffisant
« NOUS NE CONNAISSIONS PAS LES RISQUES»
A 10 h 17, le 21 septembre 2001, Madeleine Charru, directrice de Solagro, était dans les locaux de son association, à 3 km à vol d’oiseau du site d’AZF, à Toulouse. Elle raconte. « Ce matinlà, j’étais à Solagro, avenue Muret. Une quinzaine de salariés étaient présents. Nous avons entendu et ressenti une très forte déflagration, fenêtres et faux plafonds ont volé en éclats. On s’est demandé ce qu’il se passait. Nous avions en tête les images très récentes du 11 septembre, les bâtiments qui s’écroulent, nous avons évacué. Aucun de nous n’a été blessé, mais j’ai eu de la chance : dans l’explosion des vitres, une longue aiguille de verre s’est plantée dans ma chaise de bureau. Heureusement, je faisais des photocopies. Nous n’étions pas préparés à l’éventualité d’une explosion. J’habitais et travaillais depuis dix ans dans ce quar tier, a priori en zone sensible, et je n’avais jamais eu aucune information sur les risques chimiques ou d’explo sion. L’accident a posé la question de la sécurité dans ce type de site et de la proximité des usines avec les habitations. Aujourd’hui, il y a encore des usines chimiques dans les parages et sauf à être féru de PPI, PPRT, les riverains ne disposent toujours pas d’une information claire. Leur sécurité est pourtant une priorité. Per sonne ne doit avoir à vivre ça à nouveau. »
A renvoyer sous enveloppe affranchie à FNE – 3 rue de la Lionne – 45 000 Orléans ou à remplir sur fne.asso.fr
PLUS D’INFOS SUR SOLAGRO : WWW.SOLAGRO.ORG
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N°243 >La lettre du hérisson> 7
PORTRAIT
MARYSE ARDITI L’énergie au sens propre
Militante féministe, pionnière du solaire, aujourd’hui pourfendeuse du risque industriel : depuis 1968, Maryse Arditi mène de nombreux combats. Portrait.
ercredi 21 septembre, parvis de la Gare Montparnasse. En ce jour de commémoration de la catastrophe d’AZF,Maryse Arditi enchaîne les interviews. Elle martèle le message de France Nature En-vironnement : tout doit être fait pour améliorer la sécurité des riverains de sites industriels (voir le dossier). D’un débit rapide, avec ri-gueur et détermination, cette petite femme dynamique assène les arguments un à un et convainc les journalistes.
« Donner une information juste mais accessible »
Depuis 2009, Maryse Arditi est pilote du réseau risques industriels de FNE et s’occupe du réseau énergie. Pour se pencher sur ces ques-tions techniques et politiquement explosives, être docteur en physique nucléaire et l’une des pionnières de l’énergie solaire est un atout indé-niable. C’est son envie d’expérimenter qui l’a menée à ces sujets pointus. Elle raconte :« Dans les années 60, quand j’étais étudiante, la physique nucléaire était le secteur le plus en pointe. Voilà pourquoi je m’y suis intéressée. »docto-En 1968, Maryse est rante à la faculté d’Orsay. Les événements sont un électrochoc.« Dans notre équipe, nous nous sommes posés beaucoup de questions sur le bien-fondé de nos recherches. »Consciente des dangers du nucléaire, elle boucle tout de même sa thèse. Ses préoccupations ne se limitent pas au champ énergétique : elle prend part aux mouvements sociaux et politiques de l’époque. Militante du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, elle signe en 1971 le mani-feste dit « des 343 salopes », rédigé par Simone de Beauvoir et publié dans Le Nouvel Observateur, où des femmes, célèbres ou non, déclarent avoir avorté. Début 1972, elle s’envole pour l’Université de Berkeley, en Californie, et participe pendant six mois aux premiers travaux sur l’énergie solaire. « Nous n’étions que trois : une chercheuse, un étudiant, un technicien, raconte-t-elle. Trois ans après, ils étaient 1000 ! Nous nous interrogions sur la construction de bâtiments à énergie solaire. En fait, nous avions vingt-cinq ans d’avance ! » De retour en France, au moment du congrès mondial« Le soleil au service de
8 >La lettre du hérisson> N°243
MARYSE ARDITI EN 5 DATES
1971Elle signe le « Manifeste des 343 salopes » pour l’avorte ment libre et gratuit
1988Installée dans les Corbières, elle fonde avec son compagnon et d’autres l’association ECCLA (Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois)
1999Elle est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur pour son action pour l’environnement
19972002 Présidente bénévole de l’INERIS
 Depuis2009Pilote du réseau risques indus triels puis du réseau énergie à FNE
l’homme », elle fonde avec des architectes, des thermiciens, des plombiers, des citoyens, le groupe héliotechnique de Paris. « C’est d’abord par ce biais de l’énergie que je me suis impliquée dans les combats écologistes, explique-t-elle. J’ai beaucoup appris auprès de mon compa-gnon. »Pitch Bloch, disparu en 2007, était un militant très apprécié et très actif de FNE, mem-bre du directoire du réseau industrie-déchets. « Nous avons quitté Paris pour vivre dans le Sud, dans une maison avec notre propre énergie, du solaire passif, un chauffe-eau solaire. »Avec d’au-tres, ils créent en 1988 l’association Eccla, pour Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois. Elle s’amuse encore de leur astuce : Nous avions choisi ce nom pour pou-voir dire« encore un coup d’Eccla ! » En 1988, Maryse Arditi est élue Verts. Conseillère municipale à Narbonne, elle devient la bête noire du maire, faisant annuler le POS ou contestant la nouvelle ZAC. Elle mène une bagarre très dure contre l’exclusion des enfants étrangers du conseil municipal des jeunes. Cette décision la révolte et elle la conteste devant le tribunal administratif : « Pour moi qui suis née de parents étrangers, d’ori-gine juive, fille d’un déporté, enfant cachée pendant la guerre, c’était inadmissible. »Sa ténacité paie : elle gagne devant le Conseil d’État. En parallèle, cette passionnée poursuit sa car-
rière d’enseignante-chercheuse en physique à l’université et contribue aux débuts de la forma-tion continue, passant des nuits à constituer des dossiers pour ses étudiants. En 2004, quelques années plus tard, vice-présidente du Conseil régional de Languedoc Roussillon, elle décou-vrira l’autre côté du miroir en étant déléguée à la formation professionnelle. De sa propre formation, elle garde un attache-ment à la rigueur scientifique. Une ligne de conduite qu’elle suit aujourd ‘hui à FNE, où elle veut« donner une information juste mais acces-sible ». Maryse se décrit souvent comme une « retraitée qui travaille 35 heures par semaine ». Une estimation qui nous semble bien en-dessous de la réalité. Son secret ? Elle le confie avec malice : « Chaque matin, une ampoule de gelée royale-gin-seng-acérola. Et c’est surtout mon tempérament ! »
BÉNÉDICTE DE BADEREAU
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