Fausses évidences. Statut de réfugié et politisation - article ; n°3 ; vol.16, pg 147-164
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 2000 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 147-164
Fausses évidences. Statut de réfugié et politisation.
Stéphane Dufoix.
Si l'on veut prendre la mesure de la population « émigrée » politiquement active, il est nécessaire de dépasser la correspondance implicite entre le statut de réfugié et le caractère politique de la migration. En effet, quatre raisons plaident en faveur d'une dissociation entre réfugié et politisation - l'impossible détermination des causes du départ, la fausse évidence de la nature politique de la migration des intellectuels, l'existence de militants politiques ne disposant pas du statut de réfugié, et enfin l'existence de réfugiés sans raisons politiques. Par conséquent, nous plaidons en faveur d'un changement de regard pour faire de l'activité politique en exil et de ses cadres - ce que nous appelons l'exopolitie - un objet d'étude à part entière.
False Obviousness. Refugee Status and Politicization.
Stephane Dufoix.
Measuring the politically active emigré population requires going beyond the implicit connection between the granting of the refugee status and the political character of the migration. As matter of fact, four reasons demonstrate the necessity of dissociating refugee status and politicization : the impossible determination of the causes of departure, the false obviousness of the migration of intellectuals, the existence of non-refugee political activists, and the existence of nonpolitically motivated legal refugees. Therefore, we advocate an important change of sight that would turn political activity in exile and its frame - what we call the exile polity - into a scientific object of its own.
Falsas evidencias. Estatuto de refugiado politización.
Stéphane Dufoix.
Si pretendemos abarcar la cuestión de la población « emigrada » politicamente activa, es necesario superar la correspondencia implícita entre el estatuto de refugiado el carácter político de la emigración. En efecto, cuatro razones privilegian esta disociación entre politización refugiado : la imposible determinación de las causas de la partida, la falsa evidencia de la naturaleza política de la emigración de intelectuales, la existencia de militantes politicos que no disponen del estatuto de refugiado y, en fin, la existencia de refugiados carentes de razones políticas. Por consiguiente, nosotros apostamos en favor de un cambio de óptica de manera a construir alrededor de la actividad politica en el exilio de sus cuadros - « exopolitie » según nuestra denominación - un objeto de estudio parte entera.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Stéphane Dufoix
Fausses évidences. Statut de réfugié et politisation
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 16 N°3. pp. 147-164.
Citer ce document / Cite this document :
Dufoix Stéphane. Fausses évidences. Statut de réfugié et politisation. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol.
16 N°3. pp. 147-164.
doi : 10.3406/remi.2000.1745
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_2000_num_16_3_1745Résumé
Fausses évidences. Statut de réfugié et politisation.
Stéphane Dufoix.
Si l'on veut prendre la mesure de la population « émigrée » politiquement active, il est nécessaire de
dépasser la correspondance implicite entre le statut de réfugié et le caractère politique de la migration.
En effet, quatre raisons plaident en faveur d'une dissociation entre réfugié et politisation - l'impossible
détermination des causes du départ, la fausse évidence de la nature politique de la migration des
intellectuels, l'existence de militants politiques ne disposant pas du statut de réfugié, et enfin l'existence
de réfugiés sans raisons politiques. Par conséquent, nous plaidons en faveur d'un changement de
regard pour faire de l'activité politique en exil et de ses cadres - ce que nous appelons l'exopolitie - un
objet d'étude à part entière.
Abstract
False Obviousness. Refugee Status and Politicization.
Stephane Dufoix.
Measuring the politically active emigré population requires going beyond the implicit connection
between the granting of the refugee status and the political character of the migration. As matter of fact,
four reasons demonstrate the necessity of dissociating refugee status and politicization : the impossible
determination of the causes of departure, the false obviousness of the migration of intellectuals, the
existence of non-refugee political activists, and the existence of nonpolitically motivated legal refugees.
Therefore, we advocate an important change of sight that would turn political activity in exile and its
frame - what we call the exile polity - into a scientific object of its own.
Resumen
Falsas evidencias. Estatuto de refugiado politización.
Stéphane Dufoix.
Si pretendemos abarcar la cuestión de la población « emigrada » politicamente activa, es necesario
superar la correspondencia implícita entre el estatuto de refugiado el carácter político de la emigración.
En efecto, cuatro razones privilegian esta disociación entre politización refugiado : la imposible
determinación de las causas de la partida, la falsa evidencia de la naturaleza política de la emigración
de intelectuales, la existencia de militantes politicos que no disponen del estatuto de refugiado y, en fin,
la existencia de refugiados carentes de razones políticas. Por consiguiente, nosotros apostamos en
favor de un cambio de óptica de manera a construir alrededor de la actividad politica en el exilio de sus
cuadros - « exopolitie » según nuestra denominación - un objeto de estudio parte entera.Revue Européenne des Migrations Internationales, 2000 (16) 3 pp. 147-164 147
Fausses évidences.
Statut de réfugié et politisation
Stéphane DUFOIX
L'étude des migrants dans leur pays d'accueil se centre généralement sur les
enjeux de l'intégration et le maintien d'une identité culturelle en situation de présence
collective à l'étranger. En revanche, d'autres dimensions de l'organisation post
migratoire ne recueillent encore que peu d'intérêt. C'est en particulier le cas d'une
dimension politique, considérée non pas comme l'insertion des migrants dans la vie
politique nationale ou locale, mais comme la mise en place sur le territoire du pays
d'accueil d'activités politiques dirigées contre le régime en place dans le
d'origine. Quand elle n'est pas oubliée, cette dimension est occultée dans sa spécificité
par un postulat tacitement accepté : l'« émigration politique » est le résultat d'une
migration politique, comme si la nature réelle ou supposée de la migration était au
principe de l'organisation ultérieure. D'ailleurs, le terme même d'« émigration » en est
réduit à signifier un mouvement et une situation, à la fois le processus de départ et les
conditions d'organisation sociale et politique prévalant après l'arrivée dans le pays
d'accueil (Sayad, 1999 : 175-177). Il en résulte que l'éventuelle - et rare - recherche
des fondements d'une action politique à partir du sol étranger est en quête d'une
population naturellement politique, et qu'elle trouve celle des réfugiés. Contre cette
tendance, nous mettrons en évidence quatre raisons allant à rencontre de l'assimilation
de la population des réfugiés à la population politique des migrants, pour finalement
proposer une nouvelle approche fondée sur l'existence d'un espace politique spécifique
à l'étranger, que nous nommons exopolitie.
Les réfugiés, une population politique ?
Le regard porté par les sciences humaines sur les migrations accorde une
grande importance aux causes des départs. De la sorte, définir la nature des flux revient
à postuler que cette « nature » se perpétue dans les pays d'accueil. Ainsi, une
* ATER en sociologie, Université de Paris-X Nanterre (GEODE), 200 Avenue de la République,
92001 Nanterre Cedex. 148 Stéphane DUFOIX
« émigration politique » est définie comme le rassemblement dans un pays d'accueil de
tous les migrants ayant quitté leur pays à la suite des mêmes événements politiques.
Bien souvent, la définition de l'émigration est donc totale et ne souffre pas de nuances.
Cette nécessité, ressentie par les chercheurs, de choisir entre une qualification
« économique » et une qualification « politique » résulte de la volonté de prendre en
compte l'ensemble des personnes arrivant en même temps sur le territoire sans aucune
distinction, postulant ainsi que la cause la plus visible ou la plus logique est au
fondement même de toutes les décisions individuelles d'émigration. Les mots
employés pour qualifier les arrivants, qu'ils soient les mots de l'opinion, des
observateurs ou des autorités, témoignent de cette volonté de les définir globalement et
souvent de les associer aux causes de leur départ (Baclet-Hainque, 1985 ; Noiriel,
1991 ; Mondonico-Torri, 1995 ; Wahnich, 1997 ; Ponty, 1996). « Exilés », « émigrés »,
« réfugiés », « immigrés », sont des appellations qui ont vu leur utilisation varier selon
les époques et selon des considérations sociales et politiques1.
1 Nous ne pouvons ici entrer dans la complexité de la question de la dénomination. Signalons
simplement que l'étymologie, les définitions officielles, le sens commun de la plupart des mots
concernés, ainsi que l'utilisation qu'en font ceux et celles qu'ils sont censés désigner,
empêchent un usage correct de la part des scientifiques en l'absence de création de mots
nouveaux. « Émigration » et « immigration » désignent encore une dynamique associée au
départ de son pays et à l'entrée sur le territoire d'un autre ; pourtant, la confusion devient de
plus en plus fréquente avec le résultat « communautaire » de ces flux. Ainsi, le terme
« immigration portugaise en France » en vient à décrire l'ensemble de la population ayant
émigré, comme, en certains autres cas, le terme « émigration ». De même, « immigré » et
« émigré », loin d'être réductibles au sens résultant de l'adjectivation d'un participe passé,
désignant étymologiquement celui qui s'est installé dans un autre pays que le sien et celui qui a
quitté son pays, comme les deux faces d'un même homme, sont désormais surchargés de
connotations sociales et politiques, provenant tant des autorités que des médias ou des
intéressés eux-mêmes. Il en résulte une confusion préjudiciable à la compréhension du travail
scientifique. L'utilisation du terme de « population politique immigrée » pour décrire ceux qui
s'engagent dans des activités politiques en situation d'exil entrerait en conflit avec la moindre
citation d'ouvrage, de mémorandum, ou de tract écrits par ces derniers. Je ne connais aucun
activiste politique

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