Formation et carrière d'un grand personnage de la Curie au XIIe siècle : le cardinal Albinus - article ; n°2 ; vol.98, pg 623-671

Teresa Montecchipalazzi

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1986 - Volume 98 - Numéro 2 - Pages 623-671
Thérèse Montecchi Palazzi, Formation et carrière d'un grand personnage de la Curie au XVe siècle : le cardinal Albinus, p. 623-671. L'introduction que la cardinal Albinus a placée en tête de sa collection, les Digesta pauperis scolaris, permet de reconstituer la formation et la carrière d'un contemporain de Cencius camerarius, que l'on ne connaissait que par ses activités à la Curie après sa promotion cardinalice. En présentant sa collection l'auteur retrace dans un style très personnel les principales étapes de sa vie, au cours desquelles il a accumulé les matériaux dont il s'est servi pour composer sa collection; ce qui explique le caractère hétérogène de cette dernière. Aux sentences et aux extraits patristiques qu'il avait notés durant ses études à Paris en lettres et en théologie, succède une série de sermons correspondant à une période de prédication, tandis que les documents concernants les droits de l'Église, que l'on trouve aussi dans le Liber censuum de Cencius, ont été rassem- (v. au verso) blés lorsqu'il faisait partie de l'entourage pontifical (1182-1197). D'autres éléments intercalés à l'intérieur des grandes divisions annoncées dans l'introduction, apportent de plus amples informations sur l'évolution de la collection et sur les intérêts du cardinal.
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1986
• Nombre de lectures: 33
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Teresa Montecchi Palazzi
Formation et carrière d'un grand personnage de la Curie au XIIe
siècle : le cardinal Albinus
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 98, N°2. 1986. pp. 623-671.
Résumé
Thérèse Montecchi Palazzi, Formation et carrière d'un grand personnage de la Curie au XVe siècle : le cardinal Albinus, p. 623-
671.
L'introduction que la cardinal Albinus a placée en tête de sa collection, les Digesta pauperis scolaris, permet de reconstituer la
formation et la carrière d'un contemporain de Cencius camerarius, que l'on ne connaissait que par ses activités à la Curie après
sa promotion cardinalice. En présentant sa collection l'auteur retrace dans un style très personnel les principales étapes de sa
vie, au cours desquelles il a accumulé les matériaux dont il s'est servi pour composer sa collection; ce qui explique le caractère
hétérogène de cette dernière. Aux sentences et aux extraits patristiques qu'il avait notés durant ses études à Paris en lettres et
en théologie, succède une série de sermons correspondant à une période de prédication, tandis que les documents concernants
les droits de l'Église, que l'on trouve aussi dans le Liber censuum de Cencius, ont été rassem-
(v. au verso) blés lorsqu'il faisait partie de l'entourage pontifical (1182-1197). D'autres éléments intercalés à l'intérieur des
grandes divisions annoncées dans l'introduction, apportent de plus amples informations sur l'évolution de la collection et sur les
intérêts du cardinal.
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Montecchi Palazzi Teresa. Formation et carrière d'un grand personnage de la Curie au XIIe siècle : le cardinal Albinus. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 98, N°2. 1986. pp. 623-671.
doi : 10.3406/mefr.1986.2877
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1986_num_98_2_2877IDÉES ET IMAGES TEXTES,
THÉRÈSE MONTECCHI PALAZZI
FORMATION ET CARRIÈRE
D'UN GRAND PERSONNAGE DE LA CURIE
AU XIIe SIÈCLE: LE CARDINAL ALBINUS1
Une des conséquences secondaires de la Réforme grégorienne est
d'avoir suscité un effort continu de la papauté durant tout le XIIe siècle
pour renouveler et affermir ses structures financières et administratives.
Cet effort a d'abord donné naissance à la camera domini pape dont les
premières mentions apparaissent sous les pontificats de Callixte II (1119-
1123) et d'Honorius II (1123-1130). Confié à la responsabilité du camerar
ius, cet organisme était chargé d'administrer les biens patrimoniaux de
l'Apôtre et de rémunérer ceux qui assuraient le service de la maiston pont
ificale et formaient à ce titre la familia pape.
En outre durant cette même période différents personnages ont eu,
dans l'entourage pontifical, le souci de regrouper les documents qui justi
fiaient les droits de l'Église sur les biens qui lui appartenaient. Le cardi
nal Deusdedit composa à la demande de Grégoire VII un premier recueil
de ce genre, connu à travers le Liber politicus du chanoine Benoît (1140)
où l'on trouve aussi la description des cérémonies religieuses à l'occasion
desquelles le camerarius distribuait à chacun des membres de l'entourage
papal une somme d'argent désignée sous le nom de presbyterium. Un peu
plus tard, sous le pontificat d'Adrien IV (1154-1159), le camérier Boson
établit une liste de tous les établissements qui devaient payer un cens à
l'Église et compléta le récit qu'il fit des vies d'Eugène III (1145-1153),
d'Adrien IV et d'Alexandre III (1159-1181) par la copie des documents
relatifs aux modifications survenues dans le patrimoine sous ces pontifi
cats.
1 Cette recherche m'a été largement facilitée par Mgr Louis Duval-Arnould
dont les conseils et les suggestions m'ont été d'un grand profit. Je voudrais lui
exprimer ici toute ma reconnaissance ainsi qu'au Père L.-J. Bataillon et à Mgr
Michele Maccarone qui m'ont fait bénéficier de leur grande compétence.
MEFRM - 98 - 1986 - 2, p. 623-671. THÉRÈSE MONTECCHI PALAZZI 624
En effet une série de ventes et d'achats territoriaux, de récupérations
et d'occupations militaires, sous les pontificats d'Eugène III et
d'Adrien IV, avaient transformé les biens patrimoniaux de Campanie, de
Sabine et de Tuscie romaine en un ensemble cohérent doté d'une admin
istration propre2. Le schisme qui divisa la Curie à la mort d'Adrien IV,
et la longue absence de Rome qui en résulta sous le pontificat d'Alexan
dre III, provoqua un arrêt de cette politique territoriale qui reprit cepen
dant avec le séjour stable à Rome des papes Clément III (1187-1191) et
CélestinlII (1191-1 198) 3.
Le chemin parcouru apparaît assez nettement dans le Liber censuum
composé par Cencius camerarius en 1192, où les possessions de l'Église
romaine, ses droits et ses revenus sont désormais définis, classés, enregis
trés et documentés en sorte que le pape y figure comme le souverain d'un
État dont la gestion est assurée par une institution stable, la Chambre
apostolique4.
Compte tenu du caractère irremplaçable de ce document si l'on veut
comprendre l'importance que prit par la suite la Chambre apostolique
dans l'administration de l'État pontifical, il nous a paru intéressant d'étu
dier la personnalité d'un homme à peine plus âgé que Cencius camerarius
et dont la quête de documents, très voisine de celle qui a été entreprise
pour le Liber censuum, a pourtant donné naissance à un recueil radical
ement différent, les Digesta pauperis Scolaris du cardinal Albinus. Pour se
faire une idée précise de la personnalité de son auteur et des objectifs
qu'il poursuivait en composant sa collection, il est indispensable de s'inté
resser à l'ensemble de l'ouvrage de façon à situer dans son contexte exact
la partie des Digesta pauperis Scolaris Albini dont le contenu présente en
effet de nombreux points communs avec le Liber censuum de 1192.
2 Cf. Pierre Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional
et la Sabine du IXe siècle à la fin du XIIe siècle, t. 2, Rome, 1973, p. 1038-1081.
3 Pour l'histoire de la papauté du pontificat de Lucius III à celui de Céles-
tin III, on peut consulter : K. Wenck, Die römischen Päpste zwischen Alexander III
und Innocenz III und der Designationsversuch Weinachten 1197, Papsttum und Kai
sertum, Munich, 1926, p. 415-474; Α. Fliche, R. Fore ville, Ι. Rousset, Histoire de
l'Église. Du premier concile de Latran à l'avènement d'Innocent HI (1123-1198),
Paris, 1953; P. Toubert, op. cit., chap. IX, Du patrimoine de saint Pierre à l'État
pontifical, p. 935-1080; V. Pfaff, Papst Clemens III, dans Zeitschrift der Savigny-
Stiftung für Rechtsgeschichte, Kan. Abt., 67, 1980, p. 261-316; Id., Sieben lahre päpst
licher Politik. Die Wirksamkeit der Päpste Lucius III, Urban III, Gregor VIII, ibid.,
98, 1981, p. 148-338.
4 Thérèse Montecchi Palazzi, Cencius camerarius et la formation du «Liber ce
nsuum» de 1192, dans MEFRM, 96, 1984, p. 49-93. FORMATION ET CARRIÈRE DU CARDINAL ALBINUS 625
Les historiens cependant, jusqu'à une date récente, n'ont marqué
d'intérêt que pour les livres 10 et 11 des Digesta, c'est-à-dire ceux qui se
rapprochent le plus du Liber censuum. Les recherches de G. Cenni l'ont
conduit à s'intéresser aux textes qui établissaient le pouvoir temporel de
la papauté5, tandis qu'E. Stevenson étudiait plus spécialement la Collectio
canonum reprise à Deusdedit. Après en avoir analysé toutes les versions
connues, il est arrivé à la conclusion que le texte le plus proche de l'origi
nal perdu était celui des manuscrits de la Bibliothèque Vaticane Ot-
tob.Lat. 3057 et Vat.Lat. 8486, ceux des Digesta et du premier Liber cen-
suum6. P. Fabre et L. Duchesne se sont livrés à une comparaison précise
des deux manuscrits, orientée bien sûr vers l'édition du Liber censuum7.
L. Duchesne a donc publié dans le tome 1 de son édition les textes com
muns aux deux collections en indiquant les références et les variantes
dans les Digesta; d'autre part, la plupart des documents des livres 10 et 11
du recueil d'Albinus qui ne se trouvent pas dans le L