Histoire des utilisations thérapeutiques de l amadouvier - article ; n°336 ; vol.90, pg 599-614
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Histoire des utilisations thérapeutiques de l'amadouvier - article ; n°336 ; vol.90, pg 599-614

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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2002 - Volume 90 - Numéro 336 - Pages 599-614
Cet article est une présentation des principales utilisations thérapeutiques de Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr, l'amadouvier. La trame de ce champignon est une matière douce et cotonneuse nommée amadou. Elle était utilisée aux XVIIIe et XIXe siècles pour réaliser des pansements hémostatiques. Elle servit également, sous forme de plaques, pour conserver la chaleur ou pour comprimer certaines parties du corps et, sous forme de cautère, dans le cadre de la moxibustion. Son rôle dans différentes pharmacopées traditionnelles (hongroise, chinoise, indienne) est également évoqué.
History of the therapeutic uses of the tinder polypore, Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr.
This paper presents the major therapeutic uses of Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr., tinder polypore. The context of this fungus is a woolly and soft material so called amadou (tinder). During the XVIII and XIXth centuries, the fungal material was used as haemostatic dressing and bandage to keep the temperature and compress parts of the body. It was also used as cautery for moxibustion and was reported in several traditional pharmacopoeias (Hungarian, Chinese, Indian).
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 107
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bertrand Roussel
Sylvie Rapior
Colette Charlot
Christian-Louis Masson
Paul Boutié
Histoire des utilisations thérapeutiques de l'amadouvier
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 90e année, N. 336, 2002. pp. 599-614.
Résumé
Cet article est une présentation des principales utilisations thérapeutiques de Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr, l'amadouvier. La
trame de ce champignon est une matière douce et cotonneuse nommée amadou. Elle était utilisée aux XVIIIe et XIXe siècles
pour réaliser des pansements hémostatiques. Elle servit également, sous forme de plaques, pour conserver la chaleur ou pour
comprimer certaines parties du corps et, sous forme de cautère, dans le cadre de la moxibustion. Son rôle dans différentes
pharmacopées traditionnelles (hongroise, chinoise, indienne) est également évoqué.
Abstract
History of the therapeutic uses of the tinder polypore, Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr.
This paper presents the major therapeutic uses of Fomes fomentarius (L. : Fr.) Fr., tinder polypore. The context of this fungus is a
woolly and soft material so called amadou (tinder). During the XVIII and XIXth centuries, the fungal material was used as
haemostatic dressing and bandage to keep the temperature and compress parts of the body. It was also used as cautery for
moxibustion and was reported in several traditional pharmacopoeias (Hungarian, Chinese, Indian).
Citer ce document / Cite this document :
Roussel Bertrand, Rapior Sylvie, Charlot Colette, Masson Christian-Louis, Boutié Paul. Histoire des utilisations thérapeutiques
de l'amadouvier. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 90e année, N. 336, 2002. pp. 599-614.
doi : 10.3406/pharm.2002.5432
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2002_num_90_336_5432599
Histoire des utilisations
thérapeutiques de l'amadouvier,
Fontes fomentarius (L. : Fr.) Fr.
par Bertrand Christian-Louis Roussel *, Masson Sylvie Rapior **** et **, Paul Colette Boutié Chariot * ***
A employé Kotlaba les sueurs l'époque officinalis polypores. comme nocturnes & Pouzar, purgatif moderne, On chez (Vill. peut qui les et en contre : la tuberétait Fr.) particulier pharmacopée évoquer européenne l'agaric comptait blanc, Laricif plusieurs ornes
culeux l. Mais un autre « agaric » 2
a également été utilisé en médec
ine : il s'agit de l'amadouvier,
F ornes fomentarius (L. : Fr.) Fr.
L'amadouvier est un champignon
lignicole, quelquefois saprophyte,
mais bien plus fréquemment paras
ite de plusieurs arbres feuillus :
hêtre, platane, bouleau, peuplier,
chêne, aulne, etc. 3 En forme Fig. 1 : Fontes fomentarius (L. : Fr.) Fr. sur hêtre
de sabot de cheval [Fig. 1 et 2], le (photo : Bertrand Roussel).
* Laboratoire d'archéologie, Université Paul Valéry, route de Mende, 34199 MontpeUier cedex 5
** de botanique, phytochimie et mycologie, UFR des sciences pharmaceutiques et bio
logiques, UM 1/CNRS-UPR 9056, 15 rue Charles-Flahault, BP 14491, 34093 Montpellier cedex 5
*** Musée montpelliérain de la pharmacie Albert-Ciurana, UFR des sciences et bio
logiques, 15 rue Charles-Flahault, BP 14491, 34093 Montpellier cedex 5
**** Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, Institut de botanique, 163 rue Auguste-
Broussonnet, 34000 Montpellier
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, L, N° 336, 4eTRLM. 2002, 599-614. 600 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
PT V** ^ \"?7 ¦> ¦?¦*>?* Jç^- ? î * -/£% ^iî;, ^* < ^ ^^^^veymH-^ ^
Fig. 2 : Gravure représentant
F. fomentarius dans F. S. Cordler,
op. cit. (30), pi. XL.
Bibliothèque universitaire de pharmacie
de Montpellier
(photo : service de reproduction
de la Bibliothèque interuniversitaire
de Montpellier).
sporophore peut mesurer jusqu'à
50 cm de diamètre pour 20 cm
d'épaisseur 4. Entre la cuticule et
les tubes se trouve une substance
de consistance ouatinée et coton
neuse : il s'agit de la trame (ou
context) du sporophore [Fig. 3].
C'est cette zone de
**» l'amadouvier qui est
** utilisée pour fabriquer
l'amadou. Les usages
de l'amadou ont été
nombreux : production
du feu, fabrication de
vêtements, tabac à pri-
i ser, séchage des
mouches pour la pêche
à la mouche, etc.
Dans le cadre de
cette étude, nous avons
choisi de nous intéres
ser aux usages théraFig. 3 : Coupe transversale du sporophore de F. fomentarius
1. cuticule. 2. trame ou context. 3. tubes peutiques de ce champ
(photo : Bertrand Roussel). ignon. UTILISATIONS THÉRAPEUTIQUES DE L'AMADOUVIER 60 1
Cautérisation et moxibustion
L'amadouvier est évoqué pour la première fois dans un texte d' Hippocrate
au Ve siècle av. J.-C. 5. Il s'agit de placer des morceaux d'amadou incandes
cents sur la peau du patient près de l'organe ou de la partie du corps à soi
gner 6. Le texte indique par exemple que « quand le foie a le plus de volume,
on cautérise avec des champignons » 7. Au VIIe siècle, le médecin byzantin
Paul d'Égine 8 mentionne l'utilisation « de corps spongieux qui naissent sur
les chênes et les noyers », qu'il nomme « iskas », pour « cautériser la région
de l'estomac ». D'après Paulet 9, le terme « iska » pourrait venir du latin esca
qui désigne l'amadou permettant de produire le feu. Cette matière correspond
rait donc à la trame de l'amadouvier ou à celle d'un champignon proche.
Dans le cadre de la moxibustion, l'amadou traité dans une solution de sal
pêtre était utilisé comme moxa. Cette pratique, d'origine chinoise et japonaise,
s'apparente à l'acupuncture : elle consiste à brûler le patient sur des points pré
cis à l'aide d'un « petit cylindre de matière combustible que l'on fait brûler len
tement sur la peau, de manière à y déterminer une escarre » 10. De nombreuses
matières ont été proposées pour servir de moxa : duvet de feuilles d'armoise,
mèche de chanvre ou de coton, moelle du grand tournesol, papier, mais aussi
amadou trempé dans une solution de chlorate de potasse ll. La moxibustion
était utilisée dans le traitement d'un grand nombre de maladies, en particulier
les sciatiques invétérées, les paralysies, les tumeurs blanches ou le mal de
Pott 12. La moxibustion survécut jusqu'au XIXe siècle, principalement en
Laponie ou au Népal.
Pansements et usage hémostatique
En 1750, Silvain Brossard, chirurgien à La Châtre-en-Berry, proposa à
l'Académie royale de chirurgie un nouveau moyen permettant d'arrêter les
hémorragies des artères sans utiliser de Ugature 13, 14, 15. Ce topique était réalisé à
partir d'une « excroissance fongueuse » désignée sous les noms « Agaricus pedis
equini facie », « Fungus in caudicibus nascens, unguis equini figura » ou « Fungi
igniarii » 16, 17. Il s'agissait en fait de la trame de F. fomentarius : l'amadou.
Brossard avait déjà utilisé avec succès ce topique pour traiter deux cas : un caval
ier du régiment de La Rochefoucault qui avait eu l'artère radiale sectionnée par
un coup de sabre et un laboureur du Berry qu'il avait amputé d'une jambe 18.
Selon Noël et Carpentier 19, Brossard aurait réalisé cette découverte grâce à un
bûcheron qui, s' étant blessé avec sa cognée, avait arrêté le sang au moyen d'un
morceau d'amadouvier se trouvant à portée de sa main. 602 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
C'est Sauveur-François Morand (1697-1773), chirurgien en chef des
Invalides, qui fut le rapporteur de la commission chargée de vérifier l'efficacité
de cette découverte. Il décrit dans un mémoire consacré aux « moyens d'arrêter
le sang des artères sans le secours de la ligature » 20 comment l'utilisation de
l'amadou permit de réussir plusieurs amputations et « opérations de l'anévris-
me ». Brossard fut même récompensé en mai 1751 par Louis XV pour sa découv
erte 21 22. L'Encyclopédie évoque ce nouveau procédé à plusieurs reprises 23,
indiquant qu'il a été utilisé pour stopper l'écoulement du sang lors d'opérations
du filet de la langue, de fistule, d'artériotomie et même de nymphotomie.
Si on en croit Boissier de Sauvages, l'amadou était depuis longtemps utilisé
pour arrêter les h&#

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