Institutions, échanges et marchés - article ; n°1 ; vol.107, pg 37-62
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Revue d'économie industrielle - Année 2004 - Volume 107 - Numéro 1 - Pages 37-62
The category of market has been highly paradoxical in economics. It is at the core of the analytical frameworks of the economists but still the most reductive and unrealistic assumptions are made regarding it. Only recently and notably from the works run by the institutionalist schools, the economists have started a genuine thought on the category of market, showing the complexity of the process of construction of markets, the plurality and variety of the arrangements that allow their existence and working. To understand the market is also to understand how the markets are built, how their organisation can evolve.
La catégorie de marché a longtemps occupé une position hautement paradoxale dans la théorie économique. Elle se trouve au centre des constructions des économistes mais elle est une catégorie à propos de laquelle sont faites les hypothèses les plus réductrices et les plus irréalistes. Ce n'est que récemment, à partir notamment des travaux menés par les écoles institutionnalistes, que les économistes ont engagé une réflexion véritable sur la catégorie de marché en montrant combien sont complexes les processus de construction des marchés, la pluralité et la variété des arrangements qui rendent possible leur existence et qui permettent leur fonctionnement. Comprendre la dynamique des marchés, c'est aussi comprendre comment des marchés se construisent, et comment leurs modes d'organisation peuvent se transformer. S'inscrivant dans ce contexte, l'objet de cet article est de procéder à une première mise en ordre des concepts de base nécessaire à l'intelligence de ce qu'est un marché, à partir d'une perspective institutionnaliste.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Benjamin Coriat
Olivier Weinstein
Institutions, échanges et marchés
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 107. 3e trimestre 2004. pp. 37-62.
Abstract
The category of market has been highly paradoxical in economics. It is at the core of the analytical frameworks of the economists
but still the most reductive and unrealistic assumptions are made regarding it. Only recently and notably from the works run by
the institutionalist schools, the economists have started a genuine thought on the category of market, showing the complexity of
the process of construction of markets, the plurality and variety of the arrangements that allow their existence and working. To
understand the market is also to understand how the markets are built, how their organisation can evolve.
Résumé
La catégorie de marché a longtemps occupé une position hautement paradoxale dans la théorie économique. Elle se trouve au
centre des constructions des économistes mais elle est une catégorie à propos de laquelle sont faites les hypothèses les plus
réductrices et les plus irréalistes. Ce n'est que récemment, à partir notamment des travaux menés par les écoles
institutionnalistes, que les économistes ont engagé une réflexion véritable sur la catégorie de marché en montrant combien sont
complexes les processus de construction des marchés, la pluralité et la variété des arrangements qui rendent possible leur
existence et qui permettent leur fonctionnement. Comprendre la dynamique des marchés, c'est aussi comprendre comment des
marchés se construisent, et comment leurs modes d'organisation peuvent se transformer. S'inscrivant dans ce contexte, l'objet
de cet article est de procéder à une première mise en ordre des concepts de base nécessaire à l'intelligence de ce qu'est un
marché, à partir d'une perspective institutionnaliste.
Citer ce document / Cite this document :
Coriat Benjamin, Weinstein Olivier. Institutions, échanges et marchés. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 107. 3e trimestre
2004. pp. 37-62.
doi : 10.3406/rei.2004.3047
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2004_num_107_1_3047Benjamin CORIAT
Olivier WEINSTEIN
INSTITUTIONS,
ÉCHANGES ET MARCHÉS
Mots-clés : Marchés, institutions, capitalisme, droits de propriété, gouvernance.
Key words : Markets, Institutions, Capitalism, Propeerty Rights, Governance Structure.
INTRODUCTION
La catégorie de marché, comme celle de firme a longtemps occupé dans la
théorie économique une position hautement paradoxale. L'une comme l'autre
en effet, se trouvent au centre des constructions des économistes. La firme
parce qu'elle est l'agent central de la production, le marché parce qu'il consti
tue le mode de coordination essentiel des agents, souvent même le seul consi
déré. Il s'agit pourtant de catégories à propos desquelles sont faites les hypot
hèses les plus réductrices et les plus irréalistes.
Ce n'est que récemment que certaines écoles ont entrepris d'entrer dans la
« boite noire » de la firme pour commencer à en explorer les contenus. Le mar
ché quant à lui, est, dans les approches dominantes, représenté comme un
espace où se rencontrent offreurs et demandeurs, suivant des mécanismes tels
que s'y établissent des prix dits « d'équilibre ».
Quelque surprenant que cela puisse paraître, ces charmantes fictions, qui ont
perduré malgré les importants travaux conduits par les historiens ou les socio
logues, ont valu, jusqu'il y a peu comme concepts, et pour nombre d'économ
istes, comme références. Là encore ce n'est que récemment, à partir notam
ment des travaux menés par les écoles institutionnalistes, que les économistes
ont engagé une réflexion véritable sur la catégorie de marché. Réflexion que
le processus actuel de marchandisation de sphères toujours plus nombreuses
de l'activité humaine a rendue plus nécessaire que jamais, en montrant comb
ien sont complexes les processus de construction des marchés, la pluralité et
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 107, 3ème trimestre 2004 37 variété des arrangements qui rendent possible leur existence et qui permettla
ent leur fonctionnement. Comprendre la dynamique des marchés, c'est aussi
comprendre comment des marchés se construisent, et comment leurs modes
d'organisation peuvent se transformer.
S 'inscrivant dans ce contexte, l'objet de cet article est de procéder à une pre
mière mise en ordre des concepts de base nécessaires à l'intelligence de ce
qu'est un marché, à partir d'une perspective institutionnaliste.
Pour ce faire, nous procéderons en deux temps. Dans une première section
nous nous proposons de réexaminer l'apport mais aussi les limites et les
lacunes des approches « individualistes », dans les variantes qui se définissent
elles-mêmes comme « contractuelles » ou néo-institutionnalistes, et qui, à part
ir de la reprise des travaux de Coase, ont connu dans la période récente des
développements majeurs.
Dans la seconde partie, tout en nous appuyant sur certains des éléments
d'analyse qu'elles ont forgés, nous proposons de commencer à explorer
les pistes de recherche laissées vierges par les approches néo-institutionnal
istes, de façon à s'engager sur ce qui à notre sens doit constituer les fonde
ments d'une approche institutionnelle « complète » et véritable des marchés.
I. — INSTITUTIONS, DROITS DE PROPRIETES ET MARCHES :
APPORTS ET APORIES DES APPROCHES NEO-INSTITUTIONA-
LISTES
Deux précisions sont ici nécessaires. Tout d'abord, c'est bien à une relectu
re des travaux inspirés de la nouvelle économie institutionnaliste (NEI) (1) que
nous procéderons et non à l'exposé des thèses telles qu'elles ont été formulées,
ici ou là, chez les différents auteurs concernés. Ensuite, cette relecture est aussi
une reconstruction et une interprétation des thèses mises en examen, à partir
de travaux et résultats issus de l'institutionnalisme classique (celui de
Commons en particulier).
Pour mener à bien notre investigation, il nous parait nécessaire de commenc
er par exposer l'hypothèse de la « double nature des institutions », proposi
tion qui tient une place centrale dans l'analyse proposée ici.
(1) Précisons que la NEI est ici entendue dans un sens étendu qui inclut non seulement les
approches de l'école des coûts de transaction (North, Williamson) mais aussi celles des
théoriciens (souvent qualifiés de « néo-contractualistes ») des droits de propriété. Sont
aussi inclus les travaux qu'Aoki a récemment consacrés à ce qu'il appelle 1'« analyse
comparative institutionnelle ». Ces approches ont en commun i) de rester fidèles à une
représentation de l'échange dominée par l'individualisme méthodologique; ii) de donner
une importance véritable aux dimensions institutionnelles de la coordination entre agents.
38 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 107, 3ème trimestre 2004 1. La double nature des institutions (2)
II nous paraît utile de partir de la conception de North, largement partagée,
qui définit les institutions comme « the rules of the game in a society or more
formally (...) the humanly devised constraints that shape human interactions »
(North 1990, p. 3).
À notre sens cependant, cette représentation ne « capture » qu'une dimens
ion des choses, et doit être complétée. Pour ce faire il convient d'observer que
les « règles du jeu » qu'imposent aux agents les institutions apparaissent aussi
comme des « ressources » qu'ils vont utiliser dans le déploiement de leurs stra
tégies. Cette approche, qui met en exergue la dimension de « bien public » des
institutions est en résonance parfaite avec certains des attributs par lesquels
Commons caractérise les institutions comme « Collective action in control,
liberation and expansion of individual action ». (Commons, 1934, p. 73).
Dans la direction suggérée par Commons, on peut encore aller plus loin, et
observer que loin de ne constituer qu'un système de règles régissant des
domaines existants, les institutions pour certaines d'entre elles tout au moins,
donnent naissance et créent des domaines d'activité nouveaux. En installant
des cadres réglementaires et de

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